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4,17

sur 413 notes
Souvent déçue par les récits autobiographiques, j'ai énormément aimé ce livre.
L'auteure avec un grand talent nous fait vivre littéralement aux côtés de Robert Desnos, de Youki, en immersion dans cette période de 1926 à 1945.
Le bouillonnement d'idées modernes, de créativité qui animaient ces dizaines d'écrivains, artistes à travers le monde n'a pas malheureusement pu déteindre sur les politiques et le livre bascule dans la tragédie de la 2ème guerre mondiale et toutes les horreurs commises.
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Voilà un livre qui m'a cueillie là où je ne l'attendais pas, un coup au coeur plus qu'un coup de coeur, pas un roman, une rencontre…surréaliste qui plus est !
En alignant son tempo sur celui de Desnos, en trempant sa plume dans l'encre de ses mots comme d'autres règlent leur pas sur le pas de leur père, Gaëlle Nohant fait un travail magistral d'écriture dont on sent qu'il s'appuie sur des recherches qui ne le sont pas moins : pas une anecdote qui ne trouve écho dans un texte ou un poème, pas un dialogue qui sonne faux entre tous ces amis-artistes multi-talentueux et multiculturels.
Je pensais m'ennuyer, me perdre entre deux conversations intellectuelles de purs esprits uniquement préoccupés d'eux-mêmes et de leur art, je découvre un groupe de potes inscrits dans une réalité qui les touche, les bouscule, les nourrit, les interroge et dont ils rendent compte à travers leurs mots, leurs pinceaux, leur voix, leur plume.
Il m'a semblé entre les lignes fluides de Gaëlle Nohant être conviée à leurs conversations, partager leurs coups de gueule et leurs éclats de rire, m'embrumer dans la fumée de leurs cigarettes, me soûler de leur champagne, de leur bon vin puis de leur ersatz de rhum quand il n'est plus resté que ça.
Je croyais n'entendre parler que de morts, fantômes figés sur leur piedestal d'artistes, je n'ai croisé que des hommes et des femmes vivant haut et fort, investis, engagés, désireux de partager leurs convictions et leur art, non seulement entre eux par-delà les frontières, mais aussi avec chacun de leurs contemporains. J'ai ressenti avec une force accrue la violence absurde de ces guerres venues barbeler des frontières entre ces européens de la première heure, ces frères naturels dans l'art, de cette faucheuse aveugle à la beauté de ces âmes et sourde à la grâce et à l'humour.
Bien sûr, ce livre n'est pas parfait, « il a les qualités de ses défauts » comme dirait ma belle-mère ! Certes, il est long, rend compte dans le détail d'épisodes historiques ou intimes dont la nécessité pourrait être discutée. Certes, il est parfois bavard, mais allez interrompre une conversation entre un Desnos et un Prévert, un Garcia Lorca ou un Jean-Louis Barrault
Ce qui est certain, en tout cas, c'est que cette Légende dégage, au même titre que le dormeur éveillé qu'elle évoque, un charme ou l'humour et l'humanité le dispute à la vivacité et à l'intelligence.
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Desnos est le poète qui m'a éveillée à la poésie. Sa fourmi de 18 mètres avec un chapeau sur la tête, combien de fois l'ai-je citée, récitée, de l'école primaire à la classe préparatoire. Si j'avais bien sûr déjà songé que ce poème était sûrement moins naïf qu'il n'y paraissait, je n'imaginais pas qu'on pouvait lire à travers ses mots l'ineffable horreur nazie. Je ne savais pas que le grand poète était aussi un résistant. Je ne savais pas que Robert Desnos était un héros avant de lire Légende d'un dormeur éveillé.

Gaëlle Nohant, dans toute la première moitié de son roman, plante le décor. Il y a les surréalistes, menés par le complexe André Breton, des grands peintres, des poètes névrosés, entre autres artistes surdoués qui se croisent, sympathisent, débattent, s'irritent, se lient et se délient, dans un Saint-Germain en effervescence. Au milieu, Robert, qui se détache, poète passionné, amoureux fou, homme espiègle et enjoué. Si je reconnais et salue l'incroyable travail de recherche et la plume si juste de Gaëlle Nohant qui s'illustrent dans cette première partie, je dois avouer m'être ennuyée à de nombreuses reprises.

Mais la seconde partie m'a emportée. Dans la terreur nazie, Robert s'engage au péril de sa vie, use de son génie pour dénoncer, ne plie jamais devant l'ennemi, résiste. Plus encore, il est optimiste, lumineux, généreux. Quand l'Histoire nous arrache les larmes, Gaëlle Nohant réussit, avec une grande finesse, à montrer l'espoir et l'amour, plus forts que la peur. A l'épreuve de l'atroce, Robert Desnos reste entier, c'est-à-dire joyeux, optimiste, amoureux.

Légende d'un dormeur éveillé est un hommage superbe et une ode à l'optimisme, vainqueur des ténèbres.
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Un roman éblouissant et très touchant ! J'ai adoré me promener dans le paris de Robert Desnos, j'ai adoré y croiser des figures de la littérature ou de l'art, des artistes rencontrés au détour d'un repas ou d'une soirée. Ce monde parisien de l'avant-guerre bouillonnant, coloré est tout en entier évoqué dans la poésie de Desnos présente à chaque page, à chaque ligne.

Les personnages prennent de l'épaisseur et du souffle à chaque page pour atteindre la partie sombre de la guerre dans la dernière partie.

Desnos apparaît comme un être d'exception, à la fois pétri de doutes mais aussi animé par un élan de vie hors du commun qui l'entraîne dans tous ces actes, ceux du quotidien et ceux de la création.

Ce roman est un vrai bijou littéraire.
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Desnos vient de rentrer de son voyage à Cuba et ramène avec lui Alejo Carpentier. Ils parcourent ensemble les rues de Paris qui à cette époque bruissent d'une vie artistique florissante. le lecteur s'attache alors aux pas de Desnos, rencontre avec lui Youki, et voit progressivement les nuages de l'histoire s'amonceler sur Paris.
Il est difficile de parler d'un roman qui m'a bouleversée et enthousiasmée à ce point. J'aurais envie de me contenter d'une onomatopée d'admiration et il n'y aurait rien de plus à dire. Je pourrais aussi trépigner en vous intimant l'ordre de la lire d'urgence, mais je ne suis pas sûre de vous convaincre vraiment de cette manière. Je vais donc m'efforcer de mettre des mots sur ce qui m'a tant plu.
Gaëlle Nohant peint une fresque animée de l'intense vie parisienne des années folles à la Seconde Guerre mondiale. le lecteur dépose ses pas dans ceux du turbulent Desnos. Tendre, courageux et profondément humain, Desnos mène une vie poétique et engagée, toujours en accord avec lui-même, jusqu'au dernier moment. Et s'est bien pour cela que le lecteur s'attache autant à ce personnage.
Si ce roman n'est pas une biographie, il en a pourtant l'érudition. Rien n'échappe au récit mais Gaëlle Nohant ne tombe jamais dans le sensationnalisme. le récit reste pudique, mesuré et le plus souvent délicat. L'auteure émaille aussi son texte de fragments poétiques, toujours en écho avec l'action, illustrant ici le lien intime entre la vie et la poésie, tel que l'a voulu Desnos.
Je voudrais terminer sur l'écriture de Gaëlle Nohant. J'ai été très surprise de ne pas retrouver celle du roman précédent qui me semblait très proche des auteurs réalistes. Ici, par mimétisme et pour mieux épouser la destinée de Desnos, non seulement la langue se fait poétique mais elle évoque très souvent l'écriture des poètes comme Desnos, Eluard ou Prévert. Ces poètes utilisent des mots simples, presque quotidiens pour en faire des mélodies accessibles à tous.
Ma chronique ne rend pas compte de la force de ce roman qui m'a fait verser des larmes abondantes alors même que je pleure très rarement lors de mes lectures; un roman superbe et dense, dans lequel on se plonge progressivement mais pour ne plus le lâcher.
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Robert Desnos, j'ai retenu ce nom en bas des poésies que me récitaient mes enfants. Gaëlle Nohant a usé de ses propres mots pour faire vivre et revivre Robert Desnos avec grand talent. Cet homme fut fidèle, tout au long de sa vie, à ses sentiments, ses opinions, bref fidèle à lui-même.
Cette évocation m'a permis de mieux connaître l'épopée des surréalistes, le caractère d'André Breton, les élégantes pirouettes de Desnos qui ne renonce jamais à ses idées, ni à ses amours. Il fut fidèle à Yvonne George qu'il aimât d'un amour sans retour, jusqu'à la suivre dans ses balades narcotiques. Youki de Montparnasse est l'épouse du peintre Foujita et devient son second amour, « sa Sirène ».
Dans le Paris de l'entre-deux guerres, la vie, la créativité foisonnent. Paris est le centre du monde artistique. Tous ces écrivains, peintres, poètes… maudits ou pas se retrouvent et s'entraident. Desnos ne se cantonne pas à la poésie. Journaliste, critique littéraire « Robert n'est pas obéissant. Dans le quotidien « Aujourd'hui », il s'en est pris à Hans Carossa, un nazi dont il devait chroniquer le livre, et il n'y est pas allé de main morte. », Dialoguiste il tâte de la radio. J'ai ainsi appris qu'il était l'auteur de slogan de réclame et… Interprète des rêves (quel beau métier !!). « Une jeune fille a rêvé d'un chat qui était dévoré vivant de l'intérieur par un autre chat. On aurait du mal à trouver plus elle métaphore de l'Occupation ! ».
Vu son tempérament, il ne pouvait faire autrement que prendre une part très active en entrant dans la résistance. Déporté, il meurt du typhus un mois après sa libération sans revoir Nouky et Paris.

Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n'existe pas, ça n'existe pas
Et pourquoi… pourquoi pas

« Cette fourmi de dix-huit mètres ne ressemble-t-elle pas à une locomotive, et son chapeau à un panache de fumée ? Dix-huit mètres, c'est la longueur précise d'une locomotive avec son tender à charbon. Et ces passagers de toutes les races parlant des langues différentes….
- …. Sont les déportés ? souffler Verdier, songeur. »
Cette comptine, admirablement interprétée par Juliette Gréco a donc un double sens.

Robert Desnos est vivant sous la plume de Gaëlle Nohant, tellement généreux, grande gueule (comme je les aime), bagarreur, heureux de vivre, un brin provocateur… Un homme que l'on aimerait avoir pour ami, pour amant tant ce doit être bon de se frotter à sa chaleur, son humanité, sa générosité. J'ai vraiment eu l'agréable sensation de partager son univers, de l'accompagner, de le découvrir, un très beau voyage.
Je suis sous le charme de ma lecture. Un coup de coeur

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Gaëlle Nohant a connue le succès en 2015 avec La part des flammes, elle revient aujourd'hui avec une biographie de Robert Desnos, figure importante du mouvement surréaliste, mais aussi critique, journaliste et résistant.

Elle nous propose un voyage dans le Paris des années 30, une ballade dans les nuits agitées des artistes de l'époque. Nous suivons les aventures du mouvement avec le personnage de Desnos, un artiste rebelle aux idées tranchées sous une apparence docile. le mouvement surréaliste, parfois obscure pour les novices, est ici, par le biais de la fiction décryptée : des hommes qui refusaient le passé et voyaient un avenir brûlant et coloré par l'art. La deuxième partie du livre ce concentre sur les années de guerre et de résistance.
Cette biographie romancée est un roman historique et artistique d'une grande richesse et d'une qualité de recherche indéniable. A travers ces plus de 500 pages, nous découvrons ou re-découvrons le destin d'un homme pris dans les tourmentes de son temps. Un héros au grand coeur, pour qui la vie fut un tourbillon artistique et humaniste mais qui, jamais, ne renia ses idées et ses sentiments.
Un roman riche de sentiments !

Merci à Priceminister pour l'envoi de ce livre, lu dans le cadre des #MRL17
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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La légende d'un dormeur éveillé fait partie de cette suite de textes que j'ai eu du mal à quitter. Ce roman évoque la vie tourbillonnante et généreuse d'un poète dont nous avons tous appris quelques-une des comptines en maternelle ou en primaire. Une fourmi de Dix-huit mètres par exemple... Robert Desnos participa à l'aventure du surréalisme, refusa toujours de s'inscrire dans un quelconque parti (comme Prévert) et se brouilla avec Breton. Pendant la guerre, il multiplie les activités officielles et clandestines. Son arrestation le conduisit à la déportation où il mourut dans les derniers jours du conflit. Ce tableau magistralement composé nous fait découvrir cette période sous un angle nouveau et au plus près de ses acteurs. C'est un très bel hommage à l'engagement de Robert Desnos : celui d'un homme libre en faveur de la liberté. Il m'a donné envie de relire son oeuvre.
L'originalité du texte de Gaëlle Nohant est de mêler récit et citations, qu'il s'agisse d'extraits de poèmes ou d'extraits de lettres de Desnos ou de ses amis.
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J'avais oublié son nom. Ce nom que j'avais entendu petite fille et récitée à l'école primaire de mon village. Ce nom et ce poème oubliés depuis des années.
Ce nom m'était réapparu en lisant Ombre parmi les Ombres d'Ysabelle Lacamp. Mais il ne me disait rien.
Ce nom c'est Robert Desnos le poète français.
Gaëlle Nohant, de sa plume magnifique, offre une biographie romancée de ce poète résistant, aimant la vie et la liberté, et par dessus tout écrire des poèmes.
Aimant deux femmes, Yvonne George et Youki son dernier grand amour.
L'auteure fait revivre le poète dans le Paris des années folles à l'occupation.
On y croise Prévert, Artaud, Aragon, Barrault, Breton, et bien d'autres encore.
On y croise la guerre, la folie meurtrière.
On y croise aussi des extraits et des poèmes de Robert Desnos, parsemés par-ci, par-là.
Et c'est là que j'ai retrouvé le poème appris petite fille à l'école primaire de mon village, page 412, "La fourmi". En fait, je ne l'avais pas tant oublié que ça ! Et que dire de la dernière partie qui m'a fait refermer ce livre à la page 597, des larmes plein les yeux.
Merci beaucoup à Gaëlle Nohant d'avoir fait revivre Robert Desnos afin que l'on ne l'oubli pas
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Un roman, une biographie, un hommage éblouissant…plus ! Une déclaration d'amour de Gaëlle Nohant, à Robert Desnos, ce poète trop méconnu qui, en 45 ans a vécu « mille vies ».
Poète, écrivain, journaliste, critique de cinéma, homme de radio, interprète de rêves, chroniqueur littéraire et enfin résistant. Il fut un homme sensible, amoureux, généreux, combatif, toujours épris de liberté et de justice.

Paris, Montparnasse, les années folles et le mouvement surréaliste. Les idées tourbillonnent et la création artistique foisonne. C'est l'époque de la fête permanente, de l'insouciance et de l'amitié.

Viendront hélas les années sombres, les montées nationalistes en Europe, la guerre et l'occupation ennemie, la déportation et l'horreur des camps de concentration.

Avec ce livre au style d'écriture riche, bien construit et parfaitement documenté, Gaëlle Nohant nous offre un moment de pur plaisir et l'envie de nous plonger encore plus dans cette période de l'histoire.
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