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EAN : 9782070753321
168 pages
Gallimard (15/09/1998)
3.6/5   5 notes
Résumé :
– Ces jours-ci, je sens un roman,.
– Délivrez-vous !
– Le travail du roman n'est-il pas agréable ? On reste chez soi. On s'enferme une dizaine de mois, pas plus, puisque les prix sont annuels, et il faut être prêt ! On écrit tranquillement le livre, et, quand le diable y serait, on finit bien par décrocher un de ces prix, avec n'importe quel roman.
– De quelle espèce sera le vôtre ?
– Ça n'est pas les genres qui manquent ! J'ai le choix e... >Voir plus
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
V

Ambitieux, oui, mais dans le vague. Dès que je précise, je me sens repu.

Est-ce que je voudrais être ceci ? ou cela ? Ce grand homme, cet homme aimé ? Non. Riche ? Illustre ? Non, non.

Est-ce que je serais heureux d’avoir écrit la pièce de mon ami Paul qui lui rapportera deux cent mille francs ? Je vous jure que non.

Écoutez, je vous fais un aveu.
arrive que je demande après la lecture de telle page que j’admire, une page de Flaubert, oui.

– Cette page, est-ce que je la signerais ?

– Je ne la signerais pas.

Hein, ma vieille amie, donnez-moi une belle calotte.



Cette lettre écrite, j’ai rêvé longtemps, ma pensée m’échappait. Je suis sûr qu’elle est montée à cette hauteur où l’œil humain ne voit plus l’alouette. Au moins on l’entend toujours ; mais mon cerveau ne faisait pas de bruit.

Dehors des étoiles, des étoiles comme s’il allait en pleuvoir. Des étoiles inutiles, qui n’expliquent rien, ne voient rien, n’éclairent rien, des étincelles dans de la suie.

Mon Dieu ! dites un mot et je vous croirai.

Mais le bougre ne le dira pas.

Vous savez combien j’aime tous nos grands écrivains.
Cette lettre écrite, j’ai rêvé longtemps, ma pensée m’échappait. Je suis sûr qu’elle est montée à cette hauteur où l’œil humain ne voit plus l’alouette. Au moins on l’entend toujours ; mais mon cerveau ne faisait pas de bruit.

Dehors des étoiles, des étoiles comme s’il allait en pleuvoir. Des étoiles inutiles, qui n’expliquent rien, ne voient rien, n’éclairent rien, des étincelles dans de la suie.

Mon Dieu ! dites un mot et je vous croirai.

Mais le bougre ne le dira pas.

Et nous pourrons dire à Dieu :

– Il fallait le dire !
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IV

Je viens de faire une remarque. Dites-moi par retour du courrier si elle est juste.

En amitié, on progresse. En amour, on déchoit. Je suis sûr que mes amis d’autrefois ne valaient pas ceux d’aujourd’hui. Ils étaient plus vulgaires, moins intelligents, moins chics, moins riches peut-être. Ils manquaient de tact. Ils connaissaient mal leur cœur et le mien. Il y a tel d’entre eux que je n’oserais pas me vanter d’avoir aimé.

Comment, j’ai dit mes secrets à ce gros garçon ? Je me suis enthousiasmé, j’ai désespéré avec lui ? Mais c’était un goujat. Il l’a bien prouvé. Quel lourdeau ! Quel torchon d’amitié avais-je sur les yeux ? Pouah !

Tandis que cette petite bonne femme que je me rappelle, elle était amusante comme une volière. Riait-elle ! Et celle-là, n’avait-elle pas la manie de se croire pour moi une affection de mère. Oh ! elle a été bonne quotidiennement comme le pain frais. Où est-elle maintenant ? Morte ?

Je ne regrette pas un ami. Vanité sans doute. Mais je regrette comme un égoïste (égoïste vieillissant) toutes les femmes qui m’ont aimé.

Qu’est-ce que vous avez à friper votre jolie bouche ? Vous n’êtes pas, je suppose, ma maîtresse.

P.S. C’est peut-être à l’oreille qu’on reconnaît d’abord que l’amitié change. Oui, tout à coup, dans la voix de l’ami, il y a un cheveu.

Certains amis ne sont aimables qu’aux fiançailles. Dès qu’on est marié avec eux, ça ne va plus.
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II

Comme c’est heureux que nous soyons séparés par tant de choses et de personnes : un mari et une femme, votre situation dans le monde. (Ne niez pas, vous en avez une et elle vous tient.) Des tas de kilomètres, et surtout par votre beauté. Oui, vous êtes trop belle. Quelquefois je rêve, oh ! bien éveillé, que vous êtes ma maîtresse et je me dis : Qu’est-ce que j’en ferais ? mon Dieu ! Qu’est-ce que je ferais de ce trésor ? par quels mots lui prouver que je sais son prix ? Vous manqueriez à mes rêves, mais votre présence me gênerait. Même de loin, je ne suis pas hardi.

Le nouveau domestique de notre ami Paul lui dit en style noble :

– Bonjour à Monsieur, bonsoir à Madame.

Ainsi je vous aime à la troisième personne. Tendresses à Madame !

P.S. Il y a dans l’amour que j’ai pour Berthe, de la joie, de la bonne santé. C’est ainsi que j’aime autant baiser sa joue que ses lèvres. Que de complications j’imagine avec vous !
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VI

Je me suis levé de bonne heure, et j’ai fait au saut du lit, un tour dans le jardin.

Les cerisiers, dont nous ne cueillons pas les cerises parce qu’il y a un ver dans chacune d’elles, étaient pleins d’oiseaux.

Ils faisaient un tel tintamarre, que je me suis cru obligé de leur répéter les paroles de Saint-François d’Assise :

– Petits oiseaux, mes frères, cessez de chanter, sans quoi je ne pourrais louer Dieu.

Les oiseaux ne se sont pas tus, et l’un d’eux m’a dit :

– Fiche-nous la paix ; laisse-nous tranquilles ; notre chant est plus agréable à ton Dieu que ta prière.

Je vous écris cela, parce que je connais votre goût si dépravé pour les jolies choses qu’il vous est égal qu’elles soient fausses.



Quand une femme dit à un homme :

– Je ne vous inspire donc pas ?

ce n’est déjà pas si bête.
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III

Jaloux ! non. Mais je ne trouve pas que vous soyez assez fière, assez distante. Une femme comme vous devrait passer au milieu de la foule, sinon dédaigneuse, du moins comme absente. Vous êtes loin de cette perfection : qu’un monsieur que vous ne connaissez pas nous salue, aussitôt vous me demandez :

– Qui est-ce ? Qui est-ce ?

Et si tous les hommes nous saluaient, vous voudriez savoir le nom de tous les hommes. Vous n’en méprisez aucun.

Qu’est-ce que ça peut vous faire, ce monsieur ? S’il pense, lui : je voudrais être quelque chose dans la vie de cette femme-là, c’est que votre beauté l’impressionne. Mais vous, mon amie, qu’avez-vous besoin de retenir un nom de plus, un nom de vague monsieur qui passe.

Je ne vous dis pas de le mépriser, mais de l’ignorer.

Je ne suis pas jaloux.
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Vidéo de Jules Renard
*INTRODUCTION* : _« 11 mai 1894. — Il faut que notre Journal ne soit pas seulement un bavardage comme l'est trop souvent celui des Goncourt. Il faut qu'il nous serve à former notre caractère, à le rectifier sans cesse, à le remettre droit. »_

_« 14 novembre 1900. — Je lis des pages de ce Journal : c'est tout de même ce que j'aurai fait de mieux et de plus utile dans ma vie. »_ *Jules Renard* [1864-1910].
*CHAPITRES* : _1887_ : 0:02 — *22.07* 0:10 — _Introduction_ 0:35 — *28.09*
_1888_ : 0:53 — *15.11*
_1889_ : 1:07 — *14.06* 1:21 — *28.08* 1:45 — *10.11*
_1890_ : 1:54 — *17.02* 2:03 — *21.02* 2:36 — *14.03* 2:49 — *31.03* 3:02 — *03.05* 3:14 — *02.06* 3:25 — *24.09*
_1891_ : 3:44 — *20.03* 4:04 — *26.05* 4:16 — *18.10*
_1892_ : 4:25 — *06.01* 4:33 — *04.02* 4:48 — *09.03* 4:59 — *02.04* 5:07 — *11.06* 5:16 — *03.08* 5:27 — *26.10*
_1893_ : 5:37 — *24.01* 5:47 — *27.03* 5:56 — *24.04* 6:04 — *12.05* 6:21 — *24.05* 6:31 — *15.06* 6:40 — *06.09* 6:55 — *06.09* 7:06 — *19.09* 7:18 — *07.11* 7:28 — *15.12*
_1894_ : 7:38 — *17.01* 7:57 — *22.02* 8:09 — *31.03* 8:20 — *10.04* 8:32 — *27.04* 8:45 — *01.05* 8:59 — *11.05* 9:13 — *16.05* 9:23 — *21.09* 9:33 — _Générique_
*RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES* : « Journal Inédit : 1887-1895 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1925, 368 p.
« Journal Inédit : 1896-1899 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1926, 328 p.
« Journal Inédit : 1900-1902 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1926, 306 p.
« Journal Inédit : 1903-1905 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1927, 296 p.
« Journal Inédit : 1906-1910 », _in Les Oeuvres complètes de Jules Renard,_ Paris, François Bernouard, 1927, 370 p.
*IMAGE D'ILLUSTRATION* : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a5/Jules_Renard_-_photo_Henri_Manuel.jpg
*BANDE SONORE ORIGINALE* : Scott Buckley — Midvinter Midvinter by Scott Buckley is licensed under an Attribution 4.0 (CC BY 4.0) license. https://soundcloud.com/scottbuckley https://www.free-stock-music.com/scott-buckley-midvinter.html
*LIVRES DU VEILLEUR DES LIVRES* :
_CE MONDE SIMIEN_ : https://youtu.be/REZ802zpqow
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_VOYAGE À PLOUTOPIE_ : https://youtu.be/uUy7rRMyrHg
*VERSION PAPIER* _(Broché)_ : https://www.amazon.fr/dp/B0CB2FTQWF/ *VERSION NUMÉRIQUE* _(.pdf)_ : https://payhip.com/b/jZ7Ro
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