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EAN : 9780571245000
240 pages
Faber and Faber (18/03/2010)
3.51/5   203 notes
Résumé :
Des piazzas italiennes aux collines de Malvern, d’un appartement londonien à l’étage feutré d’un hôtel sélect de Hollywood, ce cycle sublime de nouvelles explore l’amour, la musique et le temps qui passe. Les personnages décrits sont des musiciens de rue, des stars déchues et des rêveurs, chacun en quête intime, chacun dans un moment de vérité. Comme le rythme de la musique qu’il évoque, imprégné de thèmes obsédants, le quintette résonne de questions spirituelles et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
3,51

sur 203 notes
Deuxième lecture de Kazuo Ishiguro et deuxième satisfaction. Cette fois-ci, au lieu d'un de ses romans, j'ai essayé un recueil de nouvelles, Nocturnes. le sous-titre l'explique très bien, la musique est au coeur de ses courtes histoires et, quant au crépuscule, je peux l'associer à une certaine nostalgie qui les empreint, soit le succès qui abandonne tranquillement certains artistes sur le déclin ou soit les débuts difficiles qui pourraient pousser des jeunes à abandonner ce métier avant même que leur carrière n'ait décollée.

Mais je vais trop vite. Plus haut, j'écrivais que ce recueil était constitué de courtes histoires. Oui, mais pas trop. La plupart comptent une cinquantaine de page, la plus longue en a septante-cinq. Ainsi, je sens que je peux m'investir dans leurs protagonistes, me sentir concerné par leurs aventures sans craindre de les voir disparaître à jamais. D'autant plus que les tranches de vie qui sont proposées ne prennent pas fin abruptement, n'offrent pas de réelles conclusions. Je peux m'imaginer la suite dans ma tête…

Kazuo Ishiguro promène ses lecteurs en différents endroits d'Europe et d'Amérique. Sans qu'il n'entre dans des descriptions sans fin, l'auteur glisse suffisamment d'informations pour qu'on s'en fasse une tête, pour qu'on ait l'impression d'y être et de ressentir les mêmes émotions que ses personnages. Et ces lieux, et l'atmosphère qui s'en dégage, conviennent à chacune des situations. La terrasse d'un café italien pour les rencontres opportunes et presque irréelles, l'hôtel hollywoodien pour les scènes de couple pas très glamour, l'appartement miteux pour la situation pathétique d'un jeune artiste sans le sous, la campagne anglaise pour l'autre qui cherche un endroit calme et bucolique pour composer ses chansons en paix, etc.

Mais, surtout, il y a ces personnages. Ils pourraient être vous ou moi, n'importe quel jeune qui cherche à vivre de son art – c'est beau, les rêves ! – ou bien n'importe quel individu qui a connu un certain succès dans sa carrière et qui doit accepter d'être éventuellement remplacé. Ça ne s'applique pas qu'à la musique.

Le narrateur de la première nouvelle est un jeune musicien qui espère percer (sérieusement) dans le métier. Pour l'instant, il n'est qu'un « Bohémien », il joue dans les petits clubs. Puis, un jour, il croise un chanteur à succès sur le déclin et ce dernier, plutôt que de le regarder de haut, commence à échanger avec lui, à lui donner des trucs. Un peu comme un mentor le ferait avec une recrue. Mais leurs échanges ne se limitent pas à la musique, il y est question de la célébrité, des femmes, de la vie quoi !

C'est pareil pour les autres nouvelles. Je ne vous les résumerai pas toute, il suffit que je vous dise que la plupart ont comme narrateur un jeune homme qui souhaite faire carrière dans la musique. Leurs aventures ne concernent pas toujours directement leur art, bien souvent ils apprennent des leçons de vie. Par exemple, dans Les collines de Malverne, le narrateur prend pitié d'une vieille enseignante et découvre que la vie en couple n'est pas aussi rose qu'il le croyait. Dans Nocturne, il apprend que la célébrité a ses couts.

Mais il n'y a pas que les protagonistes qui sont importants. Les personnages « de soutien », si on me permet cette expression plus propre au cinéma, apportent beaucoup. Je pense à Tony Gardner, ce cronner sur le déclin, qui n'est pas amer ni aigri malgré la célébrité qui l'abandonne petit à petit. Il a une attitude sage et humaine. Pareillement pour son épouse Lindy, qui revient dans la quatrième nouvelle, qu'on découvre moins superficiel qu'on ne l'aurait cru. Et que dire de la virtuose Eloise McCormack ? Ils sont tous touchants, vrai malgré leurs travers !

J'ai passé de très agréables moments à lire ces nouvelles. Je les recommande vivement.
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Lorsque j'ouvre un livre et que la magie extraordinaire des mots me propulse à des lieux, à des moments, à des odeurs et à des impressions de déjà vu, c'est alors une plénitude bienfaisante que je classerais dans les petits bonheurs gratuits de la vie.

Ces 5 nouvelles qui ont comme thème principale la musique m'ont renvoyé à une sensation très précise, celle de me lever à 5h du matin tous les lundis du mois de juillet pour me rendre à Les Aubes musicales à Genève.
C'est un rendez-vous magique, hors du temps, qui démarre à 6h du matin et où des groupes de musique viennent jouer au bord du lac Léman. Cet événement célèbre autant la sortie de l'obscurité que le retour de la lumière et de la chaleur, dans l'insouciance d'une journée à naître.
Quelques aficionados courageux se retrouvent pour déguster ce moment suspendu .

Le langage universel de la musique est comme un ciment de connexion sociale.

Dans Nocturnes, recueil composé de cinq nouvelles, l'auteur japonais naturalisé britannique fait bruiter personnages et décors autour de la musique, avec cette précision et cette rapidité exigée par le genre littéraire, sans que cela ôte pour autant la profondeur.

Passionné de musique, dans ce recueil l'auteur nous fait part des thématiques liées aux changementx et à la difficulté de vivre dans un monde en constante évolution. 
Si le style d'Ishiguro est empreint de douceur et de calme, c'est pour mieux aborder les drames auxquels chacun fait face.

Ce recueil se picore comme des cartes postales qu'on aurait trouvé dans une vieille boîte dans un grenier, nous incitant à ouvrir grands les yeux sur le monde qui nous entoure.

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Je dois faire deux aveux.
Le premier c'est que je n'avais pas encore lu le Prix Nobel britannique d'origine japonaise - et oui on a tous des impasses - et c'était mon cas.
Le second est que j'ai commencé par ce recueil de nouvelles, trouvé dans ma Médiathèque, un peu par hasard, et que je dois avouer ne pas avoir été transportée.

Certes il y a un certain charme suranné dans ces cinq nouvelles d'un autre temps.

On y croise des couples, qui vont plutôt mal, des musiciens - connus et inconnus - et des lieux différents. Tous ont un lien avec la musique, soit qu'ils en vivent, soit qu'ils en rêvent, soit qu'ils en écoutent, tandis que le couple se défait dans une atmosphère de nostalgie et de mélancolie.
Je ne nie pas qu'elles aient un certain charme, mais je dois reconnaître que je suis restée sur le bord du chemin sans être embarquée réellement.
Je crois que cela arrive parfois - rien de grave au fond - et je pense que je réessaierais ultérieurement.

Je ne doute pas que "Les vestiges du jour" soit un grand livre (je suis fan de sa traduction en film avec Anthony Hopkins) et que Ishiguro soit un grand écrivain.

Mais ce sera pour une autre chronique - une autre fois.
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Avec mélancolie, Kazuo Ishiguro décrit les instants fragiles où tout bascule. Les nouvelles de « Nocturnes » ont pour points communs le couple, le crépuscule qui reflète les renoncements des personnages, la musique qui fait écho aux subtiles variations des liens amoureux face au temps qui passe.

Certains passages, avec un humour mordant, décrivent des situations pathétiques. Ainsi cet ancien copain de fac qui se trouve pris au piège dans un traquenard conjugal et accepte de s'enliser en rentrant dans un jeu cruel. Un musicien talentueux qui n'arrive pas à percer peut-il accepter de refaire son visage aux frais de l'amant de sa femme, pour réussir ?

La quête intérieure de ces personnages qui n'ont pas réussi et s'accrochent à leurs rêves est subtilement décrite. Installez-vous donc à la terrasse d'un café à Venise, écoutez un orchestre de jazz en buvant un café et vous apercevrez peut-être une vieille gloire oubliée qui a enchanté votre enfance. A moins qu'une femme vienne à votre table pour vous faire une étrange proposition….

Kazuo Ishiguro avait déjà démontré son immense talent (« Les vestiges du jour », « Auprès de moi toujours ») mais il sait se renouveler et ses prochaines parutions seront très attendues.
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Petite déception avec ce recueil de nouvelles, d'un auteur dont j'ai beaucoup aimé les trois romans que j'ai lus.
Ces cinq nouvelles, organisées autour des mêmes thèmes - la musique, le couple en déliquescence - et le même type de personnages - un narrateur à la carrière qui ne décolle pas, un peu banal, des femmes à la personnalité ambivalente...- finissent par se confondre une fois le recueil terminé; elles sont construites comme des variations dont les dénouements sont systématiquement en queue de poisson.
C'est vrai que certains passages, surtout dans la première nouvelle où un homme se retrouve dans une situation complètement absurde parce qu'il a froissé la page d'un journal intime de son amie et qu'il essaie de cacher son acte, certains passages comme celui-ci donc m'ont bien fait rire, mais dans l'ensemble, je me suis un peu ennuyée et je trouve que ce livre n'est pas du tout à la hauteur de ce que Kazuo Ishiguro a pu écrire d'autre. Ces nouvelles sont beaucoup plus terre-à-terre que ses autres récits, nimbés de mystère. Dommage!



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critiques presse (1)
Lexpress
25 novembre 2011
Kazuo Ishiguro, auteur des Vestiges du Jour, signe un recueil de nouvelles dont le fil conducteur est la musique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
"Je vais vous confier un petit secret, dit brusquement M. Gardner. Un petit secret sur le spectacle. D'un pro à un autre. C'est très simple. Vous devez savoir quelque chose, peu importe quoi, sur votre public. Quelque chose qui pour vous, dans votre esprit, distingue ce public de celui pour lequel vous avez chanté la veille. Disons que vous êtes au Milwaukee. Vous pouvez vous demander, qu'est-ce qu'il y a de différent, de spécial chez un public du Milwaukee? Qu'est-ce qui le différencie d'un public chez Madison? Vous n'en avez aucune idée, vous continuez de chercher jusqu'au moment où vous avez trouvé. Milwaukee, Milwaukee. Ils ont de bonnes côtelettes de porc au Milwaukee. Ça va marcher, vous allez vous en servir quand vous entrez sur scène. Vous n'avez pas besoin d'y faire allusion suffit que vous y pensiez quand vous chantez. Ces gens dans la salle, ce sont eux qui mangent de bonnes côtelettes de porc. Ils sont très difficile en matière de côtelettes de porc. Vous comprenez de quoi je parle? De cette façon le public devient une vieille connaissance, quelqu'un devant qui vous pouvez vous produire. Voilà, c'est mon secret. D'un pro à l'autre."
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Quand je commençais à enseigner l’anglais après l’université, cela semblait une assez bonne vie – un prolongement de la vie d’étudiant en quelque sorte. Les écoles de langues proliféraient dans toute l’Europe, et si le travail était fastidieux et les horaires abusifs, à cet âge on n n’y attache guère d’importance. On passe beaucoup de temps dans les bars, il est facile de se faire des amis, et on a le sentiment de faire partie d’un large réseau qui s’étend sur la planète entière. Vous rencontrez des gens qui reviennent tout juste d’un séjour au Pérou ou en Thaïlande et cela vous donne à croire que si vous en aviez envie, vous pourriez errer de par le monde indéfiniment, utilisant vos contacts pour trouver un emploi dans n’importe quel coin perdu de votre choix. Et vous feriez toujours partie de cette famille douillette et élargie de professeurs itinérants, échangeant des anecdotes autour d’un verre à propos d’anciens collègues, de directeurs d’écoles psychotiques, de fonctionnaires du British Council excentriques.
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« Jouez pour moi. Jouez-moi un morceau de votre récital. »
Elle avait indiqué une chaise droite polie au centre de la pièce, aussi il s’y installa et déballa son violoncelle. De façon déconcertante, elle s’assit devant l’une des grandes fenêtres de telle sorte qu’il la voyait presque de profil, et elle continua de fixer l’espace pendant qu’il accordait son instrument. Sa position ne changea pas après qu’il eut commencé à jouer, et quand il arriva à la fin du premier morceau, elle ne dit pas un mot. Il passa aussitôt au suivant, puis enchaina. Une demi-heure s’écoula, puis une heure entière. Et une émotion liée à l’ombre où baignait la pièce, à son acoustique austère, à la lumière de l’après-midi diffusée par les rideaux de dentelle soulevée par la brise, au brouhaha s’élevant de la piazza, et surtout à sa présence, lui inspira des notes porteuses d’une intensité nouvelle, de suggestions inédites.
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"Regardez-le, dit Giancarlo. Un étudiant russe en musique sans le sou. Alors qu'est-ce qu'il fait? Il décide de gaspiller son argent en buvant des cafés sur la place.
- Un idiot, ça, c'est sûr, répliqua Ernesto. Mais un idiot romantique. Heureux d'être affamé tant qu'il peut passer tout l'après-midi sur notre piazza."
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Il joua de nouveau, elle se remit à parler. Ses paroles lui paraissaient toujours prétentieuses et beaucoup trop abstraites au début, mais quand il s’efforçait d’adapter leur idée maitresse à son jeu, il était surpris par l’effet obtenu. A son insu, une heure de plus s’était écoulée.
« J’ai brusquement découvert quelque chose, nous expliqua-t-il. Un jardin où je n’avais pas encore pénétré. Il était là-bas dans le lointain. Il y avait des obstacles sur le chemin. Mais pour la première fois il apparaissait. Un jardin que je n’avais jamais vu auparavant. »

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Vidéo de Kazuo Ishiguro
Découvrez "Klara et le Soleil" : le premier roman de Kazuo Ishiguro après son prix Nobel de littérature en 2017. L'Académie suédoise avait salué "la puissante force émotionnelle" des romans de l'écrivain.
Klara est une AA, une Amie Artificielle, un robot de pointe ultraperformant créé spécialement pour tenir compagnie aux enfants et aux adolescents. Klara est dotée d'un extraordinaire talent d'observation, et derrière la vitrine du magasin où elle se trouve, elle profite des rayons bienfaisants du Soleil et étudie le comportement des passants, ceux qui s'attardent pour jeter un coup d'oeil depuis la rue ou qui poursuivent leur chemin sans s'arrêter. Elle nourrit l'espoir qu'un jour quelqu'un entre et vienne la choisir. Lorsque l'occasion se présente enfin, Klara est toutefois mise en garde : mieux vaut ne pas accorder trop de crédit aux promesses des humains... Après l'obtention du prix Nobel de littérature, Kazuo Ishiguro nous offre un nouveau chef-d'oeuvre qui met en scène avec virtuosité la façon dont nous apprenons à aimer. Ce roman, qui nous parle d'amitié, d'éthique, d'altruisme et de ce qu'être humain signifie, pose une question à l'évidence troublante : à quel point sommes-nous irremplaçables ?
Découvrir le roman : http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Klara-et-le-Soleil
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