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EAN : 9782355260919
92 pages
Nouvelles Editions Lignes (17/02/2012)
3.9/5   5 notes
Résumé :
On pourrait en douter aujourd’hui : à sa mort, en 1962, Georges Bataille reste quasiment inconnu. Quelques dates marqueront sa reconnaissance posthume. On le sait de la décade de Cerisy, en 1973, « Artaud / Bataille, pour une révolution culturelle ». On le sait des deux numéros de la revue L’Arc (fin des années 1960 – début des années 1970). On le sait moins du numéro que la revue Critique a publié dès l’été 1963, soit un an après sa mort, « Hommage à Georges Batail... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Le texte de Michel Foucault fut publié dans un numéro de Critique rendant hommage à Georges Bataille en 1963.

En absence de compétences particulières en philosophie, que ce soit celle de Nietzsche ou celle Bataille, ma lecture du texte de Michel Foucault n'est qu'une mise en résonance de thèmes et de souvenirs des oeuvres « littéraires » de Georges Bataille. En espérant que d'autres, plus qualifié-e-s transgresseront cette fausse lecture.

Je parlerais donc plus de la belle postface « Ceci n'est pas une préface » de Francis Marmande dont le titre de cette note est extrait. L'auteur contextualise le texte de Michel Foucault, à la fois d'un point de vue historique, politique, intellectuel et artistique. du contexte, je souligne, comme l'auteur un non-dit, le jazz « Il est troublant que les avant-gardes homologuées, pour des raisons pauvrement sociologiques (origines de classe), tristement musicologiques (culture de classe), politiquement politiques (sans commentaire), aient laissé passer dans une puérile indifférence, l'événement esthético-politique qui les résumait le mieux. Les programmait : corps mis en jeu, poétique extrême, subjectivité rompue, reformulation de l'engagement, violence, véhémence, polyphonie, tout y était, pourtant. Indifférence, prudence, ignorance ? Mais on n'ignore jamais que ce que l'on tient à ignorer. Ce n'est pas un moindre effort que de savoir. Ce grand chambardement – harmonique, mélodique, rythmique -, cette radicale remise en question de l'intérieur même, portent des noms : Sonny Rollins, Max Roach, Abbey Lincoln, Ornette Coleman, Mingus, Dolphy, Coltrane, Ayler, Cecil Taylor, Sun Râ, Bill Evans, Paul Bley, Andrew Hill, Ran Blake, Jeanne Lee, Archie Shepp… Préface à la transgression ne tombe pas du silence ». Et peut-être est-il possible de passer du rythme musical à une certaine utilisation de la langue « une langue, une syntaxe, une scansion s'inventent – ce n'est en rien une question d'image, de métaphore -, un rythme qui tente de rejoindre le mouvement de son thème et la transgression de sa propre limite ». Francis Marmande complète par « Préface à la transgression est donc à lire selon deux axes : l'histoire de la revue où ce texte s'insère ; celle de la pensée à venir (le dispositif Foucault), qu'en partie du moins, il programme. »

Quelque part, cette fausse postface renforce le coté in-ordinaire de la préface, lie le texte et la transgression « Sa Préface à la transgression n'est pas une préface (ordinaire). Elle n'annonce pas, ne résume pas, ne programme pas un livre à lire. Elle est préface à une notion, la transgression, et désigne de ce simple fait, un livre qui ne viendra pas » et « La Préface de Foucault n'est pas une ‘préface', cette ‘postface' n'est en rien sa postface, la transgression n'efface ni limites ni ne franchit les frontières, en cela du moins vont-elles l'amble… »

Je me contenterais de quelques citations de l'auteur, essentiellement sur la limite et l'écriture, sachant que les citations ne sont ni des illustrations, ni des légendes à une création.

« La transgression est un geste qui concerne la limite ; c'est là, en cette minceur de ligne, que se manifeste l'éclair de son passage, mais peut-être aussi sa trajectoire en sa totalité, son origine même. »

« la transgression franchit et ne cesse de recommencer à franchir une ligne qui, derrière elle, aussitôt se referme en une vague de peu de mémoire, reculant ainsi à nouveau jusqu'à l'horizon de l'infranchissable. »

« elle prend, au coeur de la limite, la mesure démesurée de la distance qui s'ouvre en celle-ci et dessine le trait fulgurant qui la fait être. »

« le langage de Bataille en revanche s'effondre sans cesse au coeur de son propre espace, laissant à nu, dans l'inertie de l'extase, le sujet insistant et visible qui a tenté de la tenir à bout de bras, et se trouve rejeté par lui, exténué sur le sable de ce qu'il ne peut plus dire. »

« Il indique le moment où le langage arrivé à ses confins fait irruption hors de lui-même, explose et se conteste radicalement dans le rire, les larmes, les yeux bouleversés de l'extase, l'horreur muette et exorbitée du sacrifice, et demeure ainsi à la limite de ce vide, parlant de lui-même dans un langage second ou l'absence d'un sujet souverain dessine son vide essentiel et fracture sans répit l'unité du discours. »

Une invitation à (re)prendre certains ouvrages de Georges Bataille et (re)trouver « la forme étrange et irréductible de ces gestes sans retour qui consomment et consument ».

Je termine par une dernière citation de Francis Marmande renvoyant ironiquement à un futur texte de Michel Foucault « Ce devenir Foucault, inscrit dans une Préface qui, pas plus qu'un tableau légendé de Magritte, n'est une préface. »

En effet, ceci n'est ni une pipe ni une préface…
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Un bon texte en soi, mais Michel Foucault néglige la relation de Bataille à la religion chrétienne, et au sacré en général. On voit ici la simplification, ou plutôt la déviation (qui n'est pas mauvaise en soi) de la théorie Bataillienne de la transgression par toute l'école dite « post-structuraliste ».
Une étude sérieuse et approfondie sur la dette, mais aussi sur les différences cruciales, entre Bataille et ses prétendus successeurs (Deleuze, Foucault, Derrida et consorts), demeure à faire.

Il s'agit plutôt d'un essai que d'une préface à proprement parler mais je la considère comme un complément intéressant au Chapitre 5 de l'Érotisme.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il est troublant que les avant-gardes homologuées, pour des raisons pauvrement sociologiques (origines de classe), tristement musicologiques (culture de classe), politiquement politiques (sans commentaire), aient laissé passer dans une puérile indifférence, l’événement esthético-politique qui les résumait le mieux. Les programmait : corps mis en jeu, poétique extrême, subjectivité rompue, reformulation de l’engagement, violence, véhémence, polyphonie, tout y était, pourtant. Indifférence, prudence, ignorance ? Mais on n’ignore jamais que ce que l’on tient à ignorer. Ce n’est pas un moindre effort que de savoir. Ce grand chambardement – harmonique, mélodique, rythmique -, cette radicale remise en question de l’intérieur même, portent des noms : Sonny Rollins, Max Roach, Abbey Lincoln, Ornette Coleman, Mingus, Dolphy, Coltrane, Ayler, Cecil Taylor, Sun Râ, Bill Evans, Paul Bley, Andrew Hill, Ran Blake, Jeanne Lee, Archie Shepp… Préface à la transgression ne tombe pas du silence
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Il indique le moment où le langage arrivé à ses confins fait irruption hors de lui-même, explose et se conteste radicalement dans le rire, les larmes, les yeux bouleversés de l’extase, l’horreur muette et exorbitée du sacrifice, et demeure ainsi à la limite de ce vide, parlant de lui-même dans un langage second ou l’absence d’un sujet souverain dessine son vide essentiel et fracture sans répit l’unité du discours.
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Le langage de Bataille en revanche s’effondre sans cesse au cœur de son propre espace, laissant à nu, dans l’inertie de l’extase, le sujet insistant et visible qui a tenté de la tenir à bout de bras, et se trouve rejeté par lui, exténué sur le sable de ce qu’il ne peut plus dire.
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Sa Préface à la transgression n’est pas une préface (ordinaire). Elle n’annonce pas, ne résume pas, ne programme pas un livre à lire. Elle est préface à une notion, la transgression, et désigne de ce simple fait, un livre qui ne viendra pas
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la transgression franchit et ne cesse de recommencer à franchir une ligne qui, derrière elle, aussitôt se referme en une vague de peu de mémoire, reculant ainsi à nouveau jusqu’à l’horizon de l’infranchissable.
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Vidéo de Michel Foucault
Michel Foucault affirmait que « dans son versant critique, la philosophie est ce qui remet en question tous les phénomènes de domination ». Cette analyse des rapports de pouvoir demeure au coeur de tout un pan de la tradition philosophique et s'incarne dans un questionnement qui passe par le rapport au terrain. Comprendre les effets de domination – et tenter de les contrer – c'est aller là où ils s'exercent, c'est-à-dire là où ceux et celles qui les subissent peuvent en devenir, par leur expérience même, des expert·e·s. En franchissant le seuil d'une prison ou d'un camp de réfugié·e·s, en enquêtant sur les expérimentations autogestionnaires et écologiques au travail, chacun·e des philosophes invité·e·s façonne un discours critique qui engage un autre rapport au réel et à la philosophie. La réflexion critique se forge ainsi par les entretiens comme par le travail sur les sources et les archives, rendant présente autrement la puissance d'un terrain passé.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, les articles en lien avec la rencontre : "Philosophie de terrain et sciences sociales : rapprochement, hybridation ou dissolution de la philosophie ?" et "L"entretien en philosophie de terrain" https://balises.bpi.fr/philosophie-de-terrain/ https://balises.bpi.fr/entretien-philosophie-de-terrain/
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