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EAN : 9782330005160
144 pages
Actes Sud (21/03/2012)
3.95/5   194 notes
Résumé :
Sauver Mozart - Le Journal d'Otto J. Steiner

C'est l'histoire d'un attentat musical. Eté 1939, au lendemain de l'Anschluss, Otto J. Steiner égrène ses jours dans un sanatorium de Salzbourg tandis qu'au-dehors l'Histoire montre les crocs.
Autrichien, juif(un peu), seul (complètement), il n'aime plus que la musique — et la tuberculose le ronge autant que l'humiliation d'être malade, ou les privations qui achèvent de le pousser à la marge du mond... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (65) Voir plus Ajouter une critique
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Le Festival de Salzbourg (Salzburger Festspiele) a été créé en 1918. Il s'agissait d'offrir un emploi d'été aux artistes de l'Opéra dans une Autriche affaiblie et appauvrie par la guerre. L'Autriche et Salzbourg en particulier qui deviennent après l'arrivée au pouvoir des nazis, le refuge d'artistes qui ne peuvent ou ne veulent plus apparaître en Allemagne, tels les musiciens juifs ou antifascistes. Mais les choses changent en 1938 quand l'Autriche est annexée à l'Allemagne...

Durant l'été 1939, Otto J. Steiner, un critique musical juif autrichien, se morfond dans un sanatorium de Salzbourg. La maladie tuberculeuse le ronge et la musique de ce monde désormais mené par les nazis le dégoûte au plus haut point. C'est pourquoi dans un baroud d'honneur, avant une fin qui semble maintenant si proche, il se met en tête de sauver Mozart ; au festival de Salzbourg de 1940, sensé glorifier le pouvoir d'Hitler, il fomente ce qui s'apparente à un attentat musical, franchement burlesque.

Un roman parfait. Pétillant d'intelligence et d'humour subversif Raphaël Jerusalmy dénonce, ce qui à mon sens est trop souvent occulté au profit d'autres considérations pour expliquer les exactions d'Hitler et de ses acolytes, l'inculture et la bêtise nazies.
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Sauver Mozart est un récit très fort, qui marque nos consciences et nous interroge sur la résistance de l'homme face à la barbarie,
J'ai choisi de lire ce livre sans connaissance de son contenu, simplement en lisant son titre qui m'a touché car j'aime infiniment la musique de Mozart et particulièrement son concerto pour piano numéro 23.
Ce récit nous plonge dans le début de la seconde guerre mondiale, en Autriche, à Salzbourg, au coeur même de ce festival qui a fait sa réputation.
Un homme, un critique musical se meurt peu à peu dans un sanatorium, la seule chose qui l'aide à survivre, c'est la musique, la musique de Mozart et l'écriture d'un journal qu'il destine à son fils qui vit en Israël.
Car, Otton Steiner, est juif mais comme tant d'autres, il ne sait pas ce qu'il est vraiment.
"Je n'ai jamais suivi aucun mouvement. C'est cela que m'a légué mon père, bien malgré lui, la non-appartenance. Je ne suis ni juif, ni non-juif."
Ce qui l'aide à vivre ses derniers mois, c'est de pouvoir se rendre au festival de Salzbourg et par un astucieux pied de nez à des hommes incultes, il réussit à faire jouer à un musicien un air de musique yiddish en le faisant passer pour du Mozart.
Sa manière très émouvante de résister.
Un petit livre, je le disais qui marque, retient notre esprit.
Je laisse le dernier mot à Raphaël Jerusalmy.

"Le Talmud dit que celui qui sauve une âme, c'est comme s'il avait sauvé le monde"
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"Sauver Mozart"est un petit livre d'une grande humanité. Alors que la seconde guerre mondiale se met en marche,Otto Steiner vit ses derniers mois dans un sanatorium de Salzbourg.La tuberculose fait son oeuvre et notre personnage semble rechercher un moyen de quitter ce monde dans lequel il n'a plus sa place .
Est-il juif?lui même ne le sait pas vraiment,son père ayant toujours tenu la religion loin de ses pensées,mais,le nazisme se fait pressant...
Au sanatorium,il tient un journal et révèle bien des choses qui pourraient lui valoir de sérieux ennuis.Ce journal,il nous le livre.Le ton y est léger ou grave,sérieux ou insouciant,drôle ou désespéré,mais d'une profondeur exceptionnelle.
Et c'est là qu'il va nous présenter son ultime projet,son ultime combat,son ultime victoire sur l'ignorance et la barbarie:assister au Festspiele et y sauver Mozart au nez et à la barbe d'Hitler et de ses soldats,Sauver Mozart,c'est sans doute sauver bien plus,faire un pied de nez aux soi-disant représentants d'une" race"qui se voulait supérieure.
Ce petit livre est extraordinaire.Les mots y sont parsemés avec une force et une puissance remarquables,au service d'une réflexion profonde sur la pire face de la nature humaine.
Je ne l'ai pas choisi,mon libraire me l'a offert car j'avais acheté deux ouvrages de la même collection.J'ai adoré. Heureux hasard ou compétence ?Je penche sans hésiter sur la seconde option.Merci,N.......Quel bonheur que d'avoir un si bon libraire et conseiller.!!!
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Même reclus dans un sanatorium de Salzbourg, Otto Steiner, « autrichien de confession phtisique » et critique musical, veut sauver Mozart ! Oui, Mozart, rien de moins ! En effet, au « Festspiele » annuel de l'été 1940, à cause des nazis en place, Mozart va se retrouver calé entre des grosses productions, lui, si « fluide », si « léger » au risque d'être complètement écrasé. Et l'exécution de ses oeuvres elles-mêmes sera de toute façon « massacrée », « exécutée » au sens premier du terme. Que peut-on attendre en effet de musiciens de l'armée et d'un public composé essentiellement de militaires, « uniformes de parade trop amidonnés », de « SS qui se pavanent au balcon » et aussi de « bourgeois en frac, de jeunes aristocrates vêtus à la Gatsby avec leurs poupoules, de vieilles comtesses qui ronflent, de maîtres d'académie à bésicles, et de toute cette racaille austro-hongroise qui, bien que huppée à outrance, sent encore la Forêt-Noire » ?

Otto Steiner va donc se charger de sauver Mozart...et aussi de faire une méchante petite farce à tous ces nazis, coup de théâtre et clou du roman ! Difficile, pourtant, quand on doit se battre soi-même avec la maladie, avec la nourriture peu ragoûtante et de plus en plus rare, avec la promiscuité honteuse et puante. La tranquillité d'esprit, la jouissance musicale, le repos, la liberté d'expression, ne sont plus que rêves et regrets.

A coup de petites phrases lucides et assassines, notre narrateur Otto livre ses pensées intimes dans son journal. C'est marrant, c'est insolent, c'est intelligent, c'est brillant, c'est pétillant.
Combien de fois ai-je opiné ! Combien de fois ai-je souri, et même ri ! Oui, j'ai adhéré totalement à la manière de penser d'Otto, je me suis amusée, et c'est le comble puisque nous entrons avec ce roman dans la période noire du nazisme...

Sauver Mozart ? Raphaël Jerusalmy y est arrivé, et si vous le lisez, vous aussi serez sauvés de l'ennui, de la déprime, de la bêtise.
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Une petite pépite que je n'aurais jamais lue si elle ne m'avait été offerte pour l'achat de deux livres de la collection Babel. Je suis mélomane mais pas musicienne alors un livre qui veut sauver Mozart oui certes pourquoi pas ? Allons voir un peu de quoi il retourne...

Il s'agit du journal d'Otto J. Steiner, autrichien, journaliste passionné de musique, juif et tuberculeux vivant dans un sanatorium de Salzbourg. Ça fait beaucoup pour un seul homme surtout lorsqu'on est en 1939.
Au fil des pages et de l'année écoulée (juillet 1939 – août 1940), Otto dont la famille n'était guère pratiquante et qui ne se sent pas particulièrement juif, prend conscience de faire partie de quelque chose de beaucoup plus grand que lui. Il comprend que chaque juif est en danger de mort, il pense à tous les gens qu'il a connu et qui sont censés avoir quitté l'Autriche, ont-il réussi à échapper à l'implacable où se sont-ils retrouvés dans un convoi spécial ? Il se souvient des rituels juifs auxquels il a parfois assisté sans y prêter attention. Et quelle est cette étrange petite chanson que fredonne sans cesse son voisin de lit ? Ainsi, tout en finesse grâce à l'écriture parfaite de Raphaël Jerusalmy, l'héritage identitaire d'Otto refait lentement surface.
Parallèlement, Otto aide son ami Hans à rédiger les textes et choisir les morceaux de l'annuel "Festspiele" de Salzbourg. Son plus grand combat, hormis la tuberculose, c'est la musique, la brutalité et l'absence de finesse des nazis en matière d'art est une véritable torture pour lui. Otto est une force de la nature, Otto a du caractère, Otto est un résistant. Comment peut-on devenir un résistant lorsqu'on est un phtisique coincé dans un sanatorium autrichien ? Apparemment c'est impossible, et pourtant Otto part en croisade, une croisade contre la grossièreté nazie, une croisade certes un peu décalée quand on pense à l'ampleur de la tragédie méthodiquement exécutée par les nazis mais une belle, une magnifique croisade. Alors Otto qui dit de lui-même "Je n'ai jamais suivi aucun mouvement. C'est cela que m'a légué mon père, bien malgré lui, la non-appartenance. Je ne suis ni juif, ni non juif. Un peu par sa faute.", pourra-t-il sauver Mozart et réussir ainsi un acte de résistance autant qu'un acte d'appartenance ?

Belle surprise, ce petit roman de 150 pages est un concentré de fantaisie et d'humour grinçant, dénonçant l'horreur nazie sous un angle complètement original et vraiment très agréable à lire.
Riche idée donc que ce cadeau fait aux lecteurs car il permet de découvrir des auteurs qu'on n'aurait peut-être pas approchés sans cela et dans le cas présent cela aurait été fort dommage. Je compte bien d'ailleurs découvrir d'autres oeuvres de Raphaël Jerusalmy que j'ai trouvé vraiment excellent.
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critiques presse (3)
Actualitte
29 janvier 2013
C'est un livre qui mérite qu'on prenne le temps d'en tourner les pages.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Lexpress
28 mai 2012
Avec son ton sobre, sarcastique et son rythme fiévreux, ce concerto à une voix est incontestablement une réussite.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Lhumanite
15 mai 2012
Le texte de Raphaël Jerusalmy se présente sous la forme du journal intime que tient Steiner, entre le 7 juillet 1939 et le 2 août 1940. Si l’on peut imaginer une partie de sa teneur, en relation directe avec l’actualité sombre de l’époque, il n’en réserve pas moins de considérables surprises qui le situent très au-delà d’une simple chronique du temps.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Le gauleiter lui a demandé de choisir personnellement deux trois morceaux pour la fanfare militaire du district, en vue d'un événement de la plus haute importance. Il n'en sait pas plus. Je lui ai suggéré quelques œuvres où les percussions dominent clairement et pour lesquelles le reste de l'interprétation n'exige pas de grande virtuosité, juste du rythme. Il ne les a pas trouvées assez solennelles. Trop faciles. A vrai dire, il ignore de quel genre de cérémonie il s'agit. C'est un secret. Le gauleiter lui a juste laissé entendre que des personnages très éminents y assisteront. Peut-être même le Führer. Une simple marche d'escadron ne suffit pas. Du Wagner, alors ?
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"Je me suis retourné. Mussolini se tenait à la portière de son wagon, étendant le bras en l'air, comme s'il bénissait les hommes qui l'acclamaient. En face, de l'autre côté du quai, Hitler est apparu à son tour, sous les hurlements des "Heil", le vacarme des claquements de bottes, des canons de fusils portés à l'épaule. La fanfare, que j'avais complètement oubliée, a fait donner du cor et de la percussion. Bien appuyé pour le Duce. Encore beaucoup plus fort pour le Führer. C'était grotesque. Du battage. La mauvaise musique m'éraflait les tympans. Un boucan de foire. Comme dans ces cirques de province où l'on martèle les tambours à l'entrée des acrobates. Toute la solennité de l'événement s'est évanouie d'un seul coup. Et ma peur avec."
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Jeudi 11 avril 1940
Visite de Hans. En pleins préparatifs du "Festspiele". Il a encore besoin d'un coup de main, pour la partie rédactionnelle. Les nouveaux officiers du service culturel sont pires que les anciens. Eux étaient des brutes ignares.Ceux-ci se croient raffinés. Avec leurs gants noirs et leur rasage de près.

Le prochain festival a des odeurs de cabaret à soldats. Hans est dépité. Il a mauvaise mine. Lui aussi se fournit au marché noir. Les épiceries sont vides. Il faut des tickets.

J'ai accepté. Pas pour Hans. Mais pour sauver Mozart, malgré tout.
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Au début, ça a été dur, très dur. Ça l’est encore. Un apprentissage de chaque instant, un combat au corps à corps. Mon corps. Car je lutte contre elle sans cesse, la maladie. Je ne la subis pas. Le problème c’est qu’elle n’a pas de visage, pas de nom. Pas même celui de Tuberculose. C’est pourtant avec elle que je vis, jour après jour. Et que je me bats. Sans casque ni fusil. C’est un ennemi de taille, elle. Pas un dictateur d’opérette. 
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Cette ingérence des nazis dans le programme du Festspiele est inadmissible. Révoltante. Faire du festival un vulgaire outil de propagande, un amusement troupier, c’est un comble. Prendre Mozart en otage. L’avilir ainsi. N’y a-t-il donc personne pour empêcher un tel outrage ?
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Videos de Raphaël Jerusalmy (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Raphaël Jerusalmy
« Bernstein remplit la coupe de son invitée. Il est franchement déçu. Pourquoi, diable, lui offre-t-elle une descente de croix ? » Raphaël Jerusalmy, **In Absentia**
Plus d'informations sur ce roman : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/absentia
#littérature #histoire
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