L'insoumis : L'Amérique de Mohamed Ali

L'insoumis c'est Cassius Clay qui deviendra Mohamed Ali lors de sa conversion à l'Islam .
C'est un boxeur hors pair , charismatique, séducteur , qui prendra toujours la parole facilement , qui veut se faire entendre à l'époque où les noirs se taisent .
C'est le Greatest comme dans le film qui lui est consacré .
C'est un monstre vivant que les foules adulent , c'est l'Amérique des années 60 , le racisme mais aussi une période de grande prospérité .
C'est aussi un homme tout simplement qui devra livrer sa dernière bataille non sur le ring mais contre la maladie de Parkinson .
La boxe a t elle joué un rôle , c'est fort probable car Mohamed Ali n'a pas arrêté à temps , empêtré dans son rôle de boxeur ses engagements, par les sommes folles gagnées .
Après lorsque enfin il raccroche ses gants , sa popularité ne faiblit pas , bien au contraire , il est devenu un modèle , presque un sage pour cette Amérique qui se retourne vers son passé , mélange assez homogène de racisme éhonté et de rêves de grandeur réalisés .
Mohamed Ali est le représentant de cette époque .
L'auteur va rencontrer des personnes qui l'ont connu , qui ont cru en lui avant les autres , des personnes qui l'ont aimé , suivi , soutenu durant toute sa vie , qui ont assisté à victoires , ses excès , ses défaites mais qui ont toujours eu devant eux un homme attachant .
Attachant , c'est le mot qui va clore ma critique
Très beau livre que je vous recommande , la vie d'un grand homme car entier jusqu'à son dernier souffle .

Cette biographie se lit très facilement, comme un roman. L'auteur a eu l'habileté littéraire de mêler ses entretiens avec l'histoire des Etats-Unis et avec la vie de son protagoniste. Elle nous emmène dans le monde des Noirs américains, dans les années 60 et 70. A rapprocher du film "Ali" avec Will Smith.

Dans les années 1960 aux États-Unis, alors que les noirs et les blancs étaient scolarisés séparément, qu'ils n'étaient pas autorisés à fréquenter les mêmes lieux publics, un jeune boxeur noir faisait parler de lui.
Triple champion du monde catégorie poids lourds, il est une légende. Né Cassius Clay, il prit le nom de Mohamed Ali après s'être converti à l'Islam. En 1966, il refusa de partir au Vietnam sous le motif que : « aucun Vietcong ne m'a jamais traité de sale nègre. » Il y perdit sa licence de boxe et son titre de champion du monde qu'il ne retrouva qu'en 1970.
Pour les besoins d'une émission radiophonique, Judith Perrignon a interviewé un journaliste sportif Robert Lipsyte, un imam, Muhammad Siddeeq, ou encore un ami d'enfance, Victor Bender. Ils lui ont raconté ce qu'ils ont vu, ce qu'ils ont entendu et ce qu'ils ont compris de Mohamed Ali et de ses actions.
J'ai aimé cette plongée dans les années 1960 aux USA et j'ai aimé lire les interviews des témoins de l'époque. En revanche, des repères m'ont quelquefois manqué pour pleinement apprécier les explications données par des proches du boxeur.
Globalement, une belle découverte.
Lien : https://dequoilire.com/linso..

Judith Perrignon a tiré ce livre d'une série documentaire qu'elle a réalisée il y a deux ans pour France Culture. La radio lui avait commandé ce reportage sur cette légende américaine, Mohamed Ali, un des hommes les plus célèbres du monde. La journaliste a rencontré des témoins directs des débuts d'Ali, un ancien journaliste sportif du New York Times, Muhammad Siddeeq, grand ami d'Ali et ancien membre de Nation Of Islam, le vieux Captain Sam qui l'entraîna tout jeune à la mosquée de Miami, des membres de la famille de son manager, des amis d'enfance du boxeur restés à Louisville... Dans ce texte elle retranscrit les interviews de ces différentes personnes auxquelles elle adjoint des archives du FBI et de la presse de l'époque.

Nous suivons ainsi la vie du boxeur à partir de 1964 lorsqu'il devient, à la surprise générale, champion du monde en catégorie poids lourds à l'âge de 22 ans. Quelques jours plus tard Cassius Clay se convertit à l'Islam et prend le nom de Mohamed Ali. Il rejoint les Black Muslims, des musulmans noirs réunis dans un mouvement, Nation of Islam, auquel appartient également son ami Malcolm X. Un mouvement extrémiste qui s'apparente à une secte et qui contrairement à Martin Luther King prône la séparation des noirs et des blancs. Cassius Clay, devenu Mohamed Ali, va porter le message séparatiste de Nation of Islam qui s'opposait à l'intégration et aux mariages mixtes. Il a abandonné le nom de Cassius Clay qu'il considérait comme le nom d'un esclave, Mohamed Ali est pour lui un nom d'homme libre.

Trois ans plus tard Mohamed Ali refuse de combattre au Vietnam en déclarant "Aucun Vietcong ne m'a jamais traité de nègre". Objecteur de conscience suivant ainsi les préceptes de la Nation of Islam, il est alors déchu de son titre de champion du monde poids lourd, exclu des rings et condamné à cinq ans de prison.

Judith Perrignon nous immerge dans l'enquête qu'elle a menée auprès des témoins directs de cette époque et nous livre une page de l'histoire américaine avec notamment l'assassinat de Malcolm X en 1965 et celui de Martin Luther King en 1968. Elle décortique les liens entre les différents mouvements pour les droits civiques, les liens entre Malcolm X, Martin Luther King et les Black Muslims, les liens de Mohamed Ali avec les Black Muslins et les fondements de sa foi musulmane. La journaliste nous brosse un portrait très fouillé de ce héros de la cause noire qui devint apôtre des Noirs opprimés à travers le monde puis porte-parole de la lutte contre la guerre du Vietnam. Un homme intelligent mais peu instruit qui a parfois été sous influence notamment du dirigeant de Nation of Islam qui avait tout du gourou. Judith Perrignon met en lumière toutes les contradictions entre l'homme, son personnage, le public, la religion... toutes les incohérences dans son comportement... "Ali n'est qu'un homme pris dans les filets d'une histoire trop grande pour lui". Un homme insoumis fascinant par son arrogance, sa confiance en lui, son orgueil démesuré, sa manière extraordinaire de se promouvoir et de fanfaronner devant la presse, ses talents oratoires. " Un type compliqué, un délicieux mélange de narcissisme avec une ombre de cruauté". Ce texte qui retrace la vie d'un sportif qui a utilisé la boxe comme arme contre le racisme couvre la période du début de sa gloire à celle de son déclin lorsque la maladie de Parkinson qui l'a frappé à 42 ans le rend captif de son corps et le réduit au silence. Un texte détaillé, documenté qui nous offre un voyage dans le temps et dans la société américaine des années soixante, un récit qui évoque beaucoup de faits connus (assassinats de Malcolm X et de Martin Luther King, combats et titres d'Ali, poings gantés levés des athlètes noirs au JO de 68 à Mexico, torche allumée par Ali à la soirée d'ouverture des JO d'Atlanta en 96...) mais en les resituant dans le contexte racial de l'époque.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..

Comme souvent, cette biographie ne tient pas compte de la chronologie et c'est une bonne méthode qui rend vivant le propos.
Mohamed Ali est présenté par le prisme de l'Histoire des Etats-Unis à laquelle il a participé puisqu'il s'est impliqué dans les droits civiques, a été un proche de Malcom X et a refusé de participer à la guerre du Viet-Nam.
Personnage troublant de contradictions, il s'avère très attachant car d'une grande naïveté. Beaucoup de maladresse, beaucoup de gentillesse et un magnifique jeu de jambes.
Ce récit est passionnant, éclairant sous un nouvel angle ces quelques années qui ont agité les Etats-Unis dans les années 60.