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EAN : 9782070304615
288 pages
Gallimard (25/03/2004)
3.81/5   8 notes
Résumé :
«Depuis octobre 1999, nous nous sommes vues régulièrement. Le rituel a été immuable. J'arrive à l'heure, je branche le magnétophone, et c'est parti. À ma demande, c'est elle [Dominique Rolin] qui a fixé les thèmes de nos rencontres : le doute, la question du double, les visages, l'amour... D'autres se sont présentés au fur et à mesure : la gourmandise, les chansons, des apparences... Elle m'avait dit au début : "On va faire un livre vrai", et, plus tard : "C'est une... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Entretiens publiés en 2002, Dominique Rolin a alors 89 ans. L'auteure fait un peu le bilan de ce sa vie et de ce qu'elle aime. Elle évoque son enfance et son parcours,, tout ce qu'elle aime dans la vie, sa passion pour l'écriture, sa vie affective avec les hommes de sa vie.
Elle épouse Hubert MOTTART en 1937 dont naît une fille Christine, elle aimera Robert DENOËL (1902-1945) éditeur mort assassiné, Bernard MILLERET (1904-1957) sculpteur mort également prématurément, et surtout l'incontournable et vénéré Philippe SOLLERS (1936-), dont il est beaucoup question.

Les titres de chapitres résument à peu près les thèmes abordés :
Je doute de moi-même ; La chance ; Je suis double ; La Belgique ; J'aime rire ; Ma maladresse ; Les visages ; Des apparences ; Lady mémoire ; Les rêves ; Mon oeil : Breughel, Vermeer, Rembrandt ; de la musique ; Silence ; Venise ; Les miroirs ; Chansons ; La gourmandise ; La télévision ; D'une révélation ; L'amour.

L'écriture avant tout, une grande rigueur dans le travail, une solitude assumée, trois hommes profondément aimés dont le Dieu SOLLERS, la curiosité omniprésente et l'oeil aux aguets de l'écrivain, l'amour de la vie, la simplicité en quelque sorte.
Dominique Rolin m'a donné l'impression d'être une femme simple qui s'est laissée porter par les hasards, les rencontres, qui a suivi sa bonne étoile d'écrivain et s'est accrochée jusqu'au bout à son ancre Philippe SOLLERS pour l'amour, l'écriture, la musique, la culture, l'harmonie dans le silence, la sérénité.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Je ne suis pas quelqu'un qui se confie, je n'ai que quelques rares amis avec lesquels je m'entends vraiment. je suis d'ailleurs frappée par la surdité de la nature humaine en général. Les gens n'osent pas, ne veulent pas entendre. Que savent-ils d'eux-mêmes et des autres ? Et puis, vous avez aussi ceux qui s'imaginent qu'en ayant des aspirations littéraires ou artistiques, ils vont arriver à s'imposer sans entamer ce dialogue interne. Mais ils n'ont pas l'oeil, pas l'oreille...ils attendent, ils se mentent, ils ont le temps. Or, il faut vivre comme si on n'avait pas le temps. On est au bord du temps comme au bord d'un précipice: celui du néant, du silence, du malheur (p.48)
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* Quand j’ai rencontré Jim, du jour au lendemain, ça a été terminé, j’ai coupé net avec toutes ces passades, et j’ai senti qu’il était ma chance. Il a été la plus grande chance de ma vie. Je l’ai senti tout de suite ! Je le raconte dans Journal amoureux. C’était en 1958.

* Et alors, je ne sais pas ce qui m’a tellement émerveillée chez ce garçon qui n’avait pas vingt-deux ans à l’époque, c’était, je crois, sa liberté totale déjà… et sa maturité d’intelligence. Il avait à la fois son âge et pas son âge. Et une volonté extraordinaire. J’ai tout de suite senti qu’il était la chance de ma vie.
Je lui ai plu, et immédiatement j’ai eu confiance en cet homme. Ça a été aussi simple que ça : une confiance mutuelle en dépit de tout. La vie a passé, mais nous avons le sentiment que nous nous sommes rencontrés hier. La qualité du temps ne joue plus et les événements non plus, sauf ce qui nous lie, nous.

* Sollers adore rire ! Il aurait pu être un acteur extraordinaire, parce qu’il parvient à fragmenter sa sensibilité. Quand il raconte une scène drôle, on la voit avec tous les détails et les rebondissements ; il module sa voix différemment, il imite à la perfection, il joue tous les rôles. C’est beau, le rire ; ne pas rire, c’est monstrueux.

* Au fond, Jim et moi, nous sommes des élus, pas des vaincus ! Et il n’y a à peu près que des vaincus, c’est-à-dire des gens qui n’acceptent pas d’être soutenus par cette manne. Alors, il vaut mieux rester sur ses gardes, en ne dévoilant rien de sa vérité profonde.

* J’aime écouter de la musique avec Jim. Dès qu’il arrive ici, son premier geste est de mettre un disque ou la radio. Ecouter de la musique avec Jim m’a fait comprendre notre complicité et, plus encore, cette sorte d’instantanéité de sentiments et de sensations vécue de manière quasiment télépathique, ainsi que le sens mystérieux de la création. Avec la musique secrètement liée à la littérature, on rejoint la poésie en ligne droite.

* Quand je l’ai rencontré, il n’avait pas tout à fait 22 ans, mais c’était un homme fait sur le plan de la maturité intellectuelle. Tout le monde l’a pris pour un faiseur, pour une sorte de papillon, intelligent certes, mais léger, fantaisiste. Au moment de son engagement politique en Mai 68, je connaissais quelqu’un qui le traitait de « petit blouson noir, de petit tyranneau » ! Or tout dans sa personnalité s est développé au contraire avec une certitude, une force et une simplicité totales dans la ligne de ce qu’il était déjà tout jeune. C’est l’être le plus profond, le plus invulnérable que je connaisse avec une sensibilité et une intelligence comme je n’en ai jamais rencontrées. Il a une culture inouïe, un courage et une volonté inébranlables. Sa vie est une succession de coups de marteau, et jamais il ne s’est laissé entamer, Et puis, il est bon, il est généreux, C’est la gentillesse même, et il sait très bien faire la différence entre les imbéciles et les autres.

PBL : La vie sans l’amour de Jim, c’est impossible pour vous ?
DR : Ça me paraît impossible.
PBL : Au fond, il a pris la place de Dieu dans votre vie…
DR : On peut le voir comme ça. C’est une divinité. Il est d’ailleurs haï par beaucoup, et comme il est d’une solidité de marbre, il est jalousé. Mais, il n’y a rien à faire, il domine !
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D'un côté, j'aime l'humanité. A l'autre bout, dans son double, je l'écarte, je n'en veux pas...J'ai des aspects de ma personnalité qui m'incitent à la bonté; et d'autres, non. De toute façon, rien n'est perdu, puisque je me sers de tout, mais cette espèce de dualité de nature est constante. (...)
Je vis en permanence sur deux niveaux : il y a l'extrême bonheur de vivre, et l'extrême peur de vivre. Et je me sens innocente. Ecrire, c'est vivre deux fois et donc assumer son double. (p.39)
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Même quand je ne suis pas bien, même quand je traverse des moments terribles dans ma vie, je garde toujours un sentiment de devoir vis-à-vis de la gaieté, comme si c'était une sorte de médicament suprême. Je suis pour l'esprit du rire contre l'esprit de sérieux ! (p.59)
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J'ai beaucoup utilisé mes souvenirs de famille pour écrire. Mes parents m'en ont voulu. Je ne sais pas ce que c'est que l'instinct maternel et j'ai toujours eu le sentiment que ma fille Christine était sortie de moi comme un livre. Je l'aime profondément, mais je sais que dire ce que je viens de dire, et que j'ai d'ailleurs écrit, est souvent mal perçu. En tout cas, je ne triche pas, je n'ai jamais trafiqué la vérité. Ce qui est étrange, c'est que Lise, ma petite-fille adorable, me donne quelquefois des conseils de mère...Au fond rien n'est perdu. Le négatif et le positif s'entendent comme larrons en foire ! (p.24)
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Video de Dominique Rolin (5) Voir plusAjouter une vidéo

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