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EAN : 9782377354740
340 pages
Archipoche (11/03/2021)
3.64/5   32 notes
Résumé :
Un château sinistre, un infranchissable labyrinthe, une serre pleine de spécimens monstrueux... L'idée seule de toutes ces greffes glace l'imagination. Et Nicolas, qui erre dans cet univers d'inquiétude, du haut-le-coeur à l'effroi, de l'angoisse au seuil de la démence...
Qui donc est le docteur Lerne ? Un sous-dieu, désireux de remodeler à sa guise la nature tout entière. Et abominablement capable de le faire...
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Une petite partie vintage de docteur Maboul, ça vous dirait ?
Après avoir gentiment passé ses dimanches à bouturer du géranium et à multiplier les greffons pour inventer de nouvelles plantes vivaces, le docteur Lerne se retranche dans son château avec quelques assistants allemands pour croiser les espèces végétales, animales et humaines. Précurseur du salé-sucré et des mélanges improbables, le toubib ne s'embarrasse pas trop des questions d'éthique.
Nicolas, son neveu, va venir musarder d'un peu trop près la serre expérimentale ainsi que la compagne expérimentée de ce bon docteur qui va faire de lui son cobaye pour ses expériences. Sa volonté d'accélérer l'évolution naturelle des espèces aurait du mal à obtenir l'agrément des hautes autorités de santé. Pas certain que le sermon d'Hippocrate encourage la transplantation d'un cerveau humain sur un clébard ou un taureau et vice-versa. L'échangisme a ses limites.
Vive la vivisection ! scande le syndicat autonome des savants fous et enragés de la pipette des romans de l'époque, Frankenstein, Jekyll et Moreau en tête de cortège.
Ce n'est pas un hasard si Maurice Renard a dédicacé son premier roman publié en 1908 à H.G Wells. Son scientifique illuminé n'a pas été seulement inspiré par le docteur Moreau et ses vacances studieuses dans les îles. Il pousse plus loin la folie en projetant son esprit dans des corps animés. Il va ainsi squatter le corps de son neveu pendant que ce dernier besogne sa protégée. Il érotise la science-fiction le Maurice. Mauvais esprit, sors de ce corps !
Narrée par le neveu, l'intrigue est construite comme un roman policier. Les scènes sont parfois extravagantes, mais sans tomber dans le grotesque. Outre, les réflexions classiques sur le rôle de la science, le progrès, la manie de certains à se prendre pour Dieu et autres marottes de cet auteur biberonné à Poe, Maurice Renard s'amuse à flirter finement avec le voyeurisme. Les personnages passent leur temps à s'épier, les yeux dans les trous de la serrure, à se fuir et à se tromper. Pas vu, pas pris, épris.
Deuxième incursion savoureuse dans le monde « merveilleux-scientifique» de Maurice Renard, après « l'Homme truqué », grâce à une opération à coeur ouvert Masse Critique, concept qui aurait certainement inspiré ce théoricien autant que romancier qui extrapolât beaucoup autour du genre fantastique.
La prose de l'auteur fait son âge mais réveille des humeurs et rêveries adolescentes. Roman populaire au dénouement original et peu prévisible, il ne manque que des illustrations de l'époque pour faire démarrer la machine à explorer le temps de Wells.
Merci aux éditions OKNO et à Darwin !
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« Lîle du docteur Moreau » est un roman que je tiens en très haute estime. Je trouve que le roman de Wells, tout en étant un divertissement parfait, parvient à traiter son propos de façon riche et pertinente. Ce roman a d'ailleurs eu une portée considérable, on peut presque le considérer comme un roman matrice tant il a inspiré de nombreux auteurs. J'avais envie, depuis longtemps, de lire certaines variations sur le classique de Wells. Alors quand j'ai vu que « le docteur Lerne, sous-dieu » était proposé dans la masse critique de mars, je l'ai bien entendu coché et j'ai eu la chance de le recevoir (longtemps après, il s'est fait désirer le coquinou). Si le roman de Maurice Renard ne se hisse pas totalement au niveau de son illustre modèle devenu classique intemporel, son auteur n'a pas à rougir de la comparaison. « le docteur Lerne, sous-dieu » est un excellent roman riche et passionnant.

« le docteur Lerne » ne se contente pas d'être un simple décalque de « l'île du docteur Moreau ». Si l'argument du savant fou et des expériences d'hybridation humain-animal est le même et qu'on retrouve bien sûr certains motifs communs, le traitement est très différent, Renard proposant un récit qui a une vraie personnalité. Maurice Renard se réclamait du merveilleux scientifique, genre qu'il a même théorisé dans un manifeste en 1909. Et c'est vrai que ce terme est tout à fait approprié à son roman. le roman de Wells était un heureux mélange de science-fiction et d'aventures. le roman de Maurice Renard est quant à lui une synthèse entre science-fiction et conte de fées. Si le surnaturel est rationnalisé, l'ambiance rappelle vraiment celle d'un conte de fées. Cette atmosphère féérique, parfois quasi-gothique, est le fruit de l'écriture de Renard. C'est le style de l'auteur, les mots qu'il choisit, la façon de dépeindre des lieux qui créent cette remarquable ambiance. le savant fou, tout en étant un archétype très réussi de ce personnage classique de science-fiction, est ainsi régulièrement surnommé « l'enchanteur ». Les expériences de Lerne sont qualifiées de « circéennes », ce terme les apparentant ainsi à la sorcellerie. Un labyrinthe entoure la demeure de Lerne. Les descriptions, notamment celles des intérieurs, lorsque l'auteur compare par exemple des meubles à des animaux, participent pleinement de cette atmosphère fantasmagorique, tonalité qui m'a fait parfois penser à l'ambiance de « la belle et la bête » de Cocteau. Si certains éléments du dénouement ne surprennent pas un lecteur d'aujourd'hui (surtout quand ce lecteur a lu on sait ce qui arrivera à un moment ou un autre du récit) mais ce manque de surprise ne gâche absolument pas le plaisir de lecture tant l'auteur parvient là aussi à déployer une vraie singularité. La toute fin du roman est absolument saisissante. Cette description d'un est à la fois poétique et macabre.

Le style de Maurice Renard est vraiment une découverte enthousiasmante. J'avais déjà l'envie de lire d'autres variations sur « l'île du docteur Moreau » (d'ailleurs « l'autre île du docteur Moreau » d'Aldiss est déjà dans ma PAL) mais j'ai également très envie de lire d'autres oeuvres de Renard ainsi que de m'intéresser de plus près à ce courant du « merveilleux scientifique ». Je remercie donc chaleureusement Babelio et les éditions Okno pour cette superbe découverte.

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Ce récit n'est-il qu'une mystification imaginée par l'ami Cardaillac lors d'une soirée où, le temps des liqueurs passé, l'on fit tourner les tables ?
Ou a-t-il été, dans un petit hôtel de la rue Victor Hugo, réellement dactylographié sur un guéridon flottant par l'esprit de Nicolas Vermont ?
Maurice Renard, dans un préliminaire à la fois classique et malicieux, semble lui-même se poser la question.
Ce récit est offert par son auteur à Herbert Georges Wells.
Il a été écrit douze ans après "L'île du docteur Moreau" ...
"Viens seul et préviens".
Nicolas Vermont, au volant de sa 234-XY, se rend au château de Fonval où son oncle, le docteur Lerne, s'est retiré pour se consacrer à ses recherches scientifiques ...
Le visiteur, pris entre vieilles craintes superstitieuses, inquiétude des retrouvailles et sombres rêveries, commence par s'égarer dans la profonde forêt des Ardennes.
Car le château de Fonval est situé au fond d'une cuve que la légende prétend avoir été creusée par le gigantesque talon de Satan.
Le décor est planté.
"Le docteur Lerne" est avant tout un livre d'ambiance.
Son écriture lente et un peu désuète ajoute encore à cet effet.
Un des plus grands mérites de la plume de Maurice Renard est ici d'avoir coloré le récit de malaise, d'inquiétude et d'étrangeté.
Paru en 1908, ce livre est aujourd'hui devenu un classique.
Et même si son rythme assez lent lui imprime quelques longueurs, même si l'élève, ici, n'a pas dépassé le maître, c'est toujours avec beaucoup de plaisir qu'il se relit ...
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Passé une dédicace o combien légitime, et pleine d'humilité, à l'attention d'H.G. Wells, Maurice Renard déroule un récit qui démontre, si besoin était, que l'imaginaire fantastique n'est pas la propriété exclusive des Anglais. Quoique l'île de Moreau surpasse en horreur Fonval, le domaine où sévit le docteur Lerne. Toutefois, au vu d'un épisode du roman avec une automobile agitée, on peut se demander si, à son tour, Stephen King n'a pas lu l'histoire de ce sous-dieu quand on songe à Christine… ?

Tout commence par une séance de spiritisme, avenue Victor-Hugo à Paris ; clin d'oeil évident à l'auteur des Misérables qui s'adonna lui aussi à cette pratique, dans l'espoir, peut-être, de parler avec sa fille Léopoldine, morte noyée. C'est donc de l'au-delà que nous parvient le récit du Docteur Lerne ; le bien nommé. Car on parle là d'un sous-dieu aux allures d'Hydre infernale, obsédé par les âmes, qu'il meurtrit volontiers. Cela dit sans aller plus loin, au risque de gâcher la lecture des uns et des autres…

L'histoire nous est ensuite racontée par Nicolas Vermont, neveu du docteur Lerne, un docteur Moreau français, « dieu malfaiteur dont le travail dépasse les cauchemars d'un fou ». Étrange oncle, pourtant, songe son neveu en le retrouvant après quinze ans d'absence, et qui n'a plus rien à voir avec celui de jadis. Dans le domaine perverti de son enfance, parmi les expériences terribles de son oncle, Nicolas découvre cependant une exquise et enivrante créature qui vit sous l'emprise de Lerne : Emma.

Emma, « au corps insidieux et récréatif » pour le narrateur, est un « poison parfumé, lourd de luxure et de jalousie, senteur de la Nature aux dessins ténébreux », et que Nicolas à l'interdiction de séduire, ce qu'il fera pourtant.
À travers ce personnage féminin commandé par un désir bestial – qui avoue avec gourmandise avoir « subi des possessions pareilles à des assassinats » –, le roman de Maurice Renard exhale ainsi une tension érotique forte, comme en réponse à la mort qui y règne ; éternel combat entre Éros et Thanatos. de son côté, Lerne, « semblait avoir compris qu'Emma ne l'aimerait jamais, et le professeur prenait mal son parti de la déception », ce qui est un euphémisme. Car « la science de Lerne était presque illimitée », donc son pouvoir de nuisance aussi, aidé par un sentiment de toute-puissance beaucoup plus explicite que dans L'Île du docteur Moreau, de Wells.

Sans atteindre les abîmes terrifiants et oppressants de son modèle, le docteur Lerne est une grande surprise qui interroge le pouvoir de la science sans limite morale, avec intelligence et sans jamais sombrer dans le cours magistral. Dommage que le roman soit si méconnu.

Notons enfin l'esprit revanchard qui anime l'auteur, car ses méchants sont Allemands. Nous sommes au tout début du XXe siècle et la tension monte inexorablement vers 1914-1918…

(Remerciements aux éditions Okno pour cette découverte et, bien sûr, à Babelio)


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En 1909, Maurice Renard a publié dans le journal "le spectateur" un texte manifeste marquant la reconnaissance d'une nouvelle catégorie littéraire le "merveilleux scientifique" qui propose au lecteur l'irruption dans le quotidien d'une nouvelle réalité avec la modification des lois de la science ce qui permet d'entrer de plein pied dans un monde nouveau plein d'imprévu.
Le mystère devient scientifique et les héros doivent surmonter des épreuves terribles sans pouvoir s'appuyer sur l'expérience du monde réel.
Le docteur Lerne est le digne continuateur du Docteur Frankenstein . Dans son manoir reculé de la région ardennaise, il se livre à des expériences scientifiques inédites croisant les espèces végétales et animales et donnant naissance à des créatures hybrides monstrueuses, ce qui déconcerte son neveu Nicolas venu lui rendre visite.
Mais qu'est donc devenu l'écossais Mac Bell qui secondait Lerne dans ses recherches avant de disparaître en laissant derrière lui sa chienne fidèle Nelly qui jappe de façon si étrange et lance un regard humain désespéré vers le pauvre Nicolas ?
La belle Emma L égérie du docteur, ne tarde pas à tomber amoureuse du jeune homme qui ne pourra pas résister et se mettra ainsi gravement en danger ....
Quelle histoire inventive et originale à replacer dans le contexte de son époque . Les progrès de la médecine et de la greffe ont inspiré l'auteur qui pousse la logique jusqu'à imaginer qu'il sera un jour possible de mêler les espèces végétales, animales ou humaines qui sont après tout traversées par le même souffle spirituel que l'on peut appeler l'âme.
Le savant fou rivalise avec Dieu et devient créateur à son tour .
Mais comme l'a si bien dit Rabelais, "science sans conscience n'est que ruine de l'âme " et il ne peut rien résulter de bon de ces recherches diaboliques .
Le roman a eu un succès mérité et Maurice Renard qui est l'auteur de nombreux romans explorant la même veine, a crée un prix récompensant le meilleur livre de la catégorie "merveilleux scientifique"
On le relit au début du 21ème siècle avec plaisir et on se délecte de ce style surrané et des délicatesses de plume qui n'ont plus cours à présent.
Ce roman donnera envie de se replonger dans "l'île du Docteur Moreau" qui a fait l'objet de tant d'adaptations et aussi dans l'excellent "les mains d'Orlac" pour lequel j'ai quand même une grande préférence.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ce premier dimanche de juin finissait. L’ombre de l’automobile courait devant moi, plus longue à chaque moment. Depuis le matin, les gens, faces anxieuses, me regardaient passer comme on regarde une scène de mélodrame. Avec le casque de cuir qui me faisait un crâne chauve et mes lunettes en hublots, pareilles aux orbites d’un squelette, le corps vêtu de peau tannée, je devais leur sembler quelque phoque infernal et macabre, quelque démon de saint Antoine, fuyant le soleil et volant à la rencontre de la nuit afin d’y rentrer plus tôt. Et, tout de bon, j’avais presque l’âme d’un réprouvé, car telle est celle d’un voyageur solitaire, demeuré sept heures durant sur une voiture de course. Son esprit tient du cauchemar ; en guise de pensée, l’obsession s’y obstine. La mienne était une petite phrase impérative : « Viens seul et préviens », qui, lutin tenace, harcelait ma solitude énervée de trépidations et de rapidité. Pourtant, cette injonction bizarre : « Viens seul et préviens », deux fois soulignée par mon oncle Lerne dans sa lettre, ne m’avait pas frappé d’abord outre mesure.Mais à présent que, m’y conformant, — tout seul et après avoir prévenu, — je roulais vers le château de Fonval, l’ordre inexplicable s’acharnait, pour ainsi dire, à m’étaler son étrangeté. Et mes yeux d’en poser partout les termes fatidiques, et mes oreilles de les faire sonner dans tous les bruits, en dépit de mes efforts pour chasser l’idée fixe. Voulais-je savoir le nom d’un village ? La plaque indicatrice m’annonçait : « Viens seul. Préviens », traçait le vol des oiseaux. Et le moteur, infatigable, exaspérant, répétait mille et mille fois : « Viens seul, viens seul, viens seul, préviens, préviens, préviens… » Alors, je me demandais pourquoi cette volonté de mon oncle, et n’en pouvant trouver la raison, je souhaitais ardemment l’arrivée qui percerait le mystère,moins curieux en réalité d’une réponse banale sans doute qu’excédé par une question si despotique. Par bonheur, j’approchais, et le pays, de plus en plus familier, me parla si bien d’autrefois que la hantise en vint à se relâcher.—La ville de Nanthel, populeuse et affairée, me retarda, mais, au sortir du faubourg, j’aperçus enfin, nuée vague et très éloignée, les hauteurs de l’Ardenne.
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Aux relations secrètes par quoi,dit-on, les charmes que l'on publie s'apparentent à ceux que l'on réserve, je me divertis à supputer l'invisible d'après le visible.
(page 138)
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A monsieur H.G. Wells
Je vous prie, Monsieur, d'accepter ce livre.
De tous les plaisirs que son invention m'a procurés, celui de vous le destiner, certes, n'est pas le moindre.
Je l'ai conçu dans un ordre d'idées qui vous est cher ...
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