Gonzalo Escondrillo, l'archiviste du marquis de Hornacho, a été assassiné. Or il n'y a eu aucune effraction. Comment le meurtrier a t-il pu pénétrer dans la propriété sans que les domestiques s'en aperçoivent? C'est le Mystère de la chambre jaune dans le Madrid de l'année 1614. L'homicidé suscite aussi bien des interrogations. En plus d'être le responsable de la très secrète Chambre des merveilles du marquis de Hornacho, objet de tous les fantasmes et des ragots populaires, il dissimulait sous un volumineux bonnet une déformation osseuse ayant la forme d'une corne. Isidoro Montemayor, que nous avions croisé dans Voleurs d'encre, est devenu depuis le secrétaire ( et l'amant) de la belle Micaela, comtesse de Cameros, nièce du marquis. Fini le temps des vaches maigres lorsqu'il s'occupait du tripot de Francisco Robles et corrigeait les épreuves à l'imprimerie de Juan de la Cuesta! Mais travailler pour les puissants a un prix, accepter de se plier à toutes leurs exigences. Isidoro va devoir mettre sa sagacité et sa culture au service de la vérité.
Dans ce second volet des aventures picaresques de Isidoro, nous retrouvons l'effervescence du Siècle d'Or, son apparat, ses fantaisies les plus étranges, non plus dans les rues de Madrid mais dans l'intérieur feutré des palais. L'intrigue se déroule dans un quasi huis-clos, entre les murs des cabinets de curiosité et des bibliothèques de l'aristocrate. Alfonso Mateo-Sagasta dépeint avec force anecdotes l'univers des nobles espagnols férus de mécénat, d'ouvrages venus de l'Europe entière, de peintures et de curiosités. « Erasme disait que le lieu idéal de l'honnête homme devait contenir une bibliothèque, des cartes et des mappemondes, des portraits de grands hommes qui l'inspirent et l'incitent à l'étude, une collection d'antiques, une galerie de portraits et une armurerie dans la mesure du possible. » On retrouve dans La chambre des merveilles le goût des grands d'Espagne pour les "monstres", dont les difformités fascinent. En les côtoyant au quotidien , ces serviteurs soulignaient ou magnifiaient la perfection des hôtes qu'ils servaient. Mateo-Sagasta ne faillit pas avec ce second volume. Comme dans un cabinet de curiosités, il entrepose avec humour et érudition des personnages rares et des faits singuliers, à la fois Naturalia, et Artificialia. Au lecteur comme à Isidoro le picaro de démêler le vrai du faux.
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Un polar découvert tout à fait par hasard, et, dont l'action se déroule dans la Madrid du 17e siècle.
Il est possible que la lecture en rebute certains. En effet, l'intrigue se déroule dans un monde que l'on n'a guère l'habitude de rencontrer en littérature : celui des érudits, des collectionneurs.
Au fil des nombreuses recherches historiques précises, pointues effectuées par Alfonso Mateo-Sagusto, c'est tout un petit monde, composé de "passionnés" qui se déroule, et, surtout prend vie sous nos yeux.
Les deux morts, et, plus particulièrement le meurtre de Gonsalo Exondrello - archiviste de son état - qui émaillent le chemin d'Isidoro Montemaya, semblent reléguer au second plan, avec la découverte de la vie quotidienne de la vie quotidienne des petits riens de ce milieu (composé à la fois de nantis, et, de petites gens) si particulier, et, dont on ne soupçonnait pas l'existence, à moins de s'intéresser au sujet via le biais d'une recherche pour un article et/ou une étude.
Une lecture non regrettée alliant à la fois détente et découvertes de faits et de tout un milieu inconnu pour ma part.
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Un thriller qui se déroule au 17eme siècle voilà un livre qui se différencie des autres. Cet oeuvre m'a immédiatement fait penser au film "freaks" qui est un chef d'oeuvre cinématographique , car ici aussi les "monstres" de tous genre sont présents. L'enquete est vraiment passionnante et elle nous tient en haleine jusqu'au bout. le seul léger bémol que je pourrai me permettre de susciter constitue la présence de nombreuses descriptions, qui déroutent parfois quelque peu . Un livre à déconseiller aux ames très "sensibles". Bonne lecture à toutes et tous, et je vous engage tous à regarder le film "freaks" meme s'il date de 1932.
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Quant à la calle de la Arganzuela, j'avoue qu'elle ne m'était pas inconnue, comme à tout bon Madrilène. La plupart l'appellent déjà Mancebias, à cause de deux grands bordels qui ont pignon sur rue, ce qui ne l'empêche pas de garder sa saveur d'antan et de demeurer le paradis des virtuoses du poignet, autant de femmes qui pour un cuarto vous font une simple ou , pour deux, une musicale, ce pourquoi elles s'ajustent audit poignet une courroie pourvue de grelots. On peut entendre certains jours dans cette rue un concert plus charmant que sur le paseo del Prado les jours de fête. Les harnais de tous les attelages des grands d'Espagne réunis n'ont pas autant de grelots, et leurs mules ne les secouent pas avec plus de grâce.
Interview de Alfonso Mateo-Sagasta (en espagnol)