Dans le monde antique, aussi bien en Chine, en Grèce qu'en Inde, la philosophie était presque exclusivement écrite sous forme de dialogue : la pensée était supposée collective ou « dyadique » et le but de la philosophie était de se cultiver jusqu'à ce que la conscience individuelle soit possible. Si la pensée chrétienne s'était déjà éloignée du dialogue, c'est
Descartes qui introduit la césure, renversant entièrement la procédure en commençant par l'individu conscient de soi, puis se demandant comment celui-ci peut établir une communication avec autrui. Une grande partie de la pratique anarchiste repose sur le principe dialogique : « On prête une grande attention à prendre des décisions pragmatiques et coopératives avec des gens qui ont des visions du monde fondamentalement différentes, sans essayer de les convertir à un point de vue particulier. » Cette proposition de discussion avec
Mehdi Belhaj Kacem, Nika Dubrovsky et Assia Turquier-Zauberman, ne pouvait donc que ravir
David Graeber. Ensemble, ils questionnent l'anarchie dans la sphère du politique.
(...)
Après ce tour d'horizon assez étourdissant, tant les notions abordées sont variées et les fulgurances intellectuelles nombreuses,
David Graeber propose un semblant de conclusion : « L'anarchisme concerne la possibilité qu'une foule devienne plus intelligente que n'importe lequel des membres individuels qui la composent. Il s'agit de créer les modes de communication et de délibération qui permettraient que cela se produise. D'où l'accent mis sur la pratique. »
Un ouvrage qui n'est pas près d'être rangé sur les étagères, tant sera pressant le besoin d'y revenir souvent.
Article (très) complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451 :
Lien :
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