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Gilles Goullet (Traducteur)
EAN : 9782070389759
336 pages
Gallimard (07/05/2009)
3.84/5   43 notes
Résumé :
A Clarges, on peut être un gluron et mourir du jour au lendemain.
On peut aussi suivre la pente et devenir successivement Couvée, Cale, Troisième, Seuil et enfin, accomplissement ultime, Amarante. S'ouvre alors à vous la vie éternelle. Mais gare à vous si vous déviez de la voie qui vous est tracée : vous risquez de voir la limousine d'un assassin s'arrêter devant votre porte. Gavin Waylock, lui, est prêt à tout pour parvenir à l'immortalité. Y compris à deven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Une année sans Jack Vance n'est pas une bonne année.
Oui, je sais, j'ai déjà dit ça avec Robert Silverberg. Je me plagie, c'est comme ça na !

Avec ce La vie éternelle, je suis tombé sur un opus jouissif. Un roman qui sort un peu des sentiers battus par l'auteur mais qui lui reste accroché par le style. Vance reste pour une fois sur Terre, dans un futur indéterminé mais bien plus proche que celui de la Terre mourante. La société mondiale s'est effondrée et seule une source de civilisation surnage. Il s'agit de Clarges, guère plus qu'une ville accrochée à un fleuve, mais qui a réussi à vaincre la mort.
L'espace vital de Clarges étant réduit, cette société s'est bâti un modèle d'existence original et qui fonctionne. Une bonne part des gens qui y vivent sont inscrits dans le système des phyles. Y progresser de palier en palier permet de gagner des années de vie, jusqu'au stade final Amarante où l'on jouit de la vie éternelle. le contrepoids, c'est que les gens appartenant aux phyles inférieurs ne peuvent dépasser le nombre d'années défini pour chacun. Et une police d'assassins est là pour « terminer » ceux qui atteignent l'échéance.
Comme je le disais, le système fonctionne car les gens acceptent la sanction dans la mesure où ils peuvent toujours satisfaire leur ambition et essayer de grimper le plus haut possible. La culture est partout, un endroit nommé Carnevalle a été construit où les gens peuvent « se lâcher » et il n'existe pas de lutte des classes. Les gens ont l'air de se respecter quel que soit leur phyle, y compris les hors-phyle (les glurons).

Ça fonctionne, mais Jack Vance écrit bien sûr ce roman pour montrer l'instabilité latente du système. Nombreux sont ceux qui craquent et la proportion de burn out ne cesse d'augmenter. A travers les péripéties de Gavin Waylock, l'auteur va appuyer sur les aspects dystopiques et se rapprocher de la rupture. Il manoeuvre bien, ne laissant pas ses messages occulter l'action. Comme souvent, il est impossible de prédire comment tout cela va évoluer, les victoires et les défaites du héros se succédant à un rythme rapide.
Je suis toujours séduit par le style unique des dialogues, formels, calmes et donnant lieu à peu d'écarts, et aussi par ses analogies utilisées pour la description des individus. Exemple : « son visiteur avait un visage extrêmement long, avec un menton terminé en pointe et un front semblable à un monticule couvert d'une terne laine brune ». Un autre : « une jeune préceptrice aux yeux en boutons de bottine ». Je découvre que Vance maîtrise également le comportement d'une foule qui pète les plombs et devient enragée.

Ce récit m'aura tenu en haleine jusqu'à la fin sans que je puisse deviner où il atterrirait. J'aime être mené par le bout du nez comme ça… dans les romans du moins.
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Un chouette bouquin pour une critique de la société basée sur un découpage très marqué entre castes. Jack Vance décrit donc ce monde imaginaire dans lequel on a développé la solution pour accéder à l'immortalité, en passant entre autres, par le clonage. Mais la place à cet échelon supérieur coûte extrêmement cher.

L'auteur s'attaque directement et sans détour à l'égoïsme de l'être humain, à travers son personnage principal qui, peu de temps après avoir atteint le stade ultime, se retrouve tout en bas de l'échelle à devoir tout remonter le plus rapidement possible, quelle que soit la méthode utilisée. On pourrait le plaindre et le prendre en pitié devant l'injustice dont il semble avoir été la victime mais finalement il ne prêche que pour sa propre paroisse. Il connait les faiblesses du système et n'est prêt à tricher et modifier les règles que si cela peut le servir. Il agit en toute intelligence mais tout en étant dépourvu d'empathie véritable pour quiconque. Il représente la plupart des gens puissants dans ce monde. La morale du roman peut être cruelle, mais elle fait tellement preuve de réalisme.

L'auteur nous questionne sur la véritable signification de l'altruisme. En combattant la caste supérieure déjà en place et prête à tout pour y rester, le héros ne va-t-il pas servir les desseins de libertés du peuple voué à demeurer esclaves du système, les déviants et ceux des castes inférieures, tous ces humains terriblement mortels.

Jack Vance nous offre donc ici une belle fable des temps modernes sur la manipulation des masses, et l'aveuglement du pouvoir en place par rapport aux réalités de la société.
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Je remercie Nadouch pour cette très bonne pioche (Septembre) et à Soleney pour cet échange fructueux. D'un bout à l'autre, je me suis laissée porter par le style de cet auteur que je découvre grâce à cette histoire.

On commence celle-ci en y pataugeant car les notions sont nouvelles mais rapidement l'auteur explique le pourquoi du comment de ces notions et à quoi correspondent chacune. Cela devient plus clair, tout en étant un système très complexe qui permet d'allonger scientifiquement (ou non) la vie de la population d'une région du monde, qui a promulgué cette loi. le personnage principal, Gavin Waylock, va donc essayer par tous les moyens de retrouver son ancien statut, voies légale et autres... Cette histoire m'a beaucoup fait penser à « Jeu de Monde », lu grâce à une précédente pioche, car on est dans un monde dystopique où le personnage lutte pour sa survie grâce à son rang social ou tout autre système mis en place dans ce monde. Par contre, dans ces mondes, point d'amour ou d'histoire à l'eau de rose comme dans les dystopies actuelles, le personnage principal est concentré sur son objectif et personne ne l'en fera dévier. Je préfère quand même le style de Jack Vance car il a un style très agréable à suivre et les actions sont plus nombreuses, surtout à partir du moment où il nous explique les bases de son monde. Même si Gavin n'est ni blanc ni noir dans cette histoire, il n'est pas antipathique à suivre et je me suis souvent demandée ce qu'il allait nous sortir comme invention pour continuer à avancer.

Comme vous l'aurez compris, ce livre a été une excellente découverte qui me donne très envie de me procurer d'autres romans de cet auteur prolifique de quasi 100 ans aujourd'hui décédé (105 romans référencés sur Babelio). Je n'en ai qu'un autre, issu lui aussi d'un échange. J'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur, son imagination complexe mais sans être touffue et son analyse de la nature humaine quelque soit les siècles de modernité... À 10 ans près, ce livre a quasi l'âge de mes parents et pourtant, je n'ai pas ressenti aucune gêne pendant ma lecture du fait du changement d'époque. Peut-être est-ce la magie des romans SF/dystopie... Si vous êtes amateurs de dystopie d'un autre genre, je vous conseille très fortement de découvrir ce roman et son auteur prolifique. Pour ma part, il me tarde de pouvoir découvrir ces autres oeuvres.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Une critique tardive pour ce roman lu en début d'année et qui clôt un petit cycle de lecture tournant autour de l'univers de Jack Vance. Alors, j'ignore si c'est la singularité de ce livre - La Vie Eternelle est un peu à part dans la bibliographie du maître - ou si c'était le Vance de trop, mais je garde un souvenir peu glorieux de cet ouvrage. Je doute fort néanmoins que la lassitude soit en cause ; non, ce roman n'a tout simplement rien à voir avec ce que nous a livré d'ordinaire l'auteur au cours de sa carrière. Ici, pas de fantasy, pas de voyage, pas de "magie". Juste une science-fiction désuète et - ça me fait mal de le dire - sans saveur.

Déjà, le thème principal sur lequel s'articule l'histoire : l'immortalité. Autant le système des échelons ou phyles : Couvée, Coin, Troisième, Seuil et Amarante, ne m'ont posé aucun problème de compréhension ; autant les explications sur les clones et leurs variantes m'ont laissé dubitatif. Là, je n'y ai rien compris. Car si l'immortalité consiste à remplir une copie de chair avec l'essence d'un être humain décédé, il ne s'agit pas d'immortalité, c'est juste un clone avec les souvenirs d'un défunt, un peu comme le film A l'aube du 6ème jour avec Arnold Schwarzenegger, film qui commettait déjà l'erreur de présenter ce système de résurrection comme de l'immortalité alors qu'il n'en était rien... enfin, passons.

Ensuite, l'histoire...
Quelle histoire ? Ce bon vieux Jack ne semble pas savoir où aller. On assiste à une succession de saynètes sans réel lien les unes aux autres et qui, empilées, n'apportent rien. Pourtant, le quatrième de couverture promet une histoire pleines d'intrigues et de rebondissements, ce que le début à Carnevalle semble même confirmer jusqu'au moment où le récit patine et finit par s'enliser. de bonnes idées, Jack Vance en a, c'est sûr, et des tas. Mais en bon vieux briscard de la plume - déjà ! La Vie Eternelle étant un de ces tous premiers romans -, il nous déroule un tapis de facilités qui, faute de nourrir une idée de départ pourtant solide et alléchante, s'embourbe dans l'inutile, la vacuité. J'en veux pour preuve tous les passages - lénifiants - dans l'hôpital, chez l'habitant ou dans des cafés !? C'était quoi le but ? Visiter Clarges, dernière ville des hommes ?

Sans compter que les personnages ne sont pas des plus sympathiques. Gavin Waylock aka le Grayven Warlock est inintéressant et la Jacinthe Martin est mal employée, trop effacée, alors qu'elle aurait pu faire une antagonistes des plus réussies. Certes, l'auteur n'était pas réputé pour une caractérisation poussée de ses personnages mais là, c'est juste impensable. En tant que fan inconditionnel du bonhomme, ça me fait mal au coeur de l'écrire mais c'est hélas mon ressenti.

Sans oublier, la présence - encore ! -, ô combien maléfique de ces p*t*** de téléphones, des objets d'une époque révolue, qui n'ont rien à foutre dans les lontains futurs que nous compte la SF. Cela, je l'ai remarqué souvent et n'ai de cesse de le clamer ! Re-bref.

Un état totalitaire et les dérives d'une société écrasée par une administration et une oligarchie sans pitié pour le faible, et après ? Aldous Huxley et George Orwell étaient déjà passés par là, offrant à la littérature dite de genre deux rouleaux compresseurs - inarrêtables - de la SF dystopique : le Meilleur des mondes et 1984 (pour les deux du fond, collés près du radiateur).

Bref, je ne m'éterniserai pas sur la critique de ce livre, je préfère me rendre sur Tschaï, Alastor, ou bien encore Durdane. Sur ses mondes lointains, une chose est certaine : il n'y a pas de téléphone.

Navré, Jack.

...

Bonjour, vous êtes bien sur une critique d'Enderlion. Écrivez... ou pas ! après le bip.

...

Biiip !
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Une dystopie qui diverge de celles que j'ai l'habitude de lire. Si en général, le protagoniste se retrouve en lutte contre la société, dans La vie éternelle, le personnage, Waylock, va utiliser le système en place pour arriver à ses fins et ainsi, déjouer les règles qui régissent la cité de Clarges.

J'ai trouvé l'univers très bien pensé et les idées vraiment intelligentes. Lesquelles permettent d'ailleurs des retournements de situation qui, s'ils peuvent être attendus, restent très sympas.

De plus, le héros atypique amène un plus au roman : il est plutôt antipathique, rongé par la cupidité et la vanité, et pourtant, entraînés dans ses magouilles, on se surprend à souhaiter que ses manigances réussissent.

Un chouette roman de SF, qui aborde la question de la vie éternelle et de la lutte des classes sous un angle très intéressant.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
L'efficacité toujours croissante des techniques médicales ayant permis de minimiser la maladie et la dégénérescence, la population mondiale croissait à un rythme prodigieux et doublait en quelques années. Avec un tel taux de croissance, il ne faudrait pas trois siècles aux êtres humains pour couvrir la Terre sur quinze mètres d'épaisseur.
En théorie, il existait des solutions à ce problème : contrôle obligatoire des naissances, production à grande échelle de nourriture synthétique et pélagique, reconquête des déserts, euthanasie des arriérés. Mais dans un monde divisé par un millier de conceptions différentes de la vie, la mise en pratique d'une telle théorie se révélait impossible.
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- Mais... qu'est-ce qu'ils vont faire ?
- Qui sait ? Tu serais peut-être avisé de ne pas sortir sans arme.
- Tu parles des citoyens de Clarges comme s'ils étaient des barbares !
- Les barbares et nous sommes issus de la même souche. Nous avons partagé cent mille ans de sauvagerie et nous ne divergeons que depuis quelques siècles.
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Une chose en faveur de Basil, il est sincère dans son désir d'améliorer le monde... Il a fait sortir neuf patients... ce qui n'est pas si mal, tout compte fait. Mais il s'est naïvement dit que comme il guérissait neuf patients avec un peu de sa thérapie, il en guérirait neuf cents avec beaucoup. On dirait un idiot avec un moulin à poivre : sa nourriture est meilleure quand il en met un peu, alors il veut en mettre beaucoup pour la rendre succulente.
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« La mort, dit-il d'une voix rauque. La mort ! » Le mot le plus ignoble de la langue, l'obscénité ultime.
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Basil avait essayé et en cinq ans était parvenu au Coin. Sa gratitude envers Waylock était sans bornes. À présent, devant la Maison de la Vie, il administrait à Waylock une tape dans le dos. — Viens me voir au Palliatoire ! Après tout, je suis Assistant-Psychopathologiste – nous nous arrangerons pour te faire monter la pente. Rien de sensationnel au début, mais tu progresseras.
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Videos de Jack Vance (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jack Vance
Extrait du livre audio « Madouc, Lyonesse, T3 » de Jack Vance, traduit par E.C.L Meistermann et Pierre-Paul Durastanti, lu par Marvin Schlick. Parution numérique le 30 août 2023.
https://www.audiolib.fr/livre/madouc-9791035410391/
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