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EAN : 9791033903093
100 pages
Harper Collins (06/03/2019)
3.08/5   6 notes
Résumé :
Vous connaissez sûrement le nouveau peacemaker des parents, cette molécule qui les fait courir chez le psy pour leur progéniture : la Ritaline. Prescrit contre l’hyperactivité - maladie du siècle -, ce psychostimulant dérivé des amphétamines est le superpouvoir qui régule et transforme leur enfant en premier de la classe dès l’âge de six ans.
Les consultations médicales débordent, les prescriptions explosent : 25 % de nos jeunes ont déjà goûté aux psychotr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
C'est un livre coup de poing que Roland Gori et Hélène Fresnel lancent dans la fourmilière de notre société de consommation de produits médicamenteux. Ce livre nous met face au miroir de la surconsommation de ces produits, pour bon nombre d'entre nous.

Le DSM (manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux) est un ouvrage de référence créé en 1952 aux Etats-Unis. Troubles mentaux... vous allez dire que cela ne vous concerne pas. Et bien détrompez-vous !
Parce que cet ouvrage est revu et corrigé régulièrement. de 60 pathologies répertoriées à son origine, le DSM-5, la dernière version de 2013, en répertorie plus de 400 ! Cet ouvrage est aujourd'hui utilisé dans le monde entier, par les chercheurs, les médecins, psychiatres, experts, les mutuelles et même les compagnies d'assurance.

Mais à quoi sert-il ? Initialement, c'était pour aider le médecin à poser un diagnostic. Désormais, c'est beaucoup plus que cela. Il répertorie, il étiquette, il subdivise monsieur tout le monde et les conséquences en sont désastreuses. Tout ce qui fait notre différence, notre singularité devient une pathologie.

Le DSM-III de 1980 a "détricoté" le système qui organisait les maladies psychiques en trois grandes catégories qui laissaient au médecin la liberté d'établir son diagnostic "en s'appuyant sur la relation avec son patient." Tous les comportements de l'individu sont désormais anormaux, depuis que sont apparus ,dans cet ouvrage, les termes de "trouble" et de "dys".

Exemples : votre enfant a peur des araignées ou du tonnerre ? Il souffre de "phobie spécifique". Il se grattouille la peau trop souvent ? C'est la "dermatillomanie". Il fait des cauchemars ? il faudra traiter sa "parasomnie". Il simule une maladie pour rester au chaud dans son lit ? il est atteint de "trouble factice auto-induit". Il pique des colères ? Attention, là, il devient anti-social et il faudra régler le problème de "trouble explosif intermittent". Et j'en passe ! La timidité, la distraction, la rêverie, le narcissisme, l'envie de solitude, les humeurs... Tout est désormais un "trouble de la personnalité multiple".
"Ce qui n'est pas jugé normal devient maladif."
Effarant, non ?

Il faut nous formater !
Tant que l'on s'occupe de notre santé mentale et celle de nos enfants, on n'a plus le temps de s'intéresser à autre chose, notamment de politique.
Il faut être apte à s'engager dans la société du futur; il faut faire du chiffre, atteindre des objectifs, aller plus vite. Et là, merci les somnifères, tranquillisants, antidépresseurs et psychostimulants.

Il faut savoir qu'aux Etats-Unis, les laboratoires financent en grandes parties les psychiatres qui participent à la nouvelle édition du DSM (cela peut aller jusqu'à plusieurs millions de dollars). Pour vous dire comme tout cela juteux...

Lisez de livre ! il ne vous prendra pas beaucoup de temps (102 pages), il est accessible à tous et il développe beaucoup plus que ce que je viens d'écrire, mais ce serait trop long.
Alors je termine par cette citation qui vous fera entrevoir l'autre fond du problème décrit dans cet ouvrage :
"Nos enfants ne se sentent plus autorisés à être fragiles et incomplets. Non, ils fuient leur besoin des autres en se réfugiant dans la grande maladie de l'époque : l'addiction."

Merci à Babelio et aux éditions Harper Collins !
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Tout d'abord merci à Babelio et aux Editions Harper Collins qui m'ont offert la possibilité de lire ce manifeste dans lequel les auteurs expriment leur forte inquiétude face à la mise sous médication de plus en plus d'enfants et adolescents en France.
Roland Gori tire en effet la sonnette d'alarme car les chiffres sont réellement alarmants ; et plus que les chiffres (plus d'un quart d'enfants et d'adolescents sous équivalent psychotropes à un moment ou un autre de leur croissance) ce sont les comportements et visions du sujet par les parents, soignants, entourages et société qu'il veut dénoncer.
D'après lui l'usage irraisonné de la Ritaline est l'exemple d'une forme d'abandon de responsabilité et surtout d'une volonté de tout normaliser, y compris et surtout des comportements et personnalités jugées comme de plus en plus pathogènes car trop ceci (remuant, turbulent, hors norme) et pas assez cela (« sage », calme, attentif, performant). Il dénonce donc cette démarche, qui lui parait par ailleurs trop en lien avec l'industrie pharmaceutique, quitte à « créer » des maladies pour faire vendre de nouvelles molécules ou nouvelles utilisations d'un médicament.
Les chiffres donnés sont effectivement effrayants, de même que la description de certains soignants qui dégainent très et trop vite des ordonnances « miracles » pour enfants agités. Et si on suit les débats autour de la Ritaline et de son utilisation, on peut légitimement se poser des questions sur l'accélération du volume de ventes en France (même si nous sommes heureusement encore loin des données Nord-Américaines).
Là où j'ai beaucoup plus de mal à suivre les auteurs c'est quand ils mélangent les sujets. En effet, au-delà de cette dénonciation, ils semblent remettre en cause non seulement les notions d'hyperactivité et de trouble de déficit de l'attention, mais aussi tout ce qui concerne les troubles DYS (dyslexie, dysgraphie, dyspraxie, dysphasie, etc). Car autant pour les premières (TDA avec ou sans hyperactivité) le diagnostic se fait en fonction d'un questionnaire donné aux parents et enseignants, avec toute une série d'interrogations sur le comportement perçu de l'enfant concerné –avec ce qui peut être vu comme une subjectivité totale, car ce que certains considéreront comme normal sera potentiellement estimé totalement anormal par d'autres-, autant le diagnostic sur les troubles DYS est établi suite à des tests normalisés, factuels, précis, qui ne donne pas de place à la subjectivité et la sensibilité des professionnels qui les font passer. de plus, les troubles DYS ne se soignent pas à coup de médicaments (ils ne se soignent d'ailleurs pas, en tout cas pas en l'état de la science, ils se compensent juste…).
Dès lors, avec ce pèle mêle que j'ai trouvé franchement peu subtil, les auteurs m'ont perdue en cours de démonstration : en effet que veulent-ils dénoncer exactement? La volonté de rendre pathologiques le plus possibles de comportements différents pour ensuite faire vendre un maximum de pilules de « normalisation » ? Dans ce cas, il aurait fallu rester concentré sur ce sujet central !
Il aurait fallu aussi aller au-delà de ces 100 pages, proposer plus d'analyses, s'appuyer plus largement sur les études scientifiques, sur les débats sur le sujet, repréciser des définitions, expliquer plus. Il aurait aussi fallu étayer en proposant quelques solutions valables, et pas simplement celles qui consistent à remettre en cause le rôle de parents dont le portrait brossé ici est tout de même peu flatteur (parents absents, peu intéressés, et qui cherchent la solution rapide et simple : la pilule « magique » qui transformera leur zébulon en image).
Bref, au terme de ma lecture je suis frustrée ! Frustrée car il met (avec une certaine justesse pour le coup) en avant certaines déviances de notre société du rabotage (tous pareils, tous identiques, tous à la fois performants ET dans la norme) sans aller jusqu'au bout de son propos. Frustrée car il alimente un débat sans proposer de solutions claires. Frustrée car j'ai le sentiment d'avoir lu un texte fourre-tout qui pose des bases, effleure le sujet, mais perd en force par son manque de subtilité, de nuance, de recherche, et avec en plus pour moi un certain nombre de méconnaissances (j'en ai parlé sur les troubles DYS).
Ce manifeste peut donc être vu et lu comme une première approche du thème, et une alerte qui pousse à se poser des questions, mais sa seule lecture est pour moi insuffisante pour entrer vraiment dans le débat et se construire un point de vue suffisamment argumenté. En tout cas c'est mon humble avis !

Lien : http://desmotssurunepage.ekl..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Votre enfant parle sans réfléchir ? Il ne tient pas en place, prend la parole en classe sans lever le doigt, court comme un fou dans l'appartement, se bagarre avec sa soeur, et il n'est pas sous Ritaline ?
Etes-vous sûr d'être un bon parent, bien dans le rang ?
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Nous nous dirigeons petit à petit vers le neuro-coaching via la chimie (connexions cérébrales, neurotransmetteurs) et le langage numérique : il est question de recoder, de réinitialiser des comportements. Le psychisme devient un logiciel à (re)programmer.

Nous devenons des calculateurs rationnels de nos conduites, encouragés par un système de santé qui nous aide à nous réguler. Nous nous «gérons » afin de conserver le contrôle de nous-mêmes. La maladie et les émotions se sont transformées en épreuves sportivo-managériales.

Adeptes de l’auto-coaching, nous nous traitons comme des choses à connaître et à exploiter. Nous ne sommes plus dans le dévoilement mais dans une objectivation de nous-mêmes. … Nous sacrifions quelque chose de ce que nous sommes, de ce que nous éprouvons, au profit de ces visions chiffrées de soi. Il y a, dans ce processus, quelque chose de terriblement brutal.
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Sous l’Empire romain, le terme addictus désignait un esclave qui avait perdu la liberté à cause de dettes qu’il ne parvenait pas à payer. L’addictus était obligé soit de travailler pour rembourser, soit de se donner corps et âme à son créancier. L’addict contemporain ne veut pas être un addictus. Il ne veut rien devoir à l’autre, mais devient pourtant volontiers dépendant d’objets techniques, chimiques ou numériques. Ce sont eux dont il devient addict.
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Notre seuil de tolérance à l'agitation s'est abaissé. Les héros de "La Guerre des boutons", roman de 1912 qui racontait l'affrontement de deux bandes d'enfants rivales, seraient aujourd'hui envoyés en centre éducatif renforcé.
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Prochain gros marché en vue : le sommeil. Evidemment ! Comment voulez-vous bien dormir dans un climat de vigilance généralisé ? Mais rassurons-nous : la chimie règlera le problème.
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Videos de Roland Gori (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roland Gori
Né en 1953 à Fort-de-France, prix Goncourt en 1992 pour « Texaco », Patrick Chamoiseau est l'auteur d'une oeuvre narrative et théorique majeure où se mêlent imaginaire foisonnant et conscience politique. Les enjeux de la littérature contemporaine sont aussi au coeur de sa réflexion. Dans son dernier ouvrage « le Conteur, la Nuit et le Panier », il nous convie dans son atelier d'écrivain, observe les mystères de la création en mettant en lumière l'épaisse matière qui constitue l'oralité du conteur créole.
Au cours de ce grand entretien, Patrick Chamoiseau nous emmène à la Martinique, terreau fertile de son oeuvre, île où s'est inscrit en lui, très jeune, l'écartèlement entre le créole et la langue française, mais aussi tout le tragique de cette terre de souffrances qui porte l'histoire douloureuse des esclaves. Il revient sur ses lectures d'enfance, sa fascination pour les livres et les bibliothèques, son goût pour l'histoire, et s'attarde aussi sur des passions qu'on lui connaît moins : le dessin, la bande dessinée et la science-fiction. Il convoque, bien sûr, quelques-unes des grandes figures littéraires et intellectuelles qui le portent, Rabelais, Victor Segalen, Aimé Césaire et Édouard Glissant.
Patrick Chamoiseau dialogue avec le psychanalyste Roland Gori avec qui il évoque une autre forme d'esclavagisme, celle de notre société capitaliste dominée par un langage numérique, dont l'art et le conte pourrait être la porte de sortie. C'est la comédienne Yasmina Ho-You-Fat qui fait entendre sur la scène du conservatoire les textes de ce grand écrivain penseur de notre monde, que nous sommes heureux d'accueillir.
Un grand entretien animé par Gladys Marivat et enregistré en public le 29 mai 2022 au conservatoire Pierre Barbizet, à Marseille, lors de la sixième édition du festival Oh les beaux jours !
À lire : « le Conteur, la Nuit et le Panier », Seuil, 2021. « Manifestes », avec Édouard Glissant, éditions de la Découverte, 2021. « Frères migrants », Seuil, 2017. « Texaco », Gallimard, 1992. À écouter : « Baudelaire jazz. Méditations poétiques et musicales avec Raphaël Imbert », Seuil, 2022.
Podcasts & replay sur http://ohlesbeauxjours.fr #OhLesBeauxJours #OLBJ20
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