"J'ai 18 ans depuis le 13.
Je les déteste! Je suis à présent la jeune fille à marier. Brrrrr. Si je n'étais pas sûre de mes parents, je me suiciderais. Car, j'ai l'idée même du mariage en horreur."
Catherine Pozzi, née en 1882, ( amie de
Rainer Maria Rilke, Colette,
Jean Paulhan, elle fut la muse de
Paul Valery). Ce journal intime, à la fois psychologique et littéraire, est un document sur la vie d'un enfant de la Belle Epoque; mais c'est aussi un exemple de journal de jeune fille:
"Dimanche 7 juin 1896
Quand trouverai-je un coeur aimant ?" Ah, quand le trouverai-je ? Je n'ai pas d'amie, pas de véritable amie, en ce monde... Mais non. n'y a-t-il donc que moi en ce monde qui ai besoin d'aimer ???
"Dans la vie, la jeune fille est un être seul. Ah, combien seule ! Enfant, elle fut gâtée, chérie, adulée. Jeune fille, on la laisse. C'est une fleur dont on ne veut pas respirer le parfum."
"Je ris et je suis heureuse, parce que, après tout, je suis une jeune fille, et non pas une vieille femme à l'agonie..."
"J'écris parce que je viens de lire un journal qui ressemblait au mien - j'aime mieux le mien, il est plus candide - et que cela m'a donné la fièvre de la plume."
Se marier pour une jeune fille, au XIXe siècle (et même au début du XXe ?) s'apparentait à une soumission au joug du mari, pour des femmes sans autonomie financière...
Pour certaines, il ne reste que le suicide ou l'entrée dans les ordres, la religion! Quelques exceptions:
Louise Michel qui refuse d'être "le pot au feu " de l'homme et
George Sand qui mène une vie amoureuse au grand jour...