Voici la dernière aventure, à ce jour, du shérif adjoint Carl Houseman. Il vit et exerce sa profession dans l'état de l'Iowa, un état paisible, même si, deux ans plus tôt, lui et ses hommes ont été confrontés à une affaire de terrorisme. Pour l'instant, cependant, tout est calme, Carl Houseman peut se consacrer à la paperasse sans problème. Enfin, jusqu'à ce qu'il soit convoqué cérémonieusement par le shérif, ce qui ne lui ressemble pas du tout, même à la veille des élections ! A la suite de tractation et d'arrangements ingénieux, Carl Houseman a le privilège d'être envoyé à Londres en tant qu'observateur : Emma, la colocataire de sa fille Jane, issue comme elle d'une famille de l'Iowa, a été enlevée. Savoir qu'un représentant américain, connaissant bien la famille, est à Londres la rassurera.
Carl Houseman, lui, se sent plutôt comme un chien dans un jeu de quilles et se met à la place des enquêteurs anglais : il n'aimerait pas voir quelqu'un gêner son enquête sous prétexte qu'il est du pays de la victime. "Consultant", oui, empêcheur de tourner en rond, non. Son objectif est aussi de rassurer sa fille et, parfois, de jouer un peu les touristes, pas dans le but de se détendre, mais plutôt d'avoir juste l'air d'un père, d'un ami inquiet, et pas d'un enquêteur dans la confidence de New Scotland Yard.
Le lecteur a un avantage sur Carl, au cours de cette enquête dont nous suivons le développement au jour le jour : nous connaissons les ravisseurs, nous connaissons leur mobile, du moins en partie : l'ensemble de l'affaire nous sera également dévoilée petit à petit. Ce récit diffère de tous les romans qui paraissent actuellement et mettent en scène des terroristes - et oui, le mot est lâché. Ils sont toujours montrés comme des personnes déterminées, ayant toujours un ou plusieurs coups d'avance sur les enquêteurs, bref des personnes qui savent ce qu'elles veulent et comment parvenir à leur fin. Ici, c'est beaucoup, beaucoup plus compliqué, entre ceux qui croient tirer les ficelles et maîtriser parfaitement la situation, et ceux qui tirent vraiment les ficelles, sans se rendre compte qu'ils ne maîtrisent pas tout. Ce ne sont pas des grains de sable qui grippent la belle machinerie mise en place, non, c'est plutôt un énorme pavé qui endommage tous les rouages. La peur n'est jamais bonne conseillère, l'excès de confiance en soi non plus.
Cette enquête se termine en demi-teinte pour Carl Houseman, et pour les siens. Là où d'autres ne verraient qu'une réussite (et je vous laisse trouver, c'est assez facile, des romans ou des films où le nombre de morts ne compte pas), lui compose avec tout ce qui s'est passé, et les concessions qu'il a dû faire pour que l'enquête soit menée à bien. Il est bon de temps en temps qu'un romancier tienne compte des hommes, et pas seulement des rebondissements de l'intrigue.
Lien :
http://wp.me/p1EW7i-1zf