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Les hommes de bonne volonté (Le Li... tome 16 sur 27
EAN : 978B0000DP1T8
Flammarion (30/11/-1)
4.2/5   10 notes
Résumé :
FLAMMARION, 1941- Importante fresque historique basée sur l'exactitude scrupuleuse des faits militaires. Les Grands Chefs, le milieu " inhumain ", les hommes de troupes perdus dans l'Enfer de Verdun, ceux de l'arrière dans leur dramatique inconscience.‎
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Soudain : « Et presque aussitôt des explosions toutes proches, des éclatements d'obus dans l'air, dans les branches, dans la terre ; des morceaux de fonte, de bois ; des paquets de terre ; des cailloux qui volent au-dessus de vos têtes ; des grosses fumées qui jaillissent de vingt endroits à la ronde ; un tremblement général du sol ; l'air tout entier qui prend l'odeur d'une culasse de canon chaude qu'on vient d'ouvrir. »

Vu de loin : « Derrière cette houle de prairies et de boqueteaux d'hiver, à une trentaine ou une quarantaine de kilomètres, une vaste chose en flammes, encore invisible, mais qu'on entendait gronder, creusait une dépression qui aspirait le monde d'alentour. On était happés par une succion ; réclamés par une voracité. »

Après Prélude à Verdun, Jules Romains entre de plain-pied dans la bataille proprement dite, en l'analysant comme un médecin légiste analyserait un corps, avec un souci du détail et allant jusque dans les plus profonds et sales recoins, depuis l'avant jusqu'à l'arrière, cet arrière souvent vilipendé – à raison – par les poilus. Griollet, à propos de ceux de l'arrière, dit ainsi au lieutenant Jerphanion : « Mais ils n'ont pas envie que nous revenions. »

Le même Griollet écorne aussi les ouvriers pacifistes d'avant-guerre, qui laissent leurs camarades d'infortune mourir dans les tranchées : « Vous parlez si j'en ai entendu des discours dans les meetings. Tout ce qu'on pouvait dire contre la guerre, et sur ce que ferait ou ne ferait pas la classe ouvrière en cas de guerre. Oui… eh bien ! on voit ce qu'elle a fait, la classe ouvrière. Elle se tient peinarde. Elle demande des sursis d'appel et des hauts salaires. À part ça, les copains du front peuvent se faire casser la gueule jusqu'à la Saint-Glinglin… C'est fini, mon lieutenant, ils ne m'en raconteront plus. Ҫa et les ministres socialistes ! » Socialistes dont les héritiers collaboreront gentiment avec les Allemands à partir de 1940. Ceci est une autre histoire…
Mais selon les stratèges de salon, il ne devait rien se passer de fâcheux à Verdun, qui explose littéralement ce 21 février au matin. Et même à ce moment, le débonnaire Joffre – qui n'hésitait pas à encourager ses généraux à être très « sévères » avec la troupe, tels une meute de chiens enragés, faisant fusiller à tour de bras, comme à Vingré où de pauvres gars furent injustement exécutés, en décembre 1914 – semble ne pas prendre toute la mesure du cataclysme. le communiqué qu'il fait envoyer l'atteste : « Faible action des deux artilleries sur l'ensemble du front, sauf au nord de Verdun où elles ont une certaine activité. » Quel sens de l'euphémisme !

Toujours au chapitres des généraux, voici ce qu'on peut lire : « Certains généraux ambitieux, au coeur sec, pour qui la vie de mille ou dix mille hommes ne compte absolument pas s'il s'agit pour eux de décrocher de l'avancement, ou même, d'une façon plus désintéressée de réaliser une vue de leur esprit ; ceux dont Pétain représente le contraire aux yeux des poilus. » Car, en effet, Pétain se souciait de ses hommes que la plupart de ses collègues.

Jules Romains se penche aussi sur les profiteurs de guerre, particulièrement à travers un personnage édifiant en la matière : Haverkamp, opportuniste sans foi ni loi, malgré les apparences qu'il se donne, et pour qui la guerre devient la poule aux oeufs d'or.

Ce roman est un réquisitoire puissant contre une guerre dont le sol de France porte encore çà et là les stigmates, comme un reproche d'outre-tombe lancé par des millions d'hommes sacrifiés. Pour reprendre une phrase de Jules Romains : « Cette guerre était foncièrement amie des ténèbres. » Des ténèbres servies par une servitude volontaire. Car : « L'homme est un animal qui fait beaucoup plus facilement qu'on ne croirait ce qu'on l'oblige à faire. »
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A Verdun, 1916, le début de l'attaque allemande, dans la neige, focalise une partie de l'armée française. Sur place il n'y a que de simples soldats et des officiers qui passent, dans les tranchées le plus clair de leur existence entre les assauts et les relèves qui les renvoient à l'arrière, parfois en permission. A Paris, les généraux s'occupent plus de leur avancement que de ce qui se passe au Front. Prolongement de Prélude à Verdun, Jules Romains aborde les différents aspects de la guerre avec la souffrance au Front, la vie calme à Paris et ceux qui en profitent, les affairistes, les ouvriers qui tournent les obus...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Sur tout le front, du bois d'Haumont à l'Herbebois, en passant par le Bois des Caures et le Bois de Ville, et sur une épaisseur de plusieurs kilomètres, il régnait la même danse de poussière, de fumée, et de débris, fouettée par un orchestre tonitruant. Là-dessous, des milliers d'hommes, par petits paquets de deux, de trois, de dix, quelquefois de vingt, courbaient le dos, l'un contre l'autre, au fond de trous dont la plupart n'étaient que des égratignures du sol, dont bien peu méritaient le nom d'abris. Ils écoutaient la terre se fendre sous le choc des obus, s'éventrer tout autour d'eux. Ils respiraient par les fissures de leurs gîtes l'odeur de la catastrophe, qui était une odeur de planète calcinée. Ils n'avaient individuellement à peu près aucune espérance de survivre ; sauf quelques enragés qui s'obstinaient à croire en leur bonne étoile, et qui étaient hommes à mourir juste un peu avant d'avouer que "ça y était". Les autres se demandaient si le prochain obus, ou plutôt l'un des douze prochains, car on ne les comptait plus qu'à la douzaine, ne leur rendrait pas service en les débarrassant de leur angoisse, puisque tôt ou tard, mais sûrement avant la nuit, ils étaient sûr d'y passer.
Quant aux artilleurs, même lorsqu'ils recevaient des ordres - et pour diverses raisons ils en recevaient peu - ils ne savaient pas sur quoi tirer. Ils avaient devant eux cette zone de tornade, complètement opaque ; et de ce qui pouvait se passer dedans, ils ne savaient à peu près rien. Les Allemands avaient peut-être déjà attaqué ; avaient peut-être déjà pris pied dans les bois. Comment les artilleurs l'auraient-ils deviné ? C'était leur demander de frapper au petit bonheur à travers les volutes rousses et blanche d'une forêt en feu.
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L'homme est comme tous les animaux: quand il n'y a pas moyen de faire autrement, il se soumet. Même les fauves se soumettent... L'homme ne trouve le courage de résister, de se révolter que contre une autorité qui montre des signes de défaillance... Le courage révolté, ou "révolutionnaire", de l'homme? Sombre blague. Les "sujets" font des révolutions non pas quand les pouvoirs abusent au maximum, mais quand après avoir abusé, fût-ce très modérément, ils flanchent.
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Les poilus n'étaient-ils pas les anciens civils? N'avaient-ils pas, comme civils, applaudi à toutes les âneries de la politique de prestige? N'avaient-ils pas acclamé les retraites militaires de Millerand, salué l'avènement de Poincaré, crié que Caillaux et Jaurès s'étaient vendus à l'Allemagne?
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Vidéo de Jules Romains
Dans l'Allemagne exsangue et tumultueuse des années 1920, le Bauhaus est plus qu'une école d'art. C'est une promesse. Une communauté dont le but est de mettre en forme l'idée de l'Homme nouveau. En 1926, l'école s'installe à Dessau. Dans le grand bâtiment de verre et d'acier, Clara, Holger et Théo se rencontrent, créant une sorte de Jules et Jim. À Berlin, toute proche, le temps s'assombrit. Les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d'une vie. Ce sont aussi, entre rêves d'Amérique et désirs de Russie, d'autres raisons et déraisons. Lorsque l'école sera prise dans les vents contraires de l'Histoire, les étudiants feront leurs propres choix. À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu'il faut continuer ?
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