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EAN : 9782246747215
182 pages
Grasset (02/03/2011)
3.44/5   16 notes
Résumé :
"Au cours du bel été 37, la terreur grande était partout, mille six cents exécutions par jour en moyenne dans l'Union des Républiques Soviétiques Socialistes, cinquante mille fusillés par mois, mais les jeunes filles d'Odessa mettaient leurs plus légères robes de coton pour accueillir les arrivants et, le soir, du pont des bateaux, pendant que les haut-parleurs diffusaient des valses joyeuses, les globe-trotters en complets blancs admiraient les manèges illuminés qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Jean-Pierre Milovanoff est né d'un père russe qui a fui son pays à 17 ans, seul, juste avant de passer son bac, et d'une mère française. Il a écrit «Terreur grande» après avoir retrouver une enveloppe parmi les papiers de son père décédé. Les différentes pièces qu'elle contient font allusion à une famille russe les Vassiliev voisine des Milovanof dans les années 20, restée en URSS et n'ayant plus donné de nouvelles depuis le milieu des années 30. S'y ajoute une brochure en anglais «How I escape the red terror» signée d'un certain MIKE.

Dans le prologue il nous dit : «Ce livre est une aventure, un chagrin, un chant qui passe. Il recueille des paroles qui n'ont pas été retenues. Il tient compte de l'Histoire mais demeure épris du réel englouti sous le silence.» p 18

Ce livre va nous entraîner au coeur de la vague de terreur décidée par Staline et minutieusement organisée qui coûtera la vie à près d'un million de personnes entre août 1937 et décembre 1938. Les interrogatoires et les exécutions se succèdent à un rythme fou, la machine s'emballe et personne ne sait ce qui lui vaut d'être arrêté et exécuté. le livre est court, concis et cela ne fait que renforcer cette impression d'emballement, de folie où le mensonge et la peur sont rois
Sa lecture est bouleversante car tous ces êtres, que l'auteur nous rend proches, sont d'autant plus démunis, devant la souffrance physique et morale qu'ils subissent, qu'ils sont persuadés qu'on ne peut que finir par reconnaître leur innocence. Petit à petit la vie de chacun est viciée par un climat de suspicion généralisé.
Il y a Igor et Piotr les fossoyeurs qui n'arrivent plus à fournir et ne doivent rien dire de ce qu'ils font et voient. Tout est étouffé, dissimulé. 

Et « Sur toute l'immensité russe, des centaines de milliers d'hommes, de femmes, de tous âges et de toutes conditions, disparaissaient silencieusement. du jour au lendemain, des familles cessaient d'exister et il n'y avait pas de cadavres. Pas d'enterrements. Pas d'articles dans le journal. Rien ne devait transpirer de ces meurtres silencieux. S'inquiéter en public de la disparition d'un voisin était assimilé à une atteinte contre l'Etat. La rumeur elle-même était un crime » p 88

Il y a Zinaïda qui écrivait avant la révolution des contes pour enfants et faisait des traductions et qui se remémore, pour se calmer, des vers de Verlaine et Baudelaire :
«... son destin n'était qu'une colonne de poussière en suspension dans ce rayon de soleil qui troue le coeur nocturne des forêts. Rien de plus. Rien de moins. Mais la lumière qui enveloppe et dirige cette poussière, qui la produit ? La poésie. de cela la vieille femme solitaire ne doute pas. C'est la poésie qui rend visible. Poésie des mots, des choses, des rencontres. Magie qui rassemble ou disperse les apparences.» p 118


Et bien d'autres dont les voix sont aussi poignantes. 


Il y aussi le Capitaine du NKVD Anton Semionovitch Vassiliev qui se croit protégé, fils d'Anna et Simon les voisins de la famille Milovanoff et MIKE le signataire de la brochure retrouvée par Milovanoff. 
Mais je me tais car ce serait révéler l'intrigue de ce récit que l'on ne lâche pas avant de l'avoir fini. 

Je trouve que Jean-Pierre Milovanoff mériterait d'être beaucoup plus lu. J'avais aimé de lui la magie du «Maître des paons», de «L'offrande sauvage» et ce dernier m'a semblé encore meilleur.
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La Russie sous Staline, avec la démonstration éclatante de toute l'absurdité de sa politique.
Roman très court, mais qui va à l'essentiel.
En quelques coups de pinceaux, on est au coeur d'une époque et d'un système qui nous révoltent au plus haut point.
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1937 en URSS. C'est l'horreur et la cruauté. Des milliers de gens sont arrêtés, emprisonnés, tués. C'est une période de violence et d'extermination de la population.
Peu importe si l'on tue des innocents, ce qui compte pour la milice c'est atteindre les quotas exigés par le régime stalinien.
« Ne rien voir, ne rien entendre, ne rien dire » c'est le leitmotiv d'une population constamment menacée car présumée suspecte.
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La plume de l'auteur Jean-Pierre Milovanoff est une découverte très intéressante. La quatrième de couverture nous invite d'emblée à faire un bond en arrière, septante-quatre ans plus tôt, en 1937 : l'époque de la "grande terreur" où des répressions massives furent lancées en URSS afin de venir définitivement à bout des "ennemis intérieurs". L'auteur nous fait partager, comme il le souligne dans le prologue, des faits avérés, consignés dans un récit retrouvé dans les papiers de son père. Récit touchant et suscitant une certaine curiosité d'en apprendre davantage sur cette sombre période.
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Encore et toujours le récit de l'exil de la population russe. Récit d'une évasion.
Milovanoff excelle dans ce genre de récit. Mais on a quand même l'impression de sans cesse revenir sur les mêmes situations. L'Histoire des peuples peut ainsi alimenter beaucoup et encore de livres. Certes le style est agréable, mais on re-visite les mêmes lieux et les mêmes situations….

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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
--- Qu’est-ce qui pousse à l’ivrognerie ? La tristesse. Au vingtième siècle, tout le monde sera heureux. C’est le bonheur qui remplacera la vodka dit le père de Piotr
Le vieux cocher était mort d’une cirrhose en 1925. Le jeune Piotr, qui volait des pommes de terre dans un kolkhose pour le nourrir, s’était réveillé orphelin de ses dernières illusions... p 139
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- Depuis vingt ans nous cachons nos pensées à nos voisins, à nos proches, à nos enfants. Nous vivons dans la peur d'être dénoncés et faisons semblant de croire à vos mensonges. Pourquoi faut-il un passeport pour se déplacer dans notre propre pays et l'autorisation d'un illettré pour publier un poème d'amour. Si notre pays est l'idéal que nous envie le monde entier, pourquoi n'a-t-on pas le droit d'en sortir ?
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Avec Inna on s'entend sur tout, sauf la nuit des fois. Personne ne savait mieux qu'elle faire pousser le seigle pour avoir du pain. C'était notre nourriture toute l'année avec le lait frais de Noiraude. Mais un jour le commissaire arrive chez nous avec des soldats et nous dit que l'élevage est interdit. Autrement on est un koulak. Cela fait trois mois que la directive est affichée. Comment ça se fait que j'ai gardé un animal ? Pendant que j'explique pourquoi, j'entends une détonation. Noiraude est tombée. Elle avait les mamelles pleines de lait. Quand les miliciens sont partis, Inna a pleuré et les deux enfants autour d'elle. Je leur ai crié : entrez vite dans la maison, je veux pas que vous regardiez.
C'était la première fois que je trayais une vache morte, et après nous avons mangé de la viande pendant six mois. Là aussi, pour les enfants, c'était la première fois.
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Comme les puritains et les fanatiques, les censeurs retrouvent leurs propres obsessions dans tout ce qu’ils jugent. p 121
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Sur toute l'immensité russe, des centaines de milliers d'hommes, de femmes, de tous âges et de toutes conditions, disparaissaient silencieusement. Du jour au lendemain, des familles cessaient d'exister et il n'y avait pas de cadavres. Pas d'enterrements. Pas d'articles dans le journal. Rien ne devait transpirer de ces meurtres silencieux. S'inquiéter en public de la disparition d'un voisin était assimilé à une atteinte contre l'Etat. La rumeur elle-même était un crime.
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Video de Jean-Pierre Milovanoff (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Pierre Milovanoff
POÉSIE INDIENNE – Les poètes bengalîs (France Culture, 1984) Une compilation des émissions « Albatros », par Jean-Pierre Milovanoff, diffusée les 15 et 22 avril 1984 sur France Culture. Invités : France Batasharia, Élisabeth Boury, Madame Delgalian, Narayam Mukherji.
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