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EAN : 9782072874000
224 pages
Gallimard (06/02/2020)
2.69/5   365 notes
Résumé :
Entre le corps d'Amalia, qui flotte dans la mer, à l'aube, mystérieusement noyé, et le corps de Delia, sa fille, exposé à la violence, au sang et à la pluie d'une Naples au ciel plombé et aux rues hostiles, se déroule ce thriller familial, sensuel et désespéré, dont les rebondissements vous griffent le coeur.
Qu'est-il arrivé à Amalia ? Qui se trouvait avec elle la nuit de sa mort ? Pourquoi n'est-elle vêtue que d'un soutien-gorge neuf quand on la retrouve ? ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
2,69

sur 365 notes
Ayant lu L'amie prodigieuse d'Elena Ferrante et l'ayant beaucoup apprécié, c'est L'amour harcelant, son premier roman, publié en France en 1995 et réédité l'an dernier, que j'ai décidé de découvrir.
Dans la première phrase, très laconique, la narratrice, Delia, nous fait part de la mort de sa mère, Amalia (63 ans), par noyade. Elle a été retrouvée, portant sur elle, seulement un soutien-gorge neuf, griffé, acquis dans une coûteuse boutique napolitaine, ses boucles d'oreilles, sa bague de fiançailles et son alliance. Delia donc, la quarantaine, va tenter de résoudre l'énigme de cette mort.
Ce roman est en quelque sorte le récit d'une fille qui part à la recherche de sa mère. C'est alors que des souvenirs enfouis remontent, souvenirs d'enfance où son père, son oncle Filippo et l'ami et associé de son père, Caserta et son fils Antonio, jouent un rôle important.
La ville de Naples est également un élément essentiel ; elle est plus qu'un décor urbain où se déroule le fil de l'existence des personnages : elle est vivante, grouillante de cris et d'odeurs. Est également très présent le dialecte ou plutôt la langue napolitaine qui lui est hostile car liée à la violence paternelle. C'est un terrible règlement de compte entre mère et fille.
En fait, en tentant de mieux comprendre sa mère, en menant l'enquête sur sa mort, c'est sa propre vérité que Delia recherche et finira par trouver : elle n'a existé que par sa mère.
C'est un récit bouleversant jusqu'au malaise qu'Elena Ferrante nous livre. Ses mots heurtent et dérangent. Elle arrive de façon magistrale à nous faire ressentir les sentiments contradictoires que Delia éprouve pour sa mère, sentiments qui sont un mélange de fascination, d'amour et de haine, un rapport mère-fille tortueux, douloureux, passionnel.
L'amour harcelant est un livre un peu difficile à lire car on ne sait jamais si on est dans la réalité, dans la folie, dans les faux-semblants, où l'atmosphère est lourde, pesante, sombre, beaucoup moins lumineuse que dans L'amie prodigieuse et pourtant, par bien des points, il annonce déjà ce dernier.
C'est plutôt après coup que j'en ai apprécié l'écriture.



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A Naples, la narratrice Delia se rend aux obsèques de sa mère, retrouvée noyée dans la mer. le père, séparé de sa femme depuis des décennies après une relation violente marquée par la jalousie, ne s'est pas déplacé. En revanche, resurgit un vieil ami de la morte, l'étrange Caserta, qui avait tant marqué Delia enfant et son père, convaincus qu'une relation coupable liait cet homme à la sensuelle Amalia.


Alors que Delia se lance sur les traces de sa mère pour comprendre sa mort, les souvenirs affluent au point de mêler passé et présent en d'étonnantes superpositions : son retour sur les lieux de son enfance fait ainsi remonter à la surface des images profondément enfouies qui viennent lui faire revivre son enfance dans les années soixante, cette fois du point de vue de sa mère tel qu'elle parvient à l'imaginer, elle qui, désormais parvenue au même âge, lui ressemble tant.


Le pivot de cette anamorphose entre deux époques et deux personnages est la ville de Naples, qui imprègne les pages d'une ambiance trouble et délétère, inquiétante au final, au travers de quartiers populaires toujours sous la pluie, où résonnent les accents du dialecte local, et où une femme semble ne pouvoir faire un pas sans se faire harceler.


Une sensation de malaise m'a accompagnée tout au long de ma lecture, cette atmosphère méphitique enveloppant des personnages globalement assez minables et peu sympathiques, tous obsédés par la perversité supposée d'une femme, objet de tous les fantasmes et donc de tous les soupçons, et pourtant la seule à être restée finalement au-dessus de la mêlée des rivalités et des sentiments sordides.


Si j'ai admiré l'habileté de construction du récit et la capacité de l'auteur à restituer avec véracité la trouble complexité des personnages, j'ai trouvé cette histoire d'amour-haine pesante et déprimante, voire profondément glauque et dérangeante tant tout y est malsain. On ne se remet pas si facilement de tant de réalisme cru, où tout n'est que violence à l'encontre des femmes.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le premier roman d'Elena Ferrante, et, pour moi, le dernier que j'aie lu d'elle.

Une curiosité donc , comme celle de découvrir les fondations secrètes d'un édifice admiré - et un sujet déjà largement approfondi dans tous ses autres récits: le tortueux , douloureux et passionnel rapport mère-fille.

En lisant en VO le titre , l'Amore molesto, l'amour importun, - et non l'amour harcelant comme le veut le titre français- je me suis figurée que Ferrante allait nous livrer le "modèle" initial - et à proprement parler, la "matrice" - d'Immacolata, la terrible mère de Lenù dans L'amie Géniale... le début et le résumé semblaient confirmer cette hypothèse : Amalia, la mère de Délia, la narratrice, diffère son arrivée chez sa fille qui l'attend pour fêter son anniversaire, par des coups de téléphone successifs et inquiétants, jusqu'à ce qu'on retrouve son corps, noyé sur une petite plage où la famille allait souvent en villégiature, uniquement vêtue d'un soutien-gorge de luxe en dentelles et de tous ses bijoux. Aucune trace de violence, la mort semble avoir été volontaire. Terrible cadeau d'anniversaire pour sa fille : le suicide de sa mère.

Mais Délia, célibataire , auteur de bandes dessinées , la quarantaine, ne semble pas outre mesure bouleversée, et se lance dans une enquête qui la mène sur les lieux et devant les témoins de son enfance.

Nouvelle hypothèse de lecture: la mort de la mère n'est qu'un prétexte pour la remettre sur la trace douloureuse de sa propre enfance entre un père, peintre raté de chromos pour touristes, et sa mère, gantière puis couturière, jolie et travailleuse inlassable. Très vite le couple se sépare: le mari, jaloux maladif, est brutal et bat sa femme. Son pourvoyeur de tableaux, un certain Caserta, devient l'ami -ou l'amant- de cette femme au rire trop gai, aux cheveux trop bouclés et trop longs.

Cet amore molesto serait non celui d'une mère pour sa fille, mais celui d'un mari qui après vingt ans de séparation est toujours dans les affres de la jalousie et harcèle sa femme à distance jusqu'à la rendre folle, la pousser au suicide?

Pas seulement: le sens du titre se complète progressivement et l'intrigue "policière" devient de plus en plus intérieure: c'est dans les fantasmes de son enfance que Delia, aidée par la redécouverte des lieux - une fabrique de glaces, une chambre, un funiculaire, un tram, une boutique de sous-vêtements, une plage...- reconstitue le puzzle de sa vérité intérieure, dissipe les mensonges d'une sexualité enfantine troublée et pervertie, et trouve, peut-être, au milieu du champ immense des interprétations possibles, une réponse au désarroi et au message final de sa mère, comme un ultime cadeau qui la délivrerait et lui permettrait d'être enfin ce qu'elle veut être.

Ce premier roman de Ferrante contient déjà tous les autres, avec cet incroyable "parler cru" qui est le sien, cette façon directe et dépourvue de façons d'entrer dans le vif, dans la chair, jusqu'au malaise, s'il le faut. Naples est déjà beaucoup plus qu'un décor: grouillant de vie, de cris, d'odeurs agréables ou infectes, de silhouettes ridicules, ambiguës ou franchement inquiétantes.

Délia est une narratrice encore un peu effacée, qui n'a pas la densité des narratrices futures de Ferrante, mais le beau personnage d'Amalia, avec ses robes bleues, ses boucles en accroche-coeur, son rire ravageur, et sa Singer infatigable est un personnage attachant, mystérieux, plein d'ombres et de lumières, vu, comme il l'est, à travers le souvenir fasciné et effrayé de sa fille, à la fois si solaire , si forte, et pourtant si fragile, si menacée..

Elle annonce un peu le personnage tour à tour ambigu et éclatant de Lila...

Ma curiosité n'a pas été déçue, mais peut-être faut-il pour apprécier pleinement cette lecture,avoir lu d'abord , comme je l'ai fait, un peu par hasard, j'avoue, les autres romans de Ferrante, dont ce premier roman est la promesse..
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Drôle d'impression après la lecture de ce livre. Je me demande vraiment qui est Elena Ferrante et ce qu'elle a vécu car on sent dans ce livre, des éléments durs que l'on retrouvera des « les amies prodigieuses ». Ainsi la peur de l'abandon, les rapports difficiles avec la mère , la langue officielle et le dialecte.
Ici dans « l'amour harcelant », Delia, à la suite de la mort de sa mère que l'on retrouve noyée, fait une enquête pour comprendre cette mort qui semble bien mystérieuse. On se retrouve là aussi à Naples , dans une Naples sombre, pauvre et glauque.
C'est un livre que je trouve violent psychologiquement, même l'écriture est violente, crue. Je n'ai pas toujours compris ce que l'auteur a voulu dire et en tout cas, je ne suis pas sûre que tous les détails crus aient été utiles.
Je suis sans doute passée à côté du véritable message mais je dois avouer que ce livre est intrigant et qu'il m'a déstabilisée. Tout y est malsain.
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Premier roman d'Elena Ferrante, L'amour harcelant n'a pas l'ampleur de la saga qui l'a fait connaitre en France. N'empêche qu'il ne m'a pas fallu beaucoup de pages pour que je sois scotchée par sa plume.
Delia, le personnage principal, apprend que sa mère Amalia, a été retrouvée morte, noyée. Elle se demande alors ce qu'elle savait réellement sur cette femme avec qui elle a pris ses distances. Elle part à sa rencontre en retournant sur ses traces (les rues de Naples, l'appartement où elle vivait, l'atelier de son père) interrogeant ceux qui l'ont côtoyé.
J'ai aimé revenir dans ce Naples crasseux, bruyant, suranné (un ascenseur avec une banquette à l'intérieur, les vieux trolleys).
J'ai aimé les rêves entremêlés de souvenirs de Delia et cette atmosphère mystérieuse qui plane autour de la vie d'Amalia.
J'ai aimé la puissance des images qu'Elena Ferrante (et son traducteur Jean-Noël Schifano) a fait naître sous mes yeux au fil des pages (la voisine derrière la chaînette, le cinéma en plein air..), cette capacité à suggérer combien le passé peut nous peser et nous tourmenter.
Face à la violence des hommes et en particulier à celle de son père qui ne supportait même pas que sa femme rit, j'ai eu le sentiment que Delia n'a jamais réussi à se définir autrement que par rapport à sa mère mais comment grandir quand on vit avec la crainte permanente des coups qui pleuvent ?
Le terme est fort mais il y a dans l'écriture d'Elena Ferrante quelque chose qui me subjugue et en refermant ce livre, j'ai immédiatement pensé " à quand le prochain ?".
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Dans le tram, quand il [mon père] était là lui aussi, nous avions peur. Il tenait surtout à l'oeil les hommes petits et bruns, frisés, aux grosses lèvres. Il attribuait à ce type anthropomorphique la propension à ravir le corps d'Amalia ; mais peut-être pensait-il que c'était ma mère qui était attirée par ces corps nerveux, carrés, forts. Une fois il fut convaincu que, dans la cohue, un homme l'avait touchée. Il la gifla sous les yeux de tout le monde : sous nos yeux. J'en restai douloureusement effarée. J'étais persuadée qu'il aurait tué l'homme et je ne comprenais pas pourquoi c'était elle au contraire qu'il avait giflée.
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[ Mes soeurs et moi ] nous nous embrassâmes en promettant de nous revoir bientôt, mais en sachant qu'il n'en serait rien. Nous échangerions, au mieux, quelques coups de fil pour mesurer d'une fois sur l'autre le taux croissant d'étrangeté réciproque. Depuis des années nous vivions toutes les trois dans des villes différentes, chacune avec sa vie et un passé en commun qui ne nous plaisait pas. Les rares fois où nous nous voyions, tout ce que nous avions à nous dire, nous préférions le taire.
(p. 26)
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Désormais, je savais que tous les coups de fil qui suivraient auraient une pure fonction de rappel, comme ces sifflements que les hommes avaient autrefois l'habitude de faire entendre pour annoncer de la rue qu'ils étaient sur le chemin du retour et que les femmes pouvaient jeter les pâtes dans l'eau bouillante.
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(...) je découvris que je n'éprouvais plus aucune sympathie pour la ville d'Amalia* [ma mère], pour la langue dans laquelle elle s'était adressée à moi, pour les rues que j'avais parcourues jeune fille, pour les gens. Quand à un certain moment apparut une échappée sur la mer (celle-là même qui, enfant, m'enthousiasmait), elle me fit l'effet d'un papier de soie violâtre collé sur un mur crevassé. Je sus que j'étais en train de perdre définitivement ma mère et que c'était exactement ce que je voulais.
(p. 83)

* Naples
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Ma mère appartenait à une culture en déclin qui ne concevait pas les gaspillages. Elle ne jetait pas le pain sec ; du fromage elle utilisait même la croûte en la faisant cuire avec la soupe pour la parfumer ; elle n'achetait presque jamais de viande mais elle demandait, dans les déchets du boucher, des os pour en tirer du bouillon et elle les suçait comme s'ils avaient contenu des substances miraculeuses. Jamais elle n'aurait oublié le robinet ouvert.
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Vidéo de Elena Ferrante
L'Amie prodigieuse, l'adaptation télévisuelle de la saga littéraire d'Elena Ferrante est de retour pour une troisième saison sur Canal +.
À l'heure où on retrouve Elena et Lila, les héroïnes nées sous la plume de la mystérieuse écrivaine italienne, les deux jeunes femmes sont bel et bien à la croisée des chemins. Celle qui fuit et celle qui reste, le sous-titre de ce troisième opus, n'a pas été choisi au hasard.
Quels choix de vie, quels renoncements, quels arrachements, parfois, faut-il consentir pour accomplir sa destinée individuelle et gagner sa propre liberté, quand on est une femme ? A fortiori une jeune femme pauvre dans l'Italie violente des années 70, entre années de plomb et forfaits de la Camorra ?
Tel est le fil rouge de cette troisième saison, sans doute la meilleure à ce jour depuis le début de la transposition télévisuelle de l'oeuvre littéraire d'Elena Ferrante. À la fois moins empesée et académique que la première, et beaucoup plus ample, du point de vue romanesque, que la deuxième. Une vraie réussite.
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Elena Ferrante est le pseudonyme de Erri De Luca, le véritable auteur des romans.

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