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EAN : 9782823607963
224 pages
Editions de l'Olivier (07/01/2016)
3.43/5   90 notes
Résumé :
Prix Anaïs-Nin 2016 - Prix Marie-Claire du roman féminin 2016

« La première fois que je vois E. je le trouve quelconque sinon laid. Il a le teint gris et il fume, ce sont les seules choses que je remarque. » E. est adossé à la porte verte de son agence lorsqu'Emma l'aperçoit. Il doit lui faire visiter un studio. Cette scène, Emma ne cesse d'y revenir. Emportés par un amour auquel ils ne s'attendaient pas, ils se sont aimés, puis séparés. Pour la peau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Le barbelé qui entoure les lieux que vous avez fréquentés ensemble, devenus des zones "interdites".
Le barbelé qui enclot les endroits où vous avez fait des projets d'avenir, en vous serrant la main, en vous embrassant.
Le barbelé qui touche aux plats qui vous délectaient autrefois et qui ont perdu tout leur goût.
Le barbelé qui met à l'index les habits portés dans des occasions heureuses et lointaines, gorgés de souvenirs et d'intimité, d'une atmosphère qui n'était qu'à vous.
Le barbelé qui encercle les livres, les films, les références que vous aviez en commun, dont vous vous êtes nourris ensemble pendant ce temps-là.
Le barbelé qui ceinture vos photos communes, les images de vos sorties, et vos sourires maintenant factices.
Le barbelé qui isole le sujet délicat dans les conversations avec les proches.
Le barbelé qui bloque tout geste irréfléchi : l'appeler, lui écrire, lui envoyer un livre.
Le barbelé qui couvre les regrets remués dans tous les sens : ce que tu te reproches d'avoir fait et de ne pas avoir su et pu faire, en vrac.
Le barbelé qui a gangrené les images d'un avenir fantasmé autrefois, et rétréci d'un coup : racorni, rabougri, disparaissant comme un soleil en combustion et puis glacé, à la fin des temps.
Le barbelé qui gagne cette bizarre mémoire des dates scandant votre histoire : le premier rendez-vous ; le premier baiser ; le premier champagne bu ensemble ; le premier soir au théâtre. Etc... Tu le sais, et les livres sur les deuils de Joan Didion te l'ont confirmé : il faut dépasser le cap d'un an pour que le brouillard commence à flouer les souvenirs et que tu arrives à ne plus minuter le présent d'après les aiguilles rouillées du passé.
Le barbelé que tu imagines resserrer, étouffer, crucifier le songe d'une nuit passée, quand tu avais l'impression qu'il allait se coller à toi, te frôler la peau et te laisser te rendormir dans le bonheur.
Le barbelé qui te heurte et auquel tu t'accroches : te faisant saigner en espérant voir la croûte, le début de la cicatrisation.
Le barbelé qui doit sangler la mémoire à but de survie.
Le barbelé qui entoure le barbelé.
Le barbelé : tout ce qui reste.
Le barbelé.

On peut mourir d'amour. Étranglé par ses propres barbelés.
Surtout quand on s'appelle Emma.
Mais au XXIème siècle, quand on s'appelle Emma et que l'on aime la littérature, on démontre qu'on a bien appris la leçon de Borges : on avale sa morve et l'on en fait un diamant. Tout finit dans un livre.
Le prouve le deuxième roman signé par Emmanuelle Richard, "Pour la peau", bouleversant dans sa simplicité viscérale.
Le seul procédé qui l'organise est le besoin de "sauver des images", comme la narratrice le dit, et de se sauver tout court d'un chagrin d'amour.

Au lieu du barbelé, Emmanuelle Richard nous offre les grains d'un rosaire condensant des souvenirs, à travers des gestes de dévotion, de piété et de grâce :
la dévotion érotique réveillée subitement chez une jeune femme fière et lucide, découvrant la béatitude de se dévêtir de ses propres limites, une par une ;
la piété sensuelle embrassant tous les détails retenus de l'autre, de la pâleur grisâtre de son teint jusqu'à une croûte au coude suivant à une chute ;
la grâce accordée à soi et à l'homme aimé en le ranimant à l'aide des mots et des images : encenser le passé éclairé par la douleur du présent, c'est exclure tout oubli possible.
Nulle défense. Juste l'exposition aveuglante, en pleine lumière, de toute la vulnérabilité qui accompagne cette "chute" dans l'amour.

Un livre superbe, à calligraphie épurée et à subjectivité organique, à rouvrir de temps en temps : non pas pour "guérir", mais pour accepter comme consubstantielle une blessure qui ne fera jamais croûte.
Car profondément inscrite en toi : "si tu savais tout ce que j'aurais donné - vingt ans de ma vie pour six mois avec toi - n'importe quoi pour espérer être avec toi, que tu me prennes dans ta vie et que tu me gardes".
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J'en ai parlé hier matin dans mon live report sur le concert de Dominique A, le morceau " Pour la peau " est un titre sublime du chanteur nantais, avec un coté obsessionnel dans les accords répétitifs qui correspondent parfaitement au texte, cette description d'une passion charnelle incontrôlable.
Pour son second roman, la romancière Emmanuelle Richard reprend également ce titre certainement de façon consciente, tant l'esprit de l'auteur correspond bien à la tonalité du morceau de Dominique A: comme dans la chanson homonyme, Emmanuelle Richard fait le portrait au scalpel d'une obsession, d'une envie impérieuse et dévorante, mais plus vu ici du coté féminin.

Cette obsession c'est celle d'Emma, récemment séparée, pour E., un agent immobilier qui ne paie pas de mine au départ, qu'elle trouve même assez repoussant, et pour qui, très vite, elle perdra sens de la raison et développera une obsession totalement irrationnelle et qui finira irrémédiablement mal.

On sent le sentiment d'urgence et le degrès autobiographique avec lequel Emmanuelle Richard a écrit cette passion folle, et parvient à transcender un récit sentimental a priori banal et très souvent usité dans la littérature française.

Mais cette écriture à fleur de peau, pleine de vibration, nous plonge dans cette spirale infernale d'une passion forcément et férocement destructrice de ce roman paru aux éditions de l'Olivier qui vient de recevoir le Prix Anaïs Nin, un prix visant à promouvoir les oeuvres romanesques françaises à l'étranger.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La liaison d'une jeune femme avec un homme plus âgé.

Un récit presque sans intérêt, d'une grande banalité, sauf quand l'auteure, rarement, prend du recul pour analyser ce qui lui arrive. le reste relève de la description détaillée quasi anecdotique. Je pense que c'est le récit d'une femme amoureuse que seules des femmes peuvent réellement apprécier, parce qu'elle comprennent cette forme de passion irrationnelle.

Ce texte a été écrit dans l'urgence par une femme qui voulait se libérer à tout prix, par l'écriture, d'une histoire d'amour et de la souffrance qui l'accompagnait. C'est aussi un hommage à l'homme qu'elle a aimé, un livre souvenir comme un album photo pour immortaliser une tranche de vie. Il y a une contradiction dans ce récit, il semble à la fois sincère, motivé par une sorte de rage à tout balancer sur la page blanche, mais en même temps on comprend au fil de la lecture que dès le début de cette liaison elle semble avoir un projet d'écriture parfaitement conscient. Son compagnon lui reproche de prendre des notes pour son livre, elle-même à plusieurs reprises avoue son besoin d'écrire, mais c'est tellement surchargé de détails anecdotiques, de précisions tirées de la vie quotidienne, souvent sans intérêt, que cela ne peut être écrit qu'à chaud, au présent, et pas avec le recul et l'oubli salutaire autorisé par le temps qui passe. Et c'est là que je n'adhère pas, j'ai l'impression d'être manipulé quelque part. le style d'écriture en continu sans ponctuation donne l'impression du jet spontané, mais je vois aussi l'écrivain fébrile qui en rajoute et oublie que le lecteur que je suis a besoin de plus value, de tri entre ce qui est intéressant et mérite d'être raconté et ce qui doit être mis de côté. Cette écriture moderne où on parle de soi à tort et à travers me fatigue.

Cette forme d'écriture peut être un choix, un style, un forme de narration propice à ancrer le lecteur dans le quotidien au plus près de ce qui est vécu, adéquat pour traduire une lente évolution des sentiments. Pourquoi pas si ce qui est vécu est profond. Mais moi j'ai trouvé tout ceci d'une grande banalité. L'ensemble m'a semblé très décousu, brouillon. Je me suis noyé dans les détails, j'ai pris la tasse. Je préfère les auteurs qui ont déjà fait le tri de leur expérience pour livrer l'essence, le vécu à plus value, l'originalité, l'instructif.

Sur le fond j'ai trouvé ce personnage de E., qu'elle aime, profondément inintéressant, antipathique, égoïste, égocentrique, ambigu, irrespectueux de sa partenaire. Il continue à fréquenter d'autres femmes pendant sa liaison, c'est dire les sentiments qu'il a pour elle. Pour moi c'est un gros beauf. le portrait qui en est fait est selon moi superficiel, plein de zones d'ombres. Je n'ai obtenu aucune clef de compréhension de ce personnage, à part le fait qu'il a subi des humiliations dans des métiers subalternes.

Quant à la narratrice, je trouve qu'elle manque totalement de discernement, de maturité, d'amour propre, pour s'enticher d'un type pareil. Je vois sa liaison comme la lubie d'une femme qui était plus amoureuse de l'amour que de l'homme qu'elle a aimé, donc cru aimer. Elle a cristallisé sur lui, et cette sorte d'attachement est, je pense, plus particulièrement féminin. Elle s'est fait un film, elle a voulu joué l'assistante sociale, l'infirmière, la sauveuse d'un homme en souffrance ou à la dérive. Mais comme j'ai trouvé l'homme antipathique, ce rôle de pompier qu'elle a endossé m'a agacé. Emmanuelle Richard est née en 1985, le roman est sorti en 2016, elle l'a donc écrit à 30 ans. Elle semble avoir eu une bonne expérience des hommes, or j'ai l'impression d'avoir affaire à deux femmes différentes, l'une, âgée de 20 ans, qui découvre l'amour et se fait avoir par un homme mûr, l'autre, âgée de 30 ans, qui démarre et clôture son récit pour tirer les leçons de ce qu'elle a vécu. Je préfère bien entendu la deuxième.

Effectivement, quand l'auteure prend de la hauteur, au début du récit pour faire part de son expérience des sites de rencontre, et à la fin du récit pour tirer le bilan de son histoire d'amour avortée, elle est très juste, elle montre sa maturité, et je retrouve l'auteure appréciée de « Les corps abstinents ».

Donc je ne recommande pas spécialement la lecture de ce livre, on l'aura compris. Voir extraits en « Citations ».

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Bon, là je crois que je vais être dure mais vraiment je dois avouer que je suis allée au bout du roman uniquement parce qu'il m'a été donné pour un comité de lecture où l'on fait parfois de belles découvertes et parfois.............. un livre où de soi-même on aura jamais mis le nez.
Emma (l'auteure) retrace sa passion dévorante, épidermique, sensuelle pour un agent immobilier qu'elle a rencontré lors de la visite d'un studio après sa séparation d'avec son ex. Après avoir fréquenté les sites de rencontres extra conjugales sur internet et en ayant vite compris qu'elle n'y trouverait pas la relation quelle cherchait. Lui, terne, gris et sans intérêt de prime abord, vivant mal sa récente rupture et espérant renouer, plus âgé qu'elle, buvant, se droguant à l'occasion, vit leur relation au jour le jour.
On se doute que si elle retrace cette romance c'est que tout cela va mal se finir.
Alors que dire : malgré que ce moment est reçu deux prix (Marie Claire et Anaïs) il m'a fallu du "courage" pour aller au bout : quel intérêt ? J'ai trouvé l'écriture hachée, les phrases très longues et il m'a parfois fallu revenir en arrière pour retrouver le sens, le sujet etc....
Langage et situations crus, une énième histoire d'amour à sens unique, pour moi, où elle ressort terrassée. Pourquoi exposée sa vie personnelle dans tous ses détails sans pudeur. Je me suis ennuyée, j'étais même parfois en colère que l'on puisse décerner un prix à une telle littérature qui n'offre, à mon humble avis, que peu d'intérêt.

Lien : http://mumudanslebocage.cana..
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« Can't live without passion » chantait Rod. « Les histoires d'amour finissent mal, en général » lui répondaient Catherine et Fred. Pendant toute ma lecture de Pour la peau, ces chansons ont alternativement résonné dans mon esprit.

Car Emmanuelle Richard ne nous raconte pas autre chose qu'une passion qui finit mal. Sortant d'une rupture, Emma rencontre E. qui en sort également. Ils vont se chercher, se trouver, se rater. Et pourtant, c'était quasi écrit dès le début, mais Emma a voulu y croire. Bref, rien de nouveau sous le soleil. Enfin si, quand même.

Un ton et une écriture qui collent remarquablement au sujet. La plume d'Emmanuelle Richard est moderne, tonique, enlevée. Tour à tour poétique, chaleureuse, inquiète, sensuelle ou aimante puis d'un seul coup torturée, désespérée, crue et déstructurée. Cette alternance – remarquablement maîtrisée – de styles, comme autant d'états d'esprit ou d'humeurs, de certitudes et de questionnements, amènent une véritable fraîcheur à une histoire qui à défaut, en manquerait.

Rien que pour cela – mais aussi pour m'avoir enchanté de voir citer « Too much class for the neighbourhood » des Dogs au détour d'un paragraphe – Pour la peau mérite sans contestation aucune sa place de finaliste du Grand Prix RTL-Lire 2016.
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critiques presse (1)
Culturebox
08 janvier 2016
A quoi ressemble une passion, dans ces années 2010 où le sexe est à portée de clic ? A partir de ces petits riens qui virent à l'essentiel, Emmanuel Richard tisse un roman sensuel et solaire. Ce second roman est une des jolies surprises de la rentrée littéraire de janvier.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Je ne veux plus chercher à savoir pourquoi me tenaille la nécessité de fixer ce en quoi il me bouleversait, à son insu et souvent à l'encontre de ce que lui croyait, tout comme les lieux où se sont produites et révélées à moi, progressivement ou subitement, ces aspérités qui me laminaient d'émotion, de désir, me touchaient comme si il était un jumeau. (...)

Je me suis demandé si j'étais folle, si j'avais rêvé le temps commun passé, si j'avais rêvé les gestes, les mots, le trouble, l'émotion réciproques, l'empêchement maladroit, l'évidence, la tendresse des étreintes, la fragilité de certains moments suspendus, la joie, le bien que l'on semblait se faire ensemble, notre envie commune d'avenir, la vie que l'on s'est égarés à rêver et dont jamais nous ne prendront le chemin. (...)
Je ne sais pas si je pourrai un jour revenir habiter dans cette ville où je voulais vivre, d'abord sans toi, avec toi ensuite, ou si les amours nous font perdre des villes en même temps que nous-mêmes, en même temps qu'elles nous fondent, nous déconstruisent, nous précisent, nous accouchent, nous révèlent, nous brisent, nous changent et nous subliment.
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J'aimais jusqu'à ta façon de parler aux gosses et aux animaux comme à des êtres très importants, à notre visiteur du soir qu'était ce grand chat de gouttière sans collier. J'aimais jusqu'à ton strabisme divergent de l’œil gauche quand tu mangeais des huîtres. Je te trouvais très beau puis très détruit puis de nouveau très beau. Je tentais d'imaginer que je puisse me lasser de toi. Je n'y parvenais pas. Je te disais ce que je pensais de toi au début, que tu ne me plaisais pas, que je me méfiais, que j'étais sur mes gardes. Tu avais l'élégance, rigoureuse à un point que je n'avais jamais observé, de ne jamais regarder ni effleurer des yeux les autres femmes. Je ne cherchais plus de justification à la futilité de vivre, je trouvais un plaisir vif dans les choses les plus infimes, tourner mon visage vers le soleil, flâner, se faire un restaurant, essayer des vêtements dans les magasins, dès lors que c'était avec toi. Je respirais mieux. J'avais l'impression d'être enfin moi-même. Tous les moi-même je pouvais les vivre avec toi. Il me semblait que c'était vrai aussi dans l'autre sens. Tout devenait si facile et si gai. Tu étais un accident, une rencontre complètement improbable et encore plus à ce moment, tu étais un accident mais tellement heureux. Je me sentais bien. Je me sentais libre (p. 119).
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L'été éclatera bientôt. Et avec lui déjà le raccourcissement des jours, déjà la fin de la saison qui s'annonce, avant même d'avoir débuté. Ou si peu. J'ai toujours ce sentiment d'inachevé, d'inaccompli avec l'été. J'ai toujours ce sentiment que quelque chose n'est pas à la hauteur, quelque chose de latent et de grand, sur le point d'advenir sans doute, mais qui reste dans le fossé, sur le côté, et ne se révèle finalement pas. Je n'ai malheureusement jamais su quoi. L'hiver et l'automne me sont indifférents, car ils ne me déçoivent pas. Je les préfère.
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Car je n'ai aucune envie de parler au préalable. Ni de parler, ni de badiner. Je n'ai pas envie de parler tout court, ni de faire des efforts. Encore moins d'entrer dans un jeu de séduction dont je connais pas avance le tempo, le phrasé, les langueurs, les silences et les hésitations, après l'avoir trop souvent joué à la fac et dans mes petits boulots de caissière, de vendeuse, d'ouvreuse ou d'hôtesse - j'en venais parfois à me demander s'il était seulement possible de survivre en société en quittant cet état de flirt permanent - est-ce seulement possible ? Non pas de survivre, mais de se comporter autrement ? Y a-t-il la place pour ça ?, les hommes laissent-ils la place aux femmes pour ça ?, ou est-ce leur faute à elles ?, qui est responsable ?, tout ce petit théâtre mesquin, usé et prévisible, qui allait inévitablement me donner envie de me jeter par la fenêtre ou sur les rails du tramway - ce dernier avait provoqué la mort d'une vieille dame imprudente qui promenait son chien sur le gazon entre les voies, une seule victime, la ville était satisfaite de ce chiffre (p. 47).
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* Nous ne sommes pas éternels. La vie file, elle est fragile et un jour elle s’arrête… La vie est souvent trop longue mais elle passe aussi très vite. Je voulais en passer au moins un morceau avec toi, parce que j’étais bien, parce qu’il y avait de la grâce, et je n’étais pas seulement bien j’étais heureuse – tu es un phraseur mais tu ne mentais pas quand tu as dit qu’on avait frôlé le sublime, et j’ai suffisamment vécu pour savoir combien c’est rare et que la vie n’a pas de véritable consistance à part celle-ci. Être avec quelqu’un qu’on aime. En prendre soin.
Peut-être qu’à ce moment, celui de la télévision, je me suis dit C’est pour ça que j’écris, pour renverser le cours des choses de ma propre vie. Je jouais ma vie sur ce plateau, ma vie possible avec toi. C’était l’envers de mes mots face caméra.

* Alors depuis l’émission tu avais inversé la charge. Tu lui avais dit avoir rencontré quelqu’un. Il n’y aurait plus de retour possible. Je n’avais pas l’air de me rendre compte du travail accompli parce que quand tu lui avais dit pouvoir et vouloir être bien avec moi tu avais l’impression de la trahir elle. Tu avais du mal à lui faire du mal.

* « On peut passer d’un amour à un autre amour ?» me poses-tu comme question, tu es grave, je suis légère, mon visage au-dessus du tien je ris en disant que oui bien sûr, dans la légèreté des mots que tu viens de prononcer auxquels je ne m’attendais pas, oui bien sûr on peut avoir plusieurs amours dans une vie et ça ne signifie pas trahir le précédent, des mots que je ne pensais pas entendre un jour de ta bouche pour moi, je t’étreins, je tombe en toi, je ris et je suis heureuse, je n’ai pas entendu que c’était une question, je n’ai pas compris la gravité de ton regard tandis que nous nous enfonçons l’un dans l’autre pour la dernière fois.

* La coupure a été nette, brutale. Je n’ai pas eu de sas pour me déshabituer. J’ai ramassé les morceaux de mon cœur, éparpillés. J’avais cru entendre le tien battre – ou était-ce seulement un écho ?
Je me suis demandé si j'étais folle, si j'avais rêvé le temps commun passé, si j'avais rêvé les gestes, les mots, le trouble, l'émotion réciproques, l'empêchement maladroit, l'évidence, la tendresse des étreintes, la fragilité de certains moments suspendus, la joie, le bien que l'on semblait se faire ensemble, notre envie commune d'avenir, la vie que l'on s'est égarés à rêver et dont jamais nous ne prendront le chemin.
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Vidéo de Emmanuelle Richard
Un texte collectif dirigé par Charlotte Pudlowski avec Emma Becker, Marina Rollman, Joy Majdalani, Wendy Delorme, Laurine Thizy, Emmanuelle Richard
Éditions de l'Iconoclaste | septembre 2023
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