C'est le troisième livre relatant les enquêtes du commissaire Enor Berigman. Je n'ai pas lu les deux précédents mais je remercie les éditions
Alain Bargain pour cet envoi.
En regardant la quatrième de couverture, j'ai vu que l'auteur a commencé à écrire une fois retraité de l'Education Nationale. Il écrit bien et émaille son texte de beaucoup de trouvailles. Il n'y a que le terme « scolie » cité page 191 dans la phrase « … au geste du divisionnaire qui se penchait déjà vers le micro pour ajouter une scolie dont lui seul avait le secret ». Je ne vois pas ce que vient faire cet insecte dans le texte, mais bon…
Le titre est évocateur d'un polar sanglant ou engagé. Rouge c'est du sang ou c'est communiste. On est vite mis dans le bain si je puis dire car dès le troisième chapitre, dans le port de commerce de Brest, la brigade nautique de la gendarmerie découvre un corps dans un tonneau flottant à la surface de l'eau. Par la suite, d'autres meurtres similaires ou non surviennent et l'enquête est diligentée par le commissaire Enor Berigman, rappelé de l'île de Bréhat où il a passé quelques jours chez l'amie Camille Delourme de sa compagne Mariannig.
C'est un polar à double intrigue. le premier chapitre évoque une femme dont la fille a été tuée par son mari violent. le deuxième chapitre nous déplace en Birmanie où un colonel mandate un tueur pour aller « régler un différend délicat et sensible » en Bretagne. Deux départs de vengeance qui s'entremêlent jusqu'à compliquer la tâche de la SRPJ de Brest. Des féministes éliminent des hommes qui tuent ou martyrisent leurs compagnes. Des meurtres de pharmaciens dont le premier a reçu une balle dans le genou, punition réservée aux mouchards puis aux dealers. Tout est bien détaillé jusqu'à l'épilogue final qui éclaircit bien des points restés encore un peu obscurs. Un polar de bonne facture, un poil ennuyeux tout de même et sans aucune dose d'humour.
A la différence d'autres polars, ce livre est bourré d‘anecdotes enrichissantes, et fait référence à des auteurs qui m'étaient jusque là inconnus. Par exemple, Max More,
Laurent Alexandre avec les ouvrages
La Mort de la mort, Principes extropiens, Manifeste transhumaniste et Déclaration tranhumaniste dont les ouvrages se trouvent chez le premier pharmacien assassiné : Alain le Ruz. Il évoque également plus loin
Les Guérillères, le roman utopique des années 70 de
Monique Wittig et aussi le
SCUM Manifesto de
Valerie Solanas qui a tiré plusieurs balles sur
Andy Warhol. Quand à la revue Azenor, j'ai appris qu'Azenor était la fille du roi de Brest au VIème siècle, accusée par la femme de son père d'adultère, elle fut jetée, enceinte, à la mer dans un tonneau.
L'auteur a des remarques très sensées : « Comme tous les anciens, elle s'intéresse de près aux informations locales » (page 328). Il est vrai que maintenant, ce qui touche ma région me passionne plus que ce qui arrive à l'autre bout de la planète.
C'est un roman qui est bien ancré dans la région de l'auteur et avec les villages cités, on peut suivre le déplacement de l'enquête sur le terrain.
Finalement, il m'a bien distrait et je remercie l'équipe Masse Critique Babelio de m'avoir sélectionnée pour cet envoi. Si je regarde toutes les autres parutions de cette collection Enquêtes et Suspense des Editions
Alain Bargain, c'est axé sur la Bretagne. Mais j'avais déjà acheté en son temps Les roses noires de Chartres qui est maintenant épuisé. Un auteur local lui aussi !