Pour le passionné d'histoire que je suis, je ne connaissais pas les travaux de cet historien béarnais. Et il est indéniable que son travail de recherches fut colossal.
Son livre broché fait près de 400 pages, il est admirablement bien renseigné et surtout très référencé.
Et à sa rigueur exemplaire,
Claude Laharie y a ajouté une impartialité, sans chercher, comme j'ai pu lire dans trop d'autres ouvrages, à culpabiliser le lecteur, des irréparables erreurs et « des saletés » faites par gouvernement de Vichy de cette période.
L'ouvrage précurseur raconte sur six ans, de 1939 à 1945, ce que fut ce camp, construit dans un temps record, sur une lande des Pyrénées-Atlantiques près du village de Gurs.
Ce camp, qui à l'origine était appelé « camp d'accueil » était destiné, dans les premiers temps, pour accueillir les républicains espagnols en pleine débâcle, qui passaient la frontière en masse. Ceux-ci ayant fuis les troupes du Général Franco en janvier 1939.
C'étaient pour la plupart des combattants basques, des aviateurs et des volontaires des Brigades Internationales. Des hommes jeunes et volontaires.
Mais après les espagnols, ce sont des milliers d'autres gens qui arrivèrent dans « ce camp de la honte »; des résistants français, des réfugiés et réfugiées allemands, autrichiens et polonais, des prostituées, des prisonniers politiques, des communistes, et environ vingt mille juifs, de 1940 à 1943.
C'est d'ailleurs avec l'arrivée des Juifs au camp et de leur destinée plus tard, que Gurs deviendra le symbole de l'antisémitisme du régime de Vichy.
C'est donc au total plus de 60.000 hommes, femmes et enfants qui ont été enfermés.
Les conditions de vie étaient d'une extrême insalubrité, l'humidité et la vermine s'étant installées partout. Et dès le rude hiver 1939-1940, les baraques résistèrent très mal aux intempéries.
Il manquait de tout, dans ce camp de misère. Bâti avec hâte, il n'était pas prévu pour recevoir autant d'occupants.
Si bien qu'en mai 1940, les structures n'étaient pas adaptées pour recevoir les dix mille femmes qui arrivèrent.
On du réaménager des toilettes, des lavabos en urgence, mais les conditions d'hygiène restaient déplorables.
On du construire un « hôpital pour les femmes », des salles de classes pour les enfants et même une maternité et pouponnière.
Mais tout ceci restait très précaire, manquant de confort et surtout d'intimité.
Et c'est dans ces conditions parfois déshumanisées et désastreuses, où la faim était une torture journalière, que plus de mille personnes y laissèrent leur vie.
En 1939, il existait en France, plus de 200 « camps d'accueil » ou plutôt « d'internement », comme celui de Gurs, implantés surtout dans le Sud de l'hexagone.
C'est une période « noire » de l'histoire de France et surtout du régime de Vichy qui fut occultée de la mémoire collective et peu étudiée.
Seuls, quelques historiens courageux, à l'exemple de
Claude Laharie, commencèrent dans les années 1970, à faire « ce devoir de mémoire ».
Et même si pour certains, ce « devoir » était peut-être dérangeant, même s'il réveillait la mauvaise conscience, il était nécessaire.
Merci à
Claude Laharie, de nous avoir permis d'accéder à cette partie de l'histoire, trop longtemps dissimulée.