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EAN : 9782072723858
272 pages
Gallimard (18/05/2017)
3.44/5   35 notes
Résumé :
Dans un luxueux hôtel d’Istanbul, Ophélie a posé une bombe. Une bombe, elle rêve aussi d’en être une aux yeux de Sinan, cet amant qui n’a de cesse de la rabaisser. A-t-elle vraiment appuyé sur le détonateur ? En tout cas, le monde a tremblé, et la jeune femme doit désormais se cacher.
Mais que fuit-elle vraiment ? Sur les routes brûlantes qui longent la mer Égée, Ophélie se laisse emporter par les caprices d’un hasard burlesque. Confrontée au poids des morts... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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L'hôtel Four Seasons Bosphorus d'Istanbul est sans doute l'un des établissements les plus luxueux de la capitale turque. C'est là qu'Ophélie, la narratrice de cet étonnant premier roman, passe le temps. « Au bord de cette piscine, j'en ai passé de heures, à regarder des nuages devenir des gueules d'animaux tordues avant de disparaître. »
Une oisiveté due au rôle dévolu à la jeune beauté française, rester au service de Sinan, un amant aussi riche que tyrannique. Les journées se passent entre la piscine et la chambre, entre alcool, drogue et sexe. Jusqu'au jour où Derya entre dans leur suite 432. La superbe servante va subjuguer le couple et se confier à Ophélie. Elle est kurde et marquée par une histoire faite d'errements, d'exils et de combats. Sa nouvelle amie a tôt fait de mettre à jour son projet : « Tu as une bombe en tête. Un détonateur dans le coeur. Tu veux venger tes frères et des soeurs kurdes, pas seulement ton aîné que la police torture et qui est peut-être mort sans que tu le saches. Et tu voudrais que je t'aide, mois que tu ne connais même pas. »
Depuis Horace on sait que «l'oisiveté est une dangereuse sirène qu'il faut éviter». Aussi ce parfum d'aventure et d'interdit autant que l'envie de prouver à Derya qu'elle n'est pas insensible à ses malheurs va lui faire accepter le rôle de poseuse de bombe. Munie de son sac à dos et coiffée d'une perruque blonde, elle pénètre dans l'hôtel. Mais la nervosité la gagne : « Moi qui voulait ressembler à Faye Dunaway en Bonnie, ou a B.B. période Gainsbourg – car après tout, toutes deux étaient des bombes –, j'ai plutôt l'air de Zézette qui aurait englouti trop de psychotropes… »
Si les choses ne se passent pas exactement comme prévu, la bombe explose tout de même, alors qu'Ophélie est en chemin vers l'un des appartements de Sinan. C'est ce dernier qui fera les frais de la tension qui est dans l'air. Ophélie tue son amant et se fait du même coup de nombreux amis, ceux qui ont eu à pâtir de cet impitoyable propriétaire d'un immense parc immobilier et sont reconnaissants de cette main vengeresse.
Commence alors une cavale riche en rebondissements, faite de rencontres incongrues et d'alliés de circonstances, Ozan le nouvel amant, Orta la routarde, le tout avec un cadavre qui pourrit dans le véhicule au fil des jours. Après avoir visité Istanbul mieux qu'avec un guide touristique – notamment le quartier de Tarlabaşi – on prend la route vers les Dardanelles. L'occasion pour Ophélie d'expliquer son enfance difficile, abandonnée une première à l'assistante publique, abandonnée une seconde fois dans les Jardins du Luxembourg… « chaque fois que je veux raconter cette histoire, elle m'épuise avant même que j'en rassemble les divers éléments. D'ailleurs c'est ce qui m'est le plus difficile : réunir les ficelles et les accessoires qui la composent, pour lui restituer sa chronologie ou, à défaut, un semblant de cohérence. »
Clarisse Gorokhoff parvient à nous faire aimer cette enfant perdue, pauvre petite fille riche. Et ce n'est pas là le seul tour de force de ce roman. Dans une France toujours en état d'urgence, on se prend, par exemple, à frissonner lorsque l'on comprend qu'il est somme toute très facile de faire un attentat, que ce quart d'heure de gloire n'a même pas besoin d'une solide motivation. Quand je vous disais que ce premier roman était étonnant !

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"Il était une fois, dans un splendide palais sur les rives du Bosphore, une jeune femme qui s'apprêtait à poser une bombe..."

En revenant à cet incipit après avoir terminé ce livre, je me dis que cette entrée en matière est rudement bien choisie tant elle donne le ton de ce qui va suivre. Je me dis aussi que l'aventure des 68 premières fois m'offre, parmi 150 premiers romans lus chaque année quelques découvertes vraiment intéressantes. de la bombe en est un bel exemple. Un roman culotté, une écriture rythmée, élégante, charnelle parfois. Une héroïne étonnante, complexe, tourmentée et qui provoque des sentiments très divers chez le lecteur, entre incompréhension, compassion et colère.

Qui est-elle cette Ophélie qui dépose d'un air tranquille une bombe dans une cabine de piscine en plein milieu d'un hôtel de luxe d'Istanbul ? Défend-elle une cause ? Que fait cette jeune française établie en Turquie depuis plusieurs années, sans travail, hébergée grâce à l'entregent du mystérieux Sinan, son amant et protecteur ? Quelle relation entretient-elle avec la belle Derya, dont la sensualité agit comme un aimant sur ceux qui l'approchent ? Après avoir déclenché le détonateur, Ophélie se terre dans son appartement d'un quartier chic d'Istanbul avant qu'une succession d'événements ne la projettent dans un road-trip sur les routes du pays.

"A force de ne pas parvenir à me faire aimer d'un seul individu, il me reste la possibilité de me faire haïr du monde entier."

Au fil de l'intrigue, on en apprend un peu plus sur Ophélie, les failles secrètes qui l'ont menée dans ce pays, on comprend peu à peu quels sont les ressorts de cette fuite en avant qui passe par les sensations, la quête charnelle, la prise de risques. Est-elle sous emprise Ophélie ou au contraire en pleine maîtrise ? J'ai dit que ce livre était culotté. C'est vrai qu'il faut un certain culot pour faire de cette poseuse de bombe une héroïne sur le fil du burlesque. Mais ça marche parce que les ressorts psychologiques qui l'animent sont parfaitement fouillés et crédibles. Ca marche aussi parce que le parfum de l'Orient irrigue le récit, là où Istanbul marque la frontière entre Orient et Occident, ce qui projette une atmosphère singulière, entre contes orientaux et réalité politique avec notamment l'évocation de l'opposition Kurde.

Si j'ai aimé ce livre, c'est vraiment grâce à l'écriture de cette jeune auteure qui rend le parcours rien de moins qu'envoûtant et fait oublier l'horreur liée au thème (et que l'actualité nous rappelle malheureusement trop souvent). Elle parvient à allier force et légèreté dans un cocktail aux accents poivrés et acidulés. J'ai parfois pensé à un autre premier roman, Moro-sphinx de Julie Estève dont l'écriture possédait cette même force suggestive et dont l'héroïne, Lola était tout aussi complexe.

Une belle découverte et une plume que je suivrai à l'avenir, sans aucun doute.
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I« Waow. »

C'est tout ce que je pouvais me murmurer passé les premiers mots. le regard agrandi et le souffle fondu sur le rythme des phrases. le coeur battant à l'intérieur. L'envie de les gueuler comme Flaubert pour en éprouver la musique. Certaines qui sonnaient comme des alexandrins. Mon premier contact avec de la bombe de Clarisse Gorokhoff (paru chez Gallimard), c'était ça. Une écriture qui s'incarne, qui me fait vibrer. Des mots comme des frissons au scalpel. Des sensations.




C'est rare les sensations en littérature. Ça précède le sens et la réflexion, c'est reptilien et c'est ce qu'il y a de plus dur à provoquer. Là, on y est. Sur les bords du Bosphore en Turquie, dans le hall de cet hôtel Four Seasons, collant aux basques de cette femme, Ophélie, portant une bombe dans son sac. On épouse son regard nihiliste sur ce néant aisé, sur ce décor encadrant le désoeuvrement de gens riches, sur la vengeance intime qu'elle veut prendre sur cet homme, Sinan, avec qui elle a eu une liaison passionnée. Sur sa volonté de tout détruire, son regard désabusé. Elle veut que tout se barre dans un grand « Boum » après le petit « clic » du détonateur à distance. Une rédemption par onomatopées. Elle veut sa mort à lui et tout ce qu'il représente. Mais rien ne va se passer comme prévu. Terrée et réfugiée dans son appartement, elle va commencer une longue nuit étrange et des rencontres de plus en plus absurdes qui vont l'emmener loin, dans une cavale qui va lui réapprendre paradoxalement la beauté et les surprises de l'existence, tout ce qu'elle voulait anéantir et dont elle va éprouver la valeur.

Le résumé ne dit rien, comme toujours quand c'est bon. Au début ça commence résolu, froid et désabusé, un constat implacable sur un monde bon à réduire en cendres, une femme fatale qui dénonce les faux-semblants et la comédie humaine. Et puis des passages en italique, des flashbacks sur la relation avec Sinan, un mec assez froid et dominateur, le cliché du fantasme, un peu ténébreux et mystérieux, cassant, sadique et distant. C'est torride et sexy. Ce n'est pas vraiment de l'amour car il passe son temps à la rabaisser. L'homme est riche et tout puissant, dominateur. Elle semble être sa marionnette totalement à sa merci et sous son influence. Sa bombe n'est à l'origine qu'un moyen extrême de s'en dégager en voulant l'éliminer.

Insidieusement pourtant, dans sa fuite, un sourire, une dissonance s'impose doucement. D'abord discrète, quand on entend les coups de sa voisine mme Hülya, retentir dans l'appartement où elle se cache. Avec cette irruption, on sort de son isolement et le temps va poursuivre son cours avec l'ironie qui bien souvent le caractérise quand il suit les désastres. Clarisse orchestre une sorte de déraillement du roman vers autre chose. Quelque chose de presque burlesque par moments quand le récit avait commencé comme un monologue désespéré, glauque, claustrophobe et presque poisseux. le rythme des rencontres s'impose. Improbables toujours. En marge. Fiévreuses et torrides aussi (comme le fut celle avec la sublime Derya qui déclencha tout). Au coeur d'un destin qui a perdu sa cohérence et hésite entre les genres. Est-ce une tragédie ? L'histoire d'une terroriste ? le destin d'une fille solitaire entretenue par son amant et loin d'elle-même ? Une comédie ? C'est un peu tout cela.

Ce roman ressemble à ces rêves qui tournent mal et se continuent d'une phase de sommeil à l'autre. Intenses, sensuels et d'un érotisme troublant, violents parfois, et totalement barrés à d'autres moments, ressemblant à un cauchemar ou à de l'humour noir à la Tarantino. Clarisse Gorokhoff écrit une odyssée curieuse, que rien n'annonçait. le récit se mue en un singulier voyage initiatique, porté par une plume d'une liberté absolument ébouriffante. le plaisir d'écrire se ressent à chaque phrase avec une exubérance presque insolente.

C'est ainsi. On la suivra partout, Clarisse. Elle vous fait ressentir la personnalité étrange de son héroïne, cette fuite qui l'a menée jusqu'ici comme une créature sans passé. Les racines qu'elle n'a pas et une forme d'écoeurement après une enfance tourmentée. Sa révolte sourde, menaçante, ses envies d'étreintes sans lendemain, tristes et indistinctes. Son indifférence de chat qui peu à peu s'effrite. L'empathie atrophiée et les frissons qui renaissent doucement quand la vie recouvre son urgence et sa fragilité, quand le danger se pointe et que l'existence n'est plus vécue à travers le filtre de la désillusion et de l'indifférence. C'est L'Etranger de Camus à l'envers, qui découvre que tout cela finalement lui tient à coeur. Ophélie se découvre une morale et des remords quand au début, elle en semblait totalement dépourvue.

On fait corps avec cette imprévisible. Avec cette histoire étrange et onirique qui vous bringuebale dans tous les sens, avec ces corps qui ne savent pas d'abord qu'ils vont mourir et qui le découvrent. Avec cet univers qui perd sa cohérence car il est vu par le prisme d'une sensibilité qui le fausse. C'est l'histoire d'une fille qui découvre dans la douleur le monde et les gens autour de son nombril. Elle finit par le trouver beau et profond, le paysage, à en détailler les nuances, les infinis secrets que l'on ne soupçonnait pas sous le premier degré.

Dans ce premier roman comme dans Casse-gueule par la suite, Clarisse Gorokhoff questionnait déjà l'apparence et les préjugés. Ce livre n'est jamais ce qu'il semble.

Dans la vérité charnelle qu'elle privilégie toujours, la beauté de l'inconnu et de ses promesses, les corps qui ne mentent pas, Clarisse oppose toujours l'artifice et ses écrans de fumées dans lesquels on se noie. Elle suggère en permanence que toutes les certitudes, toutes les convictions, toutes les impressions, toutes les vues de l'esprit peuvent être remises en cause. Son héroïne, Ophélie, veut reconquérir la simplicité d'une sensation première, loin de ses psychoses alambiquées. Elle pointe sans cesse le dérisoire avec cynisme et avec une audace renouvelée à chaque paragraphe, vous entraine dans un grand tourbillon, vous dérègle les sens. Elle finit pourtant par vous faire simplement regarder la lumière, remarquer les visages, les regards et les frissons sur la peau que l'on ne perçoit plus sous nos amas de représentations.

J'ai refermé le roman hier soir. J'ai tenté de le faire durer. En vain. Je ne désirais que le retrouver. Pas forcément pour savoir comment il allait finir mais pour retrouver le beau souffle un peu fou de Clarisse, l'une de mes plus belles rencontres de mots de ces derniers mois.

J'ai fini un peu trop tôt. J'ai hésité à prendre un autre livre. Au dernier mot, je souriais. Encore un peu ébranlé par tout ce que j'avais vécu dans ces pages d'une auteure que j'aime décidément très fort.

"waow."
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Un premier roman qui nous entraîne sur les pas d'une jeune française qui vit à Istanbul et qui vient de déposer une bombe dans un des palaces de la ville. Ce texte est détonnant et surprenant car par la voix de cette jeune femme, l'auteure nous décrit bien la ville d'Istanbul, ses habitants. Cette jeune femme, française, s'est installée et est devenue la maîtresse d'un étrange homme, qui la reçoit régulièrement dans la suite 432 du palace et qui l'héberge dans un appartement luxueux. Elle va rencontrer une femme de ménage de l'hôtel, kurde, qui va l'initier au terrorisme et qui va lui fournir d'ailleurs la bombe. Elle va aussi rencontrer une étrange vieille voisine, qui va l'aider à se « débarrasser » de son amant et aussi le fils de cette dame. Un livre qui flirte avec le roman policier, le roman sur une ville et surtout un roman sur la vie et les espoirs d'une jeune femme. D'une écriture quelquefois cru, l'auteure ose nous parler de la sexualité féminine, nous parle du désir, de la soumission. Un premier roman qui ose aborder des sujets si sensible. Aucun jugement sur cette poseuse de bombes, qui n'a d'ailleurs peu de revendication pour cet acte meurtrier. L'auteure reste au plus prés de son personnage et on finit par s'y attacher à cette jeune femme, qui se cherche et qui est paradoxalement entraîner par des événements qui vont vite la dépasser. Un livre est dérangeant car il traite d'un sujet d'une si cruelle actualité, et je me suis tout de même posée la question, s'il était vraiment possible de romancer ainsi de tels actes de barbarie. « Et nous sommes seules, murées dans un épais silence qui voudrait tout savoir : le commencement et la fin du récit, les explications et les dessous de l'histoire, la part des choses. Mais souvent il faut savoir accepter que l'on n'en saura rien. Pas plus des mobiles d'un attentat, que de l'envie de se reproduire ; tuer des innocents, faire des enfants : le risque de ne pas être satisfait est partout, celui de s'en mordre les doigts aussi. Mais on fait, pourtant, en permanence, on saisit des atomes, on agite de la matière, on met en branle l'idée de la mort pour mieux exécuter le désir d'une vie. (p113) « A force de ne pas parvenir à me faire aimer d'un seul individu, il me reste la possibilité de me faire haïr du monde entier. »
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"Il était une fois, dans un splendide palais sur les rives du Bosphore, une jeune femme qui s'apprêtait à poser une bombe…" Il me suffit souvent d'une phrase, la première, pour ressentir ce que sera ma lecture d'un récit. Les quelques mots par lesquels débute le premier roman de Clarisse Gorokhoff, ne pouvaient que me plaire… un conte !

Ophélie, une jeune française passe ses jours et… ses nuits à l'hôtel Four Seasons Bosphorus d'Istanbul. Elle y traîne sa beauté, son oisiveté, … "[ses] idées noires" et retrouve Sinan, son amant qui n'a pourtant rien de reluisant. Un jour, une jeune femme, employée de l'hôtel les surprend dans la fameuse chambre 432. D'une beauté encore plus saisissante qu'Ophélie, Dérya, jeune Kurde, va tout de suite subjuguer la jeune femme et l'entraîner vers… la pose d'une bombe.

Tout commençait bien, donc. L'écriture, magnifique, extrêmement précise et parfaitement dominée, parfumée de poésie était faite pour me plaire. de même les chapitres courts et dynamiques ne pouvaient que m'entraîner à vitesse grand V vers la fin de l'ouvrage. Et pourtant, très vite, l'intérêt a faibli, très vite je me suis demandé où l'auteur voulait en venir. Très vite, j'ai été déconcertée par ce mélange d'horreur et de drôlerie. le burlesque de la situation, le road-movie, un cadavre à bord, n'ont pas eu l'heur de me transporter. de ce fait, petit à petit les personnages me sont devenus moins sympathiques, moins attirants, moins attachants. Et même si Istambul y a une place prépondérante, même si sa visite est digne d'un guide touristique, il m'a manqué beaucoup de choses pour que ce roman soit un de mes préférés.

Le voisinage du terrorisme et de la cocasserie ne m'a pas transportée, loin de là. Et une question déjà posée revient : que voulait l'auteur en écrivant ainsi ? Eloigner la peur et le chagrin ? Démontrer que l'oisiveté est vraiment mère de tous les vices ? Que fuyait vraiment son héroïne ? Je n'ai trouvé aucune réponse.

Et, comme à chaque fois, je suis désolée de ne pas avoir fait coeur avec un ouvrage particulièrement bien écrit.
www.memo-emoi
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Elle déteste les hommes, surtout cette espèce-là, riche et visqueuse, emplie d’exigences mais sans le moindre idéal. Et puis elle a en tête des choses bien plus cruciales. Sa bombe. Il faut qu’elle la pose. Vite. Et qu’elle explose. Bien. Mais où ça ? Oh, ce ne sont pas les cibles qui manquent, presque tout le pays est devenu un territoire ennemi ! m’explique-t-elle en agitant ses longs doigts. Le tout est de viser juste. De faire du bruit et des dégâts. Mais surtout pas de victimes innocentes. Il y a bien sûr le commissariat de Bakırköy, qui a écroué son grand frère le mois dernier parce qu’il est kurde et qu’il manifestait. Mais ça pourrait aussi être un des nombreux temples du pouvoir, ou bien même – ça, autant dire qu’elle en rêve – le palais présidentiel, à Ankara. Mais pour anéantir ces 288 000 m² d’indécence et de tyrannie, il lui faudrait une bombe géante, une bombe atomique. Et puis le président, c’est différent, elle aimerait le tuer avec ses dents, le déchiqueter tout doucement, pas simplement avec une déflagration qui pulvériserait trop vite son existence sans lui faire endurer le supplice qu’il inflige chaque jour à des centaines de milliers d’individus.
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Je voudrais mourir en m'offrant tout entière au soleil, qu'il aspire mon âme et désagrège mon corps, qu'il dispose de tout ce que j'aurai été et ne pourrai plus jamais être.
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Moi aussi, je suis inquiète, terriblement même. Inquiète des états en général - celui du monde comme ceux de mon âme. (...) Inquiète que rien ne se produise mais que tout explose.
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Je déteste la sobriété. Quand elle n’obstrue pas complètement les idées, celles-ci affluent sombres et tranchantes, et je ne sais pas quoi en faire. Qui plus est, j’ai la sobriété agressive : lorsqu’elle est là,en moi, je hais le monde alentour, je le trouve laid, assommant et je n’éprouve même pas l’optimisme naïf de vouloir le changer. Parmi les effets secondaires de la sobriété, il faut aussi citer une nausée âpre, un vague à l’âme inexpugnable. Elle est cette matière rêche qui croit vêtir et protéger la peau mais qui l’esquinte et l’use tout au long de la journée, parfois même dès le matin. Et si on ne fait rien pour y remédier, cela peut durer très longtemps, parce que la sobriété torture mais elle ne tue pas. Au contraire : elle prolonge le supplice.
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Le luxe, partout présent, est aussi étouffant que la chaleur. Les rires s’élèvent, fluets, déchirants d’insouciance. Des rires qui ne s’inquiètent de rien d’autre que d’eux-mêmes. J’avance. Quelque chose va se produire, quelque chose va basculer. Tu es prêt, le monde ?Si je m’en tenais à mes habitudes, j’irais me prélasser au bord du lagon bleu en sirotant un gin tonic. D’ailleurs peut-être qu’il est encore temps, je pourrais m’allonger sur un de ces transats qui bordent la mer et jeter discrètement le sac dans l’eau. L’explosion serait alors prise dans les méandres aqueux qui étoufferaient son tintamarre et ses ondes de choc. Mais non, c’est impossible, quelque chose en a décidé autrement. Une promesse. Un secret. Un pacte silencieux.
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