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EAN : 9782369353867
192 pages
Le Passager Clandestin (19/01/2024)
4.5/5   9 notes
Résumé :
Décembre 1956, le jeune député Jean-Marie Le Pen est à Alger. Engagé volontaire, il participe aux premiers mois de l’opération militaro-policière visant à éradiquer le nationalisme algérien connue sous le nom de « bataille d’Alger ». A-t-il alors pratiqué la torture ?

Lui-même le revendiquera à son retour en France pour ensuite, dès ses premiers succès électoraux, le nier et poursuivre en diffamation quiconque osera exhumer ce passé.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un ouvrage court -134 pages- mais néanmoins approfondi sur un aspect précis de la guerre d'Algérie : le Pen et la torture.
A partir du 7 janvier 1957, compte tenu de l'engrenage de violence aveugle qui met Alger à feu et à sang, le pouvoir politique incapable de maintenir l'ordre remet à l'armée les pouvoirs de police, en vertu de la loi dite des "pouvoirs spéciaux". de cette date jusqu'à la fin mars 1957, date de son départ d'Alger, Jean-Marie le Pen, jeune député de Paris et engagé volontaire au 1er Régiment Étranger de Parachutistes (REP), a-t-il commis des actes de torture ?

Grâce aux ouvrages déjà existants sur ce sujet, aux archives qu'il a consultées, et aux nombreux témoignages qu'il a recueillis tant en France qu'en Algérie, Fabrice Riceputi a construit un récit qui se lit avec intérêt, une carte d'Alger illustrant utilement ses explications. Un ouvrage fidèle à l'image de journalisme d'investigation associé à Mediapart.

Sur ce que l'histoire retiendra comme "la bataille d'Alger", il est établi que des actes de torture ont été pratiqués. le vote ultérieur de plusieurs lois d'amnistie par le Parlement est d'ailleurs révélateur d'une volonté d'effacer le passé et d'absoudre les éventuelles responsabilités. Que Jean-Marie le Pen ait personnellement pratiqué la torture, le récit nous indique que c'est vraisemblable, mais que ça n'est pas prouvé.

Si l'ouvrage met en lumière ces faits, il reste discret sur les causes qui les ont produits. C'est une de ses limites. A ce titre, on ne peut pas oublier les propos d'Albert Camus en décembre 1957 lors de la remise de son Prix Nobel de Littérature : "J'ai toujours condamné la terreur. Je dois condamner aussi un terrorisme qui s'exerce aveuglément dans les rues d'Alger, par exemple, et qui un jour peut frapper ma mère ou ma famille. Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice". L'autre limite de l'ouvrage réside dans le fait que, lorsqu'un historien analyse une période plus d'un demi-siècle plus tard, le regard et le jugement qu'il porte sont nécessairement différents de ceux du protagoniste qui a été plongé au coeur de l'action à l'instant T. Dernière remarque, le titre de l'ouvrage est : le Pen et la torture - Alger 1957, l'histoire contre l'oubli. Or, il est référencé sur Babelio sous un titre différent : le Pen et la torture - Alger 1957, lutter contre l'oubli. Pourquoi cette différence ?
Ouvvrage lu dans le cadre de l'opération Masse critique.
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Le mois de décembre 1956 marquera le début d'un chapitre controversé de l'histoire de Jean-Marie le Pen, qui, bizarrement. sera absent de ses mémoires récentes.

Engagé volontaire à Alger, celui-ci participe activement aux premiers mois de l'opération visant à éradiquer le nationalisme algérien, plus connue sous le nom de la "bataille d'Alger".

Comment savoir s'il a pratiqué la torture lors de cette période ? Ce qui est indéniable, c'est que le Pen lui-même, l'a revendiqué ses actions à son retour en France.
Pour ensuite nier ces allégations, une fois ses premiers succès électoraux obtenus, poursuivant en diffamation quiconque allait osait exhumer ce passé douloureux.

Dans son ouvrage, Fabrice Riceputi rassemble pour la première fois l'ensemble d'un dossier historique éparpillé jusqu'ici par divers•es talentueux•ses historien•es et chercheurs•es.
Il examine la crédibilité des sources accusant le Pen ainsi que celles tentant de le dédouaner : récits de victimes et de témoins, (rares) rapports de police, enquêtes journalistiques et archives militaires…

Pour parfaire son ouvrage et reconstituer une chronologie et une géographie, il ira séjourner en Algérie à l'aide de ceux qui connaissent ces lieux par coeur.
L'auteur met en lumière les racines idéologiques colonialistes, souvent négligées d'un parti politique qui se retrouve aujourd'hui aux portes du pouvoir.

Cette analyse approfondie est un éclairage crucial sur un aspect peu exploré de l'histoire de le Pen et de la guerre d'Algérie.
En examinant les implications politiques et idéologiques des actions de le Pen et en les replaçant dans leur contexte historique, l'auteur nous invite à réfléchir sur les leçons à tirer de cette époque pour notre société contemporaine, et ce qu'on lui souhaite…

Ouvrage reçu dans l'opération Masse Critique, très bonne lecture et découverte.
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Dans ce livre l'historien Fabrice Riceputi fait la synthèse des recherches historiques et journalistiques sur le passé tortionnaire de Jean-Marie le Pen durant la Guerre d'Algérie. A son retour d'Alger, le Pen légitime l'emploi de la torture pour lutter contre des actes terroristes. Des mesures d'amnistie prises par l'Etat français à la fin de la guerre en mars 1962 renforcent cette impunité. L'ascension politique de le Pen va le conduire à nier les faits de torture et à plaider la diffamation alors que le général Massu exprime des regrets et qu'Aussaresses avoue. Pour autant, aucune reconnaissance officielle de cette sombre page du passé colonialiste de la France n'est encore faite.

Fabrice Riceputi poursuit son récit en reconstituant le séjour de le Pen à Alger entre le 28 décembre 1956 et le 31 mars 1957. A l'époque le Pen est député poujadiste, réserviste ( il a servi en Indochine ) et volontaire pour rejoindre l'Algérie comme lieutenant au 1er Régiment Étranger de Parachutistes en pleine bataille d'Alger. Il occupe la fonction d'officier de renseignement. Fabrice Riceputi reconstitue pas-à-pas le séjour de le Pen à Alger, la chronologie est rigoureuse, les faits qui la jalonnent proviennent de documents et archives officielles. C'est un travail d'historien complété par des investigations journalistiques à Alger pour de nos jours questionner des témoins directs. Ces témoins étaient jeunes à l'époque, aujourd'hui âgés ils se souviennent. Ce travail journalistique permet de reconstituer une carte des lieux d'arrestation principalement dans la Casbah et des centres de détention et de tortures situés dans les quartiers où est affecté le 1er REP, le Régiment du lieutenant le Pen.

Fabrice Riceputi a questionné des témoins, il a également étudié les plaintes déposées auprès de la Préfecture de Police par des familles ayant assisté à une arrestation par des militaires puis restées sans nouvelles des disparus. Cette collecte de témoignages sur des disparus algériens se poursuit avec le site internet https://1000autres.org/ animé par Malika Rahal et Fabrice Riceputi . le Pen a été confronté aux témoignages de ses victimes algériennes et a systématiquement remis en cause la véracité de ces récits. A la fin de son livre, Fabrice Riceputi démonte l'argumentaire des cinq principales dénégations de le Pen.

Ce livre est le résultat d'un long travail d'historien enrichi par une minutieux travail journalistique. Fabrice Riceputi ne manque pas de rappeler d'autres travaux de recherches sur le passé colonial de la France, parmi eux ceux de Pierre Vidal-Naquet et Jean-Luc Einaudi que François Gèze a contribué à faire connaître.

Fabrice RICEPUTI – le Pen et la torture . Alger 1957, l'histoire contre l'oubli . Parution le 19 janvier 2024, Éditions le passager clandestin en collaboration avec Mediapart. ISBN 978-2-36935-386-7 .

Merci à l'éditeur, le passager clandestin
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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Video de Fabrice Riceputi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Fabrice Riceputi
Lors de la bataille d'Alger en 1957, le fondateur du Front national, aujourd'hui Rassemblement national, a torturé. Dans « À l'air libre », l'historien Fabrice Riceputi documente les preuves, en dialogue avec Malika Rahal, directrice de l'Institut d'histoire du temps présent.
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