Vies d'anonymes au nom reconnaissant d'une province en souffrance d'abandon.
Les grands s'en mêle, tout se bouscule. Les pays s'affrontent, les hommes disparaissent, les familles perdent leurs enfants.
Les villages s'endorment d'une mort lente, le silence s'abandonne aux champs sans labours.
Et eux, ils sont là. Avec leurs regards et leurs idées.
Surtout leurs idées, seules compagnes qui ne les quitte pas, les trahissent un peu, peut être de temps en temps.
Mais, bon, c'est comme ça, qu'ils disent les autres.
Tout va vite, trop vite, ça se bouscule dans tous les sens.
Et puis, plus rien ... Les pages se suivent ne se ressemblent pas et les histoires se font et se défont, allez savoir.
Commenter  J’apprécie         50
- Va prendre l’air, lui dit-elle. J’ai à causer avec Maudru.
Désiré savait que ce n’était pas vrai et qu’il serait lâche de suivre ce conseil. Pourtant il le fit. Margot l’accompagna jusqu’à la barrière du sentier. Là, elle dit :
- Je ne sais pas ce que tu as dans la tête, mon grand, et je ne veux pas le savoir. Mais tu dois faire comme tu sens. Le plus terrible c’est de se détruire par l’intérieur. Tu es fort, tu es brave, et sage. Ce que tu feras sera bien fait.
Jamais Désiré n’avait vu à sa mère des yeux tellement sérieux et tranquilles. Il voulut lui expliquer qu’il l’aimait, qu’il la plaignait, qu’il ne la laisserait pas. Mais il trouva seulement à dire :
- Ne t’en fais pas pour moi, Margot. Je passe chez Justin et je suis là avant la nuit.
Elle se mit à trembler.
- Viens, Désiré, cria Tancrède.
Margot, au premier instant, eut peur de ce garçon inconnu. Mais elle retrouva aussitôt la gaucherie de ses longs bras, le pli sur la paupière droite et la cicatrice qu’il avait au nez pour s’être trop battu dans les rues de Boulogne quand il sortait de l’école.
- Mon petit, mon grand, te voilà, et tu ne repartiras plus, disait Margot en riant de bonheur.
Et seulement quand il sentit contre lui cet embrassement maternel et cette sécurité, seulement alors Désiré comprit que la guerre était finie.
Il appuya son visage et son torse contre l'herbe et il eut l'impression que ses joues, que ses bras nus baignaient dans la fraicheur végétale comme dans les plis d'un étang et qu'il descendait vers un fond tapissé d'algues. La paix venait sur Désiré tapi à l'ombre des blés.
Il y avait des choses une fois faites contre lesquelles on ne pouvait rien et, lorsqu'elles revenaient à la mémoire, elles enlevaient aux plus braves l'envie de vivre.
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Jusqu'où peut nous entrainer l'amitié avec un animal ? Surtout quand cet animal est farouche : ici, il s'agit du roi des animaux. le lion.
« le Lion », de Joseph Kessel, c'est à lire et à relire en poche chez Folio.