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sur 414 notes
Desnos était pour moi un personnage très méconnu...j'avoue avec honte que j'en connaissais seulement le nom, un peu l'histoire, et très peu la vie. Quant aux textes....lors de mes études, aucun de mes professeurs n'a eu l'intelligence ou la présence d'esprit de me faire découvrir ses textes...Trop moderne sans doute, on en restait aux classiques. Bien dommage Et je ne suis certainement pas le seul lecteur dans ce cas.
D'autant plus qu'on ne lit pas un livre de poésie, d'un trait, comme on le fait avec un roman. Non ! Pour moi la poésie se déguste pas petites touches, quelques minutes par ci, par là...
Gaëlle Nohant dont le livre figurait dans le rayon "Nouveautés" de la médiathèque qui fait mon bonheur, m'a fait découvrir LA poésie, non pas celle qui parle du temps qui fait, du vent ou des petits oiseaux, mais celle qui colle aux émotions de son auteur, à sa vie, à ses rencontres, à ses émotions face au monde dans lequel il vit. Elle m'a fait découvrir la poésie de Desnos par petites touches subtiles.
Elle a effectué un énorme travail de recherche documentaire à la fois dans l'oeuvre de Desnos, mais aussi dans celles de ceux qui ont croisé sa vie. Elle nous permet de découvrir sa vie, ses rencontres, les personnes qui ont fait un bout de route ou croisé le fer avec lui, le monde artistique, littéraire ou politique de son époque, et surtout ses engagements notamment contre la peine de mort.
Romancé, certainement, elle n'était pas dans sa chambre à coucher et n'a pas participé aux repas ou aux conversations qu'elle nous permet de vivre...elle imagine cette vie, ces rencontres, ces émotions..
Qu'importe après tout!
Ce texte s'appuie sur de nombreux livres qu'elle cite en fin d'ouvrage, écrits sur Desnos, sur l'homme et le poète, sur les époques de sa vie, sur des biographies de certains de ses contemporains....On croisera pèle mêle et en désordre Aragon, Picasso, Alejo Carpentier, André Breton, Éluard, Garcia Lorca, Man Ray, Jean-Louis Barrault, Jean Cocteau, le peintre Foujita, Henri Jeanson, Rrose Sélavy et Antonin Artaud et j'en passe. Nous sommes nombreux à connaître leur nom, mais sans plus, elle leur donne une part de vie, celle qu'ils ont partagée avec Desnos.
C'est celle du Tout-Paris de l'entre-deux guerres, du Paris de l'occupation, et des collabos, des intellectuels qui, par bassesse, choisirent l'Allemagne et de ceux qui risquèrent leur vie au nom de la liberté qu'ils écrivaient.
Régulièrement le texte de Gaëlle Nohant est imagé par quelques vers de Desnos, par quelques uns de ses textes. Ils illustrent les engagements de l''homme, dépeignent ses états d'âme du moment, ses peines et ses amours.
C'est un secret pour personne : il sera déporté, parce qu'il avait décidé d'agir et de parler malgré les risques, il mourra dans les derniers jours de la guerre...Paris était libéré, il était encore dans les camps nazis.
Une fin de livre, qui nous permet de comprendre le titre, une fin de livre chargée d'émotion, de tendresse et d'amour.
Un coup de coeur passionnant malgré quelques longueurs dans la première partie.
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Le livre commence en 1928, au retour de Robert Desnos de Cuba. Il s'agit d'une période charnière dans l'histoire du surréalisme.
1928, « les réunions du groupe surréaliste tournent trop souvent au procès de l'un d'entre eux ». L'absolutisme d'André Breton dans la direction du groupe irrite de plus en plus Robert Desnos.
Ce mouvement qui «a envoyer rouiller les écrivains établis avec les barbelés des tranchées » tend à se scléroser. Ainsi que le note Gaëlle Nohant « ils n'ont jamais eu peur d'user de leurs poings pour châtier la bêtise des nationalistes qui s'autorisent des millions de morts pourrissant dans les ossuaires des tranchées ». Elle emploie des formules choc qui démontrent bien l'écoeurement des jeunes gens qui a entraîné cette rupture de la génération sacrifiée de 14-18 avec les précédentes.
C'est toute l'époque entre les années folles et l'occupation dont on s'imprègne au fil des pages.
Après avoir rompu avec le surréalisme : « et je proclame André Breton tonsuré de ma main, déposé dans son monastère littéraire, sa chapelle désaffectée et le surréalisme tombé dans le domaine public, à la disposition des hérésiarques, des schismatiques et des athées » (troisième manifeste du surréalisme), Robert Desnos continue d'écrire en tant que journaliste.
Il nourrit son écriture poétique par toutes les formes que lui apportent les différents arts, visuels notamment, comme le court-métrage l'étoile de mer de Man Ray inspiré par un de ses poèmes. Sa vie évolue entre le rêve et la réalité, les deux étant totalement imbriqués. On note cette réplique de Madame Rachel, une voyante « Dans ta main, j'ai vu que tu as une sensibilité au monde qui ressemble à la mienne. Ne t'en réjouis pas trop, c'est un cadeau empoisonné. »
En 1936, il crée la première émission d'onirocritique radiophonique la clé des songes. Il y élucide les rêves de certains auditeurs. L'auteur fait référence notamment au rêve d'une auditrice de la Somme où Robert Desnos devine les années sombres à venir : un oracle dans le monde moderne. Il le restera jusqu'à ses derniers jours où pour remonter le moral de ses compagnons de déportation, il interprètera les lignes de leurs mains.
C'est cette sensibilité à fleur de peau que l'auteur a su faire ressortir tout au long du roman. Elle a noté sur la première page du livre « A Robert Desnos, qui m'accompagne depuis l'adolescence. Par ce roman, j'ai voulu lui rendre un peu de tout ce qu'il m'avait donné. » Elle a totalement réussi.

Grâce à la connaissance fusionnelle de l'oeuvre de Robert Desnos, Gaëlle Nohant nous permet de comprendre le poète et l'homme. Un livre à lire et à relire
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Nous sommes en 1928, Robert DESNOS rentre de Cuba. Accueilli là-bas par Alejo CARPENTIER, écrivain et musicologue, leur amitié aura raison des frontières. Robert DESNOS lui réservera une petite place dans sa cabine sur le chemin du retour, en toute clandestinité bien sûr. le ton est donné, Robert DESNOS fait partie de ces hommes épris de liberté et même s'il ne jouit pas d'une bonne vue, l'homme reste un gourmand de la vie, un curieux dont les jours ne suffiront pas à assouvir les envies, les nuits seront aussi propices à l'activité. Passionné par l'écriture, il travaille au journal Le Soir. Il côtoie les grands de la littérature, Jacques PREVERT, Aragon... ils se retrouvent autour d'André BRETON, le leader du mouvement des Surréalistes mais cette relation ne saurait durer. Robert DESNOS connait des moments difficiles, la presse écrite souffre, et avec elle les journalistes aussi. Il ne mange pas toujours à sa faim mais se nourrit de poésie. Robert DESNOS est un poète, il joue avec les mots. Profondément marqué par la guerre civile espagnole et l'assassinat en 1936 de Federico GARCIA LORCA, un poète lui aussi, Robert DESNOS décide de mettre son art à la disposition d'une cause d'intérêt général, il explore la voie de la poésie de contrebande. de là à passer dans le camp de la Résistance dans les années 40, il n'y a qu'un pas mais là c'est une toute autre histoire.

Impossible d'aller plus loin dans la biographie de cet homme de lettres, je crois simplement qu'il vous faut la lire.

Robert DESNOS, j'en avais entendu parler, oui, bien sûr, mais j'aurais été bien incapable d'en citer ne serait-ce qu'une oeuvre ou quelques vers. En refermant ce roman, j'ai très envie d'aller plus loin et de partir à la découverte de ses écrits. Il faut dire que Gaëlle NOHANT distille tout au long du roman quelques citations pour nous mettre en appétit de l'oeuvre toute entière d'un grand homme de lettres, assurément.

Ce roman, c'est d'abord l'éloge d'une plume qui s'inscrivait dans le registre littéraire de la poésie. Je ne sais pas bien pourquoi je suis passée à côté de lui jusqu'à maintenant et qui aurait pu me mettre sur sa voie dans le passé, mais ce que je sais aujourd'hui, c'est que grâce à Gaëlle NOHANT, je me sens désormais "armée" pour lire entre les lignes et m'imprégner pleinement de la puissance de la prose de Robert DESNOS.

Ce qui m'a beaucoup plus également avec cette biographie, c'est de m'immerger dans un contexte artistique, urbain, historique... et là je dois vous dire que Gaëlle NOHANT nous livre un roman d'une profonde intensité. Rien n'est laissé au hasard.

Elle nous plonge dans le monde de la culture et nous fait partager le quotidien de ces intellectuels parisiens qui se côtoient dans des cercles très fermés du début du XXème siècle pour réfléchir, philosopher, pendre parti (politique notamment)... j'ai adoré m'asseoir à la table enfumée de Jacques PREVERT, accueillir Hemingway rue Mazarine à Saint-Germain des Prés, partir en Espagne et me fondre dans les conversations entretenues avec Pablo NERUDA... Gaëlle NOHANT nous rend compte d'une vie artistique jubilatoire, elle nous fait (re)vivre le temps d'un livre cette période de l'entre-deux guerres où le pouvoir de la plume prend une dimension toute particulière.

Elle nous fait visiter les quartiers de Paris, de ceux qui accueillent la vie, de jour, de nuit. Il n'y a pas si longtemps, j'ai saisi l'opportunité de Minuit, Montmartre pour revisiter les rues du nord de Pigalle portée par la plume de Julien DELMAIRE à la découverte de l'univers du peintre Théophile Alexandre STEINEN. J'avoue que ce fut un réel plaisir de reprendre ma déambulation dans la capitale aux côtés, cette fois, du poète Robert DESNOS, et au bras de Gaëlle NOHANT.

Ce roman, non seulement il est biographique, mais il est également historique. En abordant le personnage de Robert DESNOS, Gaëlle NOHANT retrace tout un pan de l'Histoire européenne. Il y a la guerre civile espagnole et puis, la seconde guerre mondiale. Elle rend un hommage tout particulier à l'action des Résistants. Elle décrit la traque des juifs et, tout en poésie, l'action d'hommes et de femmes luttant contre l'occupant.

Gaëlle NOHANT réussit avec brio à lier les deux itinéraires, celui d'un homme et celui d'un pays. Nul doute que de nombreuses recherches documentaires ont été nécessaires en amont pour permettre à la petite histoire de s'intégrer dans la grande et le travail de l'écrivaine mérite d'être souligné. Elle dit leur avoir consacré une grande partie de sa vie ces deux dernières années, et elle ne compte pas toutes ces années qui depuis son adolescence l'ont mise sur le chemin de ce homme à la plume et au destin extraordinaire.

Personnellement, c'est dans la 4ème que la force du propos m'a le plus fait vibrer. Donner la voix à Youki, la femme qui a partagé la vie de Robert DESNOS, était un pari audacieux, un changement de perception qui se révèle parfaitement maîtrisé et permet d'achever cette lecture dans la plus grande émotion, bravo.

Assurément, ce roman est un petit bijou de la littérature.
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Dans un livre il y a le fond, et il y a la forme.

Ici, je n'ai rien à reprocher à la forme. Gaëlle Nohant a une jolie plume. de plus son travail de recherche est flagrant. Et rien que pour ces deux raisons, je ne me sens pas le droit de médire sr cet ouvrage.

A présent, le fond…

Pour beaucoup, Desnos est un monument des lettres françaises. A cela, je n'ai aussi rien à dire. Ce n'est pas parce que la poésie me laisse inerte que je peux le contester. Pour moi Desnos, c'est un poème (le zèbre, je crois) que je me revois encore réciter debout, droite comme un i devant un cerbère en blouse grise, presque la règle en fer à la main), des mots dont je comprenais rien ; des mots dont je ne comprends toujours rien d'ailleurs. On dit qu'il n'y a rien à comprendre dans la poésie, juste à ressentir. Seulement voilà, en bonne cartésienne, j'ai avant tout besoin de comprendre. Et la musique me direz-vous…. Je l'aime tant, sans parvenir à y mettre du sens…et pourtant elle me tire si souvent les larmes…. oui mais la musique passe par mes oreilles ; et ça change tout. Et la musique, c'est la musique !

Desnos, c'est aussi le résistant, mort en déportation. Respect ! C'est le souvenir récent d'un texte (entres autres bien entendu)de Desnos, mis en musique par Pierre Cholley dans le chant des rouleaux que j'ai chanté, avec beaucoup d'émotion…..la musique, encore et toujours…..

Alors me direz-vous, pourquoi j'ai eu tant de mal à lire ce livre ? En réalité après une première tentative qui a pris fin p 35, j'ai (chose rare) remis le couvert…..et j'ai résisté ( moi aussi), et tant bien que mal, je suis parvenue à lire la première partie. Mais le coeur n'y est pas. Et l'aventure s'arrêtera là car j'ai envie d'avancer dans mes lectures, et surtout y prendre du plaisir !
Les amours multiples de ces messieurs et de ces dames, ne m'intéressent guère. La bisbille entre Desnos et Breton sur fond de parti communiste, non plus !

A mon sens, ce livre est trop long ; l'ensemble pas assez vivant (cela manque de pep's, de coup de butoir pour entrainer le lecteur avide de lire, mais pas trop dans le sujet). Et puis, ces innombrables (trop) citations cassent le rythme de lecture, et déconcentrent en permanence.
Alors quand il faut donner une note à un livre qu'on n'a pas aimé, mais qui ne manque pas de qualités, on fait comment ? On ne le pénalise pas, on note par défaut, pour souligner le travail de l'auteur qui a l'intelligence de comprendre et d'accepter qu'on ne puisse pas accrocher.

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Gaëlle Nohant, Légende d'un dormeur éveillé - 2017 -

Exofiction - C'est un très beau livre que celui-ci qui raconte la vie de Robert Desnos, le poète surréaliste. Nous le suivons dans ses amours tumultueuses avec Yvonne et Youki, dans son aventure avec le surréalisme, dans ses fêtes avec ses amis : Pablo Neruda, Federico Garcia Lorca, Jean-Louis Barrault, Madeleine Renaud, Jacques Prévert, Antonin Artaud, Paul Éluard et d'autres que je connais moins. Puis vient le moment de la guerre et de son activité dans la Résistance. Pour le reste, on s'émeut avec Youki et l'on sait que cet homme habitera notre mémoire longtemps.

Desnos était un homme libre, entier et l'on apprend à apprivoiser sa poésie à travers les extraits de poèmes cités. Gaëlle Nohant a su nous toucher par le regard tendre qu'elle pose sur l'homme et l'oeuvre. J'ai beaucoup aimé.
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Choisi pour son titre et sa couverture, je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, sauf qu'il était question de Robert Desnos. Dès les premières pages, nous sommes plongés dans le Paris des années 20, avec ses personnages célèbres des nuits Parisiennes, ses intellectuels hauts en couleurs et surtout les surréalistes.

Clairement, il faut laisser les choses s'installer, s'acclimater à tous ces noms célèbres du XX ème siècle, qui finalement nous ne connaissons que de nom pour la plupart, et laisser la magie opérer.

Traverser l'entre deux guerres, la montée du fascisme, et la seconde guerre mondiale au travers l'existence de poètes, d'intellectuels et particulièrement du point de vue de Robert Desnos font de ce livre une merveille. J'ai vraiment eu la sensation d'avoir plusieurs livres entre les mains. C'est à regret que j'ai quitté tous les protagonistes de cette période mais enrichie par la découverte du courant surréalistes.
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Si je vous dis : années folles, entre-deux guerres, surréalisme, résistance , ça vous évoque quoi ou qui ?

André Breton, Paul Eluard, Louis Aragon, Jacques Prévert, Jean Cocteau, Antonin Artaud le suicidé...

Oui bien sûr mais aussi : Federico Garcia Lorca, Pablo Neruda, Alejo Carpentier...
Mais aussi la peinture de Foujita, de Picasso, d'Yves Tanguy...
Et le théâtre de Jean-Louis Barrault ...
Pourtant là il y a un nom qui manque à cette liste, celui de Robert Desnos, le poète, pas toujours surréaliste, mais toujours opposé au fascisme, Desnos le crève la faim, le journaleux, l'amant malheureux, l'ami de plus grand nombre, l'opposant à tous les extrémismes, le résistant, le déporté.
C'est une biographie romancée très réussie, lumineuse, passionnante que celle de Gaëlle Nohant. On y croise tout ce qui a compté à l'époque, les artistes, les penseurs, les militants, les amis du poète, toujours courant après la liberté, toujours en quête d'amour.
Un splendide tableau de cette période si riche mais qui court à grand pas vers le désastre.
J'ai vraiment aimé cette biographie, Robert Desnos l'amoureux absolu, le guetteur éveillé, celui qui donnerait jusqu'à sa dernière chemise, le faussaire magnifique qui loin des lumières fabrique les faux papiers nécessaires à ses amis juifs.

Robert Desnos qui peut faire le coup de poing pour des idées, pour défendre un ami mais qui refuse l'encartement au Parti Communiste et qui affirme « Que chaque jour t'apporte sa joie. Au besoin, provoque-la, prémédite-la. »
Robert Desnos farouche opposant à tous ce qui limite la liberté
Robert Desnos l'homme de radio que j'ignorais totalement et qui donne envie d'avoir accès à ces archives radiophoniques. Ah écouter la complainte de Fantômas !!!
Le conteur pour enfant, si bien sûr je suis certaine que vous savez qu'une « fourmi de dix-huit mètre ça n'existe pas »
Robert Desnos l'amoureux qui croyait avoir « une étoile pour veiller sur moi et une sirène à retrouver. » l'amoureux d'Yvonne que la tuberculose guette, de Youki hélas mariée au peintre Foujita…
Parfois ce Paris de l'entre-deux guerres est un rien trop foisonnant, l'avalanche de noms peu donner le tournis mais tant pis car je pourrais y revenir le jour où je le voudrais et cette vie intellectuelle était tellement effervescente qu'il est certainement difficile d'en rendre compte simplement.
La mort de Desnos, elle, je la connaissais, elle termine de façon abrupte,douloureuse et poignante cette biographie
Un livre au souffle certain, à la dimension historique réussie, à l'évocation talentueuse d'un homme dont on souhaiterait avoir été l'ami.
Ne vous laissez pas impressionner par la taille du livre, il vaut absolument l'effort de lecture
A lire pour tous les amoureux de poésie, de peinture, de théâtre ou d'histoire.


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Et voilà... J'avais entamé la lecture de la "Légende d'un dormeur éveillé" de Gaëlle Nohant lors de la rentrée littéraire de septembre, quelques temps avant de rencontrer son auteure. Et puis... l'activité professionnelle a pris le dessus et ce roman n'est pas du genre à se contenter qu'on lui consacre quelques minutes par jour et qu'on progresse à pas de nain à travers ses pages, ses petites histoires et ... sa Grande Histoire. Il a besoin qu'on y plonge les yeux, la tête et le coeur... Je l'ai donc mis au frais, me promettant d'y revenir. Et j'y suis revenu... Je l'ai terminé hier, les yeux humides... avec la conviction d'avoir refermé un beau et grand roman intelligent et sensible... Avec le sentiment d'avoir traversé Paris la Belle aux côtés de Robert Desnos et au bras de Youki... de les avoir vus vivre, aimer, résister, détester, réfléchir, créer ... D'avoir vu aussi la ville et les gens qu'ils aimaient souillés par la haine et la petitesse... D'avoir suivi les pas d'un poète en enfer, enfer qu'il éclairait de cette lumière qui lui a survécu... Un enfer aux vertus rédemptrices pour Youki. Merci Gaëlle d'avoir si bien conté l'histoire d'une... de deux... de mille vies... L'histoire de la grandeur de l'Homme... de sa médiocrité ... tout aussi humaine (car vous parvenez à préserver la part d'humanité jusque dans l'inhumain...).
Merci d'être un humain cohérent avec votre plume et de (faire) vivre (en ces temps dont je me dis qu'ils font parfois écho au roman) les valeurs de ce Robert qui me donnerait des scrupules à m'écrire avec une majuscule.
Et je vais me précipiter ... sans hâte (it's me ... Et puis il faut du temps pour sortir de cette légende) vers vos autres écrits.

Vous l'aurez compris ... Il faut lire cette "Légende d'un dormeur éveillé"... Parce que c'est très bien écrit, parce que cet ouvrage qui est plus lumineux que sombre éclaire la vie d'un homme et d'un siècle, parce que c'est plein d'amour, de vie, de haine et de mort et que 90 ans plus tard il faut se souvenir pour ne pas recommencer... 500 pages incontournables.
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La littérature est une passion française. Et comme toutes passions, elle provoque des dérangements, des tremblements, des malaises. Comme l'idée saugrenue de mettre à l'honneur Charles Maurras, fondateur de L'Action française, grand prosateur peut-être, homoncule infâme plus surement.

Et Céline, bien sûr, Céline. le grand et le terrible, qui de son VOYAGE AU BOUT DE LA NUIT n'en finit plus de hanter les cénacles et de provoquer des prurits d'admiration béate. Et l'on sinue, on contourne et on louvoie pour expliquer, amender : c'est que vous comprenez... C'est un génie.

En quoi le Génie est-il une excuse ? Ne serait-ce pas, plutôt, une circonstance aggravante ? Si tant est qu'il y ait génie...

Et face à un Luchini postillonnant, vibrionnant d'enthousiasme, bramant "Céline, Céline", je rêve souvent d'une femme calme et posée, susurrant dans un soupir, clair et définitif, : "Desnos, Desnos...".

Gaelle Nohant tire Desnos de la torpeur oublieuse où l'on a eu le tort de laisser Robert Desnos dormir.

D'une plume alerte, incisive, Gaelle Nohant fait revivre un poète libre, insoumis, surréaliste qui n'aime pas plus se plier aux diktats mesquin d'un André Breton, petit Stalinien de plume qu'aux nouveaux maîtres de la sphère culturelle du Paris collaborationniste. le prince des poètes ne fut jamais le poète des princes.

Surtout, l'écrivaine montre l'absolue modernité de ce touche à tout qui fit de sa vie un poème, qui la consuma.

Enfin, ce dormeur éveillé est un amoureux des femmes et d'une en particulier, Youki, qu'il aima d'un amour incandescent et inaltérable.

Bref, un sacré bonhomme que ce Desnos. Certainement pas un saint, il pouvait commettre lui aussi quelques médiocrité mais à l'heure du choix, il sut faire ce qui est juste.

Ces quelques 500 pages de cavalcade dans un paris d'après guerre qui sombre peu à peu dans la collaboration la plus crasse sont rendues avec une justesse et une verve qui laissent admiratif.

Entrelardé des vers puissants, prothétiques et beaux, tout simplement beaux, de Desnos, LÉGENDES D'UN DORMEUR ÉVEILLÉ nous montre que la bohème ne dura qu'un entre-deux mais que ces années là... C'était quelque chose !

Je déteste dévoiler un dénouement mais il est de notoriété publique que Desnos mourut en déportation, dénoncé par les amis que fréquentait Louis Ferdinand Céline assidûment.

Un de ses compagnons de détention rapporta, qu'à une aube, réveillé brutalement par les SS et au garde à vous dans le petit matin glacial, dans l'une de ces décisions absurdes, chaotiques que produit le pouvoir absolu d'hommes sur d'autres hommes, ce jeune homme murmura à Desnos "C'est mon anniversaire aujourd'hui".

Et Desnos de répondre

"C'est gentil de m'avoir invité".

Et ça... Cela vaut toutes les phrases du Destouches.
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De Robert Desnos je ne savais rien, ou si peu. Quelques bribes de poèmes, son appartenance au mouvement surréaliste. Voilà à quoi se résumaient mes connaissances.

Je ne savais rien de l'homme engagé, courageux, amoureux, entré en Résistance auprès du groupe AGIR et qui paiera de sa vie sa volonté de ne pas plier devant l'occupant allemand, de ne pas renoncer à sa liberté de parole et de pensée.

Voilà un livre qui nous mène dans les pas de tout ce que la France compte d'artistes, d'écrivains, d'intellectuels dans une période troublée qui va de la fin des années 20 à celle de la seconde guerre mondiale. On y croise Eluard, Aragon, Foujita, Cocteau, Breton, Prévert, Man Ray, Jean-Louis Barrault, et tant d'autres. On y apprend ce que fut la vie de Desnos au sein du groupe des surréalistes, sa volonté de s'émanciper du très dictatorial André Breton.

On y découvre ses amours et surtout Youki, muse de Foujita. On y apprend surtout qu'il a bravé les lois allemandes et qu'il s'est engagé avec conviction. Un engagement qui lui sera fatal, puisqu'il sera déporté et mourra en 1945.
Je ne cacherai pas que j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, que je suis restée en retrait pendant quelques temps. Un rien dans le style qui m'a retenue au bord du récit pendant quelques pages. Et puis, petit à petit, je me suis laissée couler dans la poésie et dans l'univers de Robert Desnos à travers les mots de Gaëlle Nohant.

L'auteure dose avec justesse les émotions. Elle nous parle d'une époque, la fin des années 20, légère et insouciante qui laisse place à une époque plus tourmentée où les choix des uns et des autres seront cruciaux. Elle nous dresse le portrait d'un homme touchant qui ne renonce pas, ni à l'amour ni à ses convictions.

Le travail de reconstitution est aussi magistral, le pouvoir d'évocation est tel qu'on a vraiment l'impression de vivre tous ces bouleversements en même temps que les protagonistes.

Une lecture passionnante et pour moi la découverte d'un poète qui fut un homme admirable.
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