Ce petit opuscule -108 pages - (1) de Jean-Loup Chiflet (auteur également du « Dictionnaire amoureux de la langue française ») « Nouilles ou pâtes », titre complété, fort à propos, par « le bon sens des mots » est une mise en bouche gourmande qui rend un hommage savoureux à cette belle langue qu'est le français.
Pourquoi préfère-t-on le mot « préface » à celui "d'introduction » ou de « prologue » ? Pourquoi choisit-on « éthique » à « déontologie » « Noces » à « mariage », "suer » à « transpirer » « baiser » à « faire l'amour » ? Des synonymes ? Pas tout à fait. Tout est affaire de nuance, de subtilités sémantiques, d'usages, de pratiques, de milieu culturel, de valeurs sociétales ! Employer au quotidien, un mot, à la place d'un autre, en écrire un au lieu d'un autre, ce n'est pas toujours anodin, ça peut même être lourd de sens , de contresens et de conséquence ! En cela le français est bien un idiome subtil, complaisant, mais pas toujours conciliant !
1 Pour m'amuser comme lui, je pourrais encore dire : petit livre, brochure, libelle, fascicule, plaquette, livret… Et vous?
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Chaussure ou soulier ?
Si chaussures et souliers devaient s’affronter à la course à pied, c’est à coup sûr, la chaussure qui franchirait haut le pied la ligne d’arrivée. La chaussure de sport, la chaussure de marche, la chaussure de tennis et a chaussure de basket (…) font partie de cette catégorie e noms propres devenus très communs (…) Le soulier ne fait pas de sport, il est trop fin .
Femme ou épouse
Si l’on fait précéder le mot « femme » d’un article possessif, celle-ci quitte aussitôt sa condition de femelle sexuée, de femme fatale, de femme sublime, de femme femme quoi ! pour devenir une « épouse ». A l’inverse, le mot « épouse », lui, n’a pas besoin d’article possessif car une épouse appartient derechef à un homme, alors qu’une femme est libre. Mauvaise pioche donc pour celle qui bénéficie de la condition d’épouse car sa liberté de manœuvre est très réduite sinon nulle.
Au masculin elle n’a que le choix de « mon époux » alors que la femme peut opter entre « mon mari » ou « mon homme ». Dans ce cas, elle se révèle plus amoureuse Et pourquoi l’épouse ne serait-elle pas amoureuse de son époux ? Les statistiques sont là et il est prouvé qu’à la Saint-Valentin, on offre plutôt des fleurs à « une femme » qu’à son épouse…
Aspirer à grands bruits un spaghetti qui pendouille, qui barbouille, qui se suçouille est un plaisir qui fait l’unanimité chez les galopins du monde entier. Le spaghetti se mâchouille, se touille, se tripatouille ; normal quand on fait partie de la famille des « nouilles ». Et les « pâtes » alors ? Elles ne seraient pas de la famille ?
Amante ou maîtresse ?
L’amante, c’est celle qui aime et qui est aimée mais pas forcément celle qui fait l’amour ou à qui ont fait l’amour. La littérature est nourrie de belles histoires d’amantes et d’amants mythiques. Roméo et Juliette, Abelard et Héloïse, et bien d’autres qui, d’après ce que nous savons, n’auraient pas connu le péché de chair. Pour la maîtresse, il n’y a pas, ni en littérature ni ailleurs, de maîtresses vierges.
Se laver ou faire sa toilette ?
...souvenons-nous mes frères que, grâce à la confession, on est lavés de nos péchés et non « toilettés ».
EXTRAIT - Jean-Loup Chiflet sur la langue française