Ludlum n'est jamais aussi bon que lorsque ses livres se passent sur le territoire des Etats-Unis, car il se livre à la délivrance d'un message, tendant à dénoncer soit un service, soit un ministère, soit le système ou des injustices.
Il le prouve avec ce roman, qui est un remarquable document sur le FBI et notamment sur Hoover, autant que
Ellroy dans sa trilogie Underworld USA.
La controverse sur la mort du Directeur du FBI, ennemi juré de trois présidents, Kennedy, Johnson et Nixon, est laissée à l'appréciation du lecteur, cependant pour avoir lu et relu à ce sujet, je dois dire que
Ludlum ne doit pas être loin de la vérité. L'intrigue, à laquelle l'auteur ajoute un mystérieux organisme redresseur de torts, sans vocation officielle, brouillant les pistes, est, indéniablement, diaboliquement montée et tellement vraisemblable que le lecteur, déboussolé, se laisse guider par
Ludlum comme un petit chien par son maître.
Le pauvre Chancellor risque, à tout moment, d'y laisser sa raison et son enquête, motivée par son statut de romancier en pleine écriture, déraille complétement, tant il y a de fils à suivre et que le mélange des bons-mauvais, des mauvais-bons, des bons-bons et des mauvais-mauvais, à tel point réussi que le pauvre écrivain ne sait plus à quel saint se vouer ni vers qui se tourner, les plus proches étant, aussi, sujets à caution.
Comme chacun le sait, Hoover possédait entre cinq et six mille dossiers sur toute personnalité américaine influente où ayant joué un rôle à un moment donné. Il avait installé des micros partout y compris dans le bureau de son ministre de tutelle, Robert F. Kennedy, ainsi que dans les chambres d'hôtel, de chaque état, où descendait J.F.K.
Il a refusé plusieurs fois le poste de ministre de la justice (Attorney General), car disait-il, là où un ministre se jette comme un Kleenex, un directeur reste. L'histoire lui donna raison.
Cette plongée dans le monde du FBI, des magouilles politico-policières est parfaitement servie et rendue par un
Ludlum au sommet de sa forme. Comme c'est un monde qu'il connait bien ou qu'il décrit bien, il nous livre un roman impeccable et absolument fascinant, agrémenté par des dialogues tranchants comme une lame de rasoir, dans un style enthousiaste.
Une lecture de bon aloi, vivante et passionnante.
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