Sombres citrouilles (BD)

J'ai beaucoup aimé cette B.D. (une adaptation d'un roman de Malika Ferdjoukh que je n'ai pas lu) qui nous plonge dans l'atmosphère d'Halloween avec une histoire de famille pleine d'ombres.

On y trouve une grande propriété à la campagne, une réunion de famille pour l'anniversaire du grand-père, des histoires d'amour cachées, des secrets de famille, un maître chanteur et un cadavre découvert dans le fond du jardin par les enfants de la famille qui décident de le dissimuler pour ne pas gâcher la fête.

On retrouve la patte de l'autrice avec une histoire très riche et des personnages bien campés, des touches d'humour. Elle y parle aussi de l'adolescence, des premiers émois amoureux, d'un jeune garçon qui prend conscience que les adultes ne sont pas toujours si fiables...

Les dessins m'ont beaucoup plu aussi avec leurs couleurs automnales, les décors riches en détails et les scènes de nuits représentées en noir avec justes des lignes de couleurs pour suggérer les contours.

J'ai donc passé un très bon moment avec Sombres Citrouilles...

Après "la bobine d'Alfred" sorti en 2018, notre duo d'auteur se retrouve pour nous narrer une histoire à faire peur.
Toujours issu d'un roman de Malika Ferdjoukh, Nicolas Pitz nous adapte graphiquement le superbe huis-clos "Sombres citrouilles".
Voilà donc un beau thriller ayant pour base un portrait de famille avec tous ses secrets associés.

Le scénario de Malika Ferdjoukh pour "Sombres citrouilles” :

Je n'ai hélas pas lu le roman jeunesse éponyme de Malika Ferdjoukh (honte à moi !) mais cette adaptation BD m'en dit long sur son talent d'écriture.
Cet huis-clos est vraiment bien construit, et le dénouement surprenant est très bien amené.
Malika Ferdjoukh use d'artifice de narration particulier en alternant les voix off des adolescents par exemple, et les dialogues parfois ne sont pas suivis afin de montrer que la famille existe mais que personne prend vraiment le temps de s'écouter, de tendre l'oreille...
Mais l'inconnu retrouvé mort dans le potager va faire changer ces habitudes et ainsi révéler à l'ensemble des protagonistes certaines révélations nébuleuses sur des membres présents ou absents...
le découpage est ingénieux pour bien maintenir le lecteur éveillé, alternant des pleines pages (parfois doubles), des gaufriers standards, des cases sans bordures, des dépassements de bulles sur d'autre case, des bulles rectangulaires pour la narration voix off et d'autres plus arrondies pour les dialogues etc...
C'est une histoire parfaitement adaptée pour le mois d'octobre et pour les jeunes pré-adolescents.

Le dessin de Nicolas Pitz pour "Sombres citrouilles” :

Le dessin de Nicolas Pitz répond bien à la cible de lecture choisie : la jeunesse.
le trait tantôt épais, parfois léger, dans un style semi-réaliste, est surtout très expressif.
Les teintes de dominantes de couleurs pour déterminer les ambiances sont bien choisies (gris à tendance sépia pour les actes rétro, des couleurs orangés, bruns pour l'automne etc.…).
Les scènes nocturnes ont beaucoup de charmes, donnant un côté jeune et un peu psychédélique avec ces légers traits flashy sur fond noir...
Les nombreuses pleines pages sont superbement détaillées pour un grand plaisir visuel !
A l'inverse, les petites cases des gaufriers ont un arrière-plan sommaire et pointe vers l'essentiel.
Les mises en scène sont bien variées avec des successions de vues parfois surprenante changeant du tout au tout (exemple : passé d'un plan complet pleine page en plongée à un gros plan pleine page en contre plongée.)
Ces alternances graphiques, avec les perspectives maitrisées, évoquent un superbe dynamisme et tiennent le lecteur en haleine.

En bref, le dessin est beau et maîtrisé et le scénario est structuré et efficace.
C'est une vraie délectation à la lecture.
Lien : https://www.7bd.fr/2020/01/s..

Une fois n'est pas coutume j'ai failli abandonner cette BD qui est très longue à démarrer. La première moitié est assez fouillis et ne m'a clairement pas convaincue au niveau scénario. La seconde partie en revanche est riche en révélations et l'intrigue se dénoue très rapidement et un peu trop aisément à mon goût. Une histoire agréable mais qui ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Par contre, le travail graphique sur cette BD est vraiment très réussi, notamment les planches dans le noir où les dessins apparaissent en traits fins multicolores avec une technique de grattage sur pastel gras. Assez sublime. Les détails ont une joli fini même si je n'aime pas trop les visages, les expressions sont bien rendues notamment sur les regards dont les sous-entendus sont criants.
Bilan mitigé donc pour cette BD qui ne m'a pas forcément donné envie d'aller lire le roman originel. Cette version m'a suffit.

Probablement que la version d'origine du roman se montre plus démonstrative.

L'introduction à l'aventure est un peu confuse, volontairement probablement, pour que les lecteurs commencent d'emblée à se poser des questions.

Nicolas Pitz imposera une atmosphère avant des explications, l'ambiance est un peu lourde et cela sent la drôle de réunion de famille chez Papy et Mamie.



C'est à l'inverse de ce à quoi on pouvait s'attendre, un événement réjouissant. Certains membres se préparent pour arriver, d'autres sur place se réveillent et attendent les retardataires, avec une Mamigrand qui a la langue bien pendue, qui a son mauvais mot à dire sur les absents au petit déjeuner des enfants.

Nous essayons de raccrocher les wagons et nul doute que le malaise ambiant de départ servira le ton de l'histoire.

Sont-ils vraiment heureux d'être ensemble ou juste dans l'obligation de maintenir du lien pour sauver les meubles, comme l'on dit?



L'auteure Malika Ferdjouk parle de citrouille, nous supposerons que ce sont les vacances, d'où tous les enfants présents, ca sera une fête d'adultes avec la Toussaint ( rhooo) et puis une fête d'enfants avec Halloween( ouaiiih).



Dans le parc du manoir de Mamigrand et Papigrand, Hermès, une dizaine d'années, comme Brel attend sa Madeleine.

Madeleine est sans doute une cousine, elle est plus vieille et elle s'est fait la malle.

L'auteur Nicolas Pitz nous montre beaucoup l'envers du décor et nous la voyons fuguer son pensionnat pour jeunes filles.

Où tout ceci va nous mener?



L'offre semble amère mais intrigante, les personnages adultes sont si à cheval sur les apparences qu'ils en oublient les enfants qui trainent et mettent leur nez partout.

Et il y a beaucoup de réalités diverses dans l'envers du décor.

Si Mamigrand savait...



Colin, 6 ans, Violette et Ana, environ 8 ans, observent, les bouches s'arrondissent, ils pouffent de rire aussi et puis finalement ils auront envie de partir en courant, lorsqu'ils trouveront l'un des invités mort parmi les citrouilles du jardin.

Ouch!



La discussion était animée entre Papigrand et le macchabé un peu plus tôt, Hermès s'imaginait déja des choses.

Mais Papigrand est un vieux monsieur dans un fauteuil roulant.

" Non. Pas la police. Pas maintenant. C'est l'anniversaire de Papigrand. Ça...Ça gâchera tout.", propose Hermès au reste des cousins.

C'est lui qui raconte l'aventure mais on ne lit pas tout de façon très transparente chez cet ado qui semble coincé entre deux âges, Madeleine d'un côté et la troupe de petits de l'autre.



Il y a une autre chose dont on ne parle pas avec les adultes, les circonstances de la disparition de l'oncle Dimitri, il y a beaucoup de cachotterie dans cette aventure imaginée par Malika Ferdjouk, des petites et des grosses.

La communication semble être un vrai problème. Et notre Hermès s'impatiente, pour grandir un peu, passer du temps avec une Madeleine qui a l'esprit ailleurs, lui dire pour le cadavre caché sous les feuilles mortes au pied de l'arbre.



Si les morts pouvaient parler...



Une adaptation intéressante.

On avait adoré la série des " Quatre soeurs", les lecteurs ados devront s'attendre à un récit du même bois.

Adaptation en roman graphique et par Malika Ferdjoukh elle-même de son roman éponyme. Quoi de mieux, finalement, pourrait-on dire que l'autrice elle-même pour adapter son propre roman?

Pas sûr que ce soit la meilleure configuration. Passer du texte au dessin, cela requiert peut-être du détachement, une vision plus large, permettant de dégager l'essentiel par rapport au texte de base. Ce n'est certainement pas évident. Je dois préciser que je n'ai pas lu le roman...

Et des détails qui ont encombré ma lecture, il y en a. A tel point que j'ai mis un temps fou à me persuader que j'irai au bout des 150 planches. A l'instar de plusieurs chroniqueurs, je me suis demandé ce que je faisais là. Je me suis interrogé sur qui est qui, qui fait quoi, le pourquoi du comment, où courge, dans quelle étagère...? Un trombinoscope aurait sans doute été le bienvenu... Ellipses et raccourcis, insistance sur des détails, cela m'a bien perdu pendant une bonne moitié de l'ouvrage.

Cela s'améliore ensuite, pour celles et ceux qui ont tenu jusque là. Mais le final m'a déçu, tout ça pour ça, me suis-je dit. Et tout est mené au pas de charge. 146 planches pour susciter l'envie et 4 planches pour tout régler? Sans la moindre culpabilité. Avec moult embrassades et kiss kiss goodbye...? C'est un peu court, jeune homme, comme dirait l'autre.

Côté dessin, il faut s'y habituer aussi. Je ne suis pas trop fan, mais je peux passer outre. Les grandes doubles pages un peu impressionnistes à lire dans l'ordre que l'on souhaite m'ont beaucoup plu. Par contre, les scènes de nuit vues comme des négatifs m'ont laissé dubitatif.