Bamako, la capitale du Mali, me faisais toujours penser à l'horrible chanson d'Amadou et Mariam qui m'avait cassé les oreilles un été, sur une chaine française… "Le dimanche, à Bamako, c'est le jour des mariages". Une horreur.
Maintenant, lorsqu'on me parlera de Bamako, je penserai à Souleymane Camara, dit Solo, ancien flic de la brigade des Stups française, en exil dans ce pays qui ne pratique pas l'extradition de ses ressortissants.
Ce qu'il a fait à Lyon et qui a nécessité une fuite aussi loin, nous le saurons dès le prologue, ensuite, il nous faudra juste additionner un plus un pour comprendre la débauche de violence du début.
Solo, ça rigole pas comme mec, surtout quand on lui prend ce qu'il a de plus cher au monde. Là, il devient un vrai fauve.
Malien de par son père, français de par sa mère, métis donc, il a toujours l'impression d'être assis le cul entre deux chaises : en France, il était le Black de service, au Mali, il est le Blanc. Cherchez pas docteur…
Solo a fait son trou au Mali, est devenu détective privé, comme Sherlock Holmes… À la différence que le Consulting Detective anglais ne prenait une solution à 7% de cocaïne uniquement lorsque son cerveau n'avait pas d'énigmes à se mettre sous les petites cellules grises !
Notre détective franco-malien, lui, il carbure à l'alcool, aux rails de coke et autres pilules magiques telles les Benzodiazépines.
Vu ainsi, le personnage aurait pu être abject, l'auteur aurait pu en faire trop, mais il a su doser le cocktail de la personnalité de Solo pour en faire un personnage attachant, drôle, qui ne lâche rien dès que l'on touche aux siens.
L'affaire dont une cliente l'avait chargé semble banale, à priori : payer un magistrat pour faire sortir une mule à la demande de sa soeur (la cliente).
Mais cette affaire banale est comme un peu comme un chèche, on a le commencement, mais on ne sait pas à quel moment on atteindra le bout, après avoir déroulé des mètres de tissus.
L'écriture passe toute seule, elle coule comme l'eau dans votre gorge assoiffée d'aventures et l'histoire prendra une tournure inattendue, le tout devenant vite périlleux.
La plume est sans gants, plongeant dans des mots crus, pimentant le tout avec quelques scènes de sexe et diluant l'encre dans du sang.
Dans un pays où tout est à vendre et où tout s'achète (suffit d'y mettre le prix), il n'est pas facile de remonter le flux de l'affaire afin d'arriver au commanditaire.
Drôle, mais sans concession, la verve de l'auteur vous plongera la gueule la première dans un pays gangrénés par les trafics et la corruption.
Le portrait du Mali est cash, brut de décoffrage, violent, mais on sent que là-dessous, l'auteur connait le pays et l'aime bien, malgré ses lourds défauts.
L'histoire ne perdra pas de temps en salamalecs inutiles, on rentre direct dedans, on fonce dans le tas, on prend des coups, on les rend, on enquête, on fouille, on défouraille et on en sortira groggy, secoué, éprouvé après cette putain de bonne lecture !
♫ Cette semaine, à Bamako, c'était les journées vendetta ♪
Un roman lu en une journée… J'étais encore un peu dans mon trip "Mois Anglais", oubliant que la vitesse de lecture n'était plus importante.
Lien :
https://thecanniballecteur.w..