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Isabelle Reinharez (Traducteur)
EAN : 9782226188700
400 pages
Albin Michel (03/11/2008)
3.77/5   150 notes
Résumé :
De 1934 à nos jours, les destins entrelacés de deux familles indiennes, isolées dans leur réserve du Dakota, à qui les Blancs ont non seulement volé leur terre mais ont aussi tenté de voler leur âme.
Mêlant comédie et tragédie, puisant aux sources d'un univers imaginaire, riche et poétique, qui marque tous ses livres, de Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse à Ce qui a dévoré nos cœurs, le premier roman de Louise Erdrich est présenté ici dans sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Louise Erdrich est une des voix les plus emblématiques de la littérature amérindienne contemporaine, primée de nombreuses fois au cours de sa carrière littéraire, et pourtant, je n'ai découvert ses romans que tout récemment.
Ce qui frappe dans son oeuvre, c'est toute la force, l'engagement et la singularité de son écriture tournée vers les questions amérindiennes relatives à la justice, la discrimination, la spoliation de leurs terres, le racisme ambiant, l'alcoolisme, la violence qui devient ordinaire.

Lorsque je lis Louise Erdrich, j'ai à chaque fois cette impression étrange que ses personnages ne sont pas fictifs, que l'autrice pense à des individus bien réels tellement leurs personnalités sont magnifiquement développées, tellement leurs descriptions paraissent justes. Ils prennent vie sous ses doigts de fée et sa plume se transforme très vite en outils de modelage, de sculpture, de gravure, devenant tout à tour grattoir, burin, ciseau, couteau, pour dessiner, modeler, sculpter, ciseler, fouiller, creuser, excaver, exciser, …

*
« Love Medicine », le premier roman de Louise Erdrich, a remporté le National Book Critics Circle Award. Publié en 1984, il se déroule dans la réserve des Chippewas du Dakota du Nord et ses environs, comme tous les romans que j'ai déjà lus.

L'autrice nous plonge dans une atmosphère sombre et triste. Malgré quelques petits éclats de lumière et de subtils entrelacs où perce une douce magie dans le dernier tiers du roman, une impression de tristesse perdure tout du long.

*
C'est par une journée de deuil que s'ouvre ce roman. Nous sommes en 1981.
Albertine Johnson rentre chez elle pour assister aux funérailles de sa tante June Morrissey. Toute la famille est présente et on entre de plein fouet dans un monde à la fois soudé et tiraillé par de profondes dissensions.

« Ça m'a brusquement frappé de voir à quel point le chagrin était solide et fiable, et la mort. Jusqu'à la fin des temps, la mort serait notre rocher. »

Les obsèques rassemblant du monde, les personnages sont rapidement nombreux, mais l'autrice ne nous perd jamais grâce à une magnifique caractérisation de chacun.
Très vite, on comprend que ce qui les lie ou les relie : ce sont les drames et les violences sous toutes leurs formes. Violences physiques, psychologiques, émotionnelles, sexuelles, socio-économiques, elles sont le fil conducteur qui les enchaîne, les unit, les contraint, les divise, les oppose, et au final, les gangrène.

Avec une aisance incroyable, Louise Erdrich assemble des morceaux de vie, elle nous parle de la vie avec ses joies et ses peines, ses espoirs et ses déceptions, ses moments de calme et de tourments, ses épreuves et ses drames.
La magie, les traditions et les croyances amérindiennes, les esprits et le windigo, s'invitent avec finesse dans son récit qui explore les thèmes de la famille, de l'identité, de l'amour, de la spiritualité et de leur héritage culturel, des problèmes liés à leur assimilation forcée, à la politique d'attribution des terres, à leur expropriation, ...

*
J'ai particulièrement aimé l'approche de Louise Erdrich qui, brin par brin, resserre les liens entre les personnages.
Pour moi, Louise Erdrich est une fabuleuse tricoteuse d'histoires.
Comme tous ses romans lus précédemment, l'autrice croise, entrelace les destins de quelques familles sur plusieurs générations, créant une immense toile généalogique d'une grande densité.

Si « Love Medicine » débute en 1981 sur le récit de la petite-fille, les chapitres suivants nous propulsent dans le passé, au temps des grands-parents et arrière-grands-parents pour explorer les origines des conflits, des ressentiments entre les familles Kashpaws, Lamartines, Nanapush et Morrissey.
La mort de June est dès lors le drame à partir duquel l'autrice va tisser les destins croisés de ces familles. J'ai trouvé très intéressant de comprendre, comment les attachements, les sentiments, les passions, les rancoeurs et les haines s'étaient formés pour se cristalliser et éclater au moment du décès de June.

L'autrice fait des bonds temporels à chaque nouveau chapitre mais surtout, elle a décidé de multiplier les narrateurs. Ce choix est intéressant car il permet de croiser les regards et d'affiner la perception que l'on a de tous les personnages.
Mais pour ma part, j'apprécie lorsqu'un personnage se particularise et se démarque de l'ensemble des personnages. Ici, la multiplicité des protagonistes, tour à tour narrateurs ou personnages secondaires, ne m'a pas permis de m'attacher à l'un d'entre eux.

*
Ce roman est étonnant, je trouve.
Le style de Louise Erdrich est comme je les aime, à la fois doux et poétique, âpre et brute, brusque et tranchant, cassant et écorché. Malgré l'absence d'une intrigue clairement définie, malgré la multitude des narrateurs et l'absence de personnage principal, Louise Erdrich dessine néanmoins de superbes portraits qu'elle croque sur le vif. Elle leur donne à chacun un timbre de voix clair, unique et captivant.

Parmi tous les personnages, ma préférence va sans aucun doute pour les personnages féminins, la grand-mère, June et Lulu notamment.
J'aime la manière dont l'autrice nous les présente : charmeuses, envoûtantes, parfois sorcières.
Impassibles et belles dans leurs souffrances muettes.
Avisées, calmes, verbeuses ou colériques, l'âme vengeresse.

« Ses vêtements étaient pleins d'épingles de nourrice et de déchirures cachées. »

Par contre, les personnages masculins m'ont beaucoup moins séduites : volages, alcooliques, violents, ils sont bien souvent centrés sur leur petite personne et sont peu attachants.

*
Et le lecteur dans tout ça ?
L'utilisation de la première personne du singulier renforce la sensation que chaque narrateur s'adresse directement à nous. L'écriture visuelle, expressive, franche, acérée, mettant en avant les sentiments et les émotions, nous balaie comme une lame de fond et nous emporte au coeur de ces récits où l'on aime et l'on rit, où l'on pleure silencieusement, où l'on se détruit et l'on crève à petit feu de douleur, de jalousie, de haine, de solitude, de misère, de rage.

A travers leurs pensées intimes, ils ne peuvent cacher aux lecteurs leurs désirs et leurs désillusions, leur peur et leur honte, leur tristesse et leur colère. J'ai donc ressenti combien ils étaient marqués, perdus, égarés dans le flot de la vie qui les emportait, ne leur faisant aucun cadeau.
J'ai donc souffert avec eux, éprouvant leurs peines, leurs blessures, leurs rancunes, leurs chagrins, leurs souffrances, leur volonté d'abandonner ou au contraire, leurs refus d'abdiquer.

« Personne n'a jamais compris mes manières sauvages et secrètes. Les gens disaient que Lulu Lamartine était comme un chat, qu'elle n'aimait personne et ne ronronnait que pour obtenir ce qu'elle voulait. Mais ce n'est pas vrai. J'étais amoureuse du monde entier et de tout ce qui vivait entre ses bras mouillés de pluie. Parfois je regardais dans ma cour et les feuilles vertes luisaient. Je voyais la pellicule huileuse sur l'aile d'un quiscale. J'entendais le vent filer à toute vitesse, rouler, comme le son lointain des cascades. Alors j'ouvrais grand la bouche, grand les oreilles, mon coeur, et je laissais tout entrer au-dedans. »

*
Pour conclure, Louise Erdrich retrace avec justesse et authenticité des histoires familiales confrontées au tumulte de l'Histoire. Sans complaisance ni apitoiement, elle dresse un portrait sombre et subtil des Amérindiens qui peinent encore à faire reconnaître leurs droits et cherchent une place dans la société américaine d'aujourd'hui.

J'aime Louise Erdrich pour son écriture riche teintée d'un réalisme magique et poétique, pour son choix osé d'entrecroiser les différents points de vue de chacun révélant la profondeur psychologique des protagonistes, pour la beauté des personnages qui semblent habités, pour sa sensibilité et les émotions que j'ai ressenties.
Malgré toutes les qualités indéniables de ce roman, j'ai été néanmoins désorientée par une intrigue peu marquée et plutôt lente. J'ai eu également du mal à m'attacher aux personnages du fait de leur grand nombre et de la présence de plusieurs narrateurs.
Ce n'est bien sûr qu'un avis très personnel et je vous engage à vous faire votre propre avis, d'autant que beaucoup de lecteurs n'en ont pas été gênés et que ce livre reste un bon roman.

Une belle voix à découvrir si vous ne connaissez pas encore Louise Erdrich.
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Un de mes livres préférés - que j'ai lu plusieurs fois avec le même plaisir.

Une super saga qui montrent 3 types de familles indiennes qui réagissent différemment à la culture américaine et à l'histoire de leurs ancêtres face aux Blancs.

Le tout avec une belle écriture aux vertus quasi chamanique qui m'a transportée très loin...
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Encore un livre fort et bouleversant de Louise Erdrich. Tout comme "Dernier Rapport sur les Miracles à Little No horse", ce roman suit deux familles amérindiennes dans une réserve, des années 30 aux années 80. On y retrouve d'ailleurs certains personnages et la silhouette lointaine du Père Damien.
Les Nanapush et les Lazarre, malgré leurs différends, sont inextricablement liés par les unions et les enfants, naturels ou non, qui en sont nés. Lulu Nanapush et June Kashpaw sont deux femmes fortes, qui ont dû se battre pour survivre, qui aiment et ne se cachent pas. Femmes, mères, comme Marie Lazarre, elles portent le poids de cette réserve ravagée par l'alcool, la violence et la folie de leurs hommes. Tout au long de ces quarante années, ce sont des voix différentes qu'on entend et qui apportent chacune une pierre à cette unité. Des fragments de vie, de pensées, de souvenirs qui relient tous les personnages en une seule entité.
Il y a aussi de l'humour dans ce roman, de la magie, de la spiritualité mais ce qui en reste c'est la tragédie d'un peuple qu'on a voulu arracher à sa culture.
Louise Erdrich, qui a du sang ojibwé en elle, consacre tous ses romans à la cause amérindienne en écrivant sur la réalité des réserves indiennes de nos jours et ce livre est son premier, écrit en 1984 mais publié bien plus tard en France. J'ai lu beaucoup de critiques la comparant à Faulkner pour le style. Ses romans se lisent quand même beaucoup plus facilement et sont – pour ceux que j'ai lus – magnifiques…
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Ne vous laissez pas désarçonner par l'arbre généalogique complexe au début du roman. Chaque personnage arrive à son heure, chacun raconte sa propre histoire et éclaire l'ensemble.
Vous pouvez le lire comme un recueil de nouvelles : la vie dans la réserve indienne à travers les drames des hommes (dont beaucoup sont alcooliques, violents) et la résilience des femmes, qui aiment ces hommes et assurent la cohésion familiale.
Et peu à peu se révèlent les liens cachés entre les personnages, qui incarnent la tragédie du sort des Amérindiens : "Pour commencer, ils vous donnaient des terres qui ne valaient rien et puis ils vous les retiraient de sous les pieds. Ils vous prenaient vos gosses et leur fourraient la langue anglaise dans la bouche."
C'est le premier roman de Louise Erdrich, et son style est déjà parfaitement maîtrisé. Les allers-retours dans le temps évoquent l'écriture de la grande Toni Morrison, qui elle-même jugeait Love Medicine "d'une telle beauté qu'on en oublierait presque qu'il nous brise le coeur". Comme Toni Morrison a été la voix de la population afro-américaine, Louise Erdrich est celle du peuple amérindien.
Traduction fluide d'Isabelle Reinharez.
LC thématique de janvier 2022 : ''États-Unis et Canada”
Challenge ABC
Challenge USA : un livre, un État ( North Dakota)
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Troisième livre de Louise Erdrich que je dévore, toujours dans l'univers de cette réserve indienne que j'ai commencé à fréquenter avec dernier rapport sur les miracles à Little No Horse.
Au départ de ce livre, le décès de June Morrissey, véritable trait d'union entre les deux familles influentes de la réserve, les Kashpaw et les Nanapush. c'est alors l'occasion de donner la parole aux différents membres de cette tribu complexe. Lulu et ses enfants, tous ou presque de père différent. Marie qui, en plus d'élever ses propres enfants, recueille ceux qui ne peuvent être élevés par leur mère. June qui, bien que mariée à Gordie Kashpaw, donne son fils à élever à sa belle-mère quand celui-ci se révèle être le fils de Gerry Nanapush... Tout cela contribue à générer des relations humaines complexes.
Si Lulu est le point de départ et le prétexte de l'histoire puisque son décès va susciter des réactions en chaîne dans la vie des uns et des autres; ce livre est d'abord l'histoire de l'affrontement entre deux volontés farouches, deux façons de vivre et de mener sa famille: celles de Marie Lazarre Kashpaw et celle de Lulu Nanapush Lamartine. Chaque protagoniste va prendre la parole à son tour pour nous éclairer sur un pan de l'histoire passée ou présente, avec sa sensibilité, son point de vue selon qu'il soit issu de l'un ou l'autre des clan, nous renseigner sur son histoire personnelle mais chaque fois apporter une brique à l'édifice que son les personnalités de ces deux femmes.
C'est également un regard de l'intérieur sur la façon dont les amérindiens vivent et interprètent la façon dont l'histoire a tourné pour leur peuple. Nector Kashpaw qui tentera sa chance à Hollywood et qui reviendra avec la certitude qu'un indien ne peut que jouer la mort ou l'agonie, Marie et Lulu qui tenteront dans leur vieux jours d'inciter les jeunes à revenir à la tradition, Lyman Lamartine qui essaiera de se faire sa place dans le monde des blancs avant de se servir des lois qu'ils ont rédiger pour faire vivre sa réserve, ceux qui s'engageront dans l'armée et en reviendront brisés... Des années 30 aux années 80, l'évolution des mentalités indiennes au regard de l'évolution de la société américaine, celle d'individus ni tout à fait au dehors ni vraiment dedans.
Chaque chapitre représente le point de vue, la sensibilité d'un des personnage qui déroule son histoire à travers des épisodes marquants, avec sa façon de parler et de penser rapportée par l'écriture à voix multiples de Louise Erdrich, J'ai eu l'impression d'une réunion de famille où chacun raconte sa version des fait ou l'histoire qui l'a le plus marqué dans sa vie. J'ai pris mon temps pour lire ce livre, autant pour le savourer que pour bien assimiler les détails de chaque vie. Afin de bien comprendre chaque relation, il est nécessaire de se référer plusieurs fois au schéma représentant l'imbrication des familles du début du livre, que j'ai d'ailleurs fini par reproduire pour ne plus tourner les pages sans arrêt.
C'est une invitation à lire ces livres que je vous envoie tant je suis incapable de rendre la richesse de son univers, de son écriture magique qui nous happe et génère des images d'une justesse sidérante, de ces personnages fascinants, de ces femmes libres et fortes qui gèrent ce monde en dépit des faiblesses des hommes...
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critiques presse (2)
Lexpress
28 novembre 2011
Publié en 1984, Love Medicine est le tout premier roman de Louise Erdrich, où elle décrit le quotidien de deux familles d'une réserve du Dakota. [...] A leur désarroi la romancière oppose la musique d'une prose envoûtée, à la fois courroucée et nostalgique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Telerama
02 novembre 2011
Des personnages violents, hargneux, tendres, mais toujours debout face à l'adversité, formant un choeur poétique et désespéré.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
En prenant sa main solide dans la mienne, j’ai vu que ses doigts étaient enflés et douloureux. J’y ai regardé de plus près, et malgré la lumière enfumée j’ai distingué quelques marques en relief formant des motifs réguliers – étoiles, flocons de neige, toiles d’araignée porte-bonheur.
Effrayé, et sans pourtant lâcher ses doigts, je suis resté à attendre.
« Quand la bagarre a éclaté, a-t-elle expliqué avec un rire, en découvrant ses dents, mes mains sont passées dans la machine à écorce de bouleau. »
De tout ce qui avait mal tourné, ce qui m’a le plus frappé, c’était que les mains de Marie Kashpaw soient blessées. Ses mains avaient tenu des bébés et tiré des hommes adultes des marécages, ses mains nourrissaient et donnaient des torgnoles, ses mains étaient brûlées par la corde, abîmées par le travail, embrassées par Nector. Ses mains, devenues raides, toujours puissantes, auraient dû être protégées. J’ai penché la tête pour regarder de plus près. Dans une paume, il y avait une cicatrice blanche en relief, une vieille blessure se tordant à la façon d’une petite brindille coriace.
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La seule chose qui ne coûterait rien, pensai-je pour me consoler, c'était ce bébé. À condition qu'elle ne soit pas déclarée, à condition que je n'aille pas à l'hôpital, à condition que je puisse la mettre au monde à la maison, elle serait gratuite.
Je savais que c'était une fille à cause de June, parce que j'avais tant voulu la garder. Et bien que nous nous en sortions tout juste chaque jour avec trois fois rien, je voulais ce bébé. Les autres devenaient trop grands pour qu'on s'y accroche, et je manquais de douceur dans ma vie, d'un souffle tendre. Je n'attendais plus rien de bon de ce que je faisais, mais j'aurais ce petit bébé, rien qu'à moi.
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Parfois le ciel tout entier était cerné de points filants et de fronces lumineuses se rassemblant et retombant, palpitant, perdant leur éclat, avec la régularité de la respiration. D'un seul bloc. Comme si le ciel était un système nerveux que nos pensées et nos souvenirs parcouraient. Comme si le ciel était une gigantesque mémoire pour nous tous. Ou une salle de bal. Et que toutes les âmes errantes du monde y dansaient.
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Lulu s'affairait dans la cuisine avec une frénésie tranquille et machinale. Elle semblait remplir des casseroles en les désignant du doigt et sortir du four des plats qu'elle n'y avait jamais mis.
La table bondit pour dresser son couvert. Le soda moussa dans les verres et le lait soupira au bec du bidon. Le petit dernier, coincé sur une chaise haute, regardait avec enthousiasme les éléments se disposer autour de lui. Tout le monde s'assit. Puis les garçons commençèrent à s'empiffrer avec une féroce et surprenante efficacité. Avant que Bev ait terminé sa première assiettée, ils s'étaient resservis trois fois, et quand il leva le nez de son dessert, ils s'étaient évaporés à travers les murs. Le plus jeune avait lévité hors de sa chaise haute et dormait hors de vue. À part Lulu et lui, la pièce était vide.
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Le temps a filé jusqu'à ce que chacun de mes garçons soit devenu un homme adulte. Certains m'ont fait du chagrin, pourtant j'étais fière d'eux.Gerry, par exemple. Des allers-retours en prison, mais une inspiration pour le peuple indien, c'était sa vie. Comme moi, il ne pouvait pas contenir sa nature sauvage. L'autre qui m'a fait le coup de devenir sauvage a été une surprise. C'était Henry Junior. Toute sa vie il avait fait les choses biens, et puis la guerre lui a prouvé que bien c'était mal. Quelque chose s'est brisé en lui.
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Vidéo de Louise Erdrich
C'est par la poésie que Gaëlle Josse est entrée en littérature. Elle a publié plusieurs recueils, jusqu'à ce jour où elle découvre un tableau d'un peintre flamand qui la happe littéralement. Sur cette toile, une femme, de dos, dont il devient urgent pour Gaëlle Josse de raconter l'histoire. Son premier personnage est là et le roman naît. Les Heures silencieuses paraît en 2011. En treize ans, treize autres livres suivront : des romans, des essais, un recueil de microfictions. Tous nous embarquent dans des univers différents, font exister des personnages -réels ou fictionnels-, disent la force de l'art -pictural, photographique ou musical-, et mettent des mots sur nos émotions avec une grande justesse.
Au cours de ce deuxième épisode de notre podcast avec Gaëlle Josse, nous continuons d'explorer son atelier d'écrivain : ses obsessions, son processus d'écriture, la façon dont le désir d'écrire naît et grandit. un conversation émaillée de conseils de lecture et d'extraits.
Voici la liste des livres évoqués dans cet épisode :
- Et recoudre le soleil, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20108563-et-recoudre-le-soleil-gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- À quoi songent-ils, ceux que le sommeil fuit ?, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23044434-a-quoi-songent-ils-ceux-que-le-sommeil-fuit--gaelle-josse-les-editions-noir-sur-blanc ;
- La Nuit des pères, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22564206-la-nuit-des-peres-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- Ce matin-là, de Gaëlle Josse (éd. Noir sur blanc/J'ai lu) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/20840891-ce-matin-la-gaelle-josse-j-ai-lu ;
- L'Amour, de François Bégaudeau (éd. Verticales) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22446116-l-amour-francois-begaudeau-verticales ;
- La Sentence, de Louise Erdrich (éd. Albin Michel) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22512129-la-sentence-louise-erdrich-albin-michel.
Invitée : Gaëlle Josse
Conseils de lectures de : Anthony Cerveaux, bibliothécaire à la médiathèque des Capucins, à Brest, et Rozenn le Tonquer, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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Les Éclaireurs de Dialogues, c'est le podcast de la librairie Dialogues, à Brest. Chaque mois, nous vous proposons deux nouveaux épisodes : une plongée dans le parcours d'un auteur ou d'une autrice au fil d'un entretien, de lectures et de plusieurs conseils de livres, et la présentation des derniers coups de coeur de nos libraires, dans tous les rayons : romans, polar, science-fiction, fantasy, BD, livres pour enfants et adolescents, essais de sciences humaines, récits de voyage…
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