J'ai lu "
La pompéi" et sa suite "
Les démons de la cour de Rohan" il y a fort longtemps, à un moment où j'étais contraint à l'inaction. J'ai alors occupé mon temps en dévorant ces deux gros volumes.
L'histoire, qui se passe essentiellement en Ariège, est racontée par Henri, un jeune homme étudiant à Toulouse. Il est amoureux de Gisèle, une jeune femme descendant d'une famille noble située à l'extrême droite sur le plan politique. Mais Gisèle est délurée; Henri est situé à gauche et fréquente des jeunes gauchistes qui complotent vaguement dans la foulée de Mai '68. le lecteur suit avec intérêt leurs aventures, contées en détail et avec verve. R.-V. Pilhes a un style bien particulier. Dans ces deux livres, sa prose est facile à lire mais on y retrouve un peu le ton ambigu et parfois (ironiquement) grandiloquent, qui est omniprésent dans "
L'imprécateur", autre roman de l'auteur. le petit monde du village ariégeois, celui des terroristes d'opérette et celui de la famille "facho" sont rendus avec force et vérité. Tous les personnages principaux sont attachants et l'on vibre avec eux. Même la topographie des lieux (imaginaires) de l'action, décrite d'une manière très précise, devient vite tout à fait familière pour le lecteur.
Concernant les jeunes activistes de gauche, il est difficile de deviner si, au fond de lui, R.-V. Pilhes porte sur eux un regard très sévère ou à demi-indulgent; pour ma part, je repense aux comploteurs mis en scène par
Dostoïevski, dans son roman... précisément intitulé "
Les Démons". En fait, je n'ai pas relu récemment les deux livres de Pilhes, mais je crois sincèrement que mon impression favorable reste justifiée, et je n'hésite pas à les recommander.