Ne commencez pas ce roman le soir, encore moins tard le soir, parce que là, votre nuit sera fichue : vous aurez envie, tout comme moi, du moins, je l'espère, de lire encore quelques pages, puis encore quelques unes, et vous vous retrouverez à terminer le lire, avec en prime les yeux comme des soucoupes.
Le roman commence par une scène spectaculaire et douloureuse : une course-poursuite sur l'autoroute. Non, il ne s'agit pas de policiers à la poursuite de truand, mais de deux hommes qui au volant de leurs jouets pour adultes ont décidé de se faire la course, comme si leur honneur se trouver dans leur capacité à appuyer le plus vite possible sur une pédale d'accélération. Tant pis pour Isabelle, sa compagne, tant pis pour Mia, sa belle-fille, tant pis pour tous les autres conducteurs qui font de leur mieux pour éviter ses deux fous motorisés : toujours plus vite, et pas forcément si loin. L'accident survient, ravageur. Isabelle est tuée, Mia gravement blessée, les deux conducteurs n'ont que des blessures qui ne mettent ni leurs jours ni leur intégrité en danger.
Yann Rocher, le père de Mia, est dévasté. S'il veut venger sa fille, il aura surtout un objectif majeur : que sa fille retrouve une vie la plus pleine possible, qu'elle ait une vie, en somme. Celle qu'elle aurait dû avoir n'est plus envisageable, alors qu'elle ait, au moins, la meilleure possible. Alors nous suivons ce père qui consacre tout son temps libre à Mia, cherchant le meilleur pour la soigner, pour la remettre dans la vie. Ces pages-là sont fort émouvantes – parce que rien n'est simple, et parce qu'aussi Yann organise son métier en fonction de Mia. La mutation à Paris ? Fait. Etre à fond dans son travail ? Fait aussi. Partager le moins possible avec ses collègues sur sa vie privée ? Fait aussi : il n'est pas le seul à ne pas partager sa vie privée, et ne pas s'épancher n'empêche pas d'enquêter.
Et l'enquête n'est pas simple : une série de braquages a eu lieu, et les braqueurs sont insaisissables. On peut ainsi suivre pas à pas comment les policiers procèdent pour tenter de mettre la main sur eux. Il suffit parfois de presque rien pour faire avancer une enquête. J'ai ainsi découvert le logiciel AnaCrim, son utilité, et ses limites aussi : « tout le monde rentre des éléments dans AnaCrim mais personne ne prend le temps de lancer une recherche après ». le récit mêle et entremêle alors les temporalités, et pourtant, j'ai trouvé qu'il restait toujours facile à suivre, entre les braquages, l'enquête sur les braquages, le quotidien de policier de Yann et le temps passé auprès de sa fille. Une enquête est un travail d'équipe, et la personne qui dirige l'équipe a un rôle très important pour unir son équipe et en obtenir le meilleur. J'ai aimé le clin d'oeil à Boris le Guenn, le héros des précédentes enquêtes signées
Didier Fossey. J'ai aimé aussi le fait que les personnages secondaires soient fortement caractérisés, qu'il s'agisse de François, ancien stagiaire de le Guenn, de Lamine, personnage constamment sur le fil, voyou et indic, qui entraîne Yann vers la limite, celle à ne pas franchir, ou encore Manon, membre du groupe de Yann.
Que n'ai-je pas aimé dans ce roman ? Que le temps soit passé vite en sa compagnie ? Il faut dire aussi que rien n'est superflu dans le développement de l'intrigue, tout prendra sens jusqu'au dénouement.
Si vous lisez ce livre, j'espère que vous l'apprécierez autant que je l'ai apprécié.
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