Lord Mountbatten : l'étoffe des héros

François Kersaudy, dans un style simple et vivant, nous fait découvrir un homme au destin est exceptionnel et pour lequel on devine chez lui une certaine fascination assez communicative. Ce qui ne l'empêche cependant pas de relever ses travers.

Ce qui reste, après avoir refermé cette nouvelle biographie de près de 400 pages, c'est d'une part le sentiment d'avoir partagé l'intimité d'un personnage hors normes. Il était d'une énergie débordante, d'un courage qui force l'admiration, combatif et excellent diplomate, doué de talents d'organisateur exceptionnels, mondain mais fidèle en amitié, ambitieux et profondément attaché aux siens. le couple qu'il formait d'ailleurs avec Edwina Ashley, riche héritière, belle, volage est parfaitement romanesque.

D'autre part, c'est aussi une traversée passionnante des excès du XXième siècle qui se fait au prisme des enjeux Britanniques avec ses guerres mondiales, ses guerres de décolonisation ou encore le terrorisme. On y croise tous les grands hommes qui ont marqué ce siècle aujourd'hui révolu, mais qui nous irrigue encore.

Lord Mountbatten (1900-1979) a été un brillant guerrier. Il se voit propulsé sur le devant de la scène asiatique par Churchill pendant la Seconde Guerre Mondiale. En 1947 il est nommé vice-roi de l'Inde. Il s'agit d'accompagner la naissance de l'Inde et du Pakistan indépendants, une tâche particulièrement délicate. Tout au long de cette biographie, on perçoit l'admiration de Kersaudy pour ce grand militaire et diplomate du XXe siècle.

Extrait p 107
« Mountbatten [ ] avait quarante et un ans -, noble de naissance, apparenté au roi [George VI], marié à une femme très riche, et puis il avait la réputation d'être ambitieux et d'adorer tout ce qui était moderne et peu orthodoxe. Il jouissait pleinement de l'indépendance ainsi que de l'indifférence complète aux critiques et aux calamités, qui découlent d'une très grande aisance matérielle. » (portrait fait par le général Leslie Hollis)

A la conférence de Potsdam, juillet 1945 :
Extrait p 202 : Mountbatten rencontre également Staline. « Celui-ci était de bonne humeur et [ ] avait la conviction que la guerre avec le Japon serait bientôt terminé. Il était très poli et correct. Mountbatten se souvient-il à ce moment que cet ogre courtois est l'un des principaux assassins de son cher oncle Nickie ? [le tsar Nicolas II, assassiné en 1918] Il n'en dit rien … Staline avait un fort pouvoir de séduction. »

Le Professeur François Kersaudy est l’un des maîtres de l’histoire de la seconde guerre mondiale, auteur notamment de biographies de Churchill, de Gaulle, Roosevelt, Staline. Il nous offre aujourd’hui une réédition actualisée de l’œuvre qu’il a consacrée, en 2006, à Lord Louis Mountbatten.

Chacun se souvient de ce prestigieux Amiral, cousin des Rois, qui a commandé en Birmanie contre les Japonais, puis a été chargé d’organiser la décolonisation britannique de l’Inde, dans une tension extrême et sanglante opposant Indiens et Pakistanais. Mais nous mesurons plus mal tout ce qu’il a apporté à son pays dans ce siècle implacable.

Kersaudy, dans une biographie bien construite et agréable à lire, nous explique comment ce prince anglo-allemand, arrière petit fils de la reine Victoria, né en 1900, est devenu un Officier de marine britannique, servi par un courage physique et une énergie exceptionnelles, passionné de sports, de cinéma et de toute innovation utile.

Il aime être à la passerelle d’un navire de combat , même quand ça va mal (voir la fin du destroyer Kelly en Crète), et il sait aussi concilier les données militaires et politiques d’une situation, d’où l’attention que lui portent les dirigeants politiques, travaillistes comme conservateurs.

Très sur de lui, il ne refuse pas une responsabilité, acceptant un rythme de travail intense, au milieu des embuches posées par les collègues. Ainsi sera-t’il chargé par Winston Churchill de planifier les opérations de débarquement en 1942-44.

Il se trompe parfois, aussi lourdement qu’il s’enthousiasme : l’échec de l’opération de Dieppe, en 1942, lui vaut beaucoup de critiques. Mais son charme opère à chaque fois pour faire prévaloir ses solutions.

L’âge n’aura pas le loisir de l’atteindre, puisque les artificiers de l’IRA (Armée républicaine irlandaise) feront exploser son petit bateau en aout 1979. A noter que l’auteur ne commente guère cette mort en soldat qui effectivement appelle plutôt le silence et la réflexion.

Un livre au total passionnant, pour tous ceux qui veulent évaluer le rôle du Royaume Uni dans la seconde guerre mondiale.

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..

Quel personnage fascinant et impressionnant que Dicky Mountbatten.
Bon livre, bien écrit et très intéressant