Le grand romancier américain nous livre cette fois un récit autobiographique.
Il nous raconte la dernière année de vie de son père, âgé alors de 87 ans, à partir du moment où il est établi que la paralysie faciale dont celui-ci souffre est dû à une tumeur du cerveau qui évoluait depuis longtemps, et dont l'extension est telle qu'elle va le tuer à plus ou moins brève échéance si on ne fait rien, mais qu'une intervention chirurgicale pour l'enlever n'est pas dénuée de risques. Et le père ne prendra pas cette option.
Philip Roth nous décrit, sans fioritures et sans misérabilisme, le parcours conjoint du fils et du père, la combativité et la détresse de ce père qui fut et reste autoritaire, difficile à vivre, mais en même temps d'un incroyable courage et dévouement pour les autres.
Se mêlent au récit les souvenirs de la mort de sa mère quelques années auparavant, et d'autres souvenirs évoqués par son père, ou par lui-même.
On y découvre un père issu de l'immigration juive d'Europe, qui s'attachera toute sa vie à s'intégrer aux Etats-Unis, et qui, à force de travail, connaîtra une certaine ascension sociale malgré son niveau d'éducation limité.
On y découvre surtout l'amour profond qui lie le fils au père, avec une interrogation sur le rôle que joue le fils aîné, Sandy, dont ne saura pas vraiment les sentiments, ni pourquoi le père fait surtout appel au fils cadet, alors que l'aîné, je l'ai lu sur internet, est chirurgien. Sans doute l'auteur est il, sans qu'il le dise, le préféré de son père.
Et le récit nous révélera, de façon surprenante et brutale, quel patrimoine
Philip Roth évoque dans le titre de son livre.
C'est très émouvant, très sincère, très cru, mais c'est la volonté de l'auteur de nous faire partager les détails même les plus intimes de la souffrance, et de la détresse, la sienne et celle de son père, qui se confondent souvent. Il y a aussi des grands moments de tendresse et d'humour.
C'est un témoignage d'amour entre fils et père, très fort, et une réflexion profonde sur le temps et la mort, qui touche au plus profond toutes celles et ceux qui ont traversé l'épreuve de la fin de vie de leurs proches.
"On ne doit rien oublier", ce sont les derniers mots du livre, on comprend que c'est pour cette raison que ce grand romancier qui nous a emmené sur tant de chemins d'auto-fiction, a écrit, cette fois, "une histoire vraie".