Van der Meersch est parfois décrit comme le
Zola de la première moitié du vingtième siècle.
Zola s'appliquait à décrire méthodiquement le tissu social de son époque; tandis que
Van der Meersch souffre d'un parti pris gênant.
Van der Meersch décrit les conséquences d'une grève qui durera plusieurs mois dans l'industrie du textile dans la région de Roubaix en 1930. Au fil des pages,
Van der Meersch construit des personnages tous plus ou moins victimes de la grève, impuissant face à elle, tandis que les grèvistes sont décrit comme une masse assoiffées de violence, vivant presque sans difficultées grâce au secours du syndicat qui distribue argent et nourriture, exclusivement aux grévistes.
Parmi les personnages de ce roman, on retrouve : la jeune ouvrière sans animosité contre les grévistes et leur revendications, mais cherchant à travailler pour nourrir sa famille et pourchassé par ces mêmes grévistes qui la considèrent comme une briseuse de grève; le syndicaliste corrompu vivant dans l'opulence; le jeune garde mobile d'une gentillesse infinie; le gentil petit patron bon avec ses ouvriers mais contraint de suivre les décisions de l'association de patrons, dirigée par les gros patrons de la région; le commerçant sombrant dans la misère lorsque sa clientèle composé d'ouvriers maintenant en grève ne lui achète plus rien. Vous le comprenez, les grèvistes représentent le camp du mal qui fait s'abattre la misère et la violence sur la région, sans qu'on s'intéresse en profondeur sur les raisons qui poussent des centaines de familles à se priver pour entrer en lutte contre le patronat qui les exploite.
Certes les personnages décrit par
Van der Meersch sont vraisemblants, mais cela ne suffit pas à qualifier son écriture de réaliste, quand le choix de ces personnages exclut sciemment les partis représentatives de la lutte qui s'opère durant cette grève - à savoir les ouvriers grévistes et le grand patronat.