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Légende d'un dormeur éveillé" n'est pas un roman mais une biographie romancée d'un poète que j'aime beaucoup,
Robert Desnos. En quatre parties bien distinctes, l'auteur nous révèle les principaux événements de la vie de ce grand poète, des années 20 à l'Occupation.
Tout le monde connaît
Robert Desnos, et a appris à l'école au moins une de ses
poésies ("Une souris de dix-huit mètres avec un chapeau sur la tête"...ça vous parle ?!). Mais
Desnos ne se réduit pas à cette image que l'on a de lui, ni à ce poème que les petits apprennent encore à l'école.
Sa vie est finalement peu connue, même si tout le monde sait que le poète est mort en déportation.
Le récit débute alors que
Desnos vient de rentrer de Cuba. Nous sommes en 1928.
Nous faisons avec lui des haltes fréquentes à Montparnasse, nous écrivons dans son atelier de la rue Blomet, nous croisons des noms connus comme
Antonin Artaud,
Jacques Prévert,
Louis Aragon,
Paul Eluard, mais aussi
Pablo Neruda, Picasso,
Garcia Lorca...et bien d'autres.
Nous buvons un coup au café des "Deux magots" ou passons la nuit à débattre avec les artistes surréalistes, ou bien encore à danser au Bal Nègre...
Nous traversons les années auprès de lui et de ses amis ! Une impression étrange de promiscuité, comme si nous étions là nous-aussi, à chaque instant, en train de discuter avec ses amis...
Robert Desnos est toujours hanté par Yvonne (la chanteuse Yvonne George) qui a contractée la tuberculose et se noie dans l'opium entre deux séjours au sanatorium. Mais il finit par tomber amoureux fou de Youki Foujita, qui deviendra son grand amour et à laquelle il restera attaché toute sa vie.
Mais toutes deux le feront beaucoup souffrir...car elles sont volages et instables, mais d'un autre côté, elles seront source d'inspiration pour le poète.
Dans ce milieu d'artistes parisiens de l'avant-guerre, tout le monde ne pense qu'à s'amuser, à boire, à manger, à discuter mais aussi à abuser de drogues diverses et à mélanger le tout dans un cocktail détonant.
C'est bien l'image que j'avais des années folles à Paris !
Mais dans ce milieu intellectuel particulier, la fête n'empêche pas les artistes d'être également très réalistes. Tous voient très vite les dangers de la montée du nazisme en Europe...
Robert Desnos, dans ses chroniques, continuera à écrire et à dire ce qu'il pense, sans présager qu'un jour tout cela pourrait se retourner contre lui, et cela ne l'empêchera pas non plus de s'engager dans la résistance, ce qui causera sa perte...
J'ai eu du plaisir à découvrir ce récit romancé, mais cela ne m'empêche pas moi aussi, de rester lucide et critique...
J'ai trouvé très longue la première partie. Or c'est justement celle qui permet au lecteur d'accrocher avec le récit et les différents personnages...
Les petits potins de l'époque, les amours trahis des uns ou des autres, les excès en tous genres, j'avoue qu'ils ne m'ont pas spécialement passionnés...
La seconde et la troisième partie nous font découvrir ce poète impétueux, mais si sensible et ses multiples facettes.
J'ai aimé la personnalité très attachante du poète, sa façon d'aimer, son désir de justice et sa liberté d'action et de ton....
J'ai aimé que le texte soit étayé de vers du poète, sélectionnés juste au bon moment et avec une grande justesse....
J'aurai aimé que soient davantage développés, les idées du poète, son ressenti, son besoin de liberté et tout ce qui a fait de lui un être à part...
J'ai moins aimé la quatrième partie du récit qui cite des extraits du journal (supposé ou réel ?) de Youki...
J'aurais aimé finalement un livre plus court car il y a des passages où je me suis presque ennuyée (surtout au début) et où j'ai eu envie d'abandonner la lecture...
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