Le talent d'
Antoine Guilloppé en tant qu'illustrateur n'est plus à prouver. Il manie les contrastes de noir et de blanc avec une maestria qui fait plaisir à voir.
Ce livre est d'une rare beauté plastique, imprimé en grand format, sur des papiers produisant différents effets (brillance, reflets irisés, scintillement, pop-up).
D'un point de vue plastique je mets facilement 7/5.
Par contre, car vous vous doutez bien qu'il y a un " mais " sans quoi je n'aurais pas rechigné à assigner 5 étoiles, j'ai vraiment du mal avec le contenu.
Nous avons une histoire qui me paraît TRÈS fortement inspirée du film d'animation L'Enfant Qui Voulait Être Un Ours. Ça encore, ce n'est pas un problème en soi, car le film était très bien, mais quand le scénario ne vole pas bien haut et qu'en plus le texte est relativement pauvre, qu'il y a des incohérences de pôles (des espèces de l'hémisphère sud sont mélangées avec d'autres de l'hémisphère nord) et que pour couronner le tout, ces espèces sont dénommées abusivement " pingouins " quand il s'agit de manchots, là je tique fort.
(Je sais, pour certains, manchots et pingouins, c'est la même chose, tout comme chouette et hibou, tout comme chameau et dromadaire, tout comme gorille et chimpanzé, tout comme Allemand et Autrichien, tout comme Anglais et Américain, tout comme Chinois et Japonais ou tout comme amener et apporter. C'est vrai, mais si des mots précis et différents existent, alors mieux vaut les utiliser à bon escient, surtout lorsqu'on s'adresse à des enfants qui apprennent à distinguer ces mots.)
Mais ce n'est pas tout. La notion de nuit, (qu'on sait très différente dans l'Arctique comparée à ce qu'elle est sous nos latitudes) est ici présentée dans son acception des zones tempérées. Donc, si je mets tout bout à bout, ça donne l'impression d'un travail assez bâclé quant aux connaissances de base sur la vie dans le grand nord. J'en profite pour ajouter que c'est rarement le cas dans les ouvrages jeunesse, ce qui renforce encore le côté " amateur " (dans le mauvais sens du terme).
De ce point de vue, cet album m'apparaît ultra pauvre. L'histoire se résume comme suit : Anoki, un enfant (inuit ?) du pôle nord a entendu parler depuis sa prime jeunesse du "
Grand Blanc ", une sorte d'ours blanc gigantesque, qui n'apparaîtrait qu'aux enfants.
S'apercevant qu'il avait grandi et toujours pas vu le
Grand Blanc, il a peur de passer à côté de l'occasion de rencontrer ce fameux ours. Il se lance alors dans une quête solitaire. Mais chemin faisant et commençant à se décourager, Anoki se demande par devers lui si cette légende n'est pas qu'une histoire pour faire peur aux enfants. Jusqu'au moment où...
Voici donc mon avis mitigé sur cet ouvrage pourtant si joli de cet illustrateur que j'apprécie tant. (J'avais adoré son livre sans parole intitulé
Prédateurs.) À vous de voir, si cette thématique du grand nord vous inspire et si vous ne craignez pas les incohérences de manchots dénommés pingouins en pleine banquise arctique, alors vous prendrez sûrement grand plaisir à partager cette histoire avec des enfants. Mais ce n'est bien évidemment qu'un avis, un seul, c'est-à-dire, pas grand-chose.