Loin, très loin du Léautaud railleur et cynique, sarcastique et spirituel, ces "Lettres à ma mère" nous montre un homme débordant d'amour et de tendresse pour une mère qu'il n'a pourtant pratiquement jamais vu. C'est l'enfant qui parle en lui. Un enfant déjà sensible, seul, malheureux, meurtri par l'abandon et le manque d'affection et qui voit finalement son rêve, sa maman enfin retrouvée, l'abandonner une seconde fois. Cette correspondance permet, je pense, c'est même une certitude, d'expliquer une part de sa personnalité, notamment sa farouche misogynie et son rapport à l'amour.
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Paris, 17, rue Rousselet
le 20 août 1906
Ma chère maman,
(....) Quoi vous écrire pourtant, après tant de lettres, depuis quatre ans, toutes restées sans réponse. Je finirai par admirer votre dureté, savez-vous, et comme je voudrais pouvoir la prendre à mon compte aussi. Mais toute la chance aura été pour vous. Vous avez pu avoir d'autres enfants, tandis que moi, je n'ai pu me faire une autre mère (...) (p. 217 / Mercure de France, 1956)
Paul Léautaud - Entretiens (Partie 1).