AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253171812
219 pages
Le Livre de Poche (10/05/2001)
3.67/5   49 notes
Résumé :
Simon Kaplan est un survivant des camps de concentration nazis. Installé aux États-Unis et cultivant à présent l'art d'être grand-père, il a tissé des liens très forts avec sa belle-fille, Sok Bopah, rescapée des camps des Khmers rouges, devenue Isabel après son évasion du Cambodge. Dans le silence de l'indicible et de la souffrance, ils tentent de reconstruire une vie faite d'amour et de générosit... >Voir plus
Que lire après Le Silence des survivantsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
3,67

sur 49 notes
5
5 avis
4
1 avis
3
3 avis
2
1 avis
1
0 avis
Sok Bopah a fait tout son possible pour laisser de côté son passé de rescapée de Tuol Sleng, le camp le plus meurtrier des Khmers rouges. Elle vit à présent aux USA, mariée à Isaac Kaplan. Elle a même changé son nom, et s'appelle à présent Isabelle. Elle vit en paix, avec ses deux enfants, son grand, Thomas, parti de la maison, étudiant, et Sam, la jeune ado insouciante et bien de son temps. Et elle s'entend bien avec son beau-père Simon, lui aussi rescapé de l'enfer des camps de concentration nazis.
Mais tout bascule lorsqu'un soir Sam ne rentre pas. La police et le FBI interviennent, et notemment John King, ancien prêtre ayant laissé tomber sa soutane pour enfiler le costume d'une sorte de profiler. Sam est retrouvée, tellement massacrée que c'est à sa chaussure qu'on la reconnait. Bientôt Isaac disparait à son tour. Et c'est l'enfer de retour dans les vies déjà bien malmenées d'Isabelle et Simon.

Les survivants des camps d'extermination peuvent-ils trouver la paix ? Ou véhiculent-ils, où qu'ils aillent et quoi qu'ils fassent, l'horreur à laquelle ils ont échappé ? Avec le silence des survivants, Andréa H. Japp délaisse les traductions de P. Cornwell et les romans policiers historiques pour nous offrir un roman noir moderne qui revient sur deux grandes tragédies du siècle dernier : les camps de concentration, ceux d'Hitler, et ceux de Pol Pot.
L'écriture légère et cristalline de cet auteure accompagne aussi bien la délicatesse des sentiments des principaux personnages que les évocations des tortures passées et présentes. L'histoire racontée est dure et crue, mais pourtant difficile à interrompre. Comme toujours avec A. H. Japp, les personnages principaux, tout en finesse, sonnent parfaitement justes.
Le silence des survivants nous invite à réfléchir sur la vie et la mort, et sur ce Dieu (ou l'autre) qui admet l'existence de monstres capables de perpétrer des génocides. Un court roman coup de poing par l'auteur de la très jolie série La dame sans terre.
Commenter  J’apprécie          261
Isabel est très proche de son beau-père Simon car ils sont unis par un passé similaire. Elle, a réussi à s'évader des camps des Khmers rouges alors que lui a échappé à la barbarie nazie en s'enfuyant d'un camp de la mort. Installée près de Boston, toute la famille mène une existence paisible d'américains modèles. Mais quand Sam, la fille d'Isabelle et petite-fille de Simon, est retrouvée assassinée et atrocement mutilée, rapidement ils se rendent compte qu'ils se trompaient en croyant que le pire était derrière eux. Les fantômes de leurs bourreaux sont réveillés et après d'autres meurtres atroces commis, dont celui d'Isaac, le mari d'Isabel et fils de Simon, tous deux vont se lancer sur les traces du tueur.

Moi et ma vilaine manie de lire les séries de livres dans le désordre... J'ai découvert ce titre après avoir lu "Le denier de chair" qui en est la suite. le personnage mystérieux de John King, prêtre défroqué et agent du FBI, qui y apparaissait m'avait donné envie d'en savoir plus sur son passé. J'avoue que je ne l'ai toujours pas vraiment cerné, malgré cette lecture. Difficile de classer ce titre dans les polars car j'ai trouvé l'intrigue policière moyenne : le meurtrier se laisse deviner et le FBI n'est pas très efficace : il laisse Isabel et Simon servir d'appâts. Et pourtant ce roman quelle claque ! Par rapport à sa suite "Le denier de chair" que j'avais moyennement appréciée, cet opus a une dimension humaine autrement plus approfondie. Les personnages d'Isabel et de Simon, ces deux survivants de l'horreur, sont magnifiques. Leur complicité est basée sur leur passé, leurs souffrances séparées mais semblables les ont unis sans qu'ils soient obligés d'y accoler des mots. Après avoir fait preuve de beaucoup de résilience pour se reconstruire, ils seront prêts à replonger ensemble dans un combat sans fin contre la barbarie humaine.

Un livre très noir, empreint de gravité, qui questionne sur la foi, sur l'être humain, dans lequel je n'ai pas retrouvé les lourdeurs de style que j'avais pu précédemment reprocher à l'auteure. Beaucoup plus qu'un simple polar en fait. 18/20.
Commenter  J’apprécie          250
Un étrange petit livre... Une histoire qui fait froid dans le dos.
Cet étrange thriller s'attache à suivre une famille atypique de Boston : Sok Bopah, une cambodgienne rescapée des Khmers rouges, qui s'appelle désormais Isabel, est mariée à un juif dont le père, Simon, a survécu à l'Holocauste... Ils ont deux enfants : un fils, Thomas, la vingtaine, et Samantha, 14 ans.
Puis Sam disparait... et est retrouvée morte, assassinée.
John King, un ancien prêtre très empathique, devenu profiler pour le F.B.I., est chargé de l'enquête. Il va mettre à contribution Isabel et Simon, qu'il sent capables, au vu de leur passé, de supporter l'insupportable...
Un bien étrange thriller donc, où l'on suit l'enquête du point de vue des victimes pour une fois, jusqu'à un dénouement un peu trop évident, mais qui clôt parfaitement ce petit livre non dénué d'intérêt.

219 pages - Challenge petits plaisirs 2015.
Commenter  J’apprécie          290
Fan inconditionnelle d'Andréa H. Japp, notamment pour ses romans historiques, je découvre progressivement ses autres collections et autres romans policiers plus contemporains.

Le Silence des survivants m'a intéressée dès lors qu'il évoquait en filigrane, et au-delà de l'affaire criminelle dont il est question - l'histoire du beau-père, ex-déporté juif des camps de la mort et celle - moins connue - de Sok Bopah devenue Isabel à son arrivée aux Etats-Unis, confrontée alors qu'elle était encore une enfant, à la barbarie des camps des Khmers rouges, sous la direction du tyran cambodgien Pol Pot (1975-1979).

De quoi s'agit-il ?
Tout d'abord, en guise d'incipit, ce court roman de 220 pages s'ouvre sur une scène de torture particulièrement cruelle, perpétrée a priori par un adolescent au nom de Prince Rock. D'emblée, on ne voit pas très bien le lien avec la suite, mais quand on sait que les profileurs du FBI identifient bon nombre de psychopathes et de tueurs en série par leur passé de tortionnaires ou tueurs d'animaux... on imagine que ce Prince Rock sera peu ou prou concerné par les crimes dont il sera question.

Puis, Andréa H. Japp nous montre le quotidien d'une famille de classe moyenne, somme toute normale, de Bedford (Etat de New-York), les Kaplan : le père comptable, la mère au foyer obsédée par l'ordre et faisant de façon compulsive des réserves pour ne pas manquer, les deux enfants (une ado de 14 ans, un garçon étudiant boursier au MIT ayant récemment pris son indépendance en logeant à Boston).
Normale, à deux différences près :
1/ le grand-père des enfants (et beau-père de la femme) Simon (70 ans) vit avec eux depuis la mort de sa femme et cache le cancer en phase terminale dont il souffre.
2/ malgré l'absence de liens génétiques, Simon et Isabel se trouvent liés par une souffrance commune : celle d'avoir vécu en camp (de concentration ou d'emprisonnement), d'avoir connu l'indicible et par une attitude commune : celle se murer dans le silence pour tout ce qui a rapport à ces périodes de leurs vies. Ainsi, même sans se parler, ils se comprennent.

Pourquoi se taire ? Pour ne pas revivre l'horreur, pour tenter d'aller de l'avant, pour ne pas perturber les autres membres de la famille dont ils savent qu'ils ne peuvent comprendre ce qui a été, pour ne pas être caractérisés, personnifiés par rapport à ce seul vécu, etc. On retrouve là l'attitude caractéristique des rescapés de la Shoah qui ont longtemps caché à leurs enfants la réalité de ce qu'ils avaient vécu.

Et puis, une fin d'après-midi, la fille, Sam, ne rentre pas de l'école. Fugue, enlèvement, ou quelque chose de plus terrible ? L'attente est insoutenable pour ses parents et son grand-père. Jusqu'à l'annonce, quelques jours plus tard, du meurtre : Sam a été tuée de façon particulièrement violente et cruelle, au point qu'elle est physiquement méconnaissable ! L'ordre sera d'ailleurs donné de sceller son cercueil afin que sa mère n'ait pas à souffrir par une dernière image d'elle vraiment insoutenable.

Le FBI est sur le coup, car en fait Sam est la troisième victime référencée. Ce qui laisse penser à un tueur en série opérant dans les environs. L'enquête est conduite par un conseiller spécial du FBI, John King, ex-prêtre, personnage énigmatique et sombre aux motivations complexes.

Dès lors, le quotidien de la famille vole en éclats !
Déjà que l'on ne parlait pas beaucoup dans la famille, là c'est silence radio sur toute la ligne. le père, un moment donné, disparaît aussi et ne donne plus de ses nouvelles, le fils dit s'être acheté une arme pour aller à la poursuite du meurtrier, la mère et le grand-père se murent dans le silence dans l'attente des avancées de l'enquête... qui n'avance pas beaucoup.

Puis, un autre corps de jeune fille est retrouvé. le rythme s'accélère : il faut impérativement trouver ce tueur en série. Isabel et Simon ne supportant plus d'attendre, impuissants, vont chercher des pistes de leur côté...

Et puis, un détail, un bout de papier insignifiant les mettra sur la voie d'une terrible réalité ! Dès lors, ils savent tous deux qu'ils n'ont plus rien à perdre, car de toute façon, ils sont déjà morts. Ils iront donc jusqu'au bout pour retrouver celui qui leur a ravi Sam... et les autres.

Dans ce thriller à l'atmosphère particulièrement glauque, violente et sombre, on verra comment le passé peut influencer le présent, mais aussi comment la réalité d'un présent douloureux peut réactiver les traumatismes du passé, au point d'annihiler sa volonté de vivre.
Le lecteur engagé dans cette lecture, non pas difficile par le style, mais difficile sur le fond... est amené à découvrir trois histoires qui s'entremêlent : celle au présent (les crimes et les enquêtes), celles du passé : de Simon (et de sa maman gazée à son arrivée au camp), et de Sok Bopah (devenue Isabel) et à comprendre le caractère jusqu'au-boutiste des décisions prises par eux.

Les thématiques abordées dans ce livre sont plurielles :
l'évocation des camps de la mort et la difficulté des rescapés à vivre l'après ; l'évocation des camps d'emprisonnement des Khmers rouges et des séquelles des tortures et des viols pour les personnes qui en ont été victimes ; la difficulté de ressentir de l'amour, des sentiments quand on a vécu de tels drames ; la difficulté de croire en Dieu ; la façon dont peut être menée une enquête du FBI à la recherche d'un tueur en série ; la façon dont peut vivre un ex-prêtre devenu limier de criminels pour le compte du FBI : quid de la parole donnée ? du pardon ? du sexe ? les relations jeune homme/jeunes filles quand on est introverti ? les relations frère/soeur ; les accommodements entre religion juive et catholique, la violence des gangs et la difficulté d'accéder à certains endroits... mais aussi l'omniprésence des voisins voyeurs et inquisiteurs (et cette façon de se mêler toujours de ce qui ne les regarde pas) dans la culture américaine !

Pour ma part, j'ai trouvé que tout était rondement mené même si certaines zones auraient mérité, à mon sens, d'être mieux explicitées (ex : la "paternité" du vieux cambodgien et ses liens avec son fils et/ou héritier putatif... l'ellipse est à mon avis un peu trop elliptique, d'où un manque de clarté dans le propos). de même, la personnalité et le rôle de John King me semblent ne pas avoir été suffisamment développés. On ne comprend pas bien quelle est sa stratégie.

En revanche, j'ai bien aimé le registre de langue, le rythme dans l'écriture, la façon dont l'introspection des personnages Isabel et Simon était décrite et expliquée... Par contre, vraiment, ce livre m'a laissé une impression de malaise grandissant tant la saleté des lieux est omniprésente, tant les scènes de tortures et de violences décrites sont dures à visualiser et à accepter. Et puis, il y a comme un fatalisme déroutant dans les propos des commençants et hôteliers de la zone... Comme s'il était inéluctable de ne rien faire (quid du rôle des autorités et de la police ?) dans ces zones de non droit désertées par "les gens normaux" et livrées aux gangs de Boston. On laisse pourrir les choses car il n'y a rien à faire ?

Je crois que je vais vite passer à autre chose pour pouvoir l'oublier et remettre un peu de couleurs dans mon été !
Commenter  J’apprécie          00
4eme de couverture
Isabel vit aujourd'hui aux États-Unis. Autrefois, elle s'appelait Sok Bopah et elle a survécu aux Khmers rouges. Mère de deux enfants, elle est particulièrement proche de son beau-père, Simon, survivant des camps de la mort. Entre eux, un point commun supplémentaire : le silence concernant leur passé. Mais lorsqu'un tueur s'attaque à la fille d'Isabel, les deux survivants s'unissent et retrouvent de vieux réflexes qu'ils croyaient pourtant à jamais disparus..


C'est un livre dur ,cruel.Peu de mots sont échangés entre la mère et son beau père! pas besoin quand on se comprend à demi mots puisque tout a été vu,vécu...ça fait quelques années que j'ai lu ce livre mais il m'a marquée profondément .Il pose les questions sur le bien ,le mal.Ce mal est il acquis ou inné? comment peuvent se situer les "survivants" de l'horreur au sein de la société dite "normale" de celles et ceux qui n'ont pas connu de grandes tragédies?

oui c'est un livre policier mais qui pose tellement de questions importantes ,qui suscite tellement de réflexions qu'il vous marque pour longtemps.
Commenter  J’apprécie          101

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Note- Voici un extrait du "Silence des survivants", que je viens d'achever, et qui résonne étrangement avec les évènements de la semaine passée... La discussion porte sur la prolifération des gangs à Boston dans les années 2000... Mais elle semble étrangement intemporelle et universelle...
- (...) On tente de convaincre les familles des plus jeunes de nous aider, mais c'est très dur. C'est né dans les ghettos : les ghettos ne parlent pas et se serrent les coudes face aux "étrangers", les extérieurs. On a beau leur expliquer que tous leurs gosses vont se faire exploser d'une façon ou d'une autre, ils préfèrent se taire pour la plupart.
- Tout ça sur fond de chômage et de crise économique ?
- Non, John, non. C'est ce qu'écrivent les journaux qui n'y comprennent rien et qui ont une colonne vide à remplir. C'est beaucoup plus grave.
- C'est quoi selon toi ?
- Le fric, John, le Saint Pognon. Au début du mouvement, ou plutôt au moment où il a explosé, c’était sans doute le chômage, le ras-le-bol qui les poussait. « Bouger son cul, pour quoi faire et pour aller où ? » : c’est ce qu’ils disaient et ils n’avaient pas tort. Mais plus maintenant. Imagine, John. Tu vois ton père qui trime toute sa vie, qui arrive à peine à faire vivre sa famille, qui ne pourra jamais offrir l’université à ses gosses. Ta mère, même modèle. Elle vit dans la terreur d’une catastrophe domestique : la machine à laver, la bagnole qui tombe en panne, ou un gosse malade, parce qu’il faudra choisir. Tout l’argent économisé sous à sou ne suffira pas à payer les trois. Ta petite sœur, si brillante, ne deviendra jamais médecin parce que c’est trop cher. Et puis, il y a en face la télé, les magazines. Et on te tartine la saga de petits jeunes qui ont monté une start-up, et qui en trois mois ont ramassé des millions de dollars, en se « marrant » avec leur ordinateur. Ce sont eux les nouveaux héros, et le monde occidental s’incline et se pâme. Ils passent sur CNN, font la couverture de tous les canards. Et ils sont mignons : « Ils vont acheter une hacienda à maman, au Nouveau-Mexique, et elle aura des domestiques. » Tout le monde se fout du nom du mec ou de la nana qui a traversé l’Atlantique à la rame pour des clopinettes, de la mort de ce médecin de brousse dont les quarante années passées à soigner des gamins avec ce qu’il trouvait lui ont valu un entrefilet de trois lignes.
« Mais les jeunes seigneurs du sport ou de la Bourse qui gagnent en quelques mois ce que d’autres mettront leur vie à gratter, ça fascine tout le monde. Ça les fait baver devant leur téloche à crédit. Alors voit-tu, John, de l’autre côté de ta rue, il existe une alternative, une seule. C’est le mec hyper-sympa, le frère d’un copain, avec ses Ray-Ban, sa casquette en cuir noir et sa Corvette, sa Porsche, ou même sa Lotus, flambant neuve. Les plus jolies gonzesses lui tombent dans les bras. Et il n’a pas l’air d’en branler une de la journée. Tu regardes une dernière fois ta mère, ta sœur, ton vieux et tu choisis quoi ? Le fric, le pouvoir et la fascination qui va avec.
- Mais ils vont mourir.
- Bien sûr, la plupart d’entre eux. Mais ils s’en foutent. Ils sont à un âge où la mort est une notion très abstraite, presque cinématographique, héroïque même.(…) Tu comprends ce que je veux dire mon ami, c’est nous qui les avons créés. Notre admiration, notre dévotion à Saint Pognon. C’est presque comme si la richesse devenait la seule preuve que Dieu t’a élu. Nous en sommes là. Comme dit une chanson de Leonard Cohen, je crois : « j’ai vu le futur, mon frère, et c’est l’enfer. » L’Occident a le cul scotché sur une gigantesque poudrière et tout le monde s’en fout. Les riches deviennent de plus en plus riches, de plus en plus vite, adulés, et les pauvres crèvent, de plus en plus minables.
Commenter  J’apprécie          60
- (...) Les mutilations de Mr Kaplan sont des "mutilations de jeu"...
Simon avala sa salive. Il pouvait lui coller son poing sur la figure pour avoir prononcé un tel mot. Mais justement, Jerry Martin ne l'avait pas prononcé, il l'avait craché, comme quelque chose de sale et qui pue. Simon articula :
- De jeu ?
- Oui, de jeu. Imaginez. La bande. Ils sont tous bourrés, défoncés. Il existe des substances si rapides, si efficaces que vous n'avez pas le temps de reposer la pipe : "Vous voyez les crabes sortir de votre tête pour aller dévorer le cerveau de l'autre." Je cite. Il n'existe plus rien. Que le groupe et l'obéissance au chef, parce qu'il est dingue et que c'est pour cela qu'il l'ont choisi. Il tue lentement, sauvagement, et tous chient dans leur froc dès qu'il a ses vapeurs. Mais il les fascine parce qu'il n'a peur de rien, qu'il fait reculer la mort, pour tous. Vous voyez, Mr Kaplan ?
Isabel lâcha :
- Merci, il sait tout ça encore mieux que vous, Mr Martin. Voyez-vous, les nôtres, on les payait et on leur donnait des médailles. Continuez.
Commenter  J’apprécie          60
- J'ai suffisamment pataugé dans l'âme humaine pour en connaître tous les recoins, des plus sublimes aux plus terrorisants. Une expérience sur le tas, en quelque sorte.
Elle répliqua, mauvaise :
- Et dans ce tas, avez-vous déjà rencontré ça ?
- Oui. Parfois. Allons Isabel, vous aussi. Simon aussi. Mais que croyez-vous ? Qu'il s'agit d'idéologie ? Non. Tous les mouvements idéologiques ont recruté dans leurs rangs des serial killers même s'ils ne se nommaient pas ainsi à l'époque. Les exécuteurs des basses œuvres, depuis l'Inquisition jusqu'au nazisme, en passant par le Cambodge, l'Argentine, l'Afrique, partout où l'on peut torturer et tuer en toute impunité. Tuer est relativement facile : une peur, une rage ; mais torturer, durant des heures, sans autre raison que son propre plaisir, c'est autre chose. C'est hors de l'humain.
- Et pourtant, je n'y ai vu que des humains, lâcha Simon.
Commenter  J’apprécie          50
- Vous savez, lorsque la guerre a été finie, lorsque tout le monde a appris l'holocauste, les chambres à gaz, l'extermination organisée de dix millions d'êtres humains, les tortures, j'ai cru... Enfin, j'ai espéré que nous avions payé le prix du sang pour que cette horreur reste à jamais gravée dans les mémoires et qu'elle en décourage d'autres. Je me suis trompé. Les hommes ont la mémoire si courte lorsque ça les arrange...
Commenter  J’apprécie          91
Pourquoi avait-elle résisté ? Elle avait eu cent fois l'occasion, mille fois l'envie de mourir. Ils étaient presque tous morts, des plus forts qu'elle. Pourquoi avoir survécu ? Cela signifiait-il qu'elle avait été choisie ? Sélectionnée, mais pour quoi faire et par qui ? Dieu ? Foutaises. L'ombre de Dieu s'arrête aux barbelés des camps.
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Andrea H. Japp (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrea H. Japp
Andrea H. Japp P2
autres livres classés : romans policiers et polarsVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (165) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2873 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}