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EAN : 9782226393258
394 pages
Albin Michel (28/12/2016)
3.89/5   45 notes
Résumé :
Debout au milieu d'un pont autoroutier, jambes légèrement écartées, corps dressé, bras droit le long de la hanche, bras gauche replié soutenu par une orthèse, Pandora Guaperal a un Glock 23 posé sur la tempe, chien relevé, balle wadcutter dans la chambre, index sur la queue de détente réglée à un kilo de pression, cran de sûreté en position on. Face à elle, à la sortie du tunnel, un véhicule approche. Derrière lui, des milliers d'autres dont le seul horizon est la r... >Voir plus
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Révolution ! Combien ont rêvé de révolution, les pieds bien calés dans leurs charentaises, affalés devant leur TV, en se curant le nez avec des doigts trop huileux d'avoir plongé au fond d'un énorme paquet de chips.

Révolution ! Combien ont rêvé de révolution, en faisant le repassage des fringues du petit dernier qui va de toute façon les salir dans la minute, tout en essayant de faire abstraction des hurlements de la plus « grande » qui éructe parce qu'elle n'a pas eu le dernier Iphone 23 (rose bonbon) à Noël.

Les deux personnages principaux du roman de Sébastien Gendron font la révolution, eux. du moins, ils tentent de la faire, en utilisant une méthode pour le moins singulière.

Lui aussi est singulier, le sieur Gendron. Outre le fait que son roman noir sort des sentiers battus (même s'il se déroule sur une autoroute), son écriture est vraiment très personnelle.

Son roman est noir, son roman est drôle. Il est ludique et salutaire, délirant et totalement connecté à notre société. Paradoxal, mais cohérent, croyez-moi.

Révolution, ou l'art d'utiliser le non-sens pour mieux mettre en avant le caractère subversif de son héroïne. Elle (et certains personnages secondaires) s'en donnent à coeur joie à coup d'apophtegmes si biens sentis que j'ai plus d'une fois eu envie d'applaudir des deux mains (au risque de laisser tomber ce livre révolutionnaire sur le chat couché sur moi).

Le roman est comme une succession de scénettes, certaines proprement mémorables. Des pièces qui donnent une signification au tout, au fur et à mesure de cette aventure aussi fêlée qu'humaine (mais l'homme est fou de toute façon, non ?).

A travers cette histoire improbable mais forte, Sébastien Gendron fait montre d'une verve extravagante. Que de bons mots, que des phrases chocs, que de gaillardises ! L'auteur, sous couvert de sa farce bien noire, flingue les élites et les tièdes. Ça fait réfléchir, mais ça ne se veut pas moralisateur. Ses héros, il les imagine chauds bouillants, perdus dans cette société, genre cocotes-minute sur le point d'exploser.

Révolution ne ressemble à rien de connu, c'est la patte Sébastien Gendron. Un roman noir jubilatoire (mais pas que), aussi divertissant que dissolvant (si tant est que les valeurs de notre société aient encore un rapport avec le sens moral).
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Nous ne sommes pas en mai, mais je me suis fait une petite révolution avec Sébastien Gendron pas piquée des vers ni des hannetons !

Pandora Guaperal et Georges Berchanko ont un cursus non négligeable, pourtant, ils n'ont pas trouvé de boulot à leur hauteur et se retrouvent à faire de minables mission chez Vadim Interim. Ils ont une bonne instruction, un bon niveau, mais, ils se sont trouvés parmi les laissés pour compte parce que trop ou pas assez. « Parce qu'à l'origine Georges n'est pas manoeuvre, c'est même tout le contraire. Il est ingénieur informaticien. ».

Gorges se retrouve, malgré lui, embarqué dans une histoire qui l'a totalement dépassé, mais je crois qu'il est souvent dépassé, Résultat final deux morts et un copain, voyelle. Non, ce n'est pas un chien, mais un colosse attardé mental qui ne peut aligner deux mots.
Quant à Pénélope, joli prénom n'est-il pas, elle a pour mission d'abattre le calvaire de Marjovent pour y construire le minaret de la nouvelle mosquée. Pandora a failli se faire lyncher à la fin, on ne s'attaque pas à un emblème catholique. Plus qu'énervée, elle défonce à la pelleteuse, qu'elle conduit de main de maître, la maison de son exploiteur, le sieur Vadim qui a pris la tangente. J'ai oublié, elle est également championne de tir, cela a son importance dans l'histoire
Ces deux-là se retrouvent dans un bar au bord de la mer. Ont-ils reconnu en eux les frustrations de l'autre, leurs envies de tout foutre en l'air pour un monde nouveau ? Toujours est-il que Pandora met en place une action le jour du fameux chassé-croisé des vacanciers, le 1er août. Elle ne souhaite pas, elle VEUT que les gens fassent la REVOLUTION plutôt que d'aller en vacances dans leurs mobiles homes, leurs caravanes, bref leurs vacances minables pour elle. « J'attends que les gens fassent la révolution. Et je ne bougerai pas d'ici tant qu'ils auront pas commencé. »

Ah ces jeunes et leur révolution !! Mais vous n'y êtes pas du tout chers amis ! Pandora et Georges sont quadras, ce ne sont plus des perdreaux de l'année. Cela n'empêche pas que de boulot de merde en boulot de forçat…
« J'en ai rien à foutre d'être traitée d'extrémistes par des gens qui manipulent l'information pour effrayer tout le monde. Moi, ce que je veux, c'est que les gens se révoltent. Dans ce pays, c'est tout à fait légitime. Des révolutions ici, il y en a eu et elles ont changé le monde. Regardez ce que la France est devenue depuis. Vous vous souvenez de cette ministre de l'Intérieur qui proposait au Parlement d'envoyer nos experts de la police nationale pour aider Ben Ali à mater la révolution tunisienne ? Une ministre de la V° République, héritière directe d'une démocratie qui s'est construite grâce à un soulèvement populaire plus de deux cent ans auparavant ! Notre classe dirigeante ressemble de plus en plus à celle qu'on a envoyée à la guillotine en 1789. Des gens qui n'ont plus aucun rapport avec le peuple et un peuple qui les traite de pourris et s'éloigne de plus en plus des urnes. Vous trouvez ça normal ? Pas moi. Je trouve ça à vomir. »

Donc, Pandora se trouve au beau milieu de la chaussée sur l'autoroute A53, viaduc de Saint-Maxence avec un pistolet sur la tempe. Vous imaginez l'embouteillage que cela peut créer des deux côtés car, il faut compter avec les curieux circulant en sens inverse. Tout cela baigné par la musique protestataire lancée par l'animateur d'une radio locale qui a baptisé Pandora « Lady Gun ».

Ces ingrédients auraient pu faire un livre marrant, avec suspens et cela aurait été simplement burlesque rien qu'en imaginant une quadra avec un pistolet à la tempe causant un embouteillage monstre avec tout ce qui cela peut sous-entendre. Oui, mais voilà, Sébastien Gendron laisse percer certaines vérités. Personne ne bouge, tout le monde râle, se dispute entre voisins de queue, mais sans plus de panache, chacun pour soi et Dieu pour eux. Certains iront même jusqu'à extraire violemment de leurs voitures des mecs en costume trois pièces avec grosse voiture, des décideurs pour eux. Une autre forme d'action qui rappelle certaines périodes peu glorieuses. Tout autour de Pandora et Georges il y a une galerie de personnages dont la journaliste opportuniste, Voyelle, un médecin urgentiste, un mercenaire étranger à la solde du patronat….

Un livre lucide, loufoque, un brin acide à l'humour noir décapant lu d'une seule traite qui ne se laisse pas oublier facilement.
Sébastien Gendron et les éditions Albin Michel m'ont offert une belle nuit blanche (beaucoup en ce moment). Un livre qui a du corps, de la tripe.
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M. Katzemberg est propriétaire du Torpédo, une boîte de nuit pour retraités où sévissent des sosies d'acteurs, actrices ou chanteurs célèbres en guise de serveurs ; une bonne couverture pour ses affaires pas trop légales.
Il a convoqué ce soir-là un certain Franck, lui-même aux prises avec un kidnapping d'adolescente qu'il a un peu de mal à gérer. C'est son homme à tout faire, son « number one », mais comme Katzemberg est un patron avisé et facétieux, il le met en concurrence. Un autre quidam est donc présent au rendez-vous.
De fil en aiguille — gros fil et grosse aiguille — le quidam, qu'on appelle Oli mais qui en fait se prénomme Georges et n'est autre qu'un vague intérimaire envoyé là pour une réparation informatique, et maintenant censé se retrouver au volant du trente-huit tonnes que devait piloter Franck, le dit Franck s'étant pris une balle dans le crâne à cause de son addiction à la cocaïne. Vous suivez ? Parce que c'est là que ça se complique. En fait, Katzemberg a confondu Georges avec le véritable Oli, un truand dont on lui a dit le plus grand bien…
Le fil, l'aiguille, et Georges Berchanko, ingénieur informaticien, ex-geek en mal d'emploi, abat son patron tout neuf d'une balle de riot-gun en pleine tronche sous les yeux de son gorille albinos décérébré, Voyelle…

Quand on prend le temps d'y réfléchir, on se rend compte que le type qui finit par trinquer est toujours moins futé que vous. C'est ça la triste loi des faibles. Hier vous étiez une sous-merde, aujourd'hui l'arrivée d'un pire que vous vous fait grimper au rang de merde. On peut gravir pas mal d'échelons comme ça, mais si on ne produit pas quelque chose de vraiment valable, un truc capable de bouleverser l'ordre des choses, on peut toujours s'échiner, on reste une merde en orbite dans la galaxie des déjections. Eh bien qu'on se le dise : Georges Berchanko va changer l'ordre des choses et ça va chier dans le ventilo !

Avec Sébastien Gendron, les situations les plus improbables deviennent tout à fait plausibles. Cet homme-là a une capacité hors-norme à vous faire prendre des vessies pour des lanternes en vous accrochant un sourire goguenard au coin des lèvres. C'est magique. de l'ordre de la madeleine de Proust, vous rappelant ce cousin éloigné qui vous racontait des histoires à dormir debout, planqué sous la table d'un repas de famille ennuyeux qui n'en finissait pas, rendant l'instant mémorable.
Ouvrir un livre de Sébastien Gendron, c'est avant tout s'évader.

Allez Seb, raconte-moi une histoire…
On y retourne. Cette fois, il s'agit d'un village et de son calvaire. le terrain a été vendu, revendu, et de fil en… Bref, il faut détruire le Christ en croix pour construire du neuf. Sauf que personne ne veut s'y coller. le chef de chantier s'adresse donc à la boîte d'intérim la plus proche — la même qui a envoyé Georges chez Katzemberg — et voit bientôt arriver une vraie bombe, Pandora Guarepal, son diplôme de marteau piqueur en main. Reste que les autochtones ne sont pas trop pour qu'on casse leur calvaire ; ils ne savent pas bien pourquoi, mais ça ne change rien à l'affaire. Et Pandora d'échapper de peu au lynchage…

Que ce soit Georges ou Pandora, voire même Sonia, la secrétaire, tous en veulent à André Vadim, le patron de Vadim intérim, véritable escroc et digne représentant de l'exploitation de l'homme par l'homme. Et là, on entre dans le vif du sujet ; finie la rigolade.

La colère est un bon carburant et Pandora a de la réserve. Après des années de soumission, elle laisse remonter le flux et compte bien montrer l'exemple.
Elle a fini par rencontrer Georges, l'entraînant dans son sillage, titillant son propre ressentiment. Ensemble, ils vont offrir une porte de sortie à leurs semblables en s'installant sur un viaduc d'autoroute, bloquant toute circulation sur la route des vacances. Bison futé en est tout émoustillé et le bouchon occasionné exceptionnel. La revendication est radicale : vous faites la révolution ou je me tire une balle dans la tête.

Comment lutter contre l'apathie ? Comment en finir avec les petits renoncements ? Comment faire renaître ces aspirations des années soixante qui avaient entrouvert tant de portes ? Révolution est une adresse aux boomers, une passerelle temporelle entre les bouillonnements d'hier et l'immobilisme d'aujourd'hui. Les révolutionnaires du siècle dernier ont accouché du libéralisme pour les plus entreprenants, ils ont laissé faire pour la plupart, assistant sans broncher au démantèlement de leurs aspirations, acceptant de subir toutes les humiliations.

Sébastien Gendron ne propose pas de solutions avec Révolution, il montre, il expose, il révèle. Oui, c'est ça : il révèle. Il agit comme ces tests prévus pour savoir si vous avez trop bu, si vous êtes enceinte, si vous avez fumé un pétard, si c'est trop salé ou trop sucré. Une petite goutte, et ça tourne, ça se brouille, deux traits bleus : positif à la connerie humaine.
La langue est acerbe, le constat accablant, l'humour persistant et le rire jaune. Sébastien Gendron organise son « grand n'importe quoi » avec précision pour, sous couvert de fantaisie, porter un regard aiguisé et parfois désabusé sur ses semblables.

Écoute, papa, tu sais quoi ? Tu me casses les couilles avec Mai 68, ok ? Parce que t'étais peut-être sur les barricades avec tous tes potes de Nanterre, t'as peut-être tout pété à la Sorbonne, t'as peut-être mis sur la gueule aux CRS et aux mecs d'Assas, mais en attendant, vous êtes devenus quoi ? Parmi les mecs avec qui tu gueulais « L'imagination au pouvoir » et « Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner », y a quand même une belle brochette d'enculés qui l'ont pris, le pouvoir, qui sont pas près de le lâcher et qui crachent sur « La jeunesse est dans la rue ». En 68, papa, vous aviez le plein emploi et vous nous avez laissé que dalle à part la pilule et le soi-disant amour libre. Vous vous êtes bien engraissés, vous avez baisé dans tous les coins et nous, on s'est retrouvés avec le chômage et le sida. Alors, s'il te plaît, arrête de dire que cette nana est rien qu'une connasse de bourgeoise qui déraille, merde !
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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Suite à un quiproquo fatal, Georges Berchanko, informaticien de formation et intérimaire pour la société Vadim Intérim se retrouve avec deux cadavres sur les bras, une Jeep, une liasse de billets de 500 euros et un flingue.
Elle aussi employée par Vadim Intérim, Pandora Guaperal, envoyée sur le chantier d'une mosquée pour abattre un calvaire, manque de se faire lyncher par une foule de ploucs particulièrement remontés.
En cette toute fin du mois de juillet, les deux intérimaires vont finir par se retrouver dans le bar où, chacun de leur côté, ils sont venus tenter d'oublier un moment leurs déboires du jour. de cette rencontre vont naître une histoire d'amour et un projet révolutionnaire. Conscients que bien trop de choses clochent dans ce monde, Pandora et Georges décident de pousser le peuple à se révolter. Comptant sur leur capacité à convaincre un public captif et peut-être aussi un peu sur une forme de syndrome de Stockholm, ils décident d'interrompre le chassé-croisé des juillettistes et aoûtiens. Campée au milieu d'un viaduc autoroutier avec une orthèse maintenant son bras armé contre sa tempe, Pandora menace de se faire sauter le caisson si les Français moyens coincés dans les dizaines de kilomètres d'embouteillages ainsi provoqués ne se décident pas à faire la révolution.
Le projet de Pandora et Georges est certainement un peu ambitieux, il faut bien l'avouer, mais a pour lui de tenter d'une manière inédite de réveiller les masses :
« […] Toi comme moi, on s'est juste rendu compte qu'on risquait quotidiennement nos vies pour l'équivalent d'une formule sandwich-boisson-dessert de chez Paul. Et des gens comme nous, y en a plein partout. Des gens à qui il manque juste une toute petite étincelle pour qu'ils s'enflamment d'un coup. C'est ça qu'ils ont pas compris, les autres crétins de Nuit Debout. Les énervés, ils en voulaient pas. Tout ce qui les intéressait, c'était des discours construits qui prennent un minimum de temps en usant d'un maximum de dialectique. Voilà à quoi elle est formée la nouvelle génération : MT 180 !
-MT quoi ?
-« Ma thèse en 180 secondes ». Tu bosses pendant cinq ans sur un sujet hyper pointu, tu t'arraches les cheveux et au final, tout le monde en a tellement rien à branles qu'on te demande de résumer tes mille pages en trois minutes chrono. Et ça devient un spectacle qui remporte des millions de clics sur Internet. Eh ben Nuit Debout, c'était le même principe. T'as des tas de choses à dire pour faire avancer le monde, seulement t'es gentil mais y a des gens derrière qui attendent. Alors tu résumes, sinon on te fait des chifoumis pour que tu gicles. […] Non, là où tu peux faire bouger les gens, c'est en attaquant ce qu'ils ont de plus cher. »
On imagine sans peine que l'action révolutionnaire des deux intérimaires quadragénaires ne va pas faire l'unanimité et Sébastien Gendron prend un réel plaisir à nous décrire l'échantillon d'humanité que leur happening va toucher de manière plus ou moins directe. On voit ainsi se dessiner une belle galerie de portraits de crétins, de misogynes, de résignés, de personnes prêtent à basculer, de profiteurs, de commerçants bien décidés à faire arriver à destination les vaches à lait coincées sur l'asphalte, de flics désorientés… et Gendron s'attache à leur donner la parole et de la chair avec humour et souvent une ironie salutaire.
Il met par ailleurs en place tout un système de situations plus ou moins connectées les unes aux autres et destinées à se rejoindre in fine pour une conclusion explosive. Car la tension, bien entendu, ne cesse de monter alors que Pandora et Georges parviennent à maintenir le blocage, que la chaleur monte sur l'autoroute écrasée de soleil et que les réactions deviennent de plus en plus imprévisibles et loufoques.
Tout cela fonctionne à l'énergie, Sébastien Gendron s'appliquant à éviter tout temps mort, que ce soit par la mise en place de scènes rocambolesques, de discours incisifs ou de métaphores choisies (« Anders Maag possède le quotient intellectuel d'un saumon pendant la période de fraie »).
Révolution relève ainsi de l'exutoire. On prend plaisir à voir quelques abrutis subir violemment les coups du sort, on se réjouit de scènes complètement échevelées – mention spéciale à la poursuite de Pandora par la population en colère – et l'on se prend même à rire. le rire aussi comme politesse du désespoir, car derrière la fable déjantée, Sébastien Gendron laisse poindre un certain pessimisme que viennent appuyer les discours qu'ils prête à certains personnages ou l'attitude d'autres.
Alors voilà, on s'amuse à la lecture de ce roman ; il fait du bien, mais il laisse aussi un petit arrière-goût amer qui lui permet de ne pas être qu'un simple divertissement.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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« Mais si Georges regardait les choses en face, il admettrait qu'ainsi va sa vie. Il s'adapte à tout, fait toujours le contraire de ce qu'il désire vraiment, tout ça juste pour qu'on l'aime, juste pour qu'on le trouve sympa, juste pour se faire une place dans cette humanité détestable dont il sait pourtant qu'elle vomit les tièdes tels que lui, c'est-à-dire les types sympas toujours prêts à rendre service. »

Mais Georges aujourd'hui, sans le faire exprès et sur un malentendu, a tué le parrain du coin. Il lui faut changer d'air, en chemin il rencontre Pandora une conductrice d'engins de chantier qui veut faire la révolution.

Le geek et la pasionaria, Bonnie and Clyde des lendemains qui chantent, ces deux-là n'auraient jamais dû se rencontrer mais ensemble ils vont essayer d'allumer le grand soir.

Bon d'accord, dans la France des départs en vacances, mobiliser les foules c'est pas du gâteau.

Pandora et Georges vont devoir gérer entre autres, un quarterons de CRS qui se prend pour le GIGN, une journaliste free-lance, des beaufs en camping-car, un tueur à gage afrikaner, et Voyelle un golem bas du front, qui voue à Georges un attachement particulier.

Le grand embouteillage révolutionnaire peut commencer.

Avec ce roman drôle, foutraque, ironique et tendre, Sébastien Gendron aime ses personnages et en fait des héros du quotidien. Il connait le cinéma, il sera question de Sidney Lumet, de Robert Redford, de Stanley Kubrick Tim Burton ou Luc Besson entre autres.

La bande son n'est pas mal non plus : un peu de Lennon, de Dylan, de Chico Buarque ou de Billie Holiday… son roman ne ressemble à rien de connu. En donnant la parole à deux invisibles, le romancier parle de notre époque avec lucidité et désenchantement mais toujours avec le sourire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Le troisième quart, il finira dans mes impôts. C’est normal sauf que ces impôts, l’Etat en refile une partie aux banques pour les sauver, ces mêmes banques qui refusent de prêter de l’argent. L’Etat en refile une partie entre autre à l’industrie automobile qui licencie à tour de bras. L’Etat en refile une partie à des entreprises qui sont en train de se barrer de l’autre côté de la Méditerranée parce que les ouvrier français ne sont pas compétitifs. Et ces ouvriers français, qui voient leurs entreprises délocalisées, parce que c’est la crise, ils ont pourtant accepté de bosser plus sans être payés davantage. Même les syndicats leur ont dit que c’était la seule chose à faire. On les fout à la porte ou on leur propose d’aller bosser ailleurs, à des centaines de kilomètres de chez, à l’autre bout de la France, voire à l’étranger. S’ils refusent tant pis pour leur gueule.
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La moyenne d’âge du public qui fréquente le Torpedo tourne autour des soixante-dix ans, et ça cartonne. Pourquoi ? Parce que le Torpedo a un coup d’avance sur les autres discothèques du coin. Comment ? Simple : les membres du personnel sont tous des sosies d’acteurs et d’actrices mondialement connus. Et sur la sélection des sosies, M. Katzemberg, le directeur de l’établissement, est intransigeant. D’un : lui-même est passé à ça de devenir la réplique française officielle de George Clooney – mais les jurés ont tiqué sur le balayage argenté bien trop artificiel de sa chevelure. De deux : les crétins qui se sont fait tailler au bistouri une fossette à la John Travolta, il les repère immédiatement. De trois : il connaît très bien ce monde, sa mère a été la doublure lumière de Rosy Varte pendant onze ans.
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Effectivement, Frank devrait consacrer un peu plus de temps à penser à Cynthia. Le kidnapping, c’est peut-être un brin trop pour lui. Huit jours qu’elle est dans sa cave et personne ne s’est manifesté. Ça commence à devenir problématique. Surtout depuis hier. Quand il s’est agi de payer les courses, la carte bleue de Frank a été refusée. Résultat, en guise de repas, la gamine s’est vu servir un plateau avec une assiette à moitié remplie de boudoirs et un verre de lait coupé à l’eau. Autant dire une misère vu ce que ces putains d’adolescents ont l’habitude d’ingurgiter quotidiennement. Frank s’est copieusement fait insulter quand il lui a retiré son bâillon. Depuis, il se demande s’il ne s’est pas gouré, s’il n’a pas enlevé une majeure qui fait un peu moins que son âge.
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Question has been attitude, le Torpedo se pose donc là et ça marche du feu de Dieu. Sans compter qu’à l’entrée, Katzemberg a fait installer des machines à sous. Les maisons de retraite raffolent du Torpedo et débarquent ici par cars entiers pour livrer leurs pensionnaires à des animations de très haute volée. Contrairement aux jeunes qui pensent avoir tout vu, les vieux ont déjà tout oublié. Ça aide beaucoup quand il s’agit de convaincre une arthritique de quatre-vingt-huit ans que le type qui l’invite à danser est bel et bien cet acteur qu’elle a vu jouer dans Et au milieu coule une rivière. Le Torpedo, c’est six jours sur sept, de midi à minuit. Relâche le lundi. Soit une belle rente, mais surtout une solide couverture pour un homme tel que M. Katzemberg.
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Les Tarzan avec Johnny Weissmuller, Clément les avait tous vus. Et ce soir-là, ils repassaient Les Aventures de Tarzan à New York – celui dans lequel l’homme-singe saute du haut du pont de Brooklyn parce que la police lui court après pour lui faire la peau. Clément ne l’aurait manqué pour rien au monde. Même avec cette migraine qui lui avait fait rendre tout son quatre-heures, là, sur la table du salon, et qui avait à peine diminué après un sachet de Catalgine et trois heures passées à gémir au fond de son lit.
À 20 h 45, il n’avait pas résisté à l’appel du Cinéma du dimanche soir et son générique disco. Fébrile, il s’était levé et, comme à son habitude, il s’était allongé sur le sol du couloir et s’était mis à ramper. Il avait ouvert la porte du salon, tout doucement, et il avait repris son déplacement stratégique jusqu’au canapé. Là, les mains glissées sous le menton, Clément avait retrouvé son héros, avec son slip en suédine, sautant de liane en liane en poussant son cri de dingue, Cheeta sur les talons. Une forme de bonheur absolu qu’il avait tenté de vivre le plus longtemps possible alors que le sang s’était remis à battre contre ses tempes et que la bile glissait entre ses molaires à intervalles réguliers. Et puis il y avait eu une sorte de coup de canon qui ne venait pas du film.
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Vidéo de Sébastien Gendron
Tout va bien pour Connor Digby. Sujet britannique, auteur de romans jeunesse à succès, il vient de retrouver l'amour en la personne de Marceline, une femme tout à fait à sa mesure et, pour ainsi dire, tombée du ciel.
Seulement voilà, le village français dans lequel il est installé depuis une demi-douzaine d'années se met brusquement à le détester. Il faut dire que la population locale, franchement raciste et réactionnaire, n'a que cet étranger à se mettre sous les crocs.
Un vent épique se lève enfin sur ce petit coin de France, et Connor et Marceline sont bien décidés à en profiter pour rejouer la guerre de Cent Ans.
Comme toujours chez Sébastien Gendron, la vision féroce des dérives outrancières de nos sociétés passe par les situations les plus absurdes.
Plus d'informations sur le livre : https://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/La-Noire/Chevreuil
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