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EAN : 9782081439627
448 pages
Editions Arthaud (09/01/2019)
4/5   5 notes
Résumé :
«Immobiles, l'homme et le cheval semblent vouloir s'imbiber de la beauté grandiose du paysage, humer sa douceur sauvage, s'imprégner de son silence. Une légère détonation, soudain, les fait sursauter. Affolés, des oiseaux, par centaines, s'envolent en piaillant, dans un vacarme d'ailes battant les eaux du fleuve ou effleurant les feuillages. Coup de tonnerre lointain? Certainement pas : le ciel est uniformément bleu».

Un homme et son cheval au coeur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quel livre attachant que ce récit qualifié de «vrai-faux roman» (p. 13). Pour gagner un pari et battre un record, le lieutenant Dimitri Nicolaievitch Pechkov veut traverser la Sibérie et la Russie depuis le fleuve Amour aux frontières de la Chine, jusque chez le tsar à Saint Pétersbourg, seul sur un petit cheval qui sera le vrai héros du roman. Roman, oui, mais qui relate un exploit historique, et l'auteur mentionne bien ce qu'il ajoute de romanesque à l'épopée réelle. Pourquoi un tel pari ? C'est que dans sa garnison de Blagovestchensk (en français: cité de l'Annonciation), le sotchik (lieutenant, sorte de chef d'escadron) Pechkov assiste à un massacre d'hommes et de chevaux sibériens, une race petite de taille mais adaptée au climat. Les trois meurtriers sont arrêtés, mais un ordre venu d'en haut lieu impose de les libérer, de manière incompréhensible. Ils sont protégés par un prince corrompu, Korsakoff, proche du tsar.
Pechkov apprend alors que les trois criminels, Alexeï, Grigori et Fiodor, travaillent pour un certain Bouvarine, promoteur d'un abattoir et d'un atelier de conserverie en Sibérie, qui veut massivement transformer les chevaux sibériens en animaux de boucherie. Nous avons droit en passant à une démonstration de djighitouka (voltige cosaque) par Pechkov, pour prouver les talents de ces chevaux sibériens destinés à être transformés en saucisses, mais ça ne suffit pas. Comment les sauver quand les meurtriers sont protégés en haut lieu?
Vient alors l'idée folle du pari. En appeler au tsar, prendre un long congé de l'armée, et accomplir seul, sur un de ces chevaux, un parcours de 9.000 kilomètres en plein hiver sibérien, par tous les temps, pour montrer la vaillance de ces chevaux. L'idée est de pulvériser un record, celui d'un cavalier qui rallia l'Ukraine à Paris (2.633 km) en 33 jours à raison de 80 km par jour. Pechkov réalisera cet exploit en 193 jours, en 1889 et 1890, avec son cheval Serko.
En route, il faut trouver son chemin, se nourrir et s'abriter, autant de récits dans le récit. «Ils marchent ainsi pendant des jours et des jours, luttant contre le froid, la fatigue et la faim». On passe le lac Baïkal, Irkoutsk, Omsk, Tomsk, la Volga, Perm, Nijni-Novgorod, Vladimir, Moscou..., ce qui nous vaut de magnifiques descriptions des contrées rencontrées, taïga, steppes, forêts, lacs et montagnes, d'abord par un froid intense, puis lors du dégel du printemps où l'on patauge dans la boue.
On retrouve des réminiscences de Tourguéniev (les parcours dans la nature et la complicité avec les animaux), d'Hergé (l'intelligence de Milou, comme celle de Serko), et de Jules Verne dans Michel Strogoff (luttant en Sibérie contre Orageff) et dans le Tour du Monde en 80 jours où Philéas Fogg se heurte aux obstacles tendus par l'inspecteur Fix en essayant de réussir lui aussi un pari. Comme Philéas Fogg, Pechkov est sans cesse menacé par le trio sans scrupule: Alexeï, Grigori et Fiodor, et lorsque Pechkov est en danger, c'est chaque fois l'intelligence de Serko qui le sauvera.
L'homme doit se nourrir de ce qu'il trouve, comme du lait de Rennes, et vaincre la maladie, tandis que le cheval doit gratter la neige pour trouver un peu d'herbe.
Tout n'est pas pénible. Comme on a conseillé à l'auteur d'ajouter un peu de sexe, notre héros se verra offrir les faveurs de Loubna (p 64), puis de Semzhid (p. 105) et enfin de Galina (p. 197), trio de femmes fort désinhibées, mais il ne s'attarde pas comme Ulysse en oubliant sa mission. Il repart, laissant là les trois femmes qui espèrent chacune son retour.
Dans le premier tiers du parcours, Pechkov et Serko doivent surtout affronter une nature sibérienne hivernale grandiose mais difficile, par -40° voire -50°. Dans le second tiers, ils doivent déjouer les multiples pièges de leurs ennemis – qui essaient par exemple d'empoisonner Serko - mais voilà qu'ils rencontrent un journaliste qui relate leurs exploits. Tous les journaux en parlent, et à partir de Kazan, capitale des Tatars, l'homme et le cheval sont accueillis de ville en ville de manière de plus en plus triomphale. Avant même d'avoir gagné leur pari, ils entrent dans la gloire, accueillis par les autorités civiles, militaires et religieuses. On ne parle plus que de ça partout. Anecdote: l'un des journalistes avait reçu 1500 roubles de son journal, mais tout est parti en vodka (p. 237).
Comme Alexandre III n'est pas à St Pétersbourg mais à Tsarskoïe Selo (textuellement: le bourg du tsar, bien décrit dans le roman), c'est là que le voyage se termine, après plus de six mois de voyage, à raison d'environ 45 km par jour, sans changer de monture et sans interruption.
Le tsar destitue le prince Korsakoff et donne raison à Pechkov, et le décore. Les chevaux sibériens sont sauvés. Mais ce n'est pas encore fini. Bouvarine, furieux, provoque Pechkov en duel. Il est abattu. Dernière épreuve Fiodor met Pechkov en joue, mais au moment où il va tuer, Serko le déstabilise, et de ses sabots lui fracasse le crane.
Pechkov a publié son récit en 1890 (Saint Pétersbourg, Récit de voyage). Jean-Louis Gouraud l'a «héroïsé» dans ce livr , et un film en a été tiré en 2006 par Joël Fargues.
Serko finira ses jours dans la maison de retraite des chevaux du tsar et mourra à 37 ans, enterré dans une tombe toujours visible aujourd'hui.
Le roman comporte 250 pages, et le livre est suivi par un récit similaire, Riboy, du nom d'un autre cheval, sorte de double de Serko qui aidera son maitre musicien à s'échapper du goulag en déjouant les sentinelles, et à retrouver la liberté à l'issue d'autres aventures qui passionneront les amateurs de chevaux, mais pas rien qu'eux. C'est aussi une peinture du goulag, de l'amitié entre l'homme et l'animal, et des magnifiques paysages sibériens.
Merci à Masse critique et aux 'éditions Arthaud Poche pour ce livre qui ne laissera personne indifférent.
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Jean-Louis Gouraud historien du cheval et de l'équitation, oeuvre pour la valorisation du cheval dans le milieu littéraire et par des actions pour la reconnaissance des lieux équestres historiques.

Dans le cadre du Comité de lecture de ma médiathèque j'ai donc lu ces deux histoires qui m'ont emmenée aux confins de la Russie .

Il y fait un froid terrible, mais l'amour, le respect, l'adoration que voue cet auteur au cheval transparaissent au fil des pages et m'a tellement réchauffer le coeur qu'il a fait fondre toute cette immensité de neige et de glace.

Ses récits sont d'une beauté époustouflante, et j'ai savouré chacun avec délectation.

Pechkov et Dimitri, deux hommes au coeur de l'immensité Russe avec leurs magnifiques petits chevaux "en fourrure",
Serko et Riboy ,m'ont fait vivre leur périple incroyable.

Bercée par le violon de Dimitri , une ode à la communion homme-animal et à la beauté du cheval.
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Je remercie les masses critiques de Babelio et les Editions Arthaud Poche qui me permettent de découvrir d'autres lectures, d'explorer d'autres univers et c'est du froid que je recherchais cette fois.

Je ne connaissais pas du tout M. Gouraud, qui est spécialiste du cheval en littérature, entre autres. Je vous le conseille, cet auteur est passionné et donc passionnant. Rien qu'en lisant la préface j'étais déjà contente de ma lecture à venir.
La lecture demeure un élément essentiel au voyage et j'en veux pour preuve ce livre "Chevauchées Sibériennes" aux noms évocateurs : taïga, toundra, Baïkal, Sibérie orientale, Iakoutes... La première partie narre le périple de plusieurs milliers de kilomètres réalisé en plein hiver par le sotnik Dimitri et son cheval Serko pour rejoindre Saint-Pétersbourg et plaider la cause des chevaux auprès du Tsar. Dimitri est très attachant dans sa quête. le petit cheval et son cavalier ne sont pas les seuls héros, le froid, l'immensité des paysages, la nature sauvage, autant d'éléments qui rappellent les romans du Grand Nord de Jack London. Ils nous permettent de rencontrés différentes tribus, différentes minorités, d'aborder les us et coutumes locales, j'ai vraiment voyagé !
La deuxième partie évoque un autre cheval vertueux, Riboy, qui aidera un musicien échappé d'un goulag tout aussi intéressant. Révisez vos atlas, vos cartes et l'histoire des peuples de la Russie d'aujourd'hui en suivant les traces de ces cavaliers et, n'oubliez pas de vous emmitoufler...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Ce mélange de féminité et de culot, de charme et d'aplomb, impressionne beaucoup le sotnik. Cette fille (Galina ou Gala) a quelque chose de fascinant... Pechkov a plutôt envie de se laisser faire, de lui laisser l'initiative (p. 188)... Tu me troubles, Gala, tu es une magicienne (p. 189)... (Pechkov découvre dans ses yeux) une flamme qui, en même temps lui fait peur et l'attire (p. 190)... Lorsqu'il regagne le hall du palace, Dimitri Nicolaïevitch Pechkov constate avec regret que Galina a disparu. Il aurait dû s'en douter. On n'abandonne pas une aussi jolie femme pendant deux heures sans risquer de la perdre. Il ne lui reste plus qu'à aller dormir... Sous le gros duvet est étendue, souriante et nue, intégralement nue, la belle Gala... Dimitri reste bouche bée, comme s'il se trouvait devant l'apparition de l'Immaculée conception (p. 197)... Des seins épais et palpitants donnent une impression de fragilité. Dimitri n'ose regarder plus bas (p. 198) (Suite au bas de la p. 198).
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L'automne, c'est la saison où la taïga est la plus belle, où elle se pare de moirures, jouant avec une infinité de couleurs changeantes, qui vont des ors aux rouges selon l'heure de la journée, la position du soleil.
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Venant de la partie la plus obscure de la tente, un léger bruit, un simple froissement d'étoffe, fait sursauter le jeune homme
- N'aie pas peur, Dimitri... je suis ici pour te servir.
S'emparant de la chandelle, Dimitri éclaire l'endroit d'où vient la voix. Semzhid est là debout, souriante et resplendissante... Ils s'étreignent avec passion, titubent, cherchent, maladroitement, à se débarrasser de leurs vêtements, perdent l'équilibre... Aux petits jeux de l'effeuillage, Semzhid est nettement plus douée que Dimitri...
C'est elle, maintenant qui dirige les opérations... ...
(Pour découvrir ce que cachent les points de suspension, rendez-vous pp. 105 à 106).
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Cornichons sucrés, choux salés, légumes crus, viandes cuites, poissons fumés, bortsch fumant. On mange, on boit. La vodka coule à flot, les toasts succèdent aux toasts. Brandissant un énorme saucisson ramassé sur la table, Bouvarine interpelle son hôte: Eh bien mon colonel, pour vous changer du cochon, vous pourrez manger ici du saucisson de cheval. Mes ateliers de conserverie ont commencé à produire.
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Puis, il se lance, enfin, dans un morceau d'une violente beauté, dont la puissante mélodie envahit l'espace.
Un prélude de Bach.
Proche de l'extase, il joue ainsi jusqu'au soir.
Seul au cœur de l'univers. Dans une sorte de lévitation entre l'infinité du ciel et l'immensité du lac. Il joue .....
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Paris-Moscou à cheval.
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