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Editions Il est Midi (Autre)
EAN : 9782494282100
236 pages
AFNIL (28/03/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
L’esprit d’un homme vole en éclats sous l’onde de choc d’un événement banal. Dévoré par ses démons intérieurs, il ne contrôle plus rien. Il voudrait circonscrire le feu, ramasser et recoller ces morceaux de lui-même. En vain. Désemparé, il décide de se raconter à un lecteur omniprésent. Et les larmes versées brûlent le tissu du temps. Des éclats de mémoires giclent à la surface de sa conscience.
Le rideau se déchire et il se souvient. Une douleur inouïe surgi... >Voir plus
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Voilà, mes temps d’enfance sont parsemés d’autres instants propices à l’exhibition de moi dedans mais je suis bien obligé de faire des choix. Mon sujet est la perspective d’une réflexion sur la réincarnation et t’intéresser sans passer pour un demeuré, difficile pari. Mon enfance, ce sont ces sensations d’ailleurs aussi familières qu’un concert de grillons l’été. Je humais ces odeurs fugaces et prégnantes qui me téléportaient dans ces lointains qui mangeaient mon cœur. Ça m’arrivait n’importe où, n’importe quand, dans n’importe quelle situation. Aussi, la vie du dehors, dans laquelle ces atmosphères d’autres temps se surajoutaient, me faisait l’effet d’un trou noir revêtu de voiles opaques. Une condensation de matière insignifiante mais épaisse. Une mine de charbon à traverser, maculée de suies, me retenait d’être, tout entier embaumé dans cette fragrance d’alien. Je me sentais mélancolique et abattu. Ces volutes contenaient l’histoire de mes autres temps dans une éventuelle autre vie. Elles m’humectaient de bribes de récits aux ressacs lancinants et douloureux. Je ne pouvais rien toucher, rien palper, rien voir. Mais je sentais tout de cet autre monde où j’aurais eu une vie. Quand les effluves des autrefois me traversent, tous les sentiments sont réanimés et revivifiés : je sors de mon coma de mortel. Ça dure une demi-seconde. Ça dure l’éternité. Et cette nature retrouvée fait office de vérité de mon être. Pas l’être qui est dans le monde, l’être tout court qui est autre chose, ailleurs, toujours. L’être tout entier. Si je pouvais te faire partager ce déchirement, on n’aurait pas perdu notre temps. On se comprendrait mieux, toi et moi. J’essaie tout au long de ce récit mais c’est bien difficile.
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Il est 5h30 du matin. Je me réveille en sursaut, en sueur et me dresse sur le lit. Mon premier réflexe pavlovien est d’empoigner mon mobile pour trouver machinalement une extension de moi dans le réel. Je suis en nage et suffoque. J’ai fait un nouveau rêve dans lequel je suis vivant et assiste impuissant, devant un écran, à la mise à mort d’enfants dans un camp d’extermination. Je suis dans un état de panique paroxystique. Je veux exploser ce putain d’écran mais ne le peux pas. Les enfants descendent quelques marches. Ils se déshabillent et entrent dans une chambre à gaz. Je crie, hurle, supplie. Je veux bloquer l’entrée de la porte, imposer mon corps pour les empêcher de passer, leur interdire l’entrée. Je pleure et reconnais ces putains de larmes. C’est très étrange : je ne suis pas vivant. Je suis mort et vois une scène chez les vivants. Je suis un état d’esprit, je suis un esprit, mais je n’existe plus dans le monde terrestre. Je peux juste assister. Je sais ce qui va se passer et ne peux rien. Je deviens fou de rage et de désespoir. Depuis l’intérieur de mon rêve, je me dis que je fais un cauchemar. Mon cerveau de rêveur cherche à nier la réalité du rêve, la fuir, la contrôler, la dévier et l’éviter. Je veux anéantir le cauchemar que je fais réellement. Cet état de stress total n’est perceptible de personne. Je suis un mort-vivant. Aucun secours, nulle part. Les images impassibles défilent froidement devant mes yeux. C’est insupportable. Je vois les gardes SS refermer les portes. Je peux presque les toucher. Je cogne sur l’écran, je veux les tuer. Je veux ouvrir ces putains de portes. J’hurle et hurle et hurle et hurle sans fin. J’entre moi aussi.
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Momy et moi, étions extraordinairement détendus en ce beau matin. Momy était en vacances de lui-même. Une trêve en quelque sorte : pas de haine des allemands dans mes oreilles, pas de recherche de nazis terrés dans des caves : je buvais du petit lait : le paradis ! Et puis, j’ai été flashé. J’ai failli lâcher ma tasse. Une image pleine et entière, s’est collée sur ma rétine, à me brûler les yeux. Ce n’est pas une simple image, c’est une météorite avec des fragments d’histoire en-dedans. Dans l’ambre d’une chambre noire, ce flash saisit et fixe des personnages en mouvement, dans un moment de vie. Il y a des intentions, en-dedans leurs têtes auxquelles j’ai eu accès. Le cliché fait une césure temporelle dans cet instant d’éternité.
(…)
Et celui qui est flashé, c’est moi, le mort-vivant. Je vois ma duplicité. Et je me dis assez facilement : et si lui, c’était moi. Je n’aime pas les mysticaillons dogmatiques et fanatiques qui s’engouffrent dans la moindre ignorance pour déclamer leurs oracles d’oiseaux de mauvais augure : je ne veux pas tirer des plans sur la comète et affirmer unilatéralement : lui c’était moi. Je me pose juste cette question : et si lui, c’était moi ? Pour me préserver, il me faut laisser ce fantôme giclé du passé, bien enfermé dans sa lampe-flash. Je n’irai pas frotter pour voir surgir l’ectoplasme en trois dimensions. Il pleure depuis toujours en moi.
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C’est un nounours.
Et je l’ai immédiatement pointé du doigt.
Je n’avais aucun doute, c’était lui. C’était moi. C’était lui pour moi. Il était bleu
pale. Mamy me l’a acheté. Elle a posé là un acte dont elle n’a jamais su
l’ampleur. Pour la première fois, quelque chose, quelqu’un, me
réconfortait. Je n’ai jamais autant aimé que dans ce premier amour-là.
Il était tout pour moi. Je n’avais d’yeux que pour lui. Il était beau
comme le ciel. Une âme, un esprit se sont greffés dans le nounours
en peluche. Pour partager ma solitude. Peut-être, avais-je été entendu
quand j’appelais au secours la nuit. Un dieu attendri me l’aura
envoyé. Pour me rappeler le goût et le parfum du ciel. Pour me rappeler
une planète bleue. Je ne le lâchais jamais. Il me parlait. Il dialoguait
avec moi. C’était un esprit sans âge : parfois un enfant,
parfois un vieillard pétri de bienveillances, parfois un homme jeune
voulant m’apprendre à me défendre dans la vie, parfois un père écartant
les difficultés sur mon passage. Je le portais dans mes bras et
devenais invincible. Un ami était venu me réconforter sur cette terre
hostile. Je l’ai aimé de tout mon esprit, de tout mon être.
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Les rêves que les grecs faisaient la nuit à Epidaure, interprétés le matin par des prêtres dédiés à Asclépios, manifestaient cette connexion entre morts et vivants. Les mystères d’Eleusis ont aussi formalisé un rituel de passage pendant plus de mille ans. Je crois ça depuis toujours mais ça ne concerne que moi. Et je trouve bien affligeant d’avoir été amputé de la possibilité de ce savoir-là. Cette trépanation de l’esprit et cette mutilation de tous nos sens, autorisent le surgissement de nazis, partout, dans tous les siècles, dans toutes les églises, dans toutes les obédiences. C’est à cause de la soif inextinguible de pouvoir des colocs terriens. L’Apocalypse de Saint-Jean est un beau réquisitoire contre ces abus de pouvoirs, impitoyable réquisitoire contre toutes les églises de pierre tenues par des usurpateurs drapés, impitoyable réquisitoire contre tous les dogmes sanguinaires et sanguinolents. C’est à cause de l’oubli du dialogue avec les morts. Ce Jean s’égosillait déjà bien inutilement alors que le message de son Christ partait déjà en couilles sous le pourpre libidineux et la myrrhe avariée.
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