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EAN : 9782368902752
459 pages
Le Passeur (08/01/2015)
4.35/5   24 notes
Résumé :
À la mort de Bruneau, son beau-père, Antoine hérite d'un coffre contenant un Colt 45 et une balle enroulés dans B une peau de chamois, une liste de onze noms ainsi qu'une phrase énigmatique griffonnées sur un carnet à spirales. Mais que faire de tout cela ?
Au cours d'une enquête troublante, qui le plonge dans le passé méconnu de Bruneau, Antoine découvre que toutes les pistes conduisent au plus célèbre des soldats blancs d'Hô Chi Minh : Georges Boudarel. Pou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Frank Lanot est celui, qui au lycée, m'a montré la voie des livres.
Hugo, Balzac, Maupassant parmi d'autres. C'est à lui que je dois mes premiers vrais souvenirs de lecture et de livres, mes premiers chemins de lecture qui débouchent encore sur tant d'autres.
Ceci n'a rien à voir avec le livre. Sauf que sur un terrain que je n'attendais pas, l'histoire véritable, lointaine et presque contemporaine, j'ai retrouvé des signaux, des références, quelques petits cailloux. Reliés l'un à l'autre, reliés au récit, reliés à ce que sont vraiment les mots que l'on pose sur le papier. Rimbaud pour ne citer qu'un exemple.
Transmission de l'histoire et de la vérité, amitié, honneur, raison qui conduit les hommes à agir, mal, force des mots (utilisés par les tortionnaires), ce livre captivant ouvre beaucoup de grands sujets de littérature. Sans grandiloquence. Je l'ai vraiment aimé!
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Comme pour beaucoup de ma génération, les mots Indochine et Algérie étaient prononcés tout bas dans les familles. Mon grand père, mes oncles et grands oncles, personne pour répondre aux questions d'une ado pour laquelle ils se sont battus, pour laquelle ils ont laisse un morceau d'eux même "la bas" .

Alors je n'ose imaginer ce que ces deux mots et qui plus est les conflits qui y sont rattachés peuvent signifier pour les ados d'aujourd'hui...

Une Balle de colt derrière l'oreille est une quête de cette histoire que les protagonistes ont voulu taire mais dont on a terriblement besoin pour comprendre . Plus rien n'est blanc ou noir, il s'agit juste de gars de 20 ans, qui ont vécu des moments inimaginables, au nom d'une idéologie ou d'une autre, avant tout au nom de la liberté, qui s'arrete la où commence celle des autres. La limite est parfois ténue, ils l'ont appris, sont revenus, et ont trouve la force de poursuivre leur vie.

Et si justement ils ne voulaient pas en parler parce qu'ils avaient été trompés? Trompés par les leurs, les autres, les idéaux? Parce qu'au bout du compte, ils n'avaient pas de réponse aux pourquoi de ces conflits?

J'ai beaucoup aimé ce roman, malgré peut être quelques répétitions inutiles, pour le coup de projecteur qu'il donne sur un conflit si jeune et déjà oublié.

(Et merci à L'auteur, son éditeur, et Babelio)

Challenge variété 2015, livre paru en 2015 et base sur des faits réels.
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Un roman superbe et captivant.

Sur fond de secret lié à la guerre d'Indochine, Antoine hérite d'un carnet d'une balle de colt. Charge à lui de comprendre ce que son beau père n'a jamais voulu lui dire.
Au cours de son enquête il rencontre ceux qui l'ont connu, ces hommes qui ont fait l'histoire du XXème siècle. Il verra la fraternité qui les unit, les mots et les maux qui sont les leurs. Et se profile derrière cette étrange bande, page après page, le visage inquiétant de Georges Boudarel.

Comment ce jeune quadragénaire pourra t-il comprendre ce qui s'est passé, 60 ans plus tôt dans la jungle du Tonkin ?

C'est un roman drôle et tragique à la fois.
Drôle parce que la narration est aussi enlevée qu'efficace : les dialogues donnent envie d'appartenir à cette fraternité d'anciens et de partager leur complicité.
Tragique parce qu'il met en lumière l'archéologie d'un silence : les camps et la guerre, l'injustice et l'oubli. Frank Lanot nous invite à "faire face" au XXème siècle.

Entre le polar historique et le voyage intérieur : c'est une quête initiatique qui nous est ici offerte. Celle d'Antoine qui cherche à comprendre le XXème siècle avec les yeux d'aujourd'hui. Quelque part, entre Pierre Boulle et Schoendoerffer...

On ne lâche pas ce livre prenant et passionnant.

À lire sans retenue, comme on s'embarque vers autrefois, en Indochine.
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Un formidable roman d'amitié et de mémoire. le narrateur part à la découverte des prisonniers français des camps viet minhs. On rencontre alors une galerie de portraits uniques et attachants d'hommes qui ont su résister à l'humiliation et la torture grâce à la loyauté et l'amitié.
le roman lève aussi le voile sur "l'affaire Boudarel" puisque le tortionnaire de ce camps de rééducation, Georges Boudarel, était un citoyen français. Il ne fut pas condamné lors de son retour en France, embrassant une paisible carrière d'universitaire.
Un des mérites de ce roman est ne pas donner toute la place au tortionnaire, comme c'est le cas dans "Les Bienveilantes" de Litell, mais au contraire de mettre au premier plan le courage des hommes qui lui ont résisté.
le sujet est grave mais les personnages ont le verbe haut et coloré. On est quelque part entre Schoendorffer et les douze salopards. Les nombreux dialogues rendent la lecture savoureuse et enlevée.
A découvrir abolument !!
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Ce que j'ai vécu dans les camps du Viêtminh, entre 1953 et 1965, je ne le souhaite pas au maître de mon pire ennemi. Que fait-on des prisonniers à la fin d'un conflit ? En bonne logique, on les libère, et que la défaite soit leur châtiment. Mais les fanatiques de l'oncle Hô ne voyaient pas les choses de cette manière : les vaincus étaient à leurs yeux des criminels de guerre, qu'il fallait rééduquer. (...)
Le but de cet internement n'était pas de nous faire mourir, mais de nous faire pourrir : n'y voyez pas un vain jeu de mots, mais une intention bien mûrie. le but recherché était de faire pourrir en nous la part mauvaise, de faire qu'elle se décompose, qu'elle devienne une bouillie pareille aux marécages où nous macérions ... Et que, de cette putréfaction, naisse à la place, le nouvel homme, le bon petit soldat du communisme.
Et vous avez résisté ...
Il me sourit, mais avec dans les yeux une sorte de nuage qui serait son silence. Disons que je n'ai pas cédé. J'avais deux armes en main : la foi, et la poésie.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
"Le plus dur" répétait Kowalski... Et à chaque fois, comme une écharde supplémentaire dans la chair, il énonçait une horreur nouvelle. A l'entendre, à lire aussi, par la suite, les récits des anciens prisonniers, je me demande comment quelques-uns, physiquement, ont pu survivre. Je me demande aussi comment leurs bourreaux ont pu, eux, moralement, vivre avec ce qu'ils leur ont fait endurer. Boudarel a survécu, il a prospéré, sans remords ni pardon. Ame de bronze, que rien n'entame. Le camp 113 se trouve au nord du Tonkin, en limite de la frontière chinoise. La région, depuis la déroute de Cao Bang, est un sanctuaire viêt, où les Français n'ont plus accès. Le camp 113, à la différence d'autres camps, n'est pas proche d'un village : il est perdu dans la jungle. Perdu, comme le sont ceux qui le composent, des déchets humains.
Finalement, Kowalski, m'a peu parlé : l'allusif, l'évasif, l'implicite, ne sont pas dus aux brouillages de la mémoire, ou à l'indécision du verbe. Bruneau a encore moins parlé. Pourquoi ? Qui d'autre que la victime, pour dire l'horreur subie, et la violence exercée ? Mais je crois qu'on touche là à une fonction essentielle de la parole : se taire. Se taire n'est pas un verbe creux. Vouloir se taire, car les mots viennent de trop loin, de trop bas : si l'argent achète tout, la langue ne nomme pas tout. La langue est faite de la chair des hommes. Se taire, c'est assigner une frontière à l'inhumain. Et par un étonnant détour de la pudeur et de la générosité, c'est leurs bourreaux que Bruneau et Kowalski épargnent, par leur silence. Mieux : ils les sauvent.
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Il a pris un bagage informe, qui hésite entre le sac postal et le sac de marin, et qui se ferme par un noeud indocile. Entre son harmonica et un ceinturon en toile vert maquis, il s'en est échappé son exemplaire des Pensées de Pascal. Je l'ai ouvert, à la page marquée d'un signet. Une phrase y était soulignée en vert. "On mourra seul."
Fulgurance de l'évidence. Et derrière la voix de Pascal, elle-même se faisant l'écho de la pensée de l'homme sans Dieu, j'entends celle de Kazan : pourquoi ces mots l'ont-ils retenu ? Qu'a-t-il glissé de lui dans le linéament vert qu'il a tracé ?
"On mourra seul." Dans ces mouroirs au centre de nulle part, Bruneau et ses compagnons ont dû le ressentir. Pas le penser, non : cela s'éprouve, cette misère, sans fond ni bord, de la solitude totale.
Ne pas mourir seul. A l'insistance du Mal, qui est Néant, il faut opposer l'exigence du lien. Laisser un signe. Pour "après". Il faut entrer dans la paix par le porche de la deuxième vertu.
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Seul, oui, reprit-il, parce que l'expérience de ces camps si particuliers a été celle de la perte de l'amitié. (...)
La stratégie du Viêtminh est de détruire les liens. Tous les liens. Ni parole possible, ni confiance : l'autre, mon semblable, devenait mon traître. (...) Vous savez, je ne blâme pas ceux qui ont craqué. Ceux qui ont dénoncé leur ami pour une poignée de riz, ou pour une illusoire promesse de libération. Ceux qui, à force d'avoir entendu le matraquage idéologique, se sont réfugiés dans la fantasmagorie marxiste, pour avoir la paix, pour enfin dormir en paix, débarrassés de toute pensée, déchargés de la volonté de réfléchir par soi-même (...). Vous savez ce que je dessinais, du bout de mon bambou, dans la boue du camp ? (...)
Je dessinais des points d'interrogation. (...) C'était ma résistance muette : les points d'interrogation sur un tapis de boue. (...)
Là était ma victoire, je faisais naître des points d'interrogation par milliers, j'avais réussi à faire triompher Socrate et son ironie !
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« une balle de colt derrière l’oreille ». Comme si on lui parlait à l’oreille, qu’on lui glissait une confidence, et que lui parvenait notre dernier message. Les ultima verba d’une poignée de survivants à leur bourreau. J’aime beaucoup, quand j’y pense, la symbolique de l’oreille : car Boudarel, qu’a-t‑il été surtout, sinon une voix ? Une voix aigre et fausse, sinistre, qui, jour et nuit, parlait à l’oreille de pauvres hères affamés, et les nourrissait des plus indigestes paroles qui soient, la haine de notre France éternelle et l’apologie du meilleur des mondes de l’Oncle Hô. Une voix qui semait la haine et la mort, et qui mentait comme on empeste. Une voix qui n’entendait rien de nos plaintes et de nos souffrances,une voix sourde à notre misère.
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Il m’oubliait, moi aussi, et me parlait comme si j’étais familier de tout ce qu’il évoquait. Le pauvre, qui oubliait comment, et combien, pour des gens de ma génération, sa guerre, son Indo, cette sale guerre, guerre oubliée, guerre orpheline, elle nous était étrangère. Dater, situer, caractériser, ne serait-ce que Diên Biên Phu, qui en est aujourd’hui vraiment capable ? Comme si la mémoire collective avait décidé de passer un grand coup de peinture noire sur cette guerre, comme sur les lettres badigeonnées par la censure, l’effacer, l’abolir, la démémoriser. (P65)
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Videos de Frank Lanot (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frank Lanot
Maison de la poésie (4 juin 2019) - Texte et Lecture de Alban Lefranc, extrait du Dictionnaire des mots parfaits (dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet, éd. Thierry Marchaisse, parution mai 2019).
Le Dictionnaire des mots parfaits :
Pourquoi certains mots nous plaisent-ils tant ? S?adressant à notre sensibilité, à notre mémoire ou à notre intelligence du monde, ils nous semblent? parfaits. Bien sûr, parfait, aucun mot ne l?est ? ou alors tous le sont. Pourtant, chacun de nous transporte un lexique intime, composé de quelques vocables particulièrement aimés. Après ceux consacrés aux mots manquants et aux mots en trop, ce troisième dictionnaire iconoclaste invite une cinquantaine d?écrivains à partager leurs mots préférés. Il vient parachever une grande aventure collective où la littérature d?aujourd?hui nous ouvre ses ateliers secrets.
Auteurs : Nathalie Azoulai, Dominique Barbéris, Marcel Bénabou, Jean-Marie Blas de Roblès, François Bordes, Lucile Bordes, Geneviève Brisac, Belinda Cannone, Béatrice Commengé, Pascal Commère, Seyhmus Dagtekin, Jacques Damade, François Debluë, Frédérique Deghelt, Jean-Michel Delacomptée, Jean-Philippe Domecq, Suzanne Doppelt, Max Dorra, Christian Doumet, Renaud Ego, Pierrette Fleutiaux, Hélène Frappat, Philippe Garnier, Simonetta Greggio, Jacques Jouet, Pierre Jourde, Cécile Ladjali, Marie-Hélène Lafon, Frank Lanot, Bertrand Leclair, Alban Lefranc, Sylvie Lemonnier, Arrigo Lessana, Alain Leygonie, Jean-Pierre Martin, Nicolas Mathieu, Jérôme Meizoz, Gilles Ortlieb, Véronique Ovaldé, Guillaume Poix, Didier Pourquery, Christophe Pradeau, Henri Raynal, Philippe Renonçay, Pascale Roze, Jean-Baptiste de Seynes, François Taillandier, Yoann Thommerel, Laurence Werner David, Julie Wolkenstein, Valérie Zenatti
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