Le suicide du capitalisme

Le titre peut laisser penser que Christine Kerdellant s'est laissé embarquer par la chimère du sensationnalisme, et que cet essai va mettre au pilori ce qui ne serait que le fourvoiement d'un anticapitalisme primaire.
Il n'en est rien.
L'auteur fait un constat simple, argumenté, clair des dérives du capitalisme actuel ( car il est bien entendu qu'il n'y a pas qu'un capitalisme), dans le but ou l'espoir avoué qu'il s'amende.
Comme Elizabeth Warren séreuse prétendante à l'investiture démocrate aux USA, C.K ne veut pas sortir de ce système, dont elle pense à tort ou à raison qu'il est le meilleur à condition qu'il respecte des règles fondamentales, que vous découvrirez en lisant son ouvrage. Mais pour le dire simplement, ces deux femmes aimeraient revenir au modèle capitaliste des années 50.
A noter l'excellente idée d'avoir inclus dans cet essai l'intervention en fin de bouquin de quatre éminents économistes ( Philippe Aghion, Patrick Artus, Jean-Marc Daniel et Dennis Kessler), auxquels sont posés les mêmes questions sur le devenir du capitalisme (suicide ou pas ?), ce qui permet au lecteur d'améliorer une meilleure compréhension et une plus grande impartialité sur un sujet éminemment exposé à la controverse.

Simple à lire sans être simpliste, et très argumenté. C. Kerdellant présente la façon dont le capitalisme s'est perverti, ainsi que des pistes pour sortir de cette perversion... sans sortir du capitalisme. J'ai beaucoup apprécié aussi les interviews de 4 économistes majeurs en fin d'ouvrage, aux optiques différentes, qui enrichissent le propos. Je ne suis pas forcément d'accord avec la thèse défendue par l'auteur (notamment sa vision du plein emploi) mais j'ai aimé la structure de son discours, sa clarté, son argumentation concise. Elle dresse un panorama extrêmement précis de la situation économique et financière, et rien que pour ça, ce livre mérite d'être lu !