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EAN : 9782253942542
254 pages
Le Livre de Poche (01/10/1997)
3.76/5   29 notes
Résumé :

Parmi les cinq sens, l'olfaction et le goût sont les plus décriés, car ils rappellent avec trop d'insistance que l'homme n'est pas seulement un être qui pense, mais qu'il est aussi un animal qui renifle, sent et goûte. D'où le discrédit jeté sur ces deux sens et ce qu'ils permettent : la gastronomie, l'art de manger et de boire. Or, on peut entendre la gastronomie comme une discipline qui voit le jour après la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Cet essai m'a bougrement intéressé et même si je puis dire nourrie encore, et je me réjouis de voir que, sexagénaire toujours passionnée de « nourritures terrestres », un Onfray m'en conte encore.

Les beaux-arts : peinture, sculpture, architecture, gravure, musique, cinéma, photographie, l'Académie des Arts beaux, ne répertorie notons-le ni la littérature, ni la nourriture…. Il n'est d'art traditionnellement que pour les yeux et les oreilles, seuls sens susceptibles de donner lieu au plaisir esthétique.
Il était temps qu'un Onfray jette le pavé et prenne le parti de réhabiliter les plaisirs du goût et de la table et de revendiquer pour la cuisine, "cet art sans musée et sans école", une dignité philosophique comparable à celle des autres arts, philosophie qui nous invite "à sculpter son existence, son destin et son corps, comme on le fait pour une oeuvre d'art". J'adhère à 1000 %. (et je crois bien que dans la foulée je vais me laisser tenter par « la sculpture de soi »…).

Je n'en finirais pas de dire tout ce que j'ai aimé dans cet essai…. Dès le prologue j'ai craqué : « Mon meilleur souvenir gastronomique, c'était une fraise dans le jardin de mon père. La journée avait été chaude, un été. Les fraises étaient gorgées de cette chaleur qui brûle les fruits jusqu'au coeur où il sont tièdes.[...] Mon père m'a invité à la passer sous l'eau, selon son expression, pour la nettoyer et la rafraîchir.[...] Lorsque je mis la fraise en bouche, elle était fraîche sur sa surface et chaude en son âme, peau douce presque froide, chair tempérée. Ecrasée sous mon palais, elle se fit liquide qui inonda ma gorge. J'ai fermé les yeux [...] je fus cette fraise, une pure et simple saveur répandue dans l'univers et contenue dans ma chair d'enfant ».

Emotion. Je passe.

Après on s'amuse beaucoup avec cet extravagant Grimod de la Reynière, quel personnage !! et l'on s'instruit beaucoup avec Brillat-Savarin et sa Physiologie du goût que l'on a généralement lu, à tort selon Onfray, comme un simple livre de recettes….

Ce que j'ai beaucoup particulièrement aimé dans ce livre ce sont surtout, au final, les questionnements auxquels il nous conduit : tel que, tout d'abord, tout art éphémère est-il un art beau ? que peut-on désigner comme faisant partie des beaux-arts aujourd'hui ? (définir le beau peut-être aussi avant tout)… Mais aussi, même si ce n'est pas évoqué, ni constitue le propos de ce livre, toutes les interrogations auxquelles cet essai nous amène, en quoi l'homme résulte-t-il de ce qu'il mange et comment il mange ? quel impact la nourriture peut-elle avoir sur notre pensée ? Quid de notre culture alimentaire aujourd'hui à l'ère des fast food et demain de la cuisine moléculaire ?
Et puis bien évidemment, sous-jacent, le devenir de l'alimentation humaine, industrialisée et pas seulement en terme de santé ...
Et le devenir de l'homme tout bonnement ? car quand Onfray dit que « Derrière chaque gourmand il y a un enfant qui cherche à combler une angoisse primitive. » … sur quoi demain l'homme s'appuiera-t-il pour surmonter ses angoisses ou le tragique de son existence avec le lyophilisé, le sous-vide  ? N'y a-t-il pas un leurre dans les hautes sphères étoilées de la gastronomie pour les gens de peu qui constituent la majorité d'entre nous ? et tant et tant d'autres interrogations….
Ok je m'éloigne du sujet du livre mais c'est de sa faute….
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J'aime le cuisine et la philosophie, quand de suis tombé sur ce bouquin, par hasard, je le suis dit "pourquoi pas ?" Il est là, à côté de moi. le mec de Magritte sur la couverture me regarde dubitatif. Oui, je suis dubitatif. Je ne suis pas un grand fan d'Onfray à la base, mais j'aime bien son approche hédoniste, je comprends l'importance du corps dans la pensée.

J'ai apprécié de rencontrer ces figures que j'ignorais et de voir les liens qui pouvaient être fait entre la gastronomie et la pensée ou la société. J'aurais cependant aimé un peu plus de lien dans cette sauce là. La présentations des ces philosophes du goût, de ces gastrosophes apporté cependant quelque chose, une réflexion qui n'est pas sans rappeler Nietzsche.

Pour autant, il y a du savoureux dans la forme de l'ouvrage. le style d'Onfray fait défaut à beaucoup de philosophes actuels.
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L'idée de Michel Onfray est excellente : mettre le corps en avant, comme cause première du raisonnement, et montrer que les sens méprisés (le goût et l'odorat) en disent beaucoup sur la pensée. Il fait alors un parallèle entre certains grands penseurs et leur pensée.

L'idée est excellente, mais l'exécution est parfois laborieuse. Au point qu'on en arrive à des poncifs du style : les végétariens sont des gens mauvais ; la preuve, Adolf Hitler était végétarien. Ah ben dis-donc, ça vole haut la philo. Bon, c'est un de ses premiers essais, on va mettre ça sur le compte de la jeunesse.
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Liberté, Égalité, Fraternité, la bonne bouffe et savoir vivre. Avec une loupe très puissante Michel Onfray explore le bonheur des sens olfactif, odorat et le toucher. Il commence avec les bulles de Dom Pérignon, et le voyage nous amène loin. le titre ainsi que l'auteur est donnent assez de raisons pour lire La Raison Gourmande
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La conversation vint sur Yquem qu’alors je n’avais jamais bu… lorsqu’apparut la glace au miel et au chocolat, Denis Mollat (1) me demanda ce que je souhaitais : quel flacon ? Je suis fou de chocolat autant que de vins et n’aspire à gâcher ni l’un ni l’autre par un champagne ou un porto. De l’eau. Pour sa part, Denis Mollat m’invita à lui faire confiance, à le suivre dans son délire d’affinité singulière et désigna au sommelier, sur la carte, une bouteille en s’inquiétant de sa température et de sa capacité à être bue dans l’heure. …. je reconnus l’étiquette de la bouteille qu’on avançait. J’eus envie de m’enfuir, de quitter la table, de parler, de protester, de refuser. C’était Yquem, bien sûr, 1979.
Etait-ce le moment ? Y avait-il opportunité ? Je me sentais dans l’état d’inquiétude de qui s’est longuement préparé pour une occasion dont, soudain, la venue semble prématurée. N’avais-je pas, en parlant d’Yquem, sollicité des dépenses somptueuses et une magnificence hors de propos ? Comment reculer, esquiver, remonter le temps pour n’avoir pas à connaître cet état déstabilisant ? J’avais imaginé mille occasions pour ce jour unique, toutes plus différentes les unes que les autres, toutes associées à des faits singuliers, rêvés, construits comme des cathédrales. J’avais pensé fêter un événement à la dimension. Et c’est l’événement qui lui-même devenait une fête.
(…)
Tout s’était suspendu, arrêté. Les bruits du restaurant vibrionnaient dans ma tête, je n’osais croiser le regard de mon commensal. L’émotion avait gagné mon ventre et mes muscles, ma chair et ma peau. Tout était tendu, comme installé dans ces zones blanches où l’on ne sait si ce qui va sortir de notre bouche sera un cri, un sanglot ou un mot brisé.
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Certes, la civilité gourmande oblige le citoyen alimentaire à quelques obligations, car il ne saurait y avoir de droits sans devoirs, et vice versa.

… vider son assiette, son verre et entretenir la conversation ; ne pas médire de la personne à qui l’on doit son repas pendant au moins les six mois qui suivent. Peut-être cette dernière injonction est-elle la plus redoutable, car combien sont capables d’endurer plus longtemps le tourment que les deux minutes nécessaires pour fermer la porte ?
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Je me souviens de la buée sur les carreaux de la fenêtre de la cuisine, du froid dehors, de la neige et des odeurs du repas en train de se faire. De la purée dans laquelle je faisais un petit puits pour que ma mère y fasse couler une ou deux cuillerées de sauce et que mon père y laisse tomber un peu de l’échalote crue qu’il éminçait dans sa propre assiette. La maison, le feu de la cuisinière était un brasier dans la petit pièce – dehors était l’hiver, dedans, quelque chose qui ressemblait, peut-être, au bonheur.
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… le champagne c’est avant tout cette étrange poésie des bulles éphémères, légères, libres qui me font songer à celles qu’on voit dans les vanités flamandes, gracieuses et en péril, au bout du chalumeau d’un métaphysicien d’occasion.

Devant la mort, que disent les bulles, le roi et le paysan, le prince et le manant sont à égalité. L’existence ne dure pas plus que les bulles. Homo bulla.
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La cuisine a cessé d'être exclusivement une affaire de bourgeois qui se nourrit pour devenir une esthétique à part entière, un prétexte pour expérimenter le goût dans la jubilation, une occasion hédoniste. Elles ne sont pas si fréquentes qu'on ait le loisir et la mauvaise grâce de les bouder.
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Videos de Michel Onfray (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Michel Onfray
*INTRODUCTION* : _« […] Je veux seulement, Monsieur, vous faire part d'une chose que j'ai lue dans Montaigne, et qui marque son bon goût. Il souhaitait devenir assez savant pour faire un recueil des morts les plus éclatantes dont l'Histoire nous parle. Vous qui êtes son partisan, vous approuverez ce dessein que j'exécute en partie. En effet, le véritable point de vue où je placerais une personne qui veut bien juger du ridicule qui règne dans le monde, est le lit de mort. C'est là qu'on se détrompe nécessairement des chimères et des sottises qui font l'occupation des hommes. Nous sommes tous fous ; la folie des uns est plus bouillante, et celle des autres plus tranquille. »_ *André-François Boureau-Deslandes* [1690-1757], _À Monsieur de la Ch…_
_« Rien ne doit plus nous frapper dans l'histoire des grands hommes, que la manière dont ils soutiennent les approches du trépas. Je crois que ces derniers moments sont les seuls, où l'on ne puisse emprunter un visage étranger. Nous nous déguisons pendant la vie, mais le masque tombe à la vue de la mort, et l'Homme se voit, pour ainsi dire, dans son déshabillé. Quelle doit être alors la surprise ! Tout l'occupe sans le toucher : tout sert à faire évanouir ce dehors pompeux qui le cachait à lui-même. Il se trouve seul et sans idées flatteuses, par ce qu'il ne peut plus se prêter aux objets extérieurs. Cette vue a cela d'utile en flattant notre curiosité, qu'elle nous instruit. Il n'est rien de quoi, disait Montaigne, je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, quelle parole, quel visage, quelle contenance ils y ont eus ; mille endroits des histoires que je remarque si attentivement. Il y paraît, à la farcissure de mes exemples, et que j'ai en particulière affection cette matière*._ _Je suis persuadé que la dernière heure de notre vie est celle qui décide de toutes les autres. »_ *(Chapitre III : Idée générale d'une mort plaisante.)*
* _« Et il n'est rien dont je m'informe si volontiers que de la mort des hommes, de quelle parole, quel visage, quelle contenante ils y ont eus, non plus qu'il n'est d'endroit dans les histoires que je remarque avec autant d'attention. Il apparaît à la farcissure de mes exemples que j'ai cette matière en particulière affection. Si j'étais faiseur de livres, je ferais un registre commenté des morts diverses. Qui apprendrait aux hommes à mourir leur apprendrait à vivre. »_ (« Chapitre XIX : Que philosopher c'est apprendre à mourir » _in Montaigne, Les essais,_ nouvelle édition établie par Bernard Combeaud, préface de Michel Onfray, Paris, Robert Laffont|Mollat, 2019, p. 160, « Bouquins ».)
*CHAPITRES* : _Traduction d'un morceau considérable de Suétone_ : 0:02 — *Extrait*
0:24 — _Introduction_
_De quelques femmes qui sont mortes en plaisantant_ : 0:49 — *1er extrait* ; 2:08 — *2e*
_Additions à ce qui a été dit dans le IX et dans le XI chapitre_ : 3:15
_Remarque sur les dernières paroles d'Henri VIII, roi d'Angleterre, du Comte de Gramont, etc._ : 6:09 — *1er extrait* ; 6:36 — *2e*
_De la mort de Gassendi et du célèbre Hobbes_ : 7:45
_Remarques sur ceux qui ont composé des vers au lit de la mort_ : 10:47
_Examen de quelques inscriptions assez curieuses_ : 13:52
_Des grands hommes qui n'ont rien perdu de leur gaieté, lorsqu'on les menait au supplice_ : 14:33
_Extrait de quelques pensées de Montaigne_ : 15:31
_S'il y a de la bravoure à se donner la mort_ : 17:37 — *1er extrait* ; 18:57 — *2e*
_De quelques particularités qui concernent ce sujet_ : 19:14
19:28 — _Générique_
*RÉFÉ. BIBLIOGRAPHIQUE* : André-François Boureau-Deslandes, _Réflexions sur les grands hommes qui sont morts en plaisantant,_ nouvelle édition, Amsterdam, Westeing, 1732, 300 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://www.pinterest.com/pin/518547344600153627/
*BANDE SONORE* : Steven O'Brien — Piano Sonata No. 1 in F minor Piano Sonata N0. 1 in F minor is licensed under a Creative Commons CC-BY-ND 4.0 license. https://www.chosic.com/download-audio/46423/ https://www.steven-obrien.net/
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0C6NCL9YH *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/VNA9W
_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/
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