Jonathan Kellerman est une valeur sûre du polar américain. On est quasi-certain de ne pas avoir de mauvaise surprise avec lui, parce que le job, il le connaît et le fait consciencieusement. le défaut de cette qualité, est que ses intrigues n'apportent pas toujours d'innovations ébouriffantes.
Jonathan Kellerman est, selon mes critères, un auteur confortable toujours agréable à retrouver. Dans
Des petits os si propres, il met en scène ses deux héros récurrents et fétiches, le policier Milo Sturgis et le psychologue Alex Delaware, qui unissent leurs compétences respectives et complémentaires pour découvrir celui ou celle qui a trucidé des nouveau-nés ainsi qu'une nounou tellement bien sous tous rapports que sa vie s'apparente à celle d'une sainte. de fil en aiguille, Milo et Alex vont s'approcher d'un nid de frelons bien caché dans le milieu cinématographique hollywoodien.
L'enquête est linéaire et urbaine ; un jour succède à l'autre avec son lot de démarches et de recherches de témoignages logiques qui permettent au lecteur d'effectuer une belle promenade dans Los Angeles, de découvrir ses parcs et son architecture, mais également quelques pans plus sombres de son passé hospitalier. Milo est toujours doté d'un appétit d'ogre, et Alex coule toujours des jours heureux et paisibles avec Robin, sa compagne restauratrice d'instruments à cordes anciens, Blanche son bouledogue français ainsi que ses carpes koï.
Rien de bien transcendant, vous dites-vous, perspicaces comme vous êtes ! Pourtant j'éprouve une affection particulière pour Alex Delaware, ce psychologue qui a développé un instinct protecteur pour compenser l'abandon qui a marqué son enfance, qui écoute et aide ses patients, ne cherche pas la notoriété, et qui contrairement à l'un de ses confrères croisé au décours de l'enquête, auteur de bouquins sur le thème juteux du développement personnel, n'a pas contracté une « hollywoodite aiguë », maladie évolutive connue sous le nom de syndrome virulent du Regardez-moi, et se traduit par une accoutumance aux plateaux de télévision, un appétit du gain vorace et une hypertrophie de la gloriole. Peut-être que l'humanité, le réalisme et la modestie qui irriguent les romans de
Jonathan Kellerman sont dus au fait que dans la vraie vie, il est un psychologue réputé qui travaille dans des services pédiatriques d'onco-hématologie. Et pour ça, total respect !