AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782351460467
192 pages
Les éditions de Passy (01/11/2012)
4/5   1 notes
Résumé :
« Interdite », l’Europe l’est en un double sens : éberluée par la catastrophe de la crise, la promesse non tenue de sécurité, justice et prospérité ; entravée par des disciplines de gestion, lui interdisant de financer son développement. L’Union européenne connaît une triple crise : Crise technique d’une gouvernance économique inadaptée ; crise éthique d’une union politique ratée ; crise philosophique d’un projet historique délégitimé. ... >Voir plus
Que lire après L'Europe interditeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s'agit d'une partie des cours donnés par JMF en 2011-2012, première année après la création de la chaire de philosophie européenne à Nantes. Les six chapitres sont très concrets puisqu'ils portent sur la crise économique européenne ("crise de l'euro") - le socle de la réflexion est toujours le modèle d'une Europe cosmopolitique, c'est-à-dire articulée autour de trois relations du droit public : « interne, entre nationaux au sein de chaque Etat membre ; externe ou international mais intracommunautaire entre les nations membres de l'Union ; transnational des citoyens européens entre eux et avec les divers Etats membres », p.50 - ce qui implique le maintien des souverainetés étatiques.

Autour de la question économique et de l'euro, il est question des problèmes de légitimité politique, démocratique, etc. La légitimité du projet européen n'est plus le maintien de la paix, il est devenu la maîtrise de la mondialisation économique, c'est en ce sens qu'il est indépassable. La légitimité politique consiste alors à trouver le moyen d'articuler les souverainetés sans les liquider - le modèle d'un Etat fédéral, le plus intuitif et le plus spontané, est en ce sens à proscrire puisqu'il émonde les souverainetés. Pour autant, la légitimité démocratique dans un espace multilingue et multiculturel implique une extension de la démocratie au-delà des frontières nationales, la solidarité des citoyens entre eux et donc le partage de "valeurs" communes - qui ne doivent pourtant pas prétendre saper les identités communautaires, propres et nécessaires aux souveraineté nationales. Cela passe par la prise en compte des espaces médiatiques comme véhicule identitaire, associé à de nouveaux droits, moraux, pour la protection des identités. Vient ensuite la question proprement économique, où la question d'un gouvernement de la zone euro est discrédité pour sa trop grande faiblesse de légitimité démocratique, de même qu'une gestion centralisé de la monnaie unique, au profit d'une concertation et d'une coordination de la politique économique européenne passant par l'évidence du déséquilibre structurel, qui serait irréversible, d'un Nord industriel excédentaire et d'un Sud tertiaire (ou quaternaire) déficitaire - ce n'est pas une question de volonté politique, de laxisme budgétaire, mais une conséquence de l'absence de concertation et de mise en place d'un organe d'organisation de la zone euro au moment de sa mise en oeuvre qui a abouti au développement de politiques nationales isolées et égoïstes (le mot est écrit) où le Nord - sinon l'Allemagne - a vite saisi les avantages que lui procureraient dans le cadre d'une politique d'exportation, une monnaie unique, forte, voire surévaluée. Après dix ans (en 2012), les effets seraient irréversibles (le Sud serait incapable de rattraper son retard industriel et le Nord a trop capitalisé pour changer son modèle). L'Europe est donc scindé entre une offre au nord et une consommation au sud. La considération de cette réalité qui ne soit pas une culpabilité au sud (PIGS) et une condescendance au Nord qui, ayant développé une offre, trouve naturellement des acheteurs, ne "subventionne" pas le Sud, permettrait l'organisation de la zone euro autour d'une "justice économique" dont les deux axes (égalité et méritocratie) ne sont qu'esquissés en fin d'ouvrage.
Commenter  J’apprécie          71

Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
... transférer le pouvoir à l'Union signifie renforcer le pouvoir du Conseil, lequel n'est autre que celui que détiennent ensemble les gouvernements nationaux. C'est pourquoi, face à la dérive actuelle d'un intergouvernementalisme bicéphale, [Merkozy] les authentiques partisans un fédéralisme européen réclament le fameux "saut fédéral" qui irait étendre l'actuel domaine des compétenes exclusives [...] à des domaines qui, jusqu'à présent, relèvent des compétences partagées [...] tandis que se verraient "partagées" certaines "compétences d'appui", qui, aujourd'hui, sont quasiment réservées aux Etats : politique sociale, éducation, santé, tandis que serait généralisée au Conseil la règle de la majorité. De là, on irait même "communautariser" le domaine que, par excellence, se réservent les chefs d'Etats et de gouvernement : la politique extérieure, car c'est au fond cela, l'unité e la diplomatie, qui réaliserait véritablement l'intention fédéraliste.
Commenter  J’apprécie          10
On entend sous l’expression « intégration négative » celle qui résulte d'une stratégie libérale qui s’en tient à lever les obstacles dans le but de décloisonner l'espace européen. Cependant, cette stratégie, que l'on promeut au nom d'un « fédéralisme concurrentiel », a des effets pervers, du fait que ladite concurrence est loin d’être équitable : elle profite aux Etats les moins disant fiscaux, sociaux et environnementaux. La crise du projet européen appelle sans doute une réforme des institutions de l’Union, mais de façon tout aussi urgent le passage à une phase d'intégration positive, laquelle suppose des mesures susceptibles de structurer l’espace européen dans un sens plus concrètement déterminé.
Commenter  J’apprécie          10
… il est illusoire de croire que les peuples d’Europe puissent accepter de se soumettre à une décision majoritaire « du » peuple européen ou de ses représentants (au Parlement et au Conseil), une décision que, par hypothèse ils n’auraient cependant pas adoptée s’ils avaient été consultés en tant que peuples autonomes. Imaginer tout cela est tout aussi vain qu’espérer des Etats qu’ils renoncent durablement à leur pouvoir décisionnel exercé en cosouveraineté au Conseil ; qu’ils accepteraient ainsi de remplacer la concertation obligée qui en résulte, par la confiscation de souveraineté que représenterait leur subordination à une instance étatique supranationale, quel qu soit le nom qu’on lui donne.
Commenter  J’apprécie          10
Cette stratégie de fond [diminuer les revenus du travail pour capitaliser et exporter] programme la sortie de la société de consommation. L'endettement des ménages n'étant pas souhaitable, l'agencement d'une cure d'austérité requiert une légitimation. C'est ce que tente la dramatisation médiatique de l'endettement en générale et de la dette publique en particulier, dont l'aggravation brutale, entre 2007 et 2010, est largement due au sauvetage de banques mises à mal par le surendettement privé. A cette dramatisation orchestrée, s'adjoint un retour en force de la "morale". Il devient "moral" de consentir aux sacrifices nécessaires à un retour aux équilibres.
Commenter  J’apprécie          10
Je pense en particulier [comme instauration de minimas sociaux] à la reconnaissance d'un droit universel à un revenu de base inconditionnel. Toutefois, les droits fondamentaux n'ont habituellement une vertu politiquement intégratrice que lorsqu'ils sont conquis dans un processus de lutte pour la reconnaissance, plutôt qu'offerts pour structurer un espace sur la base des acquis traditionnels de l'Etat de droit démocratique. C'est pourquoi on ne saurait envisager pour l'espace européen une intégration positive par les droits, à moins que la construction européenne ne soit l'occasion et le motif pour une conquête de nouveaux droits fondamentaux.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Jean-Marc Ferry (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Marc Ferry
Suite à la sortie de son ouvrage aux éditions du Cerf, Métaphysiques. le sens commun au défi du réel, le Collège des Bernardins invite le philosophe Jean-Marc Ferry à dialoguer autour de son livre avec la psychologue, Magali Croset-Calisto et le théologien, P. Olric de Gélis.
autres livres classés : politiqueVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (2) Voir plus




{* *}