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EAN : 9782361570392
240 pages
Editions Transboréal (04/10/2012)
4/5   28 notes
Résumé :
À l'ouest de l'île de Chiloé, au Chili, David Lefèvre se retire seul dans une cabane, entre lac et forêt. Son projet : vivre une existence frugale proche de l'autosubsistance et tisser avec le milieu naturel un lien de respect et de connivence. Au fil des mois et des saisons, la vie s'ancre dans ce lieu isolé. L'auteur décrit ses travaux quotidiens, ses escapades au coeur de la nature sauvage qui l'entoure et les réflexions qu'elle lui inspire. C'est aussi l'occasio... >Voir plus
Que lire après Solitudes australes : Chronique de la cabane retrouvéeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Je reviens d'un beau voyage, d'un grand voyage, qui me fait douter de ce retour, à tel point – de non-retour tant je suis partie loin – qu'il est difficile de mettre mes mots sur ceux de David Lefèvre tant j'ai mis mes heures dans les siennes, mon coeur au rythme du sien.

Ce livre relate un véritable voyage, périple au bout du monde, au plus profond de soi. Pas un exploit ni une fuite malgré le rejet d'une certaine société occidentale mais le désir revendiqué d'un accomplissement intègre.

Cette Chronique de la cabane retrouvée est une aventure et une expérience vécues autant humblement que pleinement, autant tournée vers l'environnement que l'intime; une aventure et une expérience au cours desquelles « l'écriture est une escale « . Bien que cette cabane soit une retraite, c'est certain, paradoxalement peut-être, le regard y est attentif, sensible, l'esprit patient, ouvert au monde, aux réflexions, aux questions, la pensée féconde. Réaliste, David Lefèvre interroge la frénésie du monde, la société de profit et de consommation sans que ses réflexions soient leçons, violences ou formules péremptoires. Philosophe, il interroge notre relation à notre société d'origine, à notre terre natale; il s'interroge sur notre rapport aux lieux d'élection, à nos lieux d'adoption, sur nos racines et celles du monde, sur la notion de temps et d'avenir; philosophe d'une philosophie sans attache consentant aux mystères, d'une » résistance sans prétentions « .

David Lefèvre, après avoir vagabondé en Patagonie, part s'installer sur l'île chilienne de Chiloé. Il rejoint un lopin délaissé par un ami à une dizaine de kilomètres de l'Océan Pacifique. Au bord d'un lac, entourés de forêts, une cabane sur pilotis l'attend. de septembre à avril, saisons clémentes sous cet hémisphère, Solitudes australes relate cette installation, la découverte de l'environnement, ses habitants qu'ils soient humains ou animaux, la nature, le climat à la pluie et au vent. Entre ciel, terre et eau, les heures, les couleurs, les humeurs. Et l'aménagement de la cabane, les travaux de rénovation et de défrichement… le voyageur devient » un peu paysan, un peu pêcheur, un peu charpentier. « Un peu botaniste et un peu ornithologue aussi.

Et ce qui transparaît de ce récit, au-delà de l'éveil, de la respiration, c'est la modestie de cet homme; au-delà de ce choix de vie de » pauvreté volontaire « , une sobriété à travers la beauté qu'il donne à voir, à ressentir, sans fioriture, sans s'imposer, ni imposer quelconques clichés en noir et blanc. Entre explorations et contemplations, ses descriptions de son environnement naturel sont magnifiques. Sa plume aussi riche que généreuse, épanouie, rend la lumière, la force et la densité, en parfaite harmonie avec l'esprit du lieu auquel s'est donné l'auteur.

David Lefèvre ne vit pas isolé du monde dans son monde. Il rappelle le pillage économique, le désastre écologique, dont est victime le Chili, la Patagonie en particulier, et s'inquiète, à juste titre, pour l'île de Chiloé où il s'est installé, y pratiquant la photographie. Un carnet de splendides photographies se découvre en milieu d'ouvrage.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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J'exerce une veille auprès des éditeurs que j'aime pour ne pas manquer une parution, en particulier quand il s'agit de livres qui ne font l'objet parfois que d'un minuscule article de magazine ou n'apparaissent que peu dans les blogs

C'est ainsi que j'ai lu David Lefèvre et que j'ai partagé avec lui sa cabane sur l'île de Chiloé.
Une cabane pour assouvir son rêve
« Un cadre de retraite ou d'errance, que l'on avait secrètement attendu, et qui se révèle conforme à l'estampe mentale que l'esprit avait tissé en secret »
C'est une terre rude que ce coin de la planète surtout dans une vieille cabane délabrée mais après avoir vécu dans les bois de Walden une cabane en terre australe était une expérience tentante.
Daniel Lefèvre voyage léger : un minimum d'objets, aucun superflu « un lit en fer repoussé » un seul vrai meuble « une vieille armoire sans portes » et quelques ustensiles indispensables « une poêle à frire et une marmite mâchurée » des outils pour travailler, des semences pour le potager et une malle de livres.
Il a fait le choix de la solitude et partage son temps entre les travaux de rénovation de la cabane, la préparation du potager et bien sûr la lecture.
Tout est découverte « J'abordai un monde neuf » il explore son territoire, il écoute les bruits de la nature, observe sa cabane tenir bon devant les orages, il entend « les gouttes affolées (qui) sonnent et cavalent sur le toit ».

Il aime les plaisirs simples « de retour dans la cabane avec une brassée de fagot, je retrouve le plaisir d'allumer un feu ».
Les repas sont du genre gastronomie frugale « Au menu du dîner : darne de saumon, pain frotté d'ail, bettes du potager. D'abord porter les braises à point, tisonner. Retourner le poisson sur le gril et regarder la chair rosir, repas frugal porté à la perfection. »
C'est chaque matin un monde neuf qui est offert et c'est enivrant « Je traversais un monde vierge ; je remontais le cours du temps. Ce bout de terre qui m'attendais semblait venir de loin. J'avais franchi la ligne de partage des mondes »
Il regarde, il écoute les bruits de la nature, observe sa cabane tenir bon devant les orages, il entend « les gouttes affolées (qui) sonnent et cavalent sur le toit ».
Toute la nature est à lire, plantes,insectes, oiseaux et même un matou venu trouver abri chez lui et qu'il baptise Léon.
Il n'est pas loin de l'océan et ses escapades le porte parfois au bord du Pacifique et le soir venu
« A la bougie, j'aligne ensuite des remarques fraîches dans les pages de mon journal de bord » car la lecture ne lui suffit pas « J'écris pour ancrer les choses et ne pas oublier ce que j'ai vécu »

Il n'y a que du beau monde dans sa bibliothèque, Thoreau bien entendu, Bouvier, Thomsen, Rick Bass, et dès que le besoin s'en fait sentir « je pars marcher. Je longe le lac et essaie de remonter tous les sentiers animaliers ou humains qui se présentent à flanc de montagne. Mes pensées respirent et errent dans toutes les directions. Je suis devenu tour à tour le piéton de ma piste, l'enfant du lac, le contemplateur des forêts. »
Ce nomade sur les traces de Nicolas Bouvier qui est son mentor est bien agréable à suivre au long des huit mois de son récit. Un cahier de photos est là pour nous donner l'envie de prendre la route et de le rejoindre sur son île des confins.

Lien : http://asautsetagambades.hau..
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Loin de toute civilisation tonitruante et souvent aliénante, l'auteur a choisi de se retirer dans une cabane au bord d'un lac, avec comme seuls compagnons la faune et la flore environnante. Il choisit alors une petite île chilienne, l'île de Chiloé, et cette expérience lumineuse qui lui permet de retrouver le monde et de l'embrasser dans toute sa plénitude.



« C'était cela : être présent. Immobile. Comme une stèle au jardin des pierres. Laisser faire. Regarder. Ecouter. Avoir intensément désiré cet état. Se sentir décollé du sol, attiré comme une plante vers la clarté. » (p. 22)



« Tant que les impératifs de l'âge de m'obligent pas à battre en retraite, je me tiens là, debout, et prends l'air du soir sous les variations du crépuscule. Dehors, un grillon grince, des mandibules mettent en pièces leurs victimes, des moucherons d'eau volettent au hasard, un bourdonnement s'enfuit vers le néant. » (p. 115)



Occupé à retaper sa cabane, ses seules autres occupations consistent à chercher sa subsistance quotidienne, puis à observer ce qui l'entoure d'un oeil neuf et émerveillé. A la fois soumis à ses sensations et à sa raison, cette expérience le pousse à une méditation intérieure florissante.



« Faisons en nous la place au touchant, au léger, au sublime, au cosmique, à tout ce qui palpite et fait monter notre âme au ciel avant l'heure d'enterrer nos convictions, et de nous vautrer dans les habituels reniements de l'âge mûr une fois venue l'heure où le courage s'use, avant d'éprouver un jour cette fatigue de vieux soldats qui n'aspirent qu'au repos. » (p. 126)



« Et pendant que l'homme exige un décorum à sa disposition, qu'il prend le monde comme une invention façonnée par lui, quel qu'en ait été l'architecte, des animaux franchissent les méridiens, engendrent leur descendance, s'éteignent sans qu'on s'inquiète de savoir s'ils ont assez vécu et si leur existence nous a été profitable. » (p. 51)



Quelques écrivains l'accompagnent dans son monde : Giono et ses Vraies richesses, Henry Thoreau, Harry Martinson, Barry Lopez, John Haines, Annie Dillard… Autant de personnalités qui entretiennent un rapport fort à la nature et à la solitude. Néanmoins, il n'est pas sans rencontrer quelques chiliotes en chair et en os et c'est avec encore davantage d'ouverture et de plaisir qu'il partage alors quelques instants à leurs côtés.



Quand il évoque sa vie d'avant, ses réflexions ont un arrière-goût désagréable :



« Comme ceux que je côtoyais, j'étais moi aussi coupable de soumission volontaire. Naïf, j'ignorais que l'exploité se complaît parfois dans les griffes de l'exploitant et que chacun n'a pas envie de terrasser sa servitude et ses ignorances. Écueil de la modération : à force de s'effacer, on finit par disparaître. À cette époque, j'étais incapable de donner une direction à ma radicalité.



Pour retrouver ma propre trajectoire, il me fallait d'urgence déserter cette mauvaise farce, faire le tri et regarder les solutions qui me restaient. Je décidai de ne plus disperser mon énergie dans le néant mais d'aller enfin ma pente naturelle : je voyagerais pour voir le monde et lui voler sa part de chaleur et d'humanité. Oui, c'était dit, j'irais rencontrer la planète, je disparaîtrais sous les cimes, je naviguerais sur le flot sauvage des cours d'eau avant de devenir un homme-machine, marqué et repéré. Je dévorerais l'espace à la poursuite de l'horizon. Comme un navire navigant à l'estime, je fouillerais l'inconnu démesuré. Cela répondait autant à une volonté profonde qu'à la nécessité de me mettre en retrait de mes aversions les plus indicibles. » (p.122-124)



Dans un style digne des plus grands, David Lefevre partage avec son lecteur une existence frugale lumineuse, lui offrant un monde intact et fascinant. Les photographies au mitan du livre sont aussi là pour attester de ce petit miracle de bonheur.



« N'est-il pas condamné à une certaine solitude l'être délicat qui sent le pouvoir du vent entre ses mains, la danse de l'abeille revigorante, le souffle de l'esprit qui habite le sous-bois. Qui croira ce que j'éprouve à écouter le chant d'un oiseau nocturne ou à passer une nuit à marcher sous la pleine lune ? » p.143)



Un récit inoubliable, fort, un indispensable du nature writing.


Lien : http://www.lecturissime.com/..
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C'est un réel bonheur de lire et de suivre David Lefèvre dans son périple de vie. Après "aux quatre vents de Patagonie" où il voyage à travers le cône sud sud américain, le voici, dans ce nouveau livre installé sur les bords d'un lac de l'île Chiloé au Chili. Là bas, il vit seul loin de la foule à restaurer une cabane. Il veut vivre ce qu'il appelle une "pauvreté volontaire" faite de choses simples : l'observation de la faune, la cueillette, la création d'un petit jardin, l'immersion totale dans un monde qui n'a pas été abîmé par l'homme. On pourrait comparer ce récit à celui de Sylvain Tesson parti seul dans sa cabane Sibérienne. Mais, il n'en est rien. le livre de David Lefèvre est plus fort, plus intime, plus humble que son homologue des rives du Baïkal.
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S'installer dans une cabane un peu délabrée située au bord d'un lac, au coeur d'une forêt, à quelques kilomètres de l'océan Pacifique. Vivre là, et, à partir de l'observation, installer la vie en se retroussant les manches. Et surtout : coucher sur le papier ses émotions, ses activités quotidiennes, les rares rencontres, les variations du paysage… Au bout du séjour, cela donne un récit d'une rare sensibilité. L'auteur possède une réelle faculté de nous transporter sur les lieux de sa retraite. On respire les eaux du lac qui s'écoulent au pied de sa cabane, on éprouve le climat des saisons, on entend le chant des oiseaux et presque l'empreinte du chat sauvage à ses chasses nocturnes. On ressent au fil des pages la façon dont David Lefèvre s'imprègne du milieu qui l'entoure. C'est une relation de connivence avec une nature qui nourrit le corps et l'esprit.

Voici un livre qu'on ne lâche pas, ou, au contraire, que l'on s'oblige à savourer lentement, en se berçant des mots. Car la langue touche au but, riche et pesée mais jamais ampoulée. Un livre, comme son auteur, qui va à l'essentiel, magnifique de sobriété.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi suis-je en sécurité, accroupi, le dos appuyé contre le fût d'un coigüe plusieurs fois centenaire. Je ne saurais le dire. Ce n'est pas seulement la formidable énergie qu'il répand ni cette alliance étonnante de robustesse et de délicatesse. Il y a ce sentiment qui persiste et englobe tous les autres sentiments, proche de celui qu'on éprouve à embrasser l'arbre. Le contact de l'écorce produit comme un soulèvement du corps né de la matière transmise. Le coigüe est mon parent. Je ressens entre son aubier et ma chair un rapport ténu, la filiation qui existe de lui à moi. Il n'y a que des êtres à fleur de peau pour s'interroger sur la pensée des pierres ou mûrir l'être des choses et son pouvoir d'initiation. Ceux-là savent ce que l'on éprouve à presser contre soi le corps d'un arbre. Ceux-là voient, dans une relation intime, la beauté s'inscrire en négatif et perçoivent la façon dont les objets sont reliés au cosmos. (p.62-63)
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Remonter un chemin d’eau vers sa source ou l’accompagner vers l’océan est une des choses les plus enivrantes qui soient. Vous longez une rive, vous suivez une berge, et le trouble délicieux du plongeon dans l’inconnu s’installe en vous. À mesure que vous progressez vers l’amont ou vers l’estuaire, la vie a soudain de grands territoires devant elle. C’est ce que j’ai ressenti en progressant vers le Pacifique.
À l’embranchement des rivières, j’entendais l’eau gicler au pied des versants. Au débouché du Rio Notué, des poissons et leurs dos étincelants frôlaient la surface à hauteur des berges. C’était des saumons gros comme ma cuisse pressés d’avaler la rivière nageoires repliées.
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je pars marcher. Je longe le lac et essaie de remonter tous les sentiers animaliers ou humains qui se présentent à flanc de montagne. Mes pensées respirent et errent dans toutes les directions. Je suis devenu tour à tour le piéton de ma piste, l’enfant du lac, le contemplateur des forêts.
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Parmi la pléthore de petits insectes gris, je demeure moi aussi un être insignifiant noyé dans la multitude de mon espèce. Je suis malgré tout gagné par le sentiment étrange de me trouver posté soudainement sur l'envers lumineux du courant universel des choses. C'est comme si le lieu contribuait à sauver mon humanité.
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J'élabore une existence qui ne répond ni à une le stratégie, ni à quelque conflit intérieur
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