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Jacques Robichez (Autre)
EAN : 9782253010685
188 pages
Le Livre de Poche (01/09/1975)
3.58/5   240 notes
Résumé :
Jupiter, dit la légende, pour séduire les mortelles, se métamorphosait en pluie d'or, en cygne, en taureau. Pour Alcmène, il devint son mari, Amphitryon, et Mercure prit l'apparence de Sosie, son serviteur. Plaute en fit une comédie dont beaucoup s'inspirèrent, comme Molière. Giraudoux imagina une nouvelle version du mythe, la trente-huitième ! La fidèle Alcmène résiste à Jupiter et refuse l'immortalité, au nom des «féeries de la vie humaine » : l'amour conjugal, la... >Voir plus
Que lire après Amphitryon 38Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Giraudoux, dans cette comédie en trois actes, reprend la légende mythologique grecque introduite par Plaute au Théâtre et utilisée, en 1668, par Molière pour l'intrigue d'Amphitryon.
C'est selon Giraudoux sa 38ème interprétation.
Jupiter aime séduire de jolies mortelles. Afin approcher Alcmène, il a pris l'apparence de son époux, Amphitryon, qu'il a envoyé faire la guerre pour l'éloigner de Thèbes.
Mercure, au service du maître des dieux, est devenu pour l'occasion Sosie le valet du général.
De cet accouplement va naître le demi-dieu Hercule...
Giraudoux, tout en s'appuyant sur un mythe déjà largement exploité, a su créer une variation moderne sur l'amour, la fidélité et la religion.
Il souffle sur cette comédie un vent d'humanisme bienveillant et confiance humaine. Giraudoux nous offre une souriante leçon de fraternité.
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Après "La guerre de Troie n'aura pas lieu", je poursuis ma découverte de Giraudoux avec cette comédie aisée à suivre car comportant peu de personnages, intervenant souvent en duo, et pas mal de codes familiers.

La belle Alcmène, future mère du héros Hercule, est - chose ô combien étrange - follement éprise de son mari, le grand général Amphitryon ; sa beauté a attiré l'oeil jouisseur de Jupiter, dieu des dieux, et cette gloire qui lui échoit pèse sur elle comme le pire des tourments. Acculée au seul adultère admis des hommes, Alcmène verra sa fidélité rudement mise à l'épreuve de la société et du mythe.

On se surprend à sourire et même à rire tout au long des trois actes de cette pièce d'où sourd l'amour sous toutes ses formes : passion, séduction, état amoureux, fidélité, concupiscence, amitié...

Mercure, personnage aux rôles multiples, tour à tour arbitre, conseiller, messager, héraut, ou encore complice, m'a particulièrement amusée.


Challenge ABC 2018 - 2019
Challenge 1914-1989 / Edition 2018
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J'ai lu trois versions d'Amphitryon à la suite est voici mon classement par préférence décroissante : 1- Jean Giraudoux, 2- Plaute, 3- Molière.
Jean Giraudoux revisite l'histoire d'Amphitryon avec une ambition plus haute que Plaute et Molière. Ici les quiproquos résultant des travestissements de Jupiter et Mercure révèle la tromperie des uns par les autres et l'humanité de chacun, y compris celle de Jupiter qui aime Alcmène parce qu'elle est humaine et parce qu'elle préfère un homme à un dieu, et qui aime être un homme et être aimé comme un homme. L'introduction du personnage de Léda permet à Alcmène de symétriser la tromperie involontaire puisqu'elle jette son époux dans les bras d'une autre femme, alors qu'elle croyait y jeter Jupiter qui l'avait lui-même abusée précédemment.
Dans la pièce de Giraudoux, l'amour humain est célébré au détriment de l'honneur d'être unie à un dieu. du coup, Amphitryon n'est plus un cocu mais l'homme qui est préféré au plus grand des dieux.
La fin de la pièce où Giraudoux introduit l'oubli est bien plus significative que chez Molière et Plaute. Giraudoux tout en donnant un sens et peut-être aussi des sentiments très modernes à ses personnages leur garde leur grandeur antique. Bien qu'il ne s'agisse pas ici d'une tragédie (pas non plus vraiment d'une comédie), on retrouve les astuces que l'auteur utilise dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu et dans Electre pour rafraîchir les vieux thèmes grecs avec force et poésie.
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Parmi les 37 qui ont précédé celle-ci je n'ai eu l'occasion de ne lire que deux versions. Il s'agit très certainement des deux plus connues, l'originelle de Plaute et le divertissement royal en vers de Molière.
La variante de Giraudoux a pour elle d'être la plus chaleureuse des trois. Tout en respectant le mythe primitif, il est parvenu à construire une histoire avec des personnages qui nous sont proches. Et pourtant il ne s'agit rien moins qu'une visite rendue à une pauvre thébaine par le dieu des dieux, Jupiter. Malheureusement cette brave dame a un mari auquel elle est fidèle. Ne reste donc comme possibilité à la divinité concupiscente qu'à prendre l'apparence du mari (Amphitryon). Toutefois au préalable il demande à son fils Mercure de négocier auprès de la Nuit pour que cette dernière se prolonge au-delà du normal, afin de forniquer plus longtemps. le plan fonctionne à la perfection. Avant de s'en aller Jupiter déclare au mari, un peu déconfit, qu'il ne doit ni conspuer son épouse, ni se sentir bafouer, bien au contraire, car il a été honoré d'un cocuage divin. Et zioup lui et son fils repartent vers l'Olympe.

Chez Plaute et Molière, les dieux surplombent totalement les agissements des pauvres mortels. En outre il y a chez Molière au minimum de la complaisance, si ce n'est de la servilité envers Louis XIV. Car en faisant de Jupiter celui qui peut tout se permettre sans avoir à se repentir de rien , c'était comme faire le portrait galant de ce jeune roi de 30 ans. Sous Jupiter perçait le Roi Soleil.

Giraudoux, lui, fait de ce personnage omnipotent, omniscient avec tous les attributs de la divinité, une espèce de pauvre gars un peu borné incapable de se remettre en cause, presque un cas psychiatrique. Et c'est Alcmène (la fidèle épouse) qui apaise les souffrances narcissiques de Jupi. Pourtant le pauvre malgré tous ses efforts pour se rendre plus acceptable, c'est-à-dire plus humain en étant plastiquement moins parfait, il ne réussira pas à subvertir cette petite bonne femme de rien du tout. L'argument selon lequel une nuit passée avec un amant est plus intéressante que la même nuit avec un mari ne prend pas. S'il a l'apparence du mari il tient tout de même à s'en distinguer. Donc il invente la fable d'un jeu de rôle auquel se livrerait Amphitryon en pénétrant nuitamment et incognito au domicile conjugal ; par là, il deviendrait un amant illégitime, ce qui est tout de même plus excitant. Or Alcmène imperturbable ne comprend pas l'intérêt d'une telle complication, qui de plus, lui semble totalement ridicule. Ne pouvant parvenir à ses fins par le mensonge, il révèle sa véritable identité. Sous sa forme divine il lui propose en échange de son consentement, l'immortalité. Rien n'y fait, elle ne se laissera pas acheter. Certes parce qu'elle n'est pas une prostituée mais aussi parce que l'éternité ne lui semble pas enviable. N'y pouvant plus tenir, Jupiter met en branle toute sa puissance céleste et assouvit son désir sous les traits du mari. Or la petite Alcmène fait l'innocente, elle ne croit pas ou semble ne pas le croire en dépit de ce que tout le monde affirme. Mais bonne fille, pour que le pauvre ne se sente pas trop diminué, elle lui propose un marché : l'oubli. Eh oui, il suffit qu'une amnésie recouvre les événements qui viennent de se dérouler, lui ne perdra rien de sa superbe et elle pourra poursuivre sa vie de petite femme qui tracera sa destinée de simple mortelle.
Ce retournement est opéré par Giraudoux avec toute la délicatesse et l'élégance d'une écriture que nous ne retrouvons plus guère dans le théâtre contemporain.
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Pourquoi ce titre Amphitryon38? Parce que d'après l'auteur cette comédie serait la trente huitième version, d'une pièce dans laquelle le dieu Jupiter veut séduire Alcmène, épouse fidèle d'Amphitryon... Jupiter pour accomplir son dessein n'hésitant pas à prendre forme humaine et à se substituer à l'authentique Amphitryon.
Cette comédie en trois actes, écrite en 1929, a été représentée pour la première fois en novembre de la même année dans une mise en scène de Louis Jouvet.
Le sujet pourrait se rapprocher du drame, mais Jean Giraudoux, manie humour et cynisme, et la pièce reste une comédie... même s'il y est question de guerre et aussi de vengeance divine.
J'ai apprécié cette oeuvre théâtrale, même si parfois, j'ai lecteur pu avoir des doutes au sujet du personnage d'Amphitryon, était-ce bien le mari d'Alcmène qui évoluait, ou Jupiter déguisé en Amphitryon???
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
MERCURE
[...] Il convient d’y remplacer d’urgence les notions divines par les humaines… Que pensez-vous ? Que croyez-vous ? Quelles sont vos vues de l’univers, maintenant que vous êtes homme ?

JUPITER
Mes vues de l’univers ? Je crois que cette terre plate est toute plate, que l’eau est simplement de l’eau, que l’air est simplement de l’air, la nature la nature, et l’esprit l’esprit… C’est tout ?

MERCURE
Avez-vous le désir de séparer vos cheveux par une raie et de les maintenir par un fixatif ?

JUPITER
En effet, je l’ai.

MERCURE
Avez-vous l’idée que vous seul existez, que vous n’êtes sûr que de votre propre existence ?

JUPITER
Oui. C’est même très curieux d’être ainsi emprisonné en soi-même.

MERCURE
Avez-vous l’idée que vous pourrez mourir un jour ?

JUPITER
Non. Que mes amis mourront, pauvres amis, hélas oui ! Mais pas moi.

[...]

MERCURE
Très bien ! Et ce ciel, qu’en pensez-vous ?

JUPITER
Ce ciel, je pense qu’il est à moi, et beaucoup plus depuis que je suis mortel que lorsque j’étais Jupiter ! Et ce système solaire, je pense qu’il est bien petit, et la terre immense, et je me sens soudain plus beau qu’Apollon, plus brave et plus capable d’exploits amoureux que Mars, et pour la première fois, je me crois, je me vois, je me sens vraiment maître des dieux.

MERCURE
Alors vous voilà vraiment homme !… Allez-y !


Acte I - Scène 5
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MERCURE
(...) Tournez-vous.

JUPITER
Que je me tourne?

MERCURE
Les hommes, comme les dieux, s'imaginent que les femmes ne les voient jamais que de face. Ils s'ornent de moustaches, de poitrines plastronnantes, de pendentifs. Ils ignorent que les femmes feignent d'être éblouies par cette face étincelante, mais épient de toute leur sournoiserie le dos. C'est au dos de leurs amants, quand ceux-ci se lèvent ou se retirent, au dos qui ne sait pas mentir, affaissé, courbé, qu'elles devinent leur veulerie ou leur fatigue. Vous avez un dos plus avantageux qu'une poitrine! Il faut changer cela!

JUPITER
Les dieux ne se tournent jamais. D'ailleurs, il fera nuit, Mercure.

MERCURE
C'est à savoir. Il ne fera pas nuit si vous gardez ainsi sur vous-même le brillant de votre divinité. Jamais Alcmène ne reconnaîtrait son mari en ce ver luisant humain.

(Acte I, Scène 5)
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SOSIE
Dormez, Thébains ! Il est bon de dormir sur une patrie que n’éventrent point les tranchées de la guerre, sur des lois qui ne sont pas menacées, au milieu d’oiseaux, de chiens, de chats, de rats qui ne connaissent pas le goût de la chair humaine. Il est bon de porter son visage national, non pas comme un masque à effrayer ceux qui n’ont pas le même teint et le même poil, mais comme l’ovale le mieux fait pour exposer le rire et le sourire. Il est bon, au lieu de reprendre l’échelle des assauts, de monter vers le sommeil par l’escabeau des déjeuners, des dîners, des soupers, de pouvoir entretenir en soi sans scrupule la tendre guerre civile des ressentiments, des affections, des rêves !… Dormez ! Quelle plus belle panoplie que vos corps sans armes et tout nus, étendus sur le dos, bras écartés, chargés uniquement de leur nombril… Jamais nuit n’a été plus claire, plus parfumée, plus sûre… Dormez.


Acte I - Scène 2
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JUPITER
Pourquoi ne veux-tu pas d’amant ?

ALCMÈNE
Parce que l’amant est toujours plus près de l’amour que de l’aimée. Parce que je ne supporte ma joie que sans limites, mon plaisir que sans réticence, mon abandon que sans bornes. Parce que je ne veux pas d’esclave et que je ne veux pas de maître. Parce qu’il est mal élevé de tromper son mari, fût-ce avec lui-même. Parce que j’aime les fenêtres ouvertes et les draps frais.


Acte I - Scène 6
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Voici, selon l'auteur, la trente-huitième version d'Amphitryon !
Giraudoux renouvelle et le mythe et les sources du comique. Renonçant à exploiter le dédoublement de Sosie, il place en revanche le maître des dieux dans une posture assez ridicule.
Épris d'Alcmène, Jupiter s'est substitué à l'époux de celle-ci, Amphitryon ; mais il est victime à son tour de son déguisement : au matin, il s'entend dire des choses peu agréables par la très innocente Alcmène qui, à travers son amant divin, n'a pas cessé une seconde d'aimer son mari humain.
Ainsi chacun de ses mots est humiliant pour Jupiter.
Dans le Théâtre de Giraudoux, Alcmène est la femme idéale, qui, pleinement femme, refuse d'être autre chose qu'une simple femme. Ainsi le mélange des tons, d'un effet comique très sûr, n'est nullement gratuit : il traduit la façon naturelle et familière dont Alcmène résout le problème de la condition humaine.
(extrait de "Lagarde et Michard" - XX° siècle - Le Théâtre de 1919 à 1939)
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Videos de Jean Giraudoux (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Giraudoux
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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