à l'occasion du 13 octobre 1926.
Cher Georg Groddeck,
Pour le 60ème retour de ton anniversaire, je te félicite de tout mon cœur. En jetant à cette occasion un regard rétrospectif sur l'histoire de notre amitié, je puis retenir que celle-ci a commencé sur un terrain impersonnel purement scientifique, sous forme d'une correspondance entre toi, Freud et moi, sur la possibilité d'appliquer la psychanalyse à la médecine organique. (...) J'ai appris beaucoup du courage insouciant avec lequel tu as pris à bras-le-corps le psychomorphisme de l'organique. (...) En tout cas,la psychanalyse t'est redevable d'importantes impulsions; les meilleurs parmi ceux de notre profession le savent très bien, même si la littérature, telle une marâtre, maltraite un peu tes droits de priorité.
L'institution se défend contre les perturbateurs. Et Ferenczi en est un : il dérange par ses théories, par ses recherches et ses expériences, par les libertés qu'il se permet dans sa pensée comme dans sa pratique, par tout son être. L'impact profond qu'il a exercé sur la psychanalyse se traduit par l'ampleur des moyens mis en œuvre par la communauté psychanalytique pour s'en protéger, en attendant, éventuellement, d'être prête à le recevoir : oubli, dévalorisation,méconnaissance, simplification abusive.
Il semble que ces deux hommes, si différents par leurs origines, leur évolution et leur mode de pensée, étaient vraiment faits pour s'entendre. L'un et l'autre, à leur manière, étaient des personnalités hors du commun.