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Claude Seban (Traducteur)
EAN : 9782253111122
664 pages
Le Livre de Poche (17/05/2006)
3.87/5   155 notes
Résumé :
À Salthill-sur-Hudson, on roule en limousine et on cultive les orchidées. On est beau, on est riche et on vit hors du temps dans un enclos idyllique. Personne ne pouvait imaginer que la mort accidentelle d'Adam Berendt, le sculpteur aimé de la commune, allait faire basculer ce petit coin de paradis dans l'enfer. Sa disparition délie les langues et déchaîne les passions. Berendt était-il aussi inoffensif et retiré qu'il en avait l'air ? Un manège de personnages et de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
3,87

sur 155 notes
Comme une histoire qui commencerait par une fin.
Adam Berenth a plongé dans la rivière Hudson pour sauver une gamine de la noyade. Cet acte courageux lui sera fatal. Décédé, ses amis et leurs épouses, tous vautrés dans le confort de la classe aisée de la petite ville de Salthill, vont se souvenir de l'homme qu'il était et que tous et toutes appréciaient. Mais qui était vraiment Adam Berenth à part ce cinquantenaire, artiste cultivé et voisin aimé ou convoité ?
Joyce Carol Oates nous offre le plaisir de découvrir cette brochette de personnages comme elle sait si bien les inventer, avec le talent et l'imagination qu'on lui connait. Ils ont tous leur part de mystère, leurs petits secrets, leurs tragédies.
« Hudson river » est un très bon roman, bien écrit, avec du rythme et des protagonistes énigmatiques qui nous entraînent, chacun à leur tour, dans leur folie monomaniaque.
Difficile de juger ce roman par rapport à l'ensemble de l'oeuvre de l'auteure, car Joyce Carol Oates a le génie de savoir toujours se réinventer, traitant des sujets de sociétés les plus diverses. A chaque fois, c'est une surprise. Elle est la grande ordonnatrice de ses univers imaginaires, la déesse de ses créatures faites de papier et d'encre.
Pour qui a le goût de la belle littérature et des psychologies alambiquées...
Traduction de Claude Seban.
Editions Points, 699 pages.
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Sous des airs de Desperate Housewives, JCO dépeint la vie de cinq couples quinquagénaires d'une banlieue très aisée de New York, Salthill; d'ailleurs, le titre original, Middle Age: a romance, rend beaucoup mieux compte du contenu de ce roman: la crise de la cinquantaine, le démon de minuit qui s'empare de nos personnages.
Tout commence par la mort d'Adam Berendt, homme énigmatique et charmeur, sculpteur à ses heures perdues, et que tous ou presque considéraient comme leur ami intime pour les hommes, leur confident et amant platonique pour les femmes, toutes mères au foyer d'enfants déjà grands.
Cette mort provoquera chez chacun un minuscule basculement, une prise de conscience personnelle qui brisera le cours de leur existence pour le pire ou le meilleur.
Les personnages de ce roman choral, stéréotypes d'une génération d'hommes ambitieux et de femmes dévouées à leur famille, ne se présentent pas sous leur meilleur jour, que ce soit dans leurs relations amicales hypocrites, leurs relations conjugales routinières ou complexées, ou celles distantes avec des enfants devenus adultes méprisants, revendicatifs et revanchards. Où est l'amour dans tout ça?
Pourtant, chacun s'imaginant suivi par le fantôme bienveillant mais critique d'Adam, en bousculant sa vie, devient peu à peu attachant, même si certains le sont clairement plus que d'autres.
Pas un coup de coeur parmi la bibliographie de l'auteure mais un bon moment de lecture quand même car elle ne nous mène jamais là où on l'attend, menant ces diverses vies, sans oublier celle d'Adam, dans différentes directions inattendues. Je retiendrai en particulier celle d'Augusta, à qui je me suis attachée contre toute attente.
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Dans la production prolifique de l'auteure, ce n'est pas un de mes romans préférés mais j'avoue avoir lu avec plaisir ce récit polyphonique, autour de la mort d'un homme bien mystérieux, Adam Berendt, artiste original et méconnu.

Je suis attirée par les livres où s'expriment différentes voix, comme autant de facettes d'un kaléidoscope, permettant d'appréhender de manière variée et souvent contrastée les contours d'un personnage. Ici, à travers les points de vue des amis et proches d'Adam, se révèlent non seulement le caractère et les agissements que celui-ci a eus de son vivant mais aussi les tourments secrets et la folie- ce thème omniprésent chez l'auteure- rôdant en chacun des autres protagonistes.

Les révélations progressives concernant la véritable identité ( livrée très tard dans le roman) d'Adam vont provoquer un raz-de marée dans les existences de chacun. De son amie , la trop discrète Marina, à sa voisine amoureuse de lui ,Camille, de son avocat Robert , compliqué et insatisfait à la sensuelle Augusta, qui l'aimait, aucun ne sortira indemne de cette disparition...

Si j'ai aimé la façon brillante de l'auteure d'entrer dans les pensées de ses personnages,je n'ai pas eu tellement d'attirance ni d'empathie pour ceux-ci, j'ai trouvé aussi qu'il y avait quelques longueurs , des passages un peu inutiles.

Cependant, plonger dans l'Hudson River pour découvrir les profondeurs , les tréfonds de l'âme humaine a été une expérience enrichissante, comme toujours chez Joyce Carol Oates!

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"Cette nuit là, dans la maison d'Old Mill Way, les Hoffmann dormaient. Dans leur mariage-terrier, les Hoffmann dormaient. Dans le grand lit à colonnes de la vieille maison XVIIIème des Macomb, ou peut être des Wade, une demeure historique de la région, les Hoffmann, épuisés,dormaient....
Dans leur coûteux mariage-terrier dont l'oxygène s'était échappé, laissant l'air humide et malodorant comme des draps douteux. Quoique les draps du lit à colonnes fussent d'un lin luxueux et fort peu douteux. Et les énormes oreillers étaient rembourrés de plume d'oie, coûteux et opulents. Et la chambre à coucher, la chambre de "maître" comme disent les agents immobiliers, était magnifiquement meublée de meubles de l'époque révolutionnaire; et les murs tapissés d'un réseau de fleurs de lis gris perle et de vrilles serpentines, qui reproduisait à l'identique la tapisserie de la chambre à coucher du général Cleveland Wade et de sa femme. Dans ce cadre, les Hoffmann dormaient. Assommés par le chagrin,ils dormaient. Chacun de leur côté du grand lit. Ils étaient épuisés, exténués; comme des nageurs qui n'ont réussi que de justesse à regagner le rivage en échappant à une mer traîtresse; des nageurs qui ont survécu à un naufrage commun, et redoutent de voir ce qui est arrivé,et ce qui est presque arrivé ,dans les yeux de l'autre.
Non! Je ne veux pas regarder. Ne m'oblige pas à regarder. Je ne te connais pas."

Les Hoffmann, ce couple qui dort, ne sont que deux des personnages de ce roman touffu , 665 pages dans un style à la fois haché par moments, mais aussi très descriptif , et d'une grande finesse psychologique.
Un petit village dans la périphérie de New York, des habitants pour la plupart fortunés, le vernis habituel des conventions sociales, et puis un personnage ,un sculpteur, Adam, que tous aiment ,enfin que toutes les femmes aiment.
Adam meurt en sauvant une petite fille de la noyade , et sa mort va faire tout exploser.

Raconté comme cela, on dirait le scénario de Desperate house wives...
C'est un peu ça mais c'est mille fois plus fouillé dans les personnages. Et surtout, il y a un grain de folie ( toujours présent chez Joyce Carol Oates, j'en ai bien l'impression) qui me plait beaucoup.
Et puis, toujours, le thème de la rédemption, Adam paie pour un drame de sa jeunesse, et sa mort délivre certains de leurs sujétions...

Ce n'est pas un roman inoubliable, j'ai moins aimé que Les Chutes par exemple, mais je trouve quand même qu'elle a beaucoup de talent!
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Joyce Carol Oates fait partie de ces auteurs prolifiques qui imaginent des intrigues fouillées et des personnages à l'avenant. D'un tempérament de fresquiste, elle ne semble jamais à court pour faire sortir de son cerveau des protagonistes qui, bien que présentant des points communs puisqu'ils naviguent tous dans le vaste océan de la société américaine, se révèlent toujours aussi différents que pourraient l'être leurs empreintes génétiques. En ce sens, on peut voir en Oates un écrivain populaire, comme Balzac, Hugo, Zola le furent en leur temps et son oeuvre restera certainement comme l'une des plus importantes dans la littérature étatsunienne et mondiale du XXème siècle.

Même s'il n'appartient pas pour moi aux ouvrages majeurs, "Hudson River" ne contrevient pas à ces règles générales. La romancière y utilise une mort accidentelle - celle d'Adam Berendt, sculpteur atypique qui avait choisi de s'installer dans la banlieue chic de la ville de Salthill, Hudson River - comme un levier destiné à peser sur la vie des principaux amis et relations d'Adam et à y créer une brèche par laquelle, avec les interrogations, va s'introduire le désir de plus en plus impérieux de se remettre en question.

Ce sont surtout les femmes qui se sentent concernées par la disparition d'Adam. Des femmes qui, presque toutes, avaient rêvé de devenir sa maîtresse mais qui n'avaient jamais été pour lui que des amies. Dans leur ombre, leurs conjoints qui, eux aussi, vont être gagnés par la volonté d'une existence différente. Tout ce qu'ils découvrent ne pas savoir sur leur ami disparu les poussent toutes et tous à revoir leur mode d'existence, à le rêver plus conforme ... A quoi ? A ce qu'Adam aurait voulu pour eux, pensent certain(e)s. A ce qu'Adam avait réussi à faire de sa propre existence, estiment les autres.

En filigrane, pour les plus fidèles - et, en ce domaine, ce sera Augusta Cutler qui se révèlera la plus digne - la quête du véritable Adam Berendt.

Peut-être certains trouveront-ils assez pénibles les premières pages du livre. Tel fut mon cas, je l'avoue sans honte. Puis j'ai compris que ces hachures geignardes et ces phrases tronçonnées, soulignant le battement affolé des pensées de celle qui, la première, apprend la mort d'Adam, Marina Troy, la libraire du coin, pour laquelle il avait fait beaucoup et qui, comme les autres, rêvait de l'avoir pour amant, servent aussi à fixer le caractère du personnage avant qu'il ne parte à la recherche de lui-même.

Quoi qu'il en soit, "Hudson River" est un roman honorable, construit aussi solidement qu'à l'accoutumée et idéal pour des vacances tranquilles mais il n'est en rien comparable à ces très grandes pointures que sont, chez Oates, "Nous étions les Mulvaney", "Blonde" ou encore "Délicieuses pourritures." Qu'on se le dise et on n'encourra aucune déception. ;o)
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... - "Frankie Brady était un garçon comme on en voit peu," [dit le proviseur.] On aurait dit qu'il venait de découvrir la lecture, les livres, "la vie de l'esprit", que la plupart des gens ne vivent jamais. Sûrement pas les gens d'ici, en tous cas. Frankie ressemblait à un jeune chien affamé, reconnaissant de la moindre miette qu'on lui donne."

De la vie privée de Frankie Brady, il n'avait jamais su grand chose, sinon qu'"il avait eu des ennuis dans le Montana. C'est pour ça qu'il a débarqué un jour à Red Lake. Il se sentait coupable de ne pas se battre au Viet-Nam, de ne pouvoir entrer dans aucun corps des forces armées à cause de son oeil. [Adam Berendt était borgne.] Et puis, la façon dont il est parti à déçu certains d'entre nous.

- Comment est-il parti ?" demanda Augusta.

- "Il est juste parti, madame. Il dirigeait un dépôt de bois ici, un poste à responsabilité pour un gosse qui avait à peine plus de vingt ans, mais on faisait pression sur lui, une fille peut-être, à moins qu'il n'en ait eu assez de vivre ici, tout simplement. Frankie avait une personnalité chaleureuse, vous savez. Même quand il ne disait pas grand chose, il vous écoutait et vous regardait avec cet oeil unique, en vous donnant l'impression que c'était un moment spécial. Il savait vous rendre heureux, même quand il ne l'était pas lui-même, ce qui arrivait souvent. Alors, quand il parti, les gens l'ont regretté et certains se sont sentis blessés. ... [...]
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[...] ... "Mais ce dont je me souviens le mieux, [dite Lionel], c'est le "Connais-toi toi même." Socrate, n'est-ce pas ? Et les tragédies grecques. Un homme commet une faute, et il la reconnaît : il se crève les yeux, ou se pend. Pas d'apitoiement sur soi-même, pas d'appel à la justice ni à la clémence. C'était une drôle de justice. Lorsque l'on était coupable, on payait. Et même lorsque l'on n'était pas coupable. Parce que parfois, on ne savait pas vraiment quel était le crime. Et c'est cela, la vie. Quel monde ! Je suis chrétien mais ... bon. "Heureux les doux : ils auront la terre en partage ..." : je me demande ! C'est plutôt une histoire de gagnants et de perdants, non ? Des gens qui se transforment en oiseaux, ou en arbres, en rivières ; une femme transformée en cygne et violée par un ... taureau ? Ou le contraire ? Un dieu en fait. Le taureau, je veux dire. Et parfois, les dieux étaient invisibles. C'étaient des espèces de paraboles, je suppose ? Ce n'était pas chrétien, en tous cas. Ce chasseur que ses propres chiens déchiquettent parce qu'il a vu une déesse se baigner nue dans les bois. Il l'a vue par hasard, en quoi est-ce sa faute ? Mais il est tout de même puni, il est transformé en ... quoi ? J'ai oublié.

- En cerf.

- En cerf."

Lionel rumina ce fait. Il avait la langue un peu pâteuse mais la voix ferme. "L'animal qu'il chassait, il le devient, et il est tué et il y a une justice bizarre là-dedans, non ?"

C'est ainsi que lui et Adam Berendt parlèrent. Que Lionel parla. Aux premières heures de cette nouvelle année, il était saisi d'une nostalgie qu'il avait refoulée jusqu'alors - la nostalgie d'une jeunesse perdue qu'il n'avait en fait jamais vraiment vécue. Cela, il le confierait presque ! ... à Adam Berendt ! Mon ami. Adam est mon ami. ... [...]
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Car qu'étaient les livres sinon les plus vieux amis de Marina. Livres illustrés pour enfants et, plus tard, livres pour adultes, qui sont (pourrait-on soutenir, à la façon socratique d'Adam) d'astucieuses variantes des premiers, dans lesquels l'imagination prend l'habit due "réalisme". Marina aimait les livres, elle aimait leur odeur et leur contact, les éditions cartonnées aux couvertures glacées, les livres de poche de qualité, festonnés de bouts d'éloges enthousiastes pareils à de minuscules éclats de voix amies, presque inaudibles.
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Le fleuve! Marina se rappelait que , de l'atelier d'Adam, à l'arrière de la maison,on pouvait le contempler durant ces longs moments hypnotisants où la lumière déclinait sur les flots agités et où le crépuscule s'approfondissait sur le bord des choses.
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C'était surtout les femmes, bien sûr, qui souffraient de mille maux mystérieux. Nerfs, migraines, perte d'appétit, dépression. Il y avait une indisposition en libre circulation, désignée couramment du nom vague de "grippe", et un état physique quasi omniprésent qualifié de "fatigue chronique", de "syndrome Epstein-Barr", qui touchait particulièrement les femmes sans travail ni responsabilités... Alors qu'à une autre époque ces femmes se seraient peut-être passé des recettes, des modèles de robes et des vêtements pour bébés devenus trop petits, dans le Salthill d'aujourd'hui, elles se passaient leurs symptômes.
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Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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